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Sarko : service minimum

Publie le mardi 24 février 2009 par Open-Publishing

cf daniele Fonck, tageblatt

Sarko : service minimum

La réponse de Nicolas Sarkozy aux craintes des Français, telle qu’il l’a présentée au sommet social de l’Elysée d’hier, une sorte de tripartite réunissant le gouvernement, les syndicats et les représentants du patronat, puis résumée en sept minutes à la télé, est bien en deçà des attentes réelles des salariés, des retraités et des chômeurs français.
Née sous la pression de la mobilisation du 29 janvier, elle déçoit. Le paquet de mesures, évalué entre deux milliards et demi et trois milliards d’euros, dit le président, devrait soulager quelque six à sept millions de Français frappés durement par la crise. Le chiffre pourrait impressionner. Il pâlit cependant, comparé aux huit milliards offerts aux entreprises en tant que remise de la taxe professionnelle. Sans parler des 15 milliards de cadeaux fiscaux faits aux riches en août 2007.

Deux milliards et demi, ce n’est pas rien, diront cependant certains. Pris en bloc peut-être, mais déclinés en fonction des propositions du président, le calcul est vite fait. En moyenne, cela rapporterait à chacun des concernés autour de 175 euros par an, donc même pas 15 euros par mois ! Est-ce ainsi qu’on augmente le pouvoir d’achat ? Pire, beaucoup, parmi les retraités surtout, qui, parce que leurs revenus frisent le seuil de pauvreté, ne paient pas d’impôts, sortent bredouille de l’affaire et continuent à sombrer dans la misère. Et rien sur le smic.

Un coup d’épée dans l’eau

On appelle ça un coup d’épée dans l’eau. Les syndicats qui étaient certains que rien de substantiel ne sortirait de la concertation d’hier, avaient prévu une nouvelle journée d’action pour le 19 mars. Elle risque d’être explosive. Sachant que la pression monte à la base, les dirigeants syndicaux espéraient néanmoins que Nicolas Sarkozy sorte, comme il sait si bien le faire, au moins une surprise de son chapeau. Il n’en a rien fait. Leur déception est à la hauteur de leurs craintes de voir la confrontation leur échapper des mains. Même si certains, comme François Chérèque, le patron de la CFDT, préfèrent encore parler d’avancées, grâce à la mobilisation de la rue. Une mobilisation qu’il faut donc continuer.

Nicolas Sarkozy devrait pourtant savoir, à l’aune de ce qui se passe en Guadeloupe et dans d’autres départements d’outre-mer, que la colère est réelle dans le peuple. Tout comme il devrait savoir que la crise n’en est qu’à son début. Que le pouvoir d’achat continuera de dégringoler, le chômage d’augmenter. Bref que le pire est devant nous.

Combien de temps encore continuera-t-il à faire croire qu’il faut privilégier l’investissement au détriment de la répartition des richesses aux profits des salariés ?

Car ce que les Français voient, c’est que chaque jour apporte son lot de fermetures d’entreprises, de délocalisations, de licenciements. Et ce qu’ils savent, c’est qu’il devient chaque jour aussi de plus en plus difficile de payer son loyer, de se chauffer, de se nourrir d’une manière décente, de se faire soigner, d’envoyer ses enfants dans une école digne de ce nom.

Est-ce là le „seul chemin qui vaille“, comme leur président l’a annoncé à la télévision ? Au-delà des soucis quotidiens, le malaise est bien plus général. Nicolas Sarkozy, en continuant à faire la sourde oreille, mise-t-il sur l’essoufflement de la grogne, sur l’étouffement de la colère ? Le moins que l’on puisse dire est qu’il s’agit là d’un pari dangereux.

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