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Un bond en arrière pour la psychiatrie
Publie le mercredi 14 février 2007 par Open-Publishing7 commentaires
Entretien réalisé par Laurent Mouloud
Délinquance . En grève aujourd’hui, l’ensemble du secteur de la psychiatrie fustige avec une rare unanimité le projet de loi Sarkozy, de nouveau en discussion à l’Assemblée.
Trois mois après avoir bataillé ferme contre le projet de loi sur la prévention de la délinquance, la psychiatrie remonte au front. À l’occasion de la seconde lecture du texte de Nicolas Sarkozy à l’Assemblée nationale, l’ensemble des syndicats de praticiens appellent aujourd’hui leurs collègues du public et du privé à une journée de grève. En cause : toujours les articles 18 à 24 (lire encadré), ce fameux « volet santé mentale » qui réforme les modalités d’hospitalisation d’office (HO). Et fait bondir autant les médecins que les familles de - patients.
Un temps, syndicats et associations ont cru obtenir gain de cause. Face à la bronca, le gouvernement a en effet accepté, cet automne, de retirer les articles litigieux et de les réintroduire dans une ordonnance, après négociation avec les partenaires sociaux. Il n’en aura pas le loisir. Le 25 janvier, le Conseil constitutionnel a censuré ce dispositif boiteux. Le texte revient donc devant les députés dans son intégralité. Aucune modification de fond n’a été adoptée par la commission des Lois. Mêler psychiatrie et loi sécuritaire ? « C’est faire un amalgame inacceptable entre délinquance et maladie mentale », martèlent les psychiatres, inquiets et écoeurés par cette stigmatisation d’un autre âge. Entretien avec Norbert Skurnik, président des psychiatres de secteur (IDEPP).
Quels reproches faites-vous à ces six articles ?
Norbert Skurnik. Sur le plan philosophique et symbolique, d’abord. Depuis plus de deux siècles on travaille à déstigmatiser la maladie mentale, à la retirer du champ criminel et délictueux pour la faire entrer dans la catégorie sanitaire. Bref, la faire reconnaître comme une maladie. Tout le monde, des médecins aux pouvoirs publics, a toujours été d’accord sur cette orientation générale. Or, là, on intègre six articles sur l’hospitalisation sous contrainte dans une loi traitant de la délinquance ! C’est un véritable bond en arrière, complètement à rebours de l’évolution des pensées. Pour la première fois depuis plus de 200 ans, on va vers une recriminalisation des actes délictueux commis par les malades mentaux. Tout le monde sait que la maladie mentale est génératrice d’un certain nombre de soucis. Mais une personne qui commet un délit sous l’empire d’une psychose est avant tout un malade qu’il faut soigner.
Quels points précis vous inquiètent ?
Norbert Skurnik. Beaucoup de points nous déplaisent. À commencer par la constitution d’un fichier national des hospitalisations d’office. Sa création sous-tend une réelle confusion entre dangerosité et maladie mentale. Or, une HO est révélatrice d’un besoin de soins, non pas d’une dangerosité potentielle. Autre mesure critiquable : l’élargissement des pouvoirs des maires en matière d’hospitalisation sans consentement. Ces derniers vont être obligés, dans ce cadre, de s’adjoindre forcément les compétences d’un service ad hoc, à l’image de l’IPP (l’infirmerie auprès de la Préfecture de police - NDLR) à Paris. Or, comment imaginer que chaque maire se crée une administration chargée des malades dangereux ? C’est grotesque ! Surtout que le dispositif actuel est parfaitement au point avec des médecins et des préfets pour gérer tout cela. Les maires sont d’ailleurs les premiers à refuser que l’on alourdisse à nouveau leur barque...
La maladie mentale est-elle à l’origine de beaucoup de crimes et de délits ?
Norbert Skurnik. Pas du tout. Ces mesures sont le fruit, en partie, de l’agitation politico-médiatique qui s’est développée en août 2005, autour de quelques fugues ou sorties sans autorisation - rebaptisées « évasions » - d’hôpitaux psychiatriques. Avec les techniques médiatiques modernes, on affole vite l’opinion avec pas grand-chose.
Avez-vous encore des contacts avec le gouvernement ?
Norbert Skurnik. On n’a rien depuis des semaines, aucune information sur ses intentions. Il faut dire que l’on est en pleine campagne présidentielle et que le gouvernement est particulièrement affaibli... Il faut savoir que les associations et syndicats étaient d’accord pour le principe d’une ordonnance négociée. Tous les syndicats de la psychiatrie ont planché dessus fin novembre. On était parvenu à un texte consensuel qui amendait largement les articles 18 à 24 et recueillait l’appui de tous les groupes, de la CGT jusqu’au Conseil de l’ordre. Mais la décision du Conseil constitutionnel nous remet dans l’ornière. Désormais, tout est entre les mains de députés pressés de se lancer dans la campagne électorale. La période est malheureusement plus propice à la démagogie. Il serait pourtant plus sage de ne pas voter en urgence cette loi - portant sur quelque chose d’aussi sensible et fragile que la pathologie mentale.
Messages
1. réponse du gouvernement : allez vous faire foutre !, 15 février 2007, 09:23
Question à l’assemblée nationale, le 13 février
P. Bardet
2. Un bond en arrière pour la psychiatrie, 15 février 2007, 09:47
Déclaration pour le groupe communiste à l’assemblée (le 13 février)
http://www.assemblee-nationale.fr/12/cri/2006-2007/20070137.asp
le gouvernement a certes reculé provisoirement en enlevant 5 articles, mais voyons ce qu’en dit Sarkozy
P. Bardet
3. Un bond en arrière pour la psychiatrie, 15 février 2007, 13:11
Demandons donc a mr Sarkozy ou en est ces promesses concernant l’hp de PAU ou une infirmiere a vait été décapitée en 2006 ?
Il est ou le résultat mr le ministre candidat ?
y a t il plus de personnel dans cet hopital ?
y a t il plus de sécurité notamment la nuit ?
Si mr le ministre vous avez des lecons à recevoir sur au moins une chose : la parole donné
je ne parle pas ici d’EDF mais quand même...
louis coconuts
1. Un bond en arrière pour la psychiatrie, 15 février 2007, 13:56
C’est honteux,
on pourrait lister tous les malades du sida aussi, au cas où ils contamineraient d’autres personnes...
ce pays commence à sentir mauvais...
2. Un bond en arrière pour la psychiatrie, 15 février 2007, 14:11
je rajoute, je suis en colère :
connards de politiciens qui nous sool à respecter ces valeurs bien françaises en nous rappelant combien de gens sont morts pour celles-ci...
y a pas la psychiatrie qui fait retour en arrière...
c’est honteux !
3. Un bond en arrière pour la psychiatrie, 15 février 2007, 16:02
Si les gens n’avaient pas encore compris qu’on glisse doucement vers le fascisme, c’est fait.
De la même manière qu’on a envoyé dans les camps de concentration, les Juifs, les Communistes, les Tziganes... voilà qu’aujourd’hui, sur le même principe, on s’en prend aux handicapés comme aux délinquants, sans faire la différence. On veut sans doute cacher la misère mentale comme la misère physique. Faut que la vitrine soit clean, sans doute ! Remarquez, Juppé à Bordeaux a voulu nettoyer le centre de la ville de ses SDF, en arrêtant tous les gens qui leur donnaient un peu d’argent ou leur parlaient. C’est un avant goût de ce qui va nous tomber sur la tête, si par malheur...
4. Un bond en arrière pour la psychiatrie, 16 février 2007, 22:01
Ca vaut quoi la parole de sarkozy, celle de son porte parole ne vaut rien : mensonges, dissimulation et tromperie sur les risques sanitaires
l’affaire Xavier Bertrand des délinquants il y en a meme dans l’entourage de sarkozy, eux en sont des vrais, que fait la police ?