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Un divorce entre le peuple et la gauche autour de la question de la nation
Publie le samedi 26 mai 2007 par Open-Publishing2 commentaires
Il y a un sentiment de crainte diffus qui habite les Français concernant le danger de la disparition de la France comme entité, comme identité, face à l’Europe, à la décentralisation, à la domination de l’économie par la mondialisation, qui font partie des référents culturels du PS d’aujourd’hui, mais aussi face à tout un courant idéologique de gauche, celle qui se revendique antilibérale, qui préfère faire des sans-papiers l’emblème de la lutte pour la justice sociale plutôt que les ouvriers, qui défend le financement public des lieux de culte, la reconnaissance des minorités, plutôt que la laïcité. Précisément, c’est pourtant cette dernière qui porte le politique au-dessus des différences pour faire de la citoyenneté la première de nos valeurs communes, levier d’une culture démocratique qui favorise la prise de conscience de l’importance des choix collectifs, des enjeux de l’intérêt général qui s’y expriment, par exemple, contre le libéralisme.
Le Président élu a entendu cette intuition du peuple de France, exprimée à travers la victoire contre le Traité constitutionnel européen du 29 mai 2005, que le plus important demeurait sans doute de ne pas céder au sacrifice de la nation, et a su la récupérer à défaut qu’elle fut prise en compte par un autre candidat, et ce, sans danger vis-à-vis de la gauche qui cultive, chaque organisation à sa façon, depuis des années, le sentiment de son rejet. Le candidat Sarkozy pouvait sans inquiétude récupérer ce thème et sans même y mettre beaucoup de contenu, tant il n’avait rien à craindre de la gauche sur ce sujet. Voilà comment, notre actuel Président a pu être élu, grâce à ce jeu entre une gauche centriste oublieuse de ses valeurs et une gauche antilibérale communautariste, niant la nation et oublieuse de la notion de peuple.
Une situation de confusion politique qui pousse encore un peu plus les Français à s’en remettre à un homme providentiel.
On comprend comment, dans cette situation, François Fillon pouvait exprimer le projet du nouveau gouvernement en ces termes " Face aux appels dérisoires à la « résistance », nous allons inviter les Français à construire une espérance commune.
Face aux extrémistes qui pensent qu’en cassant les vitrines on casse une victoire électorale, nous allons opposer la force calme de la démocratie". Il opposait "Face à ceux qui, à gauche, rêvent d’une cohabitation stérile, « une majorité claire et ouverte à tous les talents."
Résolument, une seule solution, changer de monde Jean-François Kahn invite dans l’éditorial de son avant-dernier numéro intitulé, « N’ayons pas peur », à la constitution, dans le sillon du vote « centriste révolutionnaire » d’une grande alliance démocratique et républicaine, qui fasse table rase du PS et de ses valeurs traditionnellement ancrées à gauche ainsi que des forces antilibérales. Il s’agit ici d’initier un nouveau type de rassemblement à la recherche de cette politique du milieu introuvable et improbable, tournant le dos à tout changement de société mettant en cause le capitalisme dans ses fondements. C’est croire pouvoir, aménager un système qui nous entraîne vers le chaos derrière de fausses bonnes intentions et le renoncement à oser penser un autre monde. On ne pourra pas contrecarrer le pouvoir financier, la logique de privation des richesses qui domine le monde sous le signe de l’exploitation, du sud au nord et du nord au sud, sans remettre résolument en cause par la mobilisation des peuples et des nations où ils ont leurs repères, le système lui-même, qui n’est pas aménageable sous le signe d’une gestion bien ordonnée entre intérêts économiques et besoins humains, comme le centrisme prétend en détenir la clé et qui nous a valu la supercherie de l’ouverture du gouvernement actuel et celle de Ségolène.
Il y a une vision postmoderne dans la volonté de répondre aux grands problèmes par une politique qui prétend partir des besoins des gens, car cela justifie les programmes patchwork qui ne défendent plus d’idées, de conception générale du monde, de vision et de choix fondamentaux, l’absence de projet de sociétés qui s’affrontent.
L’indifférenciation gauche droite et l’échangisme entre les deux favorise cette tendance à l’effacement de tout contenu à la faveur de la politique spectacle. Sarkozy de ce côté là a été le meilleur, d’autant qu’il a su créer, en s’appuyant sur les faiblesses idéologiques et les mauvais choix d’orientation de la gauche, l’illusion d’avoir un projet pour la France auquel pouvaient s’identifier une large partie du peuple, des Français, un projet pour beaucoup structuré autour de la valeur de la nation.
Une nouvelle page de l’histoire de la propagande est en train de s’écrire, de l’idéologie du consensus, avec pour nouvel alambic, l’ouverture, le centrisme tout azimut comme modernisation libérale de la vie politique. Une pseudo révolution qui ne se révèle être qu’une métamorphose du politique de plus dans un seul but, en finir avec toutes résistances liées à l’idée de lutte des classes, éliminer toute conscience que l’origine de toutes les inégalités est contenue dans l’exploitation de l’homme par l’homme, dans le fait que celui qui vend sa force de travail manuelle ou intellectuelle est spolié de ce qu’il crée. C’est dans ce sens que le combat doit être mené en faveur d’une autre répartition des richesses, qui ne saurait répondre qu’à des besoins individualistes mais à l’exigence du bonheur commun.
C’est seulement dans la capacité à faire retour sur cette démarche fondamentale que la gauche peut demain reprendre du sens, à moins qu’il faille inventer une nouvelle organisation politique capable de porter un tel projet radical en dehors duquel il n’y a pas d’alternative possible, un projet anticapitaliste et révolutionnaire, démocratique, républicain, laïque et social.
Guylain Chevrier 21/05/07
Messages
1. Un divorce entre le peuple et la gauche autour de la question de la nation, 27 mai 2007, 01:24
Posons-nous la question à ce sujet .Pourquoi MGB n’a pas demandé et exigé le retrait de la signature de la France du traité de Maastricht comme l’a fait Schivardi pour le PT,cela aurait eu une autre résonance par la voix de la secrètaire National du PCF ? Pourquoi le PCF est-il pour l’entrée de la Turquie dans l’Europe capitaliste alors que c’est une terre d’islam sans fondement avec la civilisation chrétienne ? l’internationalisme n’est pas l’effacement de la Nation,les exemples Russe,chinois,vietnamien le démontre aujourd’hui avec force comme aussi les pays d’amérique latine .La fierté d’être français par le contenu historique de notre pays n’est pas lié à la suffisance d’être un grand peuple mais à sa contribution à la libèration humaine par ses luttes multiples que la bourgeoisie a intégré dans son argumentaire idéologique lors de la campagne présidentielle.La Nation n’est pas "accessoire" pour les communistes,elle est le terrain idéal pour construire le socialisme dans un seul pays comme exemple pour d’autres ,comme l’a su si bien faire notre camarade Castro avec son équipe et le peuple cubain comme exemple pour l’amérique latine ......
Nous retirer de l’europe capitaliste,c’est libérer notre peuple du carcan de Bruxelles et retrouver notre totale autonomie politique et économique.S’il faut "attendre" que les autres pays européens découvrent en même temps que nous les bienfaits de la socièté socialiste à construire on peut attendre longtemps en redevenant un pays sous-développé sans industrie,chargé de distraire l’europe par nos sites montagneux et nos belles plages .....Le NON à la constitution européenne c’était surtout un NON à l’europe tout court,un refus de l’effacement de la France dans un conglomérat à la solde du capitalisme anglo-saxon .....La joie de Bush avec l’élection de Sarko en est le signe le plus significatif malgré son discours pseudo-nationaliste ....Jacques DUCLOS mêlait étroitement les drapeaux rouge et tricolore dans sa campagne de 1969...MGB a oublié, je ne sais pourquoi, "le temps des cerises et le chant des partisans" dans sa campagne présidentielle .La Marseillaise et l’Internationale sont des hymnes universels,les chants précèdents sont ceux des martyres de la commune de Paris et des résistants combattant le nazisme ...Drapeaux rouge et tricolore à ne jamais séparer,alors que le drapeau européen n’est qu’un gadget trompeur au service du Fric ........
Retrouvons nos racines sans complexes comme la bourgeoisie se décomplexe avec Sarko .
Bernard SARTON,section d’Aubagne
1. Un divorce entre le peuple et la gauche autour de la question de la nation, 27 mai 2007, 01:46
La nation entité abstraite et englobante différente de peuple notion plus concrète, plus dynamique et incluant un rapport social dirigeant/dirigé peut contenir une politique de progrès ou de régression.
La nation comme base du service public sur tout le territoire avec accès égal pour tous y compris au fond des campagnes et des quartiers me semble bien conserver un aspect de progrès. Dans la même registre la nation sera la base de l’appropriation publique des moyens de production.
Par contre la nation peut avoir une dimension régressive frileuse voire réactionnaire et agressive contre les immigrés.
ce texte pris sur mon blog chrismondial :
DE LA NECESSITE DE SORTIR DE LA CONCEPTION DE L’ETAT-NATION
Mon topo sur le Manifeste à Rennes "Aller vers une autre démocratie, citoyenne et populaire" ( * ) ne pouvait être qu’une introduction relativement brève au regard de l’ampleur du sujet.
(*) http://www.local.attac.org/35/Introduction-ALLER-VERS-UNE-AUTRE
J’ai notamment volontairement occulté la problématique de la citoyenneté issue de l’histoire de l’Etat-nation pour m’en tenir à un définition de la démocratie issue du peuple. En fait je pense comme d’autres issus du mouvement de lutte pour l’insertion des immigrés que le mouvement altermondialiste doit sortir du modèle de l’Etat-nation. Daniele LOSCHAK a passé de longues années à expliciter cette nécessité. Cependant les propos qui suivent doivent beaucoup à Michel Terestchenko (1)
I - UNE COMPREHENSION ISSUE DU MILITANTISME EN DEFENSE DES MIGRANTS
* La situation présente et historique
L’immigration est une manière de vivre, une manière douloureuse d’être au monde. La condition d’immigré au plan juridique et social - donc existentiel - est un mélange d’être et de néant. Plus précisément il est un être en chemin, en chemin vers la naturalisation, l’insertion, l’intégration. Du coup l’immigration peut se définir à la fois comme transition et comme fragilité.
La conception de la nationalité comme condition de la citoyennté fait de l’immigré un être illégitime : il n’est pas le national dans lequel l’immigration l’a placé et l’a amené à vivre. Il est présent exclus.
* Le mouvement pour en sortir
Le national est le produit historique de l’Etat-nation. Au national le mouvement antiraciste et pour l’égalité oppose le résident, celui qui vit sur un territoire donné, qui produit et paie des impôts. Le résident a vocation a disposer des droits étendus de la citoyennté.Il circule librement, il s’installe et passé un certain temps - de 3 à 5 ans - il devient pleinement citoyen . C’est une revendication que les citoyens rabougris que nous sommes aussi ont intérêt à soutenir (cf l’altercitoyen 2)
II - DE L’ETAT-NATION A LA CITOYENNETE
* Etat-nation à nationalité :
C’est l’Etat qui confère la nationalité et donc l’étrangeté soit en vertu du jus sanguinis, soit en vertu du jus solis. Le droit du sang détermine l’appartenance à la communauté sociale et politique par la filiation. Le droit du sol opère cet effet d’appartenance -exclusion par la naissance de l’individu sur le territoire (français).
* Nationalité à citoyenneté
L’attribution de la nationalité confère des droits civiques et politiques qui caractérisent la citoyennté stricto sensu. Mais la citoyenneté lato sensu comprends trois niveaux distingués par D. Loschak :
– Citoyennté-égalité dans l’exercice des droits
– Citoyenneté-participation à la vie sociale
– Citoyenneté-exercice de la souveraineté nationale
Christian DELARUE
1 Note de lecture de "Philosophie politique, tome 2 : Ethique, science et droit" de Michel Terestchenko
Note de Christian DELARUE sur chrismondial
http://www.blogg.org/blog-44839-date-2007-02-11.html
2 ALTERCITOYEN.
Citoyen confiné, séparé, exclus ou citoyen d’émancipation
http://www.local.attac.org/35/spip.php?article731