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Une militante des nouvelles Brigades rouges condamnée à perpétuité en Italie

Publie le jeudi 10 juin 2004 par Open-Publishing

LE MONDE

Rome

Nadia Desdemona Lioce, une militante des nouvelles Brigades rouges (BR), a été condamnée à perpétuité, mercredi 9 mai, par la cour d’assises d’Arezzo, qui siégeait dans le tribunal bunker de Santa Verdiana, à Florence. Elle était accusée d’homicide sur un policier, Emmanuel Petri, et de tentatives d’homicide sur deux autres agents de la police ferroviaire, lors de son arrestation, le 2 mars 2003, au cours d’un contrôle de routine dans le train Rome-Florence. Son compagnon de voyage et de clandestinité, Mario Galesi, avait été tué au cours de la fusillade.

Derrière les barreaux de la cage où elle suivait, depuis le 3 mai, le déroulement de son procès, la terroriste a expliqué qu’il s’agissait de "pertes humaines de part et d’autre", revendiquant son appartenance aux BR et son statut de "prisonnière politique".

Dans une déclaration spontanée, l’accusée a dénoncé le "lynchage médiatique" dont elle aurait fait l’objet. Ses avocats ont plaidé que "le droit pénal ordinaire n’est pas applicable à ceux qui conduisent une lutte politique". Mais, après neuf heures de délibérations, le jury a suivi les réquisitions du procureur, Giuseppe Nicolosi, pour qui la peine demandée était "absolument adaptée aux faits".

"SCÉNARIOS PRÉVUS"

Pour l’accusation, la mort du policier n’était pas une bavure ou une circonstance malheureuse : "Les deux terroristes n’étaient pas agités, ils se déplaçaient avec calme, signe qu’ils avaient envisagé une telle situation et qu’elle entrait dans les éventuels scénarios qu’ils avaient prévus", a souligné l’autre procureur, Luigi Bocciolini. Au lendemain de son interpellation, Nadia Desdemona Lioce avait elle-même précisé que "pour les militants des BR, il -était- un devoir de se soustraire à la capture afin d’éviter d’affaiblir l’organisation".

Cette peine, assortie de mesures d’isolement et de 550 000 euros environ de dommages et intérêts aux parties civiles, n’est que le premier acte des ennuis judiciaires de cette femme de 44 ans, entrée en clandestinité au milieu des années 1990 pour tenter de relancer la lutte armée sur le modèle des BR des années de plomb.

Son arrestation fortuite, en Toscane, a permis aux enquêteurs, grâce à l’exploitation de son téléphone portable et de son agenda électronique, de démanteler, à l’automne 2003, le réseau d’activistes qui avait revendiqué les assassinats de deux conseillers du ministère du travail, l’un en 1999 à Rome, l’autre en 2001 à Bologne. Une dizaine de personnes ont été arrêtées à Rome et en Toscane, et une importante cache d’armes découverte dans la capitale italienne.