Accueil > Shoah, on ne défend pas la mémoire par la loi
Shoah, on ne défend pas la mémoire par la loi
Publie le samedi 27 janvier 2007 par Open-Publishing4 commentaires

de Gabriele Polo
Est-ce qu’une loi peut défendre la mémoire de la Shoah ? Est-ce que la prison pour ceux qui nient un mal indicible peut défendre les victimes d’un crime absolu ? Et battre ceux qui en évoquent des langages et des formes ? Evidemment, non. Même le ministre Mastella doit s’en être convaincu en son cœur car il a changé au dernier moment le projet de loi qui augmente à partir d’aujourd’hui les peines pour "toute personne diffusant des idées sur la supériorité raciale", en évitant toute référence explicite au négationnisme de la Shoah.
Donc, les protestations des historiens ont eu un effet. Mais, comme cela arrive souvent en Italie, la mesure proposée par le Garde des Sceaux a des maillons tellement larges qu’ils peuvent faire rentrer par la fenêtre ce qu’on a fait sortir par la porte.
Une communauté qui a besoin d’une loi pour affirmer celles qui devraient être ses valeurs constitutives est une communauté faible. Elle émet un signal de fragilité : on devrait s’attaquer au problème d’une autre façon, par un travail profond sur la culture commune (en partant de l’école, de plus en plus abandonnée à elle-même ou considérée comme une entreprise privée).
Au contraire, on préfère introduire à nouveau le délit d’opinion, une nouvelle loi Mancino (plus extensive), celle que la gauche avait combattue dans un passé récent. Servira-t-elle à faire disparaître des stades ou des rues, les croix gammées, les saluts romains, les chœurs racistes ? Cela ne s’est jamais passé ainsi.
Au contraire, comme la leçon tirée de l’application (façon de parler) de la loi sur l’apologie du fascisme devrait nous l’apprendre, elle servira à baisser l’attention politique et culturelle en défense des valeurs constituantes de notre démocratie, parce que « de toute façon un juge y veillera ». En sachant que presque personne n’y veillera et que la violation de la loi sera une raison de plus pour faire sortir des choses grossières ou stupides de la bouche de ceux qui ne savent même pas ce qu’ils disent, ce que cela a signifié et signifie.
C’est une manière sotte et contre-productive de s’attaquer à des problèmes historiques. Au moins simpliste. Comme l’affirmation d’hier du président de la République qui assimile l’antisémitisme à l’antisionisme. Le fait que tous les deux, dans la politique de guerres marquant notre époque, produisent des désastres ne signifie pas qu’ils sont la même chose : aplatir les différences est un cadeau à ceux qui nieront demain le mal d’Auschwitz et sa mémoire.
– http://www.ilmanifesto.it/Quotidian...
Traduit de l’italien par karl&rosa
Messages
1. Shoah, on ne défend pas la mémoire par la loi, 28 janvier 2007, 11:10
Je lis dans cet article l’assimilation du président Italien entre l’antisémitisme et l’antisionisme.
Cela choque ? Moi je suis plutôt d’accord.
On nous parle sans arrêt du danger sioniste. Mais ne nous voilons pas la face, il y a un antisémitisme de Gauche.
Bien sûr il est beaucoup plus fin que l’antisémitisme de Droite mais tout aussi dangereux.
J’ai déjà entendu des camarades prôner la destruction d’Israël. Quelle honte !!!!!!!!!!
Si cela n’est pas de l’antisémitisme alors là je ne comprends pu rien.
En tant que Communiste je défends le peuple Palestinien, il a le droit d’avoir un Etat.
Mais en tant qu’Israëlite je ne puis accepter de tels propos.
Je suis historien antiquisant, travaillant sur la Judée antique.
Pour moi il n’y a pas de peuple plus légitime ou moins légitime en terre de Judée Palestine.
Les seuls illégitimes sont ses intégristes de tout bord qui refusent la paix et la coexistence de deux peuples.
N’oublions jamais que les Palestiniens comme les Juifs ou les Hébreux (pour reprendre un terme plus ancien) sont Sémites.
Ils ont un font cutlurel commun. D’ailleurs l’onomastique est là pour nous le rappeller.
Alors faut-il des lois ou pas pour condamner l’apologie de crime comme l’a fait en France ce pseudo universitaire qu’est Faurisson ? Cet Eicheman de papier pour reprendre une expression du regrétté Pierre Vidal Naquet.
Là je rejoins P. Vidal-Naquet, la loi ne doit pas se faire historien.
Je m’explique.
La loi a pour but de régler la vie dans la Cité, de permettre aux citoyens d’avoir des droits mais aussi des devoirs.
Or la mémoire collective, n’appartient pas au corps législatif mais au peuple.
L’Etat doit avoir un rôle éducatif et non un rôle de condamnation. Ce travail revient à nous autres historiens.
Alors devons nous laisser passer des propos négationistes ? Non il ne faut surtout pas. Mais je crois que la bonne attitude est de laisser l’historien négationiste ou le nazillon "chauve de l’intérieur" B. Brecht, jugé par les historiens.
Bien sûr dans certains cas la justice doit agir. Mais quand on est dans le cas de prétendus intellectuels la sentance doit venir de leurs pères.
Personnellement je pense que la sanction universitaire , est pour un négationiste la meilleure chose.
Leurs théories ne tiennent pas debout, il est donc facile de les démonter.
Maintenant c’est au média de ne pas leur donner la parole.
Mais comment faire confiance à des médias , soutenant en masse un ministre de l’Intérieur proche de Fini ( cf l’Humanité de vendredi).
Alors oui, c’est à nous historiens et citoyens de garder la mémoire de ce crime, le plus odieux de l’humanité.
N’oublions jamais que des millions de personnes sont mortes, non pas dans le cadre de combats, mais dans le cadre d’une chasse à l’homme.
La loi ne doit pas servir de mémoire. La mémoire nous devons la défendre nous même.
Nous citoyens, que nous soyons Juifs, Catholiques, Musulmans, Athées, Noirs, Blancs.
La Shoah est internationale, elle est dans nos esprits.
Alors chassons ces xénophobes de tout bords. Et surtout ne faisons pas de surenchères du malheur comme le fait un pseudo humouriste, prétendu défenseur des Noirs.
Aux millions de morts à cause de leur religion ou de leur origine Alaw Ha-Shalom.
Nicolas JC/UEC 21
2. Shoah, on ne défend pas la mémoire par la loi, 28 janvier 2007, 12:17
EST-CE QU’ON LA DEFENDRA MIEUX...
... en abrogeant la Loi ?
Les faibles seront-ils mieux respectés si on abroge la loi ?
Normalement la loi réprime le fort et protège le faible... alors, j’attends la réponse !
Croyez-vous qu’en abrogeant le Code du Travail, par exemple, on supprime l’exploitation ?!
Que la loi soit insuffisante, c’est incontestable. Il faut y ajouter l’éducation...
Mais supprimer la loi, c’est livrer les victimes aux bourreaux...
Êtes-vous si sûrs de n’être pas un jour les victimes ?
NOSE DE CHAMPAGNE
3. Shoah, on ne défend pas la mémoire par la loi, 28 janvier 2007, 20:55
Je suis pour ma part effaré que la "liberté d’expression" soit en fin de compte défendue par des fascistes, pour la raison évidente qu’ils sont de ce côté-là. En Italie, où l’on trouve parmi les négationnistes le fasciste Carlo Mattogno, c’est Berlusconi - il faut le rappeler - qui avait refusé une loi européenne contre le négationnisme. En France aujourd’hui seul Le Pen défend l’abolition de la loi Gayssot ! Il a bon dos, comme le Président iranien, de se présenter comme défenseur des Droits de l’Homme !
Ce droit est pour moi si fondamental que l’on ne peut plus transiger avec lui. Que tous ceux qui sont portés eux-mêmes par d’autres mobiles que le racisme et la haine, se battent pour nos valeurs les plus fondamentales, les seules qui justifient notre amour pour l’Europe.
tk
1. Shoah, on ne défend pas la mémoire par la loi, 28 janvier 2007, 23:01
Juste à propos de la loi Gayssot.
Je me rappelle de l’intervention de Pierre Vidal-Naquet. Il était contre cette loi, non par antisémitisme, lui même étant Juif, fils de déporté, militant de la paix et des droits de l’homme (sa dénonciation de la torture pendant la guerre d’Algérie ou l’affaire Audin).
Il démontrait que la loi sanctionnait un fait mais n’éffaçait pas les idées. Et qu’au contraire il peut y avoir une forme de "marthyrisation" des fascistes.
Je pense que son idée était bonne.
Bien sûr pour l’appliquer il faut une qualité intellectuelle suffisante.
Et c’est là le plus dur.Nous avons pas tous les capacités d’argumentations nécessaires. Moi le premier je ne puis me permettre d’argumenter comme il le faisait
Mais réfléchissons à ce qu’il nous a légué.
Nicolas JC/UEC21