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Occupation EDF Rennes par des chômeurs et précaires

Publie le mercredi 13 mai 2009 par Open-Publishing
2 commentaires

En ce mardi 12 mai, une trentaine de personnes se sont réunies pour aller occuper la direction d’EDF à Rennes pour exiger la gratuité des services d’énergie, soutenir les agents d’EDF et d’ErDF en lutte, et exiger la fin des coupures pour factures impayées.

Arrivés vers 13H30 sur le site de la direction, nous avons tout de suite eu à faire à deux employés du groupe nous expliquant toutes les actions « citoyennes » d’EDF et comprenant notre message selon une compassion bien rôdée. Devant leur refus de faire avancer les choses, nous avons du passer dans les étages pour que notre message soit mieux « entendu »… Au même moment, le bâtiment subissait une panne de courant qui empêchait tous les employés de travailler.

Devant cette situation, il nous a été impossible de rencontrer des interlocuteurs pour dialoguer sur nos revendications, connaître les chiffres des coupures… Chaque « chef de service » se cachant derrière une dilution des responsabilités.

Une responsabilité qui n’a étrangement pas été « diluée » fut celle d’en appeler aux forces de l’ordre : la brigade d’intervention débarquait vers 16H30 pour nous déloger. Ayant légèrement anticipé cet état de fait et devant notre faible nombre nous nous sommes dérobés par l’arrière mais ils n’ont que peu appréciés notre dérobade, une course poursuite s’engage donc mais entre des véhicules motorisés et des jambes, la fuite fut bien vaine.

Ils ont donc réussit à arrêter une douzaine de personnes pour un contrôle d’identité standard avec quelques provocations verbales de bonne guerre.

A suivre le tract distribué :

DE L’ENERGIE POUR NOS LUTTES

Nous serions donc en crise. Quelle crise ? La crise des actionnaires et des patrons qui ne peuvent plus dégager leurs profits exponentiels sur le dos des travailleurs, la crise des banquiers corrompus et des politiciens effrayés devant les gestes de colère d’une partie de la population (occupations, séquestrations, piquets de grève, blocage). Les premiers à en subir les conséquences sont les salariés licenciés, les précaires, les intérimaires...

L’heure est donc aux suppressions d’emplois, à l’institutionnalisation de la précarité pour les plus pauvres, pour les chômeurs avec la mise en place du RSA et au sein même des entreprises. Sur ce point, l’exemple d’EDF et de GDF est frappant, les directions externalisent les services dans des filiales pour baisser les salaires et précariser les agents. Contre ces logiques, les électriciens et les gaziers sont aujourd’hui en lutte.

EDF et GDF-SUEZ ne se contentent pas d’attaquer leurs employés mais bien de spolier la population. En 2008, GDF-SUEZ (fleuron de l’appropriation de l’énergie internationale : gaz, électricité (EPR), eau) a dégagé 6,5 milliards d’euros de bénéfices nets et en a redistribué 4,7 à ses actionnaires en se permettant de tripler le salaire de son vice-président Cirelli et d’installer son patron Mestrallet sur le podium des plus grosses rémunérations de France (plus de 3 millions d’euros de salaire). Parallèlement, nous subissons de fortes augmentations du prix du gaz soi-disant indexé sur celui du pétrole que chacun d’entre nous paie. Ce n’est pas la maigre baisse du prix du gaz en avril (à la fin de l’hiver !!) qui adoucira notre colère.

EDF n’est pas en reste non plus (3,4 milliards de bénéfices) et il va de soi que les premiers à pâtir de ces augmentations inconsidérées sont les plus pauvres et ce n’est pas la tarification de première nécessité qui ne fait qu’abaisser la facture d’une dizaine de pourcent qui résoudra quelque chose.

C’est pourquoi nous, chômeurs, précaires, étudiants, retraités, travailleurs pauvres, bas revenus agissons aujourd’hui contre les directions d’EDF et de GDF-SUEZ pour exiger la gratuité des services de gaz, d’électricité et d’eau pour toutes les personnes sous le seuil de pauvreté et des réductions substantielles (application d’une « tarification première nécessité » élargie et indexée sur les revenus) pour les bas salaires (1,4 fois le SMIC) à compter du 1er janvier 2009.

Nous soutenons activement les actions menées par les gaziers et électriciens pour la défense de services non-soumis au diktat de l’économie et de ses fins. Le simple fait que l’Etat soit actionnaire de ses groupes nous prouve l’inanité qu’il y aurait à défendre de manière incantatoire les services publics. Nous défendons bien plutôt l’idée d’une appropriation collective et non marchande des services d’eau, d’électricité et de gaz.
Face aux difficultés rencontrées par chacun, nous exigeons l’arrêt des coupures pour factures impayées.

Nous enjoignons tous les groupes de chômeurs, précaires, travailleurs pauvres… à se saisir de ces luttes et à les développer au plus vite.

Nous invitons également les salariés d’EDF et de GDF-SUEZ à prendre contact avec les mouvements de chômeurs pour organiser des luttes communes.

Mouvement des Chômeur-se-s et précaires en lutte de Rennes.
22 rue de Bellevue, 35700 Rennes. Bus 3, arrêt Jeanne d’Arc.
Permanence tous les lundis de18h à 20h.

Messages

    • Belle exemple de solidarité chômeurs et travailleurs.

      La compassion de classe ne se réduit pas à une action affective . Pour cette raison, elle se nomme solidarité et unité du peuple-classe. Mais la compassion peut de mettre au service de plusieurs causes, certaines justes d’autres moins. La compassion c’est un peu comme le populisme, il faut aller derrière l’étiquette pour y comprendre sa signification. Il ne s’agit pas de critiquer en soi les sentiments compassionnels au profit d’une attitude cynique. Ce propos n’est pas un plaidoyer pour des relations froides et ce qu’Eric Fromm nommait "durcissement du coeur". Simplement le compassionnel social -au-delà du compassionnel relationnel - ne saurait aboutir à un ramollissement de la raison critique. La boussole demeure de savoir qui elle épargne et qui elle sollicite pour sa mise en oeuvre.

      Deux sortes de compassion sociale permettent d’éclairer le propos.

      1 - La compassion pour les pauvres.

      Cette compassion peut s’inscrire dans deux types de solidarité soit être "compréhensive" et émancipatrice en s’inscrivant dans un cercle plus large de protection comme celle du bouclier social pour les moins de 3000 euros (1) ou de type misérabiliste et populiste. Dans cette dernière version elle s’appuie aisément sur une sub-culture chrétienne soucieuse de lutter contre la pauvreté et les exclusions mais en faisant payer les autres couches modestes. Cette générosité de cœur est réduite et instrumentalisée par les dominants afin que l’on déhabille Pierre (salarié prolétaire) pour mal habiller Paul (RMIste ou sans) . Cette compassion sociale est plus sacrificielle que libératrice. C’est plus le modèle de la Mère Thérésa que celui de la théologie de la libération. Dans le premier cas le compatissant descend vers les pauvres pour les secourir dans l’autre cas il s’agit de s’élever ensemble contre un "péché social" le capitalisme ou l’impérialisme .
      En fait, la solidarité misérabiliste n’est sensible qu’au très pauvres et ne se préoccupe pas de savoir si le Picsou sur son tas d’or participe à une juste répartition des richesse et encore moins si le système global est juste. Enfin les évolutions repérées par un spécialiste Serge Paugam (1) montre que la compassion a laissé la place à la culpabilisation. Et la culpabilisation pousse au contrôle et à la répression. Une autre version s’appuie sur la distinction opérée jadis entre les exclus (dont il faut s’occuper) et des inclus (qui n’ont pas à se plaindre puisqu’il ont un travail et un salaire). La compassion conservatrice, protectrice de la bourgeoisie est plus caritative que solidaire . Elle ne vise nullement à bousculer l’ordre hiérarchique national ou mondial. Elle ne résonne pas en terme de processus montrant les effets de désaffiliation sociale générée mais se situe dans la logique du sparadrap sur le mal sans s’attaquer aux causes. Elle est évidemment à critiquer. Elle fait le jeu du populisme montant.
      Contre le populisme montant. ou L’affermissement d’une politique pro-bourgeoise contre le peuple-classe .

      http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article698

      2 - La compassion pour les migrants.

      Elle peut évidemment s’appuyer sur la même problématique et donc s’inscrire dans l’un des deux cadres précités. Mais les migrants en général pauvres subissent encore plus le rejet que les pauvres nationaux . Les identitaires nationalistes usent volontiers du terme compassion pour stigmatiser les militant(e)s soldaires des migrants .
      Lire de Christian Delarue : Quand Riposte laïque surfe sur le populisme xénophobe.

      http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article696

      Christian Delarue

      De la compassion à la culpabilisation Entretien avec Serge Paugam

      http://www.scienceshumaines.com/de-la-compassion-a-la-culpabilisation_fr_23309.html