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Retour à Corbas, ses explosifs stockés sans surveillance
Publie le lundi 21 juillet 2008 par Open-Publishing1 commentaire
Retour à Corbas, ses explosifs stockés sans surveillance
EXPLOSIFS - Comment se procurer à moindre coût une quantité raisonnable d’explosif surpuissant ? A Corbas, dans le Rhône, il suffit d’une bonne pince coupante. Dans un ancien fort militaire de cette ville de la banlieue lyonnaise, les démineurs de la Sécurité civile stockaient leurs munitions sans autorisation, ni la moindre protection. Vendredi, ils ont constaté qu’on leur avait dérobé 28 kilos de Semtex, explosif de type plastic utilisé dans le déminage, et aussi dans le terrorisme. Une centaine de dispositifs de mise à feu, de types différents, ont également été emportés. Le tout était entreposé illégalement, dans ce fortin pas sécurisé...
Obus. L’enceinte avait été bâtie vers 1880. Elle appartenait à ces fortifications prévues pour protéger Lyon après la guerre de 1870. Elles étaient érigées dans la campagne, mais la ville les a rattrapées. Corbas se trouve aujourd’hui en pleine agglomération, à une dizaine de kilomètres au sud de Lyon. Son fort était conçu pour stocker des munitions, mais seuls les Allemands y ont entreposé les leurs durant la dernière guerre mondiale. Le bâtiment a ensuite servi aux transmissions militaires, avant d’être abandonné, en 1995, puis cédé par l’armée au ministère de l’Intérieur, en 2005. Le centre de déminage de la zone sud-est (Rhône-Alpes et Auvergne) en a hérité, théoriquement pour stocker les anciennes munitions démilitarisées. Toutes inactives. Théoriquement, là aussi.
Ce centre compte une douzaine d’hommes, tous policiers. Basés à Vénissieux, juste à côté de Corbas, ils sont dirigés par un chef de centre qui dépend « directement de l’administration centrale », insistent les services du préfet de région, pas mécontents de rester à l’écart des responsabilités, trois semaines après les événements de Carcassonne, qui ont vu un militaire tirer par erreur avec des balles réelles sur les spectateurs d’une simulation de libération d’otages.
Les démineurs interviennent tous les jours, pour désamorcer des obus des dernières guerres, des valises oubliées ou des colis postaux suspects. Parfois, il faut intervenir sur place. Ils utilisent alors des explosifs, et notamment du Semtex. Mis au point par un chimiste tchèque en pleine guerre froide, le Semtex est pratique. Il est très modulable, ce qui permet de lui donner la forme que l’on veut. Et était tout à fait inodore, ce qui le rendait très difficile à détecter dans les aéroports. L’IRA ou des terroristes moyen-orientaux l’ont utilisé. Les auteurs de l’attentat de Lockerbie se seraient servi du Semtex pour briser le fuselage du Boeing, en 1988. Depuis, le fabriquant a ajouté un produit dégageant des vapeurs, pour « signer » l’explosif.
Les services de déminage ne peuvent stocker plus de 50 kilos maximum d’explosif sur l’ensemble de la zone où ils interviennent. Ils disposent en Rhône-Alpes de lieux autorisés et contrôlés. A Vénissieux notamment, mais pas à Corbas. Le nouveau maire de la ville, Thierry Butin (PS), raconte que des démineurs sont venus le voir début mai. « Ils voulaient, explique-t-il, renforcer les soutes qui se trouvent sous le fort avec des piliers et en coulant du béton, avec de la terre par-dessus, pour sécuriser le site afin d’y stocker les munitions anciennes trouvées dans les 12 départements de la zone. Elles seraient restées là trois semaines à trois mois avant d’être orientées vers des terrains militaires pour les faire exploser. » Il a écrit, début juillet, à Michèle Alliot-Marie, pour lui demander si ce transit était indispensable. Sans obtenir de réponse pour l’instant. « De toute façon, on m’a parlé d’obus et de vieilles grenades, pas de Semtex », s’étrangle l’élu.
Douves. Les premières villas se trouvent à 100 mètres du fort, et un gymnase à 150 mètres. La préfecture indique qu’une instruction était en cours pour stocker là tous types d’explosifs. « Sur le plan pyrotechnique, il n’y a pas de problème, assure Xavier de Fürst, préfet délégué pour la sécurité et la défense de la zone sud-est. C’est sur la partie anti-intrusion qu’il fallait intervenir. » Passé le pont qui enjambe les douves sèches, le fort n’est protégé que par des portes grillagées. Les auteurs du vol n’ont eu qu’à les sectionner pour entrer. Le fortin ne comporte aucune porte renforcée, ni alarme ni caméra. Les carcasses de celles qu’utilisait l’armée ne font même pas illusion. « Nous en étions à négocier avec la gendarmerie l’installation d’une alarme directe du même type que celles qu’utilisent les banques », poursuit le préfet. Les travaux étaient prévus courant 2009, pour une utilisation du fort à partir de la fin 2009. « Il semble, avance pudiquement le représentant de l’Etat, que le chef de centre a anticipé, pour des raisons de commodité probablement. » Le Semtex et les détonateurs étaient entreposés dans le fort depuis le début de l’année. « Je pense qu’il y a eu un relâchement, conclut Xavier de Fürst. Ces hommes font un métier difficile, très dangereux. Cela les a peut-être amenés à baisser la garde, en raison d’une trop grande confiance en soi. »
Enquête. Une enquête préliminaire a été confiée vendredi, sous la direction du parquet antiterroriste de Paris, à la sous-division antiterroriste de la police judiciaire parisienne, aidée par la PJ de Lyon. Michèle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur, a décidé de suspendre provisoirement le chef de centre, en relevant finement que « des défaillances dans la sécurisation de ce site » sont « avérées ». Une enquête administrative, demandée par la ministre, devra tenter de comprendre comment il est possible d’entreposer 28 kilos d’explosif surpuissant dans un fortin non surveillé.
http://libelyon.blogs.liberation.fr/info/2008/07/retour-corbas-s.html
Messages
1. On en sait donc un peu plus sur les coupables du "vol"..., 21 juillet 2008, 12:44
Je cite :
« Ce centre compte une douzaine d’hommes, tous policiers. Basés à Vénissieux, juste à côté de Corbas, ils sont dirigés par un chef de centre qui dépend "directement de l’administration centrale", insistent les services du préfet de région, pas mécontents de rester à l’écart des responsabilités »
Ben voilà, on en sait donc un peu plus sur les coupables du "vol"...
C’est quelqu’un à la direction de l’« administration centrale » !
C’est quoi, au fait, cette "administration centrale" ? et c’est QUI, son grand chef ? c’est QUI, celui qui est tout en haut ?
Voir ici l’article intitulé « QUI A VOLÉ LES EXPLOSIFS ? » :
http://bellaciao.org/fr/spip.php?article69243
NOTE : on comprend que les services du préfet de région, ne soient pas mécontents de rester à l’écart de telles responsabilités !