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aux pastis, les citoyens !

Publie le vendredi 24 juillet 2009 par Open-Publishing
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Il est fort à craindre que la pandémie de grippe n’est pour l’instant rien d’autre que l’effet d’une prophétie auto-réalisatrice mondialisée à buts lucratifs, évidemment.

On sait que le premier foyer d’infection de la grippe aviaire était une ferme viétnamienne d’élévage de poulets. 106 cas humains de grippe aviaire ont été confirmés au Vietnam depuis 2003, dont 52 ont été mortels.

Mais en 2003, un coup médiatique alimente la crainte d’une pandémie mondiale de grippe aviaire, à partir de ce foyer d’infection vietnamien, et attire l’attention sur un remède miracle, le Tamiflu.

Sa molécule active est obtenue par la transformation pharmaceutique du fruit du badiane chinois, l’anis étoilé (un des ingrédients du pastis ...)

Sa fabrication a été mis au point à la fin des années ’80 par l’Australien Peter Colman et son équipe, du Centre de recherche scientifique et industriel du Commonwealth à Melbourne.

Il s’agit du premier médicament d’une nouvelle classe thérapeutique baptisée inhibiteurs de neuraminidase, parce qu’ils s’attaquent à une protéine du virus de la grippe. Nom scientifique : zanamivir, connu aujourd’hui sous son nom de marque Relenza.

Colman et son équipe l’avait développé en collaboration avec une petite firme australienne, Biota, qui en concédera la licence exclusive au géant britannique GlaxoSmithKline.

Bénéficiant des publications et brevets de l’Institut de recherche gouvernemental australien de Melbourne, la firme californienne GILEAD met au point au milieu des années ’90 la production d’une molécule similaire, connue sous le nom d’oseltamivir. Elle sera un moment soupçonné d’avoir manipulé le dossier d’accréditation et dont le directeur de recherche n’était autre qu’un certain Donald Rumsfeld jusqu’en 2001. En 1996, les laboratoires Roche rachèteront les droits de fabrication et de commercialisation de cette molécule à Gilead en lui reversant des royalties de plus de 10% sur les ventes. L’oseltamivir est rebaptisé Tamiflu par la firme en raison de son nouvel mode d’emploi : là où le Relenza doit s’inhaler, le Tamiflu se prend simplement par voie orale.

La vente de ces deux antiviraux ne va exploser qu’en fin 2004, à l’occasion du « retour en force » de la grippe aviaire dans le Sud-est asiatique détecté par l’Oms. Cet organisme va en effet, « recommander aux gouvernements d’investir dans des stocks d’antiviraux, surtout de Tamiflu, car c’est le seul antiviral qui s’est montré efficace en laboratoire contre le H5N1 ».

Parallèlement, des études de rentabilité, effectuées notamment par des économistes israéliens Ran Balicer et Michael Huerta, justifieront cet investissement que seuls les pays riches peuvent se permettre : 1 euro investi dans les antiviraux permettrait, en cas de pandémie, d’économiser 3,68 euros en frais de santé, « tout en sauvant beaucoup de vies ».

Les états occidentaux vont alors se lancer dans la constitution de stocks conséquents de Tamiflu dont l’administration orale est beaucoup plus commode que celle du Relanza par voie nasale en spray. Croulant sous les commandes, Roche va multiplier sa production par 10 sur trois ans.

Paradoxalement, alors que les actions de Roche et de Gilead explosent, progressant respectivement de 44% et 33% depuis début 2005, Gilead va rompre le 23 juin l’accord le liant à Roche, après avoir multiplié les plaintes contre ce dernier pour des problèmes de fabrication à l’origine des ventes insuffisantes.

Souhaitant « trouver un terrain d’entente en dehors des tribunaux dans un laps de temps raisonnable », le laboratoire Roche va alors judicieusement offrir à l’OMS, 3 millions de traitements individuels le 24 août 2005, c’est-à-dire la veille de la réunion des services vétérinaires des vingt-cinq Etats membres de l’Union européenne, lesquels vont alors, comme les américains ou les japonais, multiplier par trois leur stock de Tamiflu.

Soucieux de préserver cette poule aux œufs d’or, un accord sera conclu fort logiquement entre les deux sociétés en novembre 2005. Deux comités communs permettront à Roche et Gilead d’assurer conjointement la production et la commercialisation du médicament sur les principaux marchés, y compris celui des USA.

En plus d’obtenir le droit de promouvoir l’antiviral dans certaines régions des Etats-Unis, la société californienne Gilead touchera, à titre de droits de licence, quelque 62,5 millions de dollars d’arriérés, tout en conservant les 18,2 millions de dollars de royalties payés par Roche pour la période allant de 2001 à 2003, le taux de royalties (entre 14% et 22% sur les ventes nettes) restant inchangé.

source : http://sos-crise.over-blog.com/article-32068523.html

De janvier à septembre 2005 les ventes ont augmenté de 263%. Ce qui représente un chiffre d’affaires de plus de 500 millions d’euros. Un jack-pot inespéré pour une molécule qui n’avait jusque-là jamais obtenu un grand succès.

Seul problème : les arbres à badianes ne fonctionnent pas sur commande et les étoiles commencent à manquer. Il existe bien d’autres variétés (comme au Japon par exemple) mais l’anis étoilé qui en est extrait a montré des effets toxiques pour l’organisme, notamment dans les tisanes. Bref, seuls les ‘vrais’ badianiers qui poussent principalement dans les régions montagneuses du sud de la Chine (et au nord du Vietnam) peuvent aider les industries pharmaceutiques…

D’où une certaine augmentation des prix de la badiane à laquelle ne veulent pas renoncer non plus les cuisiniers chinois.

De plus, la grippe aviaire pose de nouveau la question des brevets, comme l’avait fait le sida il y a quelques années. Et Roche se trouve dans une situation où il lui faut ménager la pression internationale en faveur d’un allègement de la protection sur le Tamiflu, tout en essayant de préserver ses intérêts financiers immédiats. La firme suisse sait bien qu’il lui sera difficile de garantir son exclusivité sur le Tamiflu dans un contexte où l’apparition d’une épidémie humaine de grippe aviaire est jugée quasiment inévitable par les spécialistes et que cet antiviral est considéré (avec le Relenza de Glaxo SmithKline) comme l’un des seuls susceptibles d’atténuer les effets de la maladie.

[...] Dans ce contexte, les dispositions adoptées par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) concernant les exceptions à la réglementation sur les brevets en cas d’urgence sanitaire n’ont pas manqué d’être invoquées. Le système des « licences obligatoires » permet, en effet, à un Etat d’autoriser la fabrication de génériques d’une molécule sous brevet de manière à répondre à un impératif de santé publique. Le sida a été la première maladie pour laquelle ces mesures ont été appliquées. Le cas de la grippe aviaire est très différent de celui du sida puisque, pour le moment, il n’y a pas d’épidémie humaine mais simplement une épizootie. Et c’est donc en vertu du seul principe de précaution que l’on peut avoir recours aux licences obligatoires.

Il semble néanmoins que ce risque de pandémie annoncée soit suffisant pour motiver la fermeté des Etats. Et l’Inde n’est pas la seule à avoir déjà fait part de son intention de ne pas respecter les brevets et de lancer la fabrication de génériques du Tamiflu.

En 2005, l’Institut de Recherche pour la Technologie Industrielle (ITRI) de Taïwan annonce avoir identifié 3 plantes locales qui contiennent à plus faibles doses le précieux principe actif du Tamiflu.

Taiwan, qui a déposé une demande auprès de Roche pour obtenir une licence secondaire mais n’a pas non plus obtenu de réponse pour le moment, a ainsi déclaré être prêt à produire son propre antiviral contre la grippe et a même présenté une copie du Tamiflu jugée conforme à 99% à celui de la firme suisse. L’objectif de Taiwan est de constituer des stocks de manière à pouvoir traiter 10% de sa population. Une position qui risque de faire boule de neige.

source : http://www.rfi.fr/actufr/articles/070/article_39428.asp

angela anaconda

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