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Proces contre le mg. Verdict et journée d’action.
Publie le lundi 12 octobre 2009 par Open-Publishing16 octobre : journée d’action le jour de l’énoncé du verdict dans le procès contre le mg
Feu et flamme de la répression
Après plus de 50 jours d’audience, le jugement dans le procès berlinois visant les trois militants de gauche Axel, Oliver et Florian est proche. Ils sont accusés de tentative d’incendie et d’être membres d’une “organisation criminelle” d’après le paragrahe 129 du code pénal. Concrètement, il leur est reproché d’avoir tenté d’incendier plusieurs véhicules militaires au cours de l’été 2007. Cette action serait par ailleurs en lien avec leur appartenance supposée au groupe clandestin militante gruppe (mg, groupe militant). La défense s’attend à une condamnation et à des peines de prison. Le déroulement du procès a jusqu’à présent laissé penser que le parquet et le tribunal escomptent de lourdes peines. Nous entendons exprimer notre solidarité par une journée d’action décentralisée le jour X, jour de l’énoncé du verdict, et défiler dans la rue contre la répression étatique.
Procès contre Axel, Florian et Oliver
Dans la nuit du 31 juillet 2007, la police arrêtait Axel, Florian et Oliver sur une petite route de la région du Brandenbourg près de Berlin. Ils auraient cette nuit-là placé des objets incendiaires sous des poids lourds de l’armée garés pour des travaux d’entretien sur le parking de l’entreprise MAN AG à Brandenbourg/Havel. Après leur arrestation, les trois militants furent transportés par hélicoptère jusque Karlsruhe où un juge d’instruction du parquet fédéral ordonna leur mise en détention provisoire. Avant leur incarcération, ils avaient durant un mois fait l’objet d’une surveillance rapprochée par les polices judiciaires fédérale et régionale. D’autres personnes soupçonnées d’appartenance au militante gruppe étaient également concernées par ces mesures.
Les activistes ont passé quatre mois en détention provisoire et n’ont pu être libérés que suite au versement d’une caution. Le procès contre Axel, Oliver et Florian a débuté le 25 septembre 2008 devant la chambre du tribunal de Berlin. Le procureur appuye l’accusation d’appartenance au mg sur les déclarations d’un indicateur de l’office fédéral pour la protection de la constitution qui tiendrait ses informations de “ouï-dire”. Les inculpés ne se sont pas laissés intimider. Face au tribunal, ils ont affirmé : “Ce sont les meneurs de guerre, les partisans de la guerre et les entreprises d’armement qu’il convient de placer sur le banc des accusés. Les organisations criminelles, ce sont eux. Ce sont eux qu’il faut inculper”. Depuis plus de 50 jours d’audience, les trois se sont refusé à toute autre déclaration. Ils se sont cependant exprimés publiquement sur la répression et sur la guerre par des messages de salutations lors de manifestations organisées par la gauche radicale. Dans l’un de ces messages, lu à l’occasion de la première journée d’action en soutien aux inculpés en décembre 2008, on pouvait entendre : “l’engagement politique pour un monde sans exploitation ni oppression qui sort du sentier balisé des lois de la justice de classe, aura à subir les coups des organes de répression. Sans vouloir être cynique, la justice de classe ne remplit son devoir que dès lors qu’elle protège l’ordre de l’exploitation et de l’oppression”.
Ce procès n’est pas le seul à avoir clairement montré que les tribunaux sont des institutions de l’état bourgeois - un état qu’en tant que gauche radicale nous remettons fondamentalement en question car il protège une forme de société conduisant à la pauvreté, à la faim et à la guerre. Ainsi, la culpabilité ou non des trois militants reste pour nous dans ce cas aussi hors de propos. L’ordre juridique existant ne constitue pas l’étalon de notre action politique.
Procès contre le sabotage de la machine de guerre
La tentative de destruction des poids lourds de l’armée de la MAN AG à Brandenbourg/Havel a constitué une action politique, la cible de cette action étant des véhicules militaires. Des entreprises comme la MAN AG s’enrichissent de la guerre. MAN fournit aujourd’hui plus de 44 armées nationales en véhicules utilitaires militaires. Depuis l’attaque de l’OTAN sur la Yougoslavie il y a dix ans, l’armée allemande intervient partout dans le monde. Elle participe actuellement à la guerre en Afghanistan et a récemment causé la mort de 135 personnes au Kundus lors d’une attaque aérienne.
L’Afghanistan n’est pas le seul pays où des femmes et des hommes sont tués, blessés et déportés par des soldats de l’OTAN. La guerre impérialiste et l’armement s’inscrivent dans la logique capitaliste du profit. C’est pour des matières premières, des voies de transport et des sphères d’influence que des guerres sont menées, que des pays sont détruits et occupés. Pourtant, tandis que la destruction d’un engin militaire passe pour criminelle, l’armée allemande est tenue dans la compréhension commune de l’état et du droit comme le garant de la paix.
La gauche radicale a toujours été active contre les guerres impérialistes. Des manifestations et de multiples actions contre des cérémonies de l’armée allemande ont par exemple été organisées. Plus modestes, des actions de protestation en lien avec des journées de promotion de l’armée dans des écoles et sur des salons ont lieu régulièrement. Et les manifestations contre le 60ème anniversaire de la création de l’OTAN à Strasbourg ont été fermes. Elles ont envoyé un signal clair contre la politique et la logique guerrières des états économiquement dominants. Ces manifestations ont également permis de thématiser au-delà de la gauche radicale le nouveau rôle de l’armée allemande qui fait d’elle une armée d’intervention agissant partout dans le monde. Si de telles manifestations rencontrent un large écho, c’est aussi parce qu’une grande majorité de la population allemande est opposée à toute intervention de l’armée allemande à l’étranger.
Les actions de sabotage contre les infrastructures militaires ont le vent en poupe ces derniers temps. Des actions militantes contre l’armée allemande ont eu lieu en différents endroits. En juin 2009, quatre véhicules militaires ont été incendiés à Ulm. En avril 2009 à Dresde, 42 véhicules de l’armée garés sur le terrain d’une école d’officiers ont été détruits au moyen de neuf objets incendiaires pourvus de retardateurs. “L’initiative pour un nouveau miracle bleu” qui a revendiqué l’attaque a écrit dans une lettre de revendication : “nous devons retirer aux guerres leur fondement matériel. Des étapes de désarmement en responsabilité propre constituent la nécessité de l’heure. Afin de mettre hors d’usage des engins militaires utilisés au mépris de l’humanité, nous les avons simplement incendiés.” La destruction d’engins militaires constitue une forme d’action qui rencontre des sympathies bien au-delà de la gauche radicale.
Procès contre le militante gruppe
Le militante gruppe s’est constitué en 2001 et représentait un groupe de la gauche radicale. Il se considérait comme un groupe communiste clandestin et se donnait pour but l’édification d’un contre-pouvoir révolutionnaire visant à détruire le système capitaliste pour aboutir à une société sans classes.
Au cours de son existence, le groupe s’est ainsi rendu responsable de 27 attaques incendiaires contre des équipements de l’état et du capital. Suite à l’introduction du Hartz IV (équivalent du RMI en Allemagne), des administrations sociales et des services de l’emploi ont par exemple été pris pour cibles. De même, des groupes industriels comme Lidl dont les salariés sont surveillés et brimés ont été la cible du mg. La résistance contre les guerres impérialistes et la répression a représenté un autre thème d’intervention. A plusieurs reprises, des véhicules de l’armée ou des voitures de police sont ainsi partis en flammes. Ces actions entendaient signifier de manière symbolique la vulnérabilité du système capitaliste. Le mg a agi de manière continue sur une longue période avec des actions militantes pratiques et ciblées. Il a inscrit toutes ses actions dans des discussions actuelles et les a revendiquées politiquement. Le mg a développé un concept d’organisation doté de différents niveaux - mouvement, groupes militants, guerilla, parti révolutionnaire - qui devaient se développer dans la perspective d’un processus commun en un contre-pouvoir révolutionnaire.
Le mg est devenu un “danger pour l’état” aux yeux de l’organe de répression parce qu’il a consciemment transgressé par ces actions militantes l’espace délimité au sein duquel les manifestations de protestation sont autorisées à évoluer. Mais aussi parce qu’il a mené une discussion sur une perspective révolutionnaire avec d’autres groupes de la gauche radicale, le “débat sur la militance” (Militanzdebatte).
En juillet 2009, dans le magazine radikal, le mg a fait part de sa dissolution, souhaitant poursuivre à un autre niveau le combat pour une société sans classes. En outre, il affirmait clairement qu’aucun des trois activistes Axel, Oliver et Florian n’est membre du mg.
Procès contre nous tous
Les coups de la répression contre quelques militants de gauche constituent toujours une attaque contre l’ensemble du mouvement. Nous devons réagir en conséquence à la répression. Le sujet nous concerne tous - et pas seulement ceux qui sont directement concernés. Quiconque veut détruire le capitalisme, quiconque se bat pour une société solidaire au sein de laquelle les moyens de production n’appartiennent pas à une minorité et où l’on décide collectivement de ce qui sera produit et de quelle façon, se retrouve à plus ou moins long terme dans la ligne de mire des organes de la répression étatique.
Des groupes clandestins comme le mg sont davantage exposés à des poursuites répressives dans la mesure où ils mettent en cause le monopole de la violence étatique et outrepassent consciemment le cadre légal fixé par l’état. Mais d’autres militants de gauche se trouvent souvent confrontés à la répression. Les observations, la violence policière et les procès visent à entraver les militants de gauche et à les intimider. L’état essaiera toujours par le biais de ces différentes institutions sécuritaires d’empêcher l’organisation d’un contre-pouvoir. Les ébauches de mouvements révolutionnaires doivent être dans la mesure du possible étouffées dans l’oeuf.
En tant que gauche radicale, nous luttons pour la victoire sur le capitalisme. La production pour le profit crée la pauvreté, la faim et la misère partout dans le monde. La crise économique actuelle aggrave les conditions de vie des salariés. Licenciements, baisse des salaires, coupes dans le secteur social et fermetures d’usines sont les solutions apportées par le capital et l’état bourgeois à la crise. Quiconque veut changer la société par une voie révolutionnaire ne doit pas s’étonner des tentatives de l’état pour entraver des avancées pratiques dans cette direction. C’est finalement sa fonction de sécuriser l’existant et c’est précisément pour cette raison que nous nous opposons à l’état.
Nous devons être solidaires avec tous les militants de gauche touchés par la répression afin d’agir collectivement. La répression entend avoir un effet dissuasif et isoler les personnes concernées. Il est d’autant plus important de ne pas laisser seules et au contraire de soutenir les personnes incarcérées en raison de leurs activités politiques ou accullées à des procès. Cela peut se faire avec de l’argent, mais surtout politiquement, à travers des campagnes - le mieux étant qu’elles portent précisément sur les thèmes sur lesquels repose l’accusation.
Une organisation continue est nécessaire pour un combat victorieux contre l’exploitation et la guerre. Elle permet de transmettre des expériences et de se renforcer. La gauche radicale est en ce moment un mouvement fortement divisé. Mais les différences sur le fond et sur la forme ne devraient pas conduire à laisser la solidarité de côté. Peu importe que l’on soit antifasciste, communiste ou anarchiste - nous devons lutter ensemble contre la répression étatique.
Mais notre combat ne doit pas se limiter aux attaques de la répression. Il vise d’abord à la perspective d’un ordre social solidaire et sans classes. Il convient de toujours souligner cette perspective dans nos activités anti-répression. La solidarité avec les prisonniers politiques joue un rôle important dans la lutte politique. Car ceux-ci font partie du mouvement et que nous devons nous opposer à toute séparation ou tout isolement des personnes concernées.
Solidarité avec Axel, Oliver et Florian !
Liberté pour tous les prisonniers politiques !
Détruire le capitalisme - construire la solidarité !
Antifaschistische Jugendaktion Kreuzberg, Antifaschistische Linke Berlin, Antifaschistische Revolutionäre Aktion Berlin, Bündnis für die Einstellung der § 129(a)-Verfahren, Netzwerk Freiheit für alle politischen Gefangenen, Revolutionäre Perspektive Berlin [Stand : 24.09.2009]
Rendez-vous :
* Berlin, 16 octobre :
Manifestation | 8 h | Tribunal de Moabit
Manifestation | 19 h | Kottbusser Tor
* Hamburg, 16 octobre :
Manifestation | 19 h | S-Bahnhof Sternschanze
source : einstellung.so36.net