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Une « exigence fondamentale »

Publie le vendredi 15 mai 2009 par Open-Publishing

Une « exigence fondamentale »

Dans notre onzième arrondissement en ce moment, sur les murs, les façades, les panneaux d’affichage, les potelets ou dans le métro, on peut voir des yeux menaçants, qui semblent épier le passant. Ces stickers en forme de regards inquisiteurs doivent faire partie de la campagne lancée par le « Collectif démocratie et libertés ». Ce regroupement d’associations milite « pour un Paris sans caméras de surveillance ». Et s’oppose au projet d’installallation de plus de 1000 caméras supplémentaires sur la voie publique dans la capitale. Selon lui, « avec la multiplication des caméras, nous assistons à la mise en place d’un contrôle généralisé des individus, sans avoir aucune garantie sur l’utilisation des images enregistrées ». Ce qui ferait peser « de réelles menaces » sur « les libertés des personnes ».

Mais, visiblement, on ne se bouscule pas au portillon pour signer la pétition lancée par ce collectif. Ce matin, elle n’avait recueilli que... 370 signatures, sur les quelque 2 millions d’habitants que comptent les vingt arrondissements. Le peu de succès remporté par cette initiative, cela dit, n’est pas trop surprenant : plus de sept Français sur dix (71%) approuvent la présence de caméras de vidéosurveillance dans les lieux publics.

On retrouve ce chiffre dans un sondage qu’a rappelé hier la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL). Cet organe officiel est chargé de « veiller à ce que l’informatique soit au service du citoyen et qu’elle ne porte atteinte ni à l’identité humaine, ni aux droits de l’homme, ni à la vie privée, ni aux libertés individuelles ou publiques ». Mercredi, à l’occasion de la présentation de son rapport annuel, la CNIL a insisté sur la nécessité de mieux encadrer légalement les systèmes de vidéosurveillance en France. A ses yeux, en effet, « le contrôle des surveillants constitue, dans les sociétés démocratiques modernes, une exigence fondamentale, nécessaire pour asseoir la légitimité du développement de ces systèmes, offrant les meilleures garanties de prise en compte des droits et libertés des personnes ».

Concrètement, la CNIL plaide par exemple pour que les sites vidéosurveillés, à Paris comme ailleurs, soient mieux notifiés au grand public. Comment ? Grâce à leur « signalisation effective sur la voie publique ». Grâce à la « la mise en ligne de cartes indiquant les zones de la voie publique placées sous vidéosurveillance ». Via aussi « la présentation chaque année d’un rapport d’activité de l’ensemble des systèmes de vidéosurveillance au conseil municipal ou au conseil communautaire ». Ou par le biais de « la mention de la durée de conservation des images sur les panneaux signalant un système de vidéosurveillance ».

Dans ce cas de figure, on serait évidemment très loin des panneaux que l’on voit habituellement aujourd’hui dans les sites vidéosurveillés à Paris : ces avis qui se contentent généralement d’invitations anodines, dans le genre : « Souriez, vous êtes filmés » Si le gouvernement suivait la CNIL, ces avis rappelleraient aussi que chaque citoyen de ce pays dispose du « droit, souvent mal connu, d’accéder aux enregistrements visuels le concernant ». Cette idée n’est pas neuve. Les autorités, toutefois, ne l’ont jamais mise en oeuvre. Craindraient-elles donc d’être submergées de demandes de gens voulant vérifier les images qui ont été prises d’eux et l’usage qui en est fait ?

http://parislibre.lalibreblogs.be/archive/2009/05/14/une-exigence-fondamentale.html