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"Une série d’actes isolés qui s’apparentent à des cris de colère"
Publie le mercredi 12 novembre 2008 par Open-PublishingLa parole à Christophe Bourseiller, journaliste, écrivain, auteur de "Les maoïstes : la folle histoire des gardes rouges français" (Editions Points, 505 pages, 7,60 euros).
Que vous inspire cette arrestation ?
Cela prouve qu’il existe aujourd’hui une mouvance "ultra- gauche", qu’il ne faut pas confondre avec l’extrême gauche, et dont certains membres sont en voie de radicalisation. On assiste à une multiplication des attentats depuis environ un an. Cela indique à l’évidence un bouillonnement.
Le ministère de l’intérieur explique suivre cette « montée en puissance » depuis plusieurs mois. Combien de personnes sont visées ?
L’ultra-gauche se situe à la pointe de l’extrême gauche, dont elle critique l’embougeoisement et les compromissions . C’est une mouvance à la fois floue et élastique. En France, cela représente environ entre 300 et 400 personnes.
Tout le monde dans cet univers ne pratique pas la lutte armée. Il n’existe pas de complots, ni d’actions concertées. On devrait pluôt parler d’une série d’actes isolés, qui s’apparentent sans doute à des cris de colère. Face à la crise, il faut, selon eux, une riposte proportionnelle.
Est-ce cette « institutionnalisation de l’extrême gauche » qui explique ces passages à l’acte ?
Il y a toujours eu deux extrêmes gauche. D’une part, une entité « légale » qui se prête au jeu électoral, tient la révolution pour un acte collectif de la classe ouvrière, et de l’autre côté, une ultra-gauche critique, appelant bien souvent à des débordements.
Vous évoquez des petits courants isolés. Qu’est ce qui les lie entre eux ?
D’une part le rejet de l’extrême gauche officielle, le refus du Léninisme, et le fait d’opérer une sorte de critique de gauche de la gauche. L’ultra-gauche ne se prive pas de critiquer l’extrême gauche comme « l’extrême gauche du capital ».
Cette mauvaise publicité peut-elle nuire aux partis politique tel le NPA ou Lutte ouvrière ?
Je ne pense pas car il existe un fossé entre ces deux partis et ces mouvances. Il y a eu dernièrement un débat sur cette question à propos de Jean-Marc Rouillan, qui anoué un dialogue avec Olivier Besancenot. Mais il faut être clair sur le fait que l’extrême gauche et l’ultra-gauche n’ont pas grand-chose en commun.
Faut-il craindre de nouveaux actes isolés en réaction à ces arrestations ?
Difficile à dire, il faudrait déjà être sûr que les personnes arrêtées sont les responsables de ces actions contre la SNCF. D’autres militants seraient-ils tentés d’agir à leur tour ? C’est envisageable. Il est vrai que l’on assiste à une résurgence des actes violents depuis plus d’un an ; et que d’autre part, la mouvance ultra-gauche s’est considérablement rajeuni, la moyenne d’âge oscillant entre 20 et 30 ans. En cela, l’ultra-gauche à su se renouveler.
Selon vous, pourquoi avoir ciblé la SNCF lors de ces attaques ?
Il est difficile de répondre, sans avoir pris connaissance des raisons avancées par les militants concernés . Il est cependant possible que les saboteurs aient voulu en quelque sorte apporter un soutien aux cheminots, dont les revendications n’ont pas été entièrement satisfaites.
Lors de récentes greves à la SNCF, on a vu circuler des tracts appelant au sabotage, pour empêcher la reprise du travail . Des militants extérieurs ont ils voulu manifester leur solidarité ?
C’est une hypothèse envisageable.
Le ministère de l’intérieur estime que ces groupes pourraient avoir des accointances avec des groupes d’ultra-gauche Allemands. Votre sentiment ?
Les groupes se connaissent et se fréquentent, par delà les frontières . Internet favorise un dialogue sans bornes . Mais on est fort loin d’un quelconque complot , ou d’un axe france-allemand .