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Stratégie de Philip Morris pour contrer la législation française…
Publie le jeudi 1er février 2007 par Open-Publishing6 commentaires
La législation française a changée et prend effet pour la prochaine échéance le 1er Février 2007. Depuis longtemps, les industries du tabac cherchent à contrer ces changements législatifs. Pour mettre en place ces plans de bataille, des études ont été menées par ces groupes. L’une d’entre elle, « Preliminary Proposal for a Corporate Affairs Programme » met en avant les réponses de Philip Morris sur le marché français face aux contraintes législatives et réglementaires.
Ce rapport énumère entre autre les différents acteurs qui ont un intérêt dans l’industrie du tabac en France et pour lesquels une baisse de la consommation serait néfaste :
– Gouvernement (diminution recettes)
– Petits producteurs de tabac
– Buralistes
– Marché indirect de la publicité, sponsoring…
– Altadis (ex-Seita)
Ce document résume les dispositions de la loi Veil du 09/07/1976 et recense les groupes de pression pro- et anti-tabac.
La volonté de Philip Morris France est de :
– Contrer l’application de la loi Evin
– Modérer son interprétation
– Eviter le syndrome d’exclusion du fumeur comme aux USA
– Elaborer une régulation concernant ETS (Environmental Tobacco Smoke), soit le tabagisme passif
Les objectifs de Philip Morris se regroupent en 2 catégories :
1- Objectifs globaux : que les gens perçoivent Philip Morris comme une entreprise citoyenne.
Moyens : mise en place d’un lobby sans que l’on sache qu’il est l’œuvre de Philip Morris, modification de la perception du tabac, dispositions pour ne pas geler le débat en France et permettre à l’entreprise d’exister en dehors de la question du tabac.
2- Initiatives et objectifs spécifiques :
– Etablir un programme global de communication corporate pour la France. Mettre en œuvre une stratégie qui permette d’avancer des thématiques de communication précises (économie, fiscalité, publicité…) tout en focalisant ses actions sur ETS et sponsoring. Cela passe par un programme de surveillance pro-actif et complet (sur les initiatives législatives et réglementaires, l’opinion publique, les médias, les groupes de pression, et cela au niveau national, régional et local) et la préparation d’un argumentaire.
– Adapter le programme européen ETS au contexte français : démarcher les différentes cibles importantes pour que Philip Morris atteigne ses objectifs en France et en Europe. Ce public comprend un groupe économique (producteurs, buralistes, restaurants…), un groupe scientifique, des leaders d’opinion (journalistes, lobbys pro- et anti-tabac, fumeurs…) et le gouvernement.
– Mettre en place des relations media spécialisées, concevoir des activités de sponsoring et un programme de lobbying face aux interdictions de la loi Evin.
http://www.cnct.org/site/article.php3?id_article=337
PHILIPPE MAURICE
Messages
1. Stratégie de Philip Morris pour contrer la législation française… , 1er février 2007, 02:15
Mais qui est donc Philip Morris International et que fait-elle ?
Philip Morris fait partie du groupe Altria (80 milliard de $ de CA), gigantesque holding active dans le tabac et l’agroalimentaire avec des marques de café (Maxwell House, Grand’Mère, Carte Noire), de confiserie (marques Côte d’Or, Hollywood Chewing Gum, Suchard, Milka, etc) et de boissons non alcoolisées, aides culinaires, céréales, etc … et bien sûr active dans la finance !
Implantée à Lausanne, en Suisse, Philip Morris gère les activités tabac du groupe Altria dans le monde entier, à l’exception des Etats-Unis. Du point de vue de ses performance économique, on trouve sur son site : « Notre entreprise a connu une croissance extraordinaire entre 1970 et 2003. Le volume de cigarettes produit est passé de 87 milliards à 736 milliards. Cette croissance en volume a été accompagnée d’une croissance en revenus tout aussi impressionnante : au cours de la même période, les produits d’exploitation sont passés de 425 millions de dollars à plus de 33 milliards. En 2003, notre bénéfice d’exploitation a atteint 6,3 milliards de dollars, soit plus de 100 fois plus qu’en 1970. ». Tout cela pour une modeste contribution fiscale de 40, 2 mio au niveau Suisse et de 4 mio pour Lausanne. Soit, respectivement environ 0,13 pourcent et 0,013 pourcent. Les salariés et les PME apprécieront !
Philip Morris, c’est aussi la filiale d’un groupe employeur modèle, jugez plutôt : depuis 1998 les bénéfices ont progressé de 41,1 milliards d’euros alors que les effectifs ont été réduits de 19’950 personnes dans le même temps,
Philip Morris c’est aussi l’exploitation des enfants. Ainsi, dans un article du sérieux Monde diplomatique de juillet 2002, signé Ignace Ramonet, on peut lire « Les entreprises multinationales ne sont pas les dernières à profiter de cette exploitation des mineurs. Entre autres, celles du tabac (Philip Morris, Altadis), …. Au Malawi, par exemple, dont l’industrie du tabac est le premier employeur, des dizaines de milliers d’enfants sont exploités pour la récolte et le séchage des feuilles de tabac. »
Philip Morris c’est aussi l’exploitation de la forêt : le tout aussi sérieux Centre de recherches pour le développement international, organisme de l’Etat canadien écrit sur son site Internet. « La déforestation est liée à la production du tabac. Dans les pays en développement, le bois est souvent utilisé comme combustible dans le traitement des feuilles de tabac. On estime que 200 000 hectares (ou 2 000 kilomètres carrés) de forêts et de zones boisées sont abattus chaque année pour les besoins de la culture du tabac. ».
Philip Morris c’est encore la corruption d’un scientifique suisse qui avait soi-disant démontré que le tabagisme passif est peu dangereux : citons le jugement : « Genève a bien été la plate-forme d’une fraude scientifique sans précédent, dans la mesure où Ragnar Rylander a agi en sa qualité de professeur associé à l’Université, profitant de son rayonnement et n’hésitant pas à mettre la science au service de l’argent. »
Enfin, cerise sur le gâteau, l’Union européenne a signé cette année un pacte avec le diable Philip Morris. L’austère Financial Times rapportait cette éventualité réalisée en ces termes « Si le tabac tue, l’argent rend fou. S’il y a une chose qui rend plus accroc encore que la nicotine, c’est bien l’argent. Un danger manifeste, comme semble le prouver le fait que l’Union européenne envisage d’abandonner toute action en justice contre Philip Morris International en échange de 1 milliard de dollars payable sur douze ans. L’UE et dix Etats membres avaient accusé Philip Morris International et d’autres cigarettiers de s’être rendus coupables de complicité de contrebande en surexportant intentionnellement dans les pays voisins de l’Union. Mais, conformément au projet d’accord dévoilé le 5 avril dernier à Bruxelles, tous les litiges entre l’Union et Philip Morris se sont évanouis. Du conflit, on passe à la coopération : les « partenaires » uniront désormais leurs efforts pour lutter contre la contrebande et la contrefaçon. »
Docteur Jekyl
1. Stratégie de Philip Morris pour contrer la législation française… , 1er février 2007, 04:21
Ouais ! Intéressant. On pourrait d’ailleurs parler aussi des lobbies de l’industrie pharmaceutique (lobbying pour la vente de produits de santé et non de toxiques ... encore que ...) ou de l’agroalimentaire. Le point commun à tout ça, on le connait : l’argent et le profit. Ce qui m’emmerde le plus personnellement ... c’est que vos posts sur le tabagisme, tout en satisfaisant mon désir intellectuel de savoir et de comprendre, génèrent simultanément une incroyable envie de fumer. Sachez que le plus insupportable pour un fumeur, ce n’est pas l’interdiction de fumer,c’est le harcèlement. Car cela donne le sentiment très fort que l’ennemi, ce n’est pas le tabac mais le fumeur (qu’il fume ou ne fume pas, cela étant d’une certaine manière accessoire). La loi existe. Elle va s’appliquer. Alors que voulez-vous de plus ? Je me demande justement si ce "plus", mal identifié par vous comme par moi, n’est pas le plus important. J’ai personnellement la conviction absolue qu’on ne s’arrêtera pas là, que demain on s’en prendra non pas à ceux (celles) qui fument (clandestinement) mais à ceux (celles) qui "ont fumé" ... par exemple en cessant de les soigner s’ils tombent malades. Pourquoi dépenserait-on l’argent de la collectivité pour soigner des gens qui ont choisi un poison qui tue ? Qu’ils assument leur responsabilité ... en mourant ! Ne dites pas que je suis parano ... j’ai lu de telles observations à plusieurs reprises sur des forums. Chacun(e) doit avoir conscience que si l’on franchit une telle étape (ne serait-ce que par le comportement du corps médical) ... alors on n’est plus dans la problématique de la santé publique mais dans dans celle de la fascisation rampante de la société. Et comme cette volonté de contrôle social se manifeste en bien d’autres domaines que celui du tabagisme ... on est en droit de s’inquiéter. J’espère me tromper. Mais j’invite tout de même les 175 000 personnes chargées de cette mission de surveillance des fumeurs à bien réfléchir à tout cela. Une citation pour conclure ... citation de Paul Marion, membre du PPF (Parti Populaire Français) : "Grâce à vous (Pétain, NDLR), la France du camping, du sport, de la danse, des voyages, du tourisme collectif à pied, balaiera la France des apéritifs, des tabagies, des congrès et des longues digestions". Peut-être que je tire un peu sur le trait. Qu’on m’en excuse. C’est l’effet d’une certaine inquiétude. C’est que, dans l’histoire de France, la glorification des corps sains a toujours accompagné la recherche d’une certaine purification des esprits. JPL - Manosque
2. Stratégie de Philip Morris pour contrer la législation française… , 1er février 2007, 10:53
Bonjour,
Pour quoi on ne fait pas une loi contre les voitures qui file eux aussi un cancer passif ?
Pour quoi on ne fait pas une loi contre le soleil ? lui aussi donne le cancer.
Pour quoi on ne fait pas une loi contre les vieux eux aussi fond tros de cancer ?
Que faut il mourir en bonne santé ?
No limit.
Dom.P
1. Stratégie de Philip Morris pour contrer la législation française… , 1er février 2007, 14:22
Vas dire çà aux camarades du Nord qui ont chopés des saloperies à cause de l’amiante et qui sont en pleine gréve de la faim pour qu’on reconnaisse leur maladie, si l’on avait appliqué la loi àplus tot, ils n’en serait pas là, et des dizaines de milliers d’autres malheureusement vont suivre dans les années qui viennent. Alors revoit tes arguments camarades, vas raconter çà à leur famille. Le profit nous rend aveugle et égoiste, ne tombe pas dans le piège.
Fume, mais le calumet de la paix !
Philippe Maurice
2. Stratégie de Philip Morris pour contrer la législation française… , 1er février 2007, 16:13
ouaie et si tu peut ...fait le pousser ton p’tit plaisir en voie d’etre interdit... alors interdit pour interdit..! autant desobeir a donf et narguer ainsi les z"auto rite e e e
3. Stratégie de Philip Morris pour contrer la législation française… , 1er février 2007, 16:59
Il se trouve précisément que cette loi de santé publique introduit une petite révolution en droit du travail ... à savoir que, pour la première fois, c’est le salarié qui est pénalement responsable sur une question concernant l’hygiène et la sécurité. Avant il n’avait d’autre responsabilité que celle directement liée aux termes de son contrat de travail. Pour le reste, c’était l’employeur qui était responsable. Et on n’a pas fini d’en mesurer les conséquences. Si les camarades du Nord (et d’ailleurs) se battent ... c’est qu’ils ont, et avec raison, l’espoir d’aboutir. Et s’ils ont l’espoir d’aboutir ... c’est précisément parce que l’employeur était seul responsable de la sécurité dans son entreprise quand bien même ils auraient occasionnellement négligé de porter des masques de protection et quand bien même l’employeur aurait collé ici ou là quelques affichettes avertissant du danger. En clair l’employeur était supposé savoir que les dispositions adoptées (et bien souvent pas adoptées du tout) étaient à l’évidence insuffisantes au regard du risque connu de l’amiante. Or, dans l’esprit de la nouvelle loi, ces camarades n’auraient aucune chance d’aboutir. Il serait trop aisé pour les employeurs d’engager d’une manière ou d’une autre, totalement ou partiellement, la responsabilité des salariés eux-mêmes. Maintenant que cette nouvelle approche de la responsabilité (ou de cette nouvelle philosophie en matière de pénalité) a franchi les grilles de l’entreprise, je suis prêt à parier qu’elle ne tardera pas à s’étendre à d’autres types de nuisances dans le monde du travail. On peut compter sur le MEDEF pour qu’il fasse pression en ce sens. JPL - Manosque