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Edito des bulletins d’entreprise
– Le 4 janvier 2010
En guise de vœux de nouvel an, le gouvernement nous présente plutôt l’addition. Après une année 2009 « difficile pour tous », il faudrait poursuivre les « efforts » a déclaré Sarkozy. Difficile pour tous ! C’est vite dit, même s’il a peut-être eu personnelle¬ment ses petits déboires, comme avec sa taxe carbone, annulée par le Conseil constitutionnel qui voyait mal comment justifier un impôt prétendument destiné à lutter contre la pollution mais épargnant les principaux pollueurs, les industriels. Ses amis patrons, banquiers et actionnaires, en tout cas, ont eu avec la crise plus de peur que de mal. Le cours de leurs actions en bourse termine 2009 en forte hausse, grâce aux milliards d’aides de l’Etat. Quant aux efforts, ils ne seront pas non plus pour les patrons qui vont bénéficier de la suppression de la taxe professionnelle : un cadeau de 5 milliards d’euros par an.
Mais pour nous les annonces pleuvent. Santé : le forfait hospitalier passe de 16 à 18 € ; nouvelles réductions ou suppressions de remboursements de médicaments ; augmentation de 5 % en moyenne des tarifs des mutuelles. Voyages : tarifs à la hausse de +1,9 % pour les TGV dès ce mois-ci. Retraites : nouvel allongement de la durée de cotisations, voire recul de l’âge de départ. Et côté « prospérité » : l’augmentation annuelle obligatoire du Smic se limite au 1er janvier à 0,5 %, à peine 6 € par mois, tandis que les indemnités journalières pour les accidents du travail deviennent en partie imposables, ce qui revient à les réduire.
Mais l’année 2009 ne se résume pas à l’avalanche d’attaques contre nous, dont on nous promet la suite. Elle a commencé par la grève générale en Guadeloupe et Martinique. Pendant un mois et demi, les travailleurs des Antilles avaient paralysé l’économie. Gouvernement et patronat ont dû céder sur les augmentations de salaires, 200 € pour tous, et autres revendications des grévistes.
De ce côté-ci de l’Atlantique, on a vu quelques patrons licencieurs accueillis sous des jets d’œufs ou contraints à leur tour à des heures sups non payées dans leur bureau, sous surveillance ouvrière ! Ce qui nous laisse quelques bons souvenirs. La lutte des Continental, qui ont rappelé leur patron à l’ordre en semant un peu de désordre dans les autres usines du groupe ou à la sous-préfecture de Compiègne, et ont imposé de substantielles indemnités. Les New Fabris, qui ont un temps réchauffé le climat social avec leurs bonbonnes de gaz. Et bien d’autres luttes bien réelles même si elles n’ont pas eu la faveur des médias. Sans compter les manifestations qui ont rassemblé en février et mars quelques millions de travailleurs et qui auraient dû avoir une suite, si les dirigeants des confédérations syndicales n’avaient pas tout fait pour les enterrer.
L’année s’est terminée par la grève courageuse des plus exploités d’entre nous, les travailleurs sans-papiers, laquelle dure toujours, depuis plus de deux mois. Ils sont 6 000 à occuper leurs lieux de travail ou agences d’intérim pour en finir avec les menaces permanentes d’une rafle, d’un contrôle d’identité ou d’une expulsion, pour exiger d’avoir enfin les mêmes droits que tous.
Ce qui a manqué en 2009, c’est surtout que toutes ces luttes se rejoignent, au lieu de rester isolées ou échelonnées dans le temps au fur et à mesure des attaques patronales, entreprise par entreprise, secteur après secteur.
C’est là que nous pouvons nous promettre de faire mieux en 2010. Car avec toutes les mesures qu’on nous annonce, les luttes ne vont pas manquer dans les mois qui viennent. Pas plus que ne manquent les raisons d’une colère générale : contre les dizaines de milliers de suppressions d’emplois encore programmées dans le public comme dans le privé ; contre le blocage des salaires depuis des années, amputés par la multiplication du chômage partiel et la précarité, face aux hausses des prix et des tarifs publics.
A nous de faire qu’en 2010 les luttes deviennent contagieuses, se coordonnent et se rassemblent. Elles pourraient alors devenir cette lame de fond face à laquelle patronat et gouvernement seront contraints de céder. Une simple révolte ? Non, une bonne Révolution à prendre.