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Sarko détourne l’attention sur la cata économique française
Publie le samedi 25 avril 2009 par Open-PublishingSo what … (un édito de D. Fonck, redac chef de tageblatt)
A LIRE !
Parce qu’il consacre 0,7% du produit intérieur brut à l’aide au développement, le Luxembourg assumerait ses responsabilités et devrait figurer sur la liste blanche de l’OCDE …
Le propos est de Jean-Claude Juncker et doit être considéré comme une adresse indirecte au président Sarkozy qui ne se prive de toujours et encore critiquer le Grand-Duché et son premier ministre à la moindre occasion. L’ennui, c’est que nul autre qu’un Luxembourgeois ne prend acte de ce type de remarques aigries, car ni les membres du corps diplomatique présents à la Chambre des députés le jour de la déclaration sur l’état du pays (dit de la nation), ni la presse étrangère ne sont aptes à comprendre ce qui se dit en langue nationale à la tribune.
Peut-être cela vaut-il mieux d’ailleurs, car de hauteur, il n’y en a plus trop. L’aide à la coopération n’a rien à voir avec l’attaque en règle que vient de connaître la place financière et celle-ci, tant côté politique que bancaire, manque d’aplomb pour réagir. La faute en est évidemment un manque d’anticipation lié à la vieille idée que l’amitié prétendue vraie peut se suppléer aux négociations diplomatiques en bonne et due forme, au fait que l’on réagit sur le vif et dans le désordre et par le biais d’acteurs peu formés. Or pour „paraître“ efficacement dans les médias audiovisuels tout en argumentant avec brio sur le fond et excellence dans le style dans les journaux étrangers de renom, il faut d’autres prémisses.
Ce n’est pas la panacée
Quand on entre en guerre et qu’il s’agit de livrer bataille, il faut des hommes, des armes et une stratégie. Nous ne disposons ni des secondes ni de la troisième et les rangs des premiers sont clairsemés.
A défaut de moyens, tout combat est perdu d’avance. Ce fut vrai pour Arbed-Arcelor, cela risque d’être vrai pour Cargolux où on ne raconte guère qu’une parcelle de la vérité toute crue au bon peuple, et ce fut vrai dans la bataille politico-diplomatique Luxembourg-G20-OCDE.
Le seul et unique hyperprésident demeure celui des Etats-Unis. Il a su écouter, déplacer ses pions (britannique, allemand, français) et a laissé prendre quelques dames dans plusieurs parties d’échecs successives. Petites dames qui faisaient plaisir à ses cavaliers européens.
Nicolas Sarkozy, désormais ennemi juré de Jean-Claude Juncker (tout démenti serait de trop et rigolo) est certes manipulé par d’autres plus grands que lui, mais il comble cette faiblesse en parlant beaucoup, haut et fort à propos de plus petits que lui. Le Luxembourg est, en cela, une proie aisée. On aurait pu croire que l’omniprésident se calmerait au lendemain de la publication de la liste grise devenue anthracite (mélange entre le noir et le gris) et sa victoire sur le tandem Juncker-Frieden. Eh bien non, l’acharnement thérapeutique, cher au CSV, continue.
Sarkozy a besoin de détourner l’attention des Français sur l’ampleur de la catastrophe économique franco-française, le drame social et les insuffisances politiques flagrantes. On peut se consoler de cette explication. Sans oublier pour autant que si le locataire de l’Elysée peut nuire au voisin luxembourgeois, il le fera. Mieux vaut donc ne pas entrer dans ce jeu dangereux pour lequel nous ne sommes plus, à l’heure actuelle, outillés. Pis, ici et là les Luxembourgeois tombent dans le piège en accréditant l’idée que tout ce qui émane de l’Elysée, pourrait se produire.
N’a-t-on pas lu cette semaine que „les banques françaises pourraient fermer sur ordre de l’Elysée“ ? Foutaise ? Oui, évidemment. Manque d’analyse, une fois de plus. Comme si n’importe quelle entreprise ou société privée était l’exécutante des desiderata du prince ! Et ce dans un environnement où l’économique domine le politique et dicte ses lois.
Mais so what ?
Si le Luxembourg ne réforme pas illico presto le mode de fonctionnement du gouvernement et du fonctionnement des ministères et si les politiques ne retrouvent
pas au plus vite leur capacité d’écoute et leur rôle de stratèges, il y aura plus d’un dossier à passer par pertes et profits.
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