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Les Etats Unis parfois très bienveillants envers certains terroristes
Publie le vendredi 11 mai 2007 par Open-Publishing4 commentaires

États-Unis . La justice a abandonné les charges retenues contre Posada Carriles et passe sous silence la participation active de ce mercenaire dans plusieurs attentats.
En annulant, mardi, les sept chefs d’inculpation retenus contre Luis Posada Carriles pour entrée illégale sur le territoire américain, la juge Kathleen Cardone de la cour fédérale d’El Paso, au Texas, a cru clore un dossier encombrant pour les autorités judiciaires et politiques états-uniennes. « Les moyens employés par le gouvernement dans cette affaire sont si grossièrement choquants qu’ils sont contraires à l’acceptation universelle de l’idée de justice », a déclaré la femme de loi pour justifier sa décision. Or le gouvernement en question a surtout fait preuve d’une étrange passivité à l’encontre de ce célèbre Cubain de soixante-dix-neuf ans, réputé pour être le cerveau d’attentats sanglants dans plusieurs pays sud-américains. Drôle d’imbroglio donc pour les États-Unis si prompts habituellement à condamner le terrorisme. Rappel des faits.
Policier à Cuba sous la dictature de Fulgencio Batista, Posada Carriles a été recruté par la CIA en 1961. Il s’illustre alors en participant à plusieurs attaques terroristes, entre autres, lors du débarquement raté de la baie des Cochons, mais aussi en sévissant à l’échelle du continent. Au Venezuela, il intègre le contre-espionnage des services de renseignements (la DISIP), coupable de tortures et d’assassinats d’opposants politiques et syndicaux. Bien qu’en phase de jugement, il parvient à « s’échapper » en 1985. Réfugié au Salvador, il supervise avec d’autres mercenaires la sale guerre des Contras contre le gouvernement sandiniste au Nicaragua. Il a été impliqué dans des attaques contre des hôtels cubains dans les années quatre-vingt-dix. La Havane et Caracas demandent surtout son extradition pour l’attentat perpétré en 1976, contre un avion de la Cubana, qui avait coûté la vie à 73 personnes, à la Barbade.
Ce sinistre palmarès ne figurera jamais au dossier : Luis Posada Carriles a été arrêté à Miami (Floride) en mai 2005 pour fraude et fausses déclarations dans sa demande de naturalisation. Le 19 avril dernier, la justice états-unienne se range à sa demande de liberté conditionnelle contre une caution de 350 000 dollars. Quant au gouvernement de Washington, il s’oppose aux demandes d’extradition des deux pays plaignants - Cuba et le Venezuela - au prétexte que l’homme pourrait y être soumis à la torture...
Autre fait troublant : pourquoi la justice a blanchi Posada Carriles précipitamment, alors que son procès ne devait débuter que demain ? Faut-il y voir un lien avec l’audience du Congrès réclamée par plusieurs élus démocrates, dont William Denahut, John Conyers et Dennis Kucinich, indignés par la faiblesse des chefs d’inculpation retenus contre lui ? Depuis le mois d’avril, près de quatre mille personnes, notamment les proches des victimes et des intellectuels, parmi lesquels des prix Nobel Nadine Gordimer et Harold Pinter (littérature), Adolfo Perez Esquivel et Rigoberta Menchu (paix) ou encore Zhores Alfiorov (physique), pressent les États-Unis de cesser « les manoeuvres pseudo-légales » de protection de ce terroriste.
La Havane a jugé « insolente » et « honteuse » cette décision d’abandon des poursuites contre Carriles qui, depuis, séjourne à Miami, fief de l’extrême droite cubaine. L’affaire jette un nouveau discrédit sur la prétendue « lutte contre le terrorisme » défendue bec et ongles par les faucons de Washington. Et sur la justice du pays, habituellement peu clémente à l’égard des immigrés sans papiers. Sans parler des détenus de l’enclave à tortures et de non-droit qu’est Guantanamo...
Messages
1. Les Etats Unis parfois très bienveillants envers certains terroristes, 11 mai 2007, 11:42
"Et sur la justice du pays, habituellement peu clémente à l’égard des immigrés sans papiers"
y’a eu un oubli il fallait lire Et sur la justice du pays, habituellement peu clémente à l’égard des immigrés sans papiers qui ne sont pas cubains (voir la Loi d’Ajustement cubain, édictée en 1966, qui concède automatiquement le permis de séjour et de travail aux émigrants cubains qui par une voie ou une autre touchent le sol des Etats-Unis)
enfin merci l’Huma ..
2. Les Etats Unis parfois très bienveillants envers certains terroristes, 11 mai 2007, 13:27
et oui,
Liberté, Liberté chérie, encore un de tes cheveux dans la soupe !
Le Renard Rouge
3. Il a torturé des bébés !, 11 mai 2007, 14:40
Parmi ses agissements lorsqu’il était dans la DISIP au Vénézuela
on peut notamment citer le fait d’assassiner sommairemment
des personnes comme acte d’intimidation (pour faire parler
quelqu’un il prenait un prisonnier qui était abattu à bout portant
devant la personne qu’il voulait interroger, de façon à montrer
qu’il était prêt à tout), et de torturer des bébés pour faire
parler leur mère.
Le dossier contre lui au Vénézuela s’epaissit au fur et à mésure
que ses victimes d’il y a 30 ans commencent à parler ; et ce
qu’on apprends est vraimment horrible.
Franchement, torturer des bébés, c’est immonde !
On ne peut pas permettre que Bush protège une telle ordure !
4. Les Etats Unis parfois très bienveillants envers certains terroristes, 11 mai 2007, 17:36
Tout d’abord, merci à L’Huma de parler d’une question autour de laquelle la presse aux mains de marchands de canon fait un silence absolument étourdissant.
Toutefois, deux énormes lacunes dans ce résumé : en 2000, Posada Carriles est arrêté au Panama, sur dénonciation de Fidel, pour tentative d’attentat au C4 dans le grand amphi de l’Université où il devait prononcer un discours. Vous imaginez le carnage ! Or, une fois de plus, lui et ses complices après pressions de la mafia de Miami et de personnages encore plus haut placés ne sont jugés que pour chefs d’accusation bien mineurs, sont toutefois condamnés, mais sont finalement graciés par la présidente panaméenne d’alors à la fin de son mandat (2004) , d’une manière subreptice et tordue et de plus illégale, puisque la grâce ne peut toucher que des gens dont le procès est complètement terminé (le sien était encore en appel). Cette grâce d’une présidente cul et chemise avec la Fondation nationale cubano-américaine (prête-nom du terrorisme miamien) s’est faite, on l’a su, contre rétribution sonnante et trébuchante et après pressions personnelles et sur place de Colin Powell. Ce qui explique pourquoi, alors que ses trois complices s’envolent directement dans des jets privés pour Miami, Posada Carriles est envoyé lui quelque part en Amérique central et finit par entrer par bateau (avec la complicité de cette même mafia) aux USA par Miami.
Autrement dit, l’histoire se répète : il fait « une fugue » de la prison vénézuélienne, il est grâcié par une ami des terroristes de Miami, etc.
L’autre énorme lacune, et encore plus grave, parce que c’est la raison fondamentale qui explique pourquoi ce sinistre personnage (et bien d’autres, tel son complice du sabotage de l’avion cubain, Orlando Bosch) jouit depuis quarante ans des plus totales impunité et immunité : Posada Carriles a été fabriqué par le clan Bush. Il a été recruté par la CIA dès 1961 directement par Papa Bush quand celui-ci était cadre de l’Agency. Sa première tâche aurait été, une fois les mercenaires vainqueurs à la baie des Cochons, de rejoindre à Cuba dans le cadre de l’Organisation 40 dont le boulot (documents de la CIA faisant foi) était de liquider le plus grand nombre de « communistes » possible. Depuis, sa carrière a été à l’avenant. Et chaque fois à l’ombre de Papa Bush, qui était chef de la CIA au moment de l’attentat contre l’avion cubain en 1776, l’Agency (documents faisant foi) sachant pertinemment ce qui allait se passer, etc. Bref, pour ne pas allonger la liste et rendre ce commentaire interminable (mais à Cuba, on sait tout ça par cœur), la raison pour laquelle Posada Carriles jouit de cette impunité absolument sidérante, c’est parce que le gouvernement ne saurait le juger pour terroriste sans juger en même temps tout d’abord Papa Bush présent tout au long de la carrière de ce tueur soit comme cadre de la CIA soit comme sous-locataire ou locataire de la Maison-Blanche (en 1990, il « gracie » Orlando Bosch que son propre département de la Justice considérait comme indésirable aux USA et dangereux pour le pays), et les autres présidents étasuniens. Comme on dit à Cuba, le gouvernement étasunien ne peut le juger sans se juger lui-même. Et Bush junior ne va pas juger son père ! D’où cette indolence des procureurs qui agissent au nom du gouvernement.
Ici, bien entendu, tout le monde savait quel allait être le dénouement…
On se prend parfois à regretter que les services secrets cubains, dont la capacité d’action étonnante n’est plus à démontrer (par exemple, comme on peut les lire aujourd’hui sur le journal Granma, avoir enregistré au moins 14 coups de fil de Posada Carriles, alors en El Salvador, du 21 février au 9 septembre 1997, justement durant la campagne de pose de bombes dans des hôtels havanais. Exemple : appel du 25 août 1997 à Francisco (Paco) Pimentel au Venezuela : « Paco, nous avons mis deux autres bombes à l’hôtel Sol Palmera de Varadero, un des nouveaux qui appartiennent aux Espagnols, et dans une discothèque en pleine Havane… »), ne recourent pas aux méthodes de certains autres et qu’ils n’aient pas fait comme les services secrets israéliens avaient fait avec Eichman, le séquestrer, le ramener à Cuba et le juger…
Ah, dernière précision : ces appels et transcriptions faisaient partie de l’énorme quantité de documents que les autorités cubaines ont remis en main propre à des fonctionnaires du FBI venus spécialement les chercher à La Havane en 1998 et concernant la mafia terroriste de Miami qui commandite tous ces attentats. Résultat : quelques mois plus tard, le FBI « passait à l’action » et arrêtait… les cinq Cubains infiltrés dans ces organisations terroristes pour déjouer leurs actions en en avertissant les autorités cubaines… !!!!!
Jacques-François Bonaldi (La Havane)
jadorise@ifrance.com