Accueil > Sida : Nouvelle déception
de Marie DESNOS
La lutte contre le sida connaît de nouveaux déboires. Un vaccin qui avait d’abord été présenté comme très encourageant avant que des études plus poussées ne montrent son inefficacité, pourrait finalement accroître les risques d’une contamination par le VIH. C’est ce que révèlent les dernières recherches réalisées par le laboratoire pharmaceutique Merck. Amère déception.
Les derniers essais réalisés par le laboratoire Merck révèlent qu’un vaccin contre le sida pourrait être dangereux. (Maxppp)Les derniers essais réalisés par le laboratoire Merck révèlent qu’un vaccin contre le sida pourrait être dangereux.
De nouvelles données sur un vaccin expérimental contre le sida, qui s’était déjà avéré inefficace, révèlent que les volontaires qui se sont fait injecter ce produit - le V520 - ont été beaucoup plus nombreux à contracter le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) que ceux à qui on a administré le placebo. Ces informations, annoncées jeudi lors d’un congrès scientifique tenu à Seattle par le laboratoire pharmaceutique américain Merck & co, et rapportées par OregonLive.com, n’expliquent pas pour autant les raisons de cet échec.
Si l’administration du vaccin ne peut pas transmettre directement le virus du sida, souligne Merck, "une des possibilités est que l’augmentation du nombre d’infections est liée au vaccin", c’est-à-dire que le V520 a peut-être rendu ces personnes plus fragiles face au VIH, avoue le Docteur Keith Gottesdiener, vice-président des laboratoires Merck et responsable de la division de la recherche clinique sur les vaccins et les maladies infectieuses. Il a toutefois assuré que d’autres facteurs, et même une coïncidence, sont à envisager.
Les homosexuels, premiers exposés
L´entreprise pharmaceutique et chimique la plus vieille du monde avait déjà annoncé, le 21 septembre, avoir cessé ses essais concernant ce vaccin, car ils étaient infructueux. Merck avait alors fait savoir que 24 des 741 cobayes du V520 avaient été infectés par le virus du sida, contre 21 sur 762 personnes à qui on avait injecté un placebo. Cette annonce a fait l’effet d’un véritable coup de massue dans l’avancée de la recherche contre le sida. Aujourd’hui, 49 des 914 hommes vaccinés sont atteints du VIH, contre 33 des 922 hommes qui ont eu le placebo. Seule une femme et très peu d’hétérosexuels ont été contaminés.
Ce vaccin a été fabriqué à partir d’un virus commun du rhume dans lequel ont été insérés trois gènes du VIH synthétisés. Il visait à stimuler le système immunitaire afin qu’il soit capable de détruire les futures cellules infectées par le VIH.
Quelque 3 000 personnes, plus particulièrement des homosexuels, se sont portés volontaires pour tester ce vaccin, qui avait été présenté comme très prometteur. Agés de 18 à 45 ans, et provenant du monde entier, ils présentaient tous des risques variés de contamination par le virus du sida, eu égard à leur mode de vie. Tous ont été appelés à continuer à se protéger lors de leurs rapports sexuels et à ne pas adopter tout autre comportement à risque.
"Pour moi, cela ne fiche rien par terre", a relativisé le docteur Anthony Fauci, le chef de l’Institut National des Maladies Infectieuses et Allergiques, en faisant référence à cet échec. Reste que ces données "sont remarquablement complexes", note Keith Gottesdiener, et qu’elles ne font que retarder, une fois de plus, les progrès concernant cette maladie, qui touche quelque 40 millions de personnes, selon les derniers chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (novembre 2005).
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