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Un échec collectif au Moyen-Orient

Publie le mardi 1er août 2006 par Open-Publishing
5 commentaires

de Shirin Ebadi et Jody Williams traduit par Sta

En tant que lauréates du prix Nobel de la paix, nous observons avec ahurissement le combat entre le Liban et l’Israël devenir incontrôlable, en même temps que la crise dans la bande de Gaza semble disparaître de la conscience publique. Le manque de leadership au niveau mondial concernant cette violence qui touche des centaines de milliers de civils est abominable.

L’échec du G8 en juillet, son incapacité à faire face aux infractions flagrantes du droit humanitaire international prouve une réticence dégoûtante à placer la vie des innocents au-delà de la politique. L’usage répété de son droit de veto au Conseil de Sécurité des Nations Unis par l’Amérique et son empêchement des efforts pour résoudre cette crise sont malheureusement prévisibles. Le gouvernement de Bush, renforcé par le ton décisif du Congres Américain soutenant les opérations militaires Israélienne, n’a rien fait pour diminuer l’impact accablant ressenti par la population civile.

La réunion d’urgence du mois de juillet à Rome, deux semaines après le début de la crise, n’aboutit à rien. Seuls les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l’Israël s’opposent à un cessez-le feu immédiat. Alors que des membres du gouvernement Américain décrivent la destruction et le chaos comme « des affres de l’accouchement pour un nouveau Moyen-Orient, » comment peuvent-ils s’attendre à autre chose qu’une montée dramatique de l’anti-américanisme à travers le Moyen-Orient, si non à travers le monde entier ?

En observant la destruction massive du Liban, il serait presque embarrassant de parler de « manque de proportionnalité » en qualifiant la réponse d’Israël au kidnapping de ses trois soldats. C’est une punition collective de la population civile de Gaza et du Liban. Elle est collective mais aussi personnelle, on le lit à travers des e-mails sporadiques de nos consoeurs décrivant la mort et la destruction au Liban. Elle est collective mais personnelle, quand une étudiante du troisième cycle à l’université de Houston nous tient au courant de l’impact de la guerre sur ses parents à Gaza.

La destruction délibérée de l’infrastructure civile, y compris des routes, des ponts, des immeubles, des camions de secours, des ports, et de l’aéroport a eu pour conséquence un grand nombre de victimes civiles. Elle a empêché la population civile de s’échapper de la zone du conflit, et elle a empêché l’arrivée de l’aide humanitaire. Les centaines de milliers de réfugiés - peut-être une personne sur cinq au Liban - essayent de se sauver dans un pays où les sorties ont été délibérément détruites. Une grande partie de Beyrouth a été encore une fois réduite à un tas de décombre. Les attaques croissantes du Hezbollah contre les cibles civiles en Israël sont également odieuses et constituent des violations du droit international.

Tandis que nous observons la violence augmenter tout le temps au Liban et au nord de l’Israël, la crise de Gaza couve. L’occupation israélienne de Gaza a peut-être changé de forme, mais la réalité est qu’Israël y maintient le contrôle de tous les aspects de la vie. Le premier ministre de l’Israël, Ehud Olmert, a clairement déclaré que ses soldats vont « agir, entrer, et sortir comme il leur plait. » Alors que les attaques israéliennes s’intensifiaient dans le nord, l’armée de l’état Hébreu a également commencé à distribuer des dépliants à Gaza déclarant qu’elle bombarderait toute maison soupçonnée de cacher des armes. Elle avait déjà détruit la seule centrale électrique de Gaza, laissant des dizaines de milliers sans eau et égout.

Nous ne comprenons pas comment la communauté internationale puisse continuer à maintenir son silence tandis que les populations entières sont tenues en otage au milieu de ce qui a été décrit comme « autodéfense. »

Explicitement ou implicitement par l’inaction, aucune attaque délibérée contre des civils par les groupes armés ne devrait être pardonnée par la communauté internationale. Chaque nouvelle attaque laisse dans son sillage des morts et des blessés. Chaque nouvelle attaque fait d’une autre femme une veuve et crée plus d’orphelins. Chaque nouvelle attaque démontre l’incapacité ou la réticence des gouvernements à exercer leur obligation morale d’arrêter la violence. Chaque nouvelle attaque souligne notre échec collectif à refuser de choisir la violence face à nos problèmes.

Le Conseil de sécurité de l’ONU doit intervenir pour arrêter la violence et pour éviter une escalade du conflit dans lequel toute la région pourrait s’engloutir. Il est grand temps pour des négociations, avec l’aide de la communauté internationale, pour arriver à une paix complète dans le Moyen-Orient. De telles négociations doivent inclure les groupes divers de chaque société, et les femmes de toute la région. Les femmes et les enfants souffrent d’une façon disproportionnée durant et après le conflit, et les femmes doivent avoir une voix dans la recherche de solutions réelles contre la violence.

Shirin Ebadi, un avocat iranien, a reçu le prix Nobel de la paix en 2003 pour son travail défendant les droits de l’homme. Jody Williams a reçu le prix Nobel de la paix en 1997 pour son travail avec la campagne internationale pour interdire les mines terrestres.

http://www.iht.com/articles/2006/07/31/opinion/edebadi.php

 http://tonnerre-aussi.blogspot.com/...

Messages

  • Bel article, mais je ne pense pas qu’il y a manque de leadership. Il y a la volonté US de maintenir à tout prix son hégémonie, y compris par des massacres de masse. Pour Machiavel : "Mieux vaut un pays détruit qu’un pays perdu." C’est la stratégie du chaos appliquée dans la poudrière proche orientale en accord avec son allié israélien.
    (La première mention d’un foyer juif dans cette région précède d’un demi siècle les thèses sionnistes de Hertzl. elle apparait dans les documents du Foreign office afin de contrôler cette région et, au delà, la route des indes.) Il y a rencontre "objective" entre le sionnisme entré par effraction dans cette région et les intérets occidentaux, si on veut bien mettre de côté les connivences religieuses et idéologiques. Tous deux se placent délidérément au dessus de la légalité internationale.
    Les peuples palestiniens, libanais ( il y aurait aussi à dire sur l’héritage français dans ce pays), en payent actuellement la note. En attendant la suite.
    Léon

  • Cette guerre attise le conflit entre le monde musulman et le monde occidental, une fois de plus.

    Elle est entretenue à la fois par Israel qui se croit dans son bon droit de libérer ses otages en écrasant outre mesure la gu...e de toute une nation (le Liban) et elle est aussi entretenue par le Hezbollah (avec en sous-main le soutien de la majorité du monde arabe dont l’Iran) qui cristallise le ressentiment d’une oppression historique contre le monde arabe.

    On ne peut pas fouler du pied l’amour-propre et l’orgueil d’un peuple impunément et c’est normal. Le fait d’envahir un territoire qui n’est pas le sien (historiquement et culturellement parlant) ne dure qu’un temps. (n’est-ce pas messieurs les Israeliens, entres autres)

    Donc je pense que la solution est : chacun chez soi (avec sa religion, ses us et coutumes) et les vaches seront bien gardées. Cela résoudrait 99% des conflits inter-ethniques dans le monde.

    • l’Iran n’est pas un pays arabe,il n’appartient pas au monde arabe si tant est qu’un tel monde existe,c’est un pays musulman ce qui n’est pas tout à fait la même chose !

    • Et le Liban est un pays multiconfessionnel !faut arrêter la bibine et le raçisme larvé cher ami,et en plus votre "solution" est celle préonisée par Bush et consort la partition du Liban entre musulmans,chrétiens,druzzes ce que ne veulent les Libanais à aucun prix.
      Jean Claude des landes
      Sp:que deviennent les athées dans cette solution ?

  • ik s’agirait aussi d’une guerre nucléaire qui ne dit pas son nom ... WWW.planetenonviolence.org