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communique CGT - FO - SUD

Publie le jeudi 25 janvier 2007 par Open-Publishing

Les Personnels de la Fédération de Pédiatrie

avec les syndicats CGT, FO, SUD de l’hôpital Bicêtre

et les syndicats centraux USAP-CGT, FO AP-HP et SUD AP-HP

ont été reçus le 19 janvier 2007 par la Direction Générale.

Informations aux personnels des hôpitaux de l’AP-HP
Nous sommes en grève depuis le 11 décembre 2006 avec les syndicats CGT, FO et SUD « Pour la restitution des 5 postes d’IDE et 7 postes d’ AS retirés au titre de la restructuration de la Pédiatrie et le refus de la mobilité inter-service et de la polyvalence pour permettre d’assurer des soins de qualité en toute sécurité ».

A Une délégation de 65 agents avec les syndicats CGT, FO et SUD a été reçue le jeudi 11 janvier par M.Cazejust, Directeur de l’hôpital Bicêtre.

ö Le directeur a répondu : « Je crois avoir compris vos difficultés de charge de travail importante. Je comprends que les mutations inter-services rapides du jour au lendemain perturbent vos organisations de travail. Je ne suis pas arrivé à obtenir des créations d’emploi. Je ne peux rien vous donner ».

A Le mardi 16 janvier à 8 heures du matin, près de 70 agents avec les syndicats CGT, FO et SUD ont été reçus par Mme Quesada, Directrice du GHU Sud et la direction de l’hôpital Bicêtre.

ö Mme Quesada : « Je n’ai pas d’emplois à donner, il y a eu une conférence budgétaire et nous avons défendu au maximum la situation de Bicêtre. Il faut rappeler que Bicêtre a été un des hôpitaux le moins touché par le plan d’économies. Votre directeur a fait des propositions et a été aussi loin qu’il le pouvait. Ne m’attribuez pas plus de pouvoir que je n’en ai. Ce serait totalement malhonnête de vous dire et de vous promettre que je vais de vous donner des emplois. Ce n’est pas moi qui distribue les emplois ».

A Le vendredi 19 janvier, près de 70 agents avec les syndicats CGT, FO et SUD de Bicêtre et les syndicats centraux USAP-CGT, FO AP-HP, SUD AP-HP ont été reçus par Mme Ricomes, Directrice du Personnel de l’AP-HP (DPRS), représentant M. Benoit Leclercq, Directeur Général de l’AP-HP.

Voilà ce que les personnels de la fédération de pédiatrie ont dit à la Direction Générale :

¨ C’est la première année que nous sommes 4 IDE (lits porte et urgences) ; 2 IDE aux urgences dont 1 à l’accueil et l’autre qui doit s’occuper de tout le reste avec son compte de réanimation, brûlés,.. ; soins. Auparavant, il y avait l’aide de l’équipe de suppléance, cette année pas d’aide. La venue d’autres infirmières venant d’autres services ne peut pas nous aider réellement car elles ne sont pas formées au logiciel informatique URCAL .

¨ J’ai 36 ans de carrière d’infirmière, l’activité chirurgicale augmente en oncologie et transplantations hépatiques. Ne pas pouvoir sauver des vies par manque de personnel, ce n’est pas possible. De plus on vous dit qu’il n’y a pas d’IDE de garde et qu’il faut déménager 2 patients et rester plus longtemps l’après-midi. Au bout de 12 heures de travail, on n’en peut plus et on ne peut pas partir à 19 heures. et il faut revenir le lendemain matin à 7 heures. Nous sommes obligés de solliciter les AS pour faire des soins infirmiers. On ferme des lits, on récuse des patients. Nous n’acceptons plus cette situation. On ne sait pas combien de temps on va tenir, les jeunes IDE fuient et hier une IDE de garde est tombée d’épuisement.

¨ Une AS de chirurgie : Je n’ai pas pu laver mes enfants, je n’étais pas bien. En 15 ans de carrière, c’était la première fois que cela m’arrive, j’ai mal dormi. On essaie de garder notre bonne humeur car c’est important pour nos petits patients et leurs parents mais on n’en peut plus.

¨ Une infirmière : il n’y a plus de prise en charge des élèves, on doit garder toute notre énergie pour les soins aux enfants ; être contraint d’abandonner l’encadrement de nos futures collègues, cela nous crève le cœur.

¨ Une auxiliaire de puériculture : on se demande à chaque instant si on ne va pas faire une erreur. Quand on rentre chez nous, on se demande si on n’a pas oublié quelque chose et que le matin on apprenne qu’il y a eu une catastrophe par notre faute. On est sur la corde raide en permanence.

¨ Une IDE : il y a une unité fermée par manque de personnel ; les prématurés de 3 à 4 jours sont mis dans les chambres avec d’autres grands enfants en soins intensifs qui veulent regarder la télé,… on ne tient que par les nerfs et nous sommes constamment dans le stress.

¨ Une autre AS : je n’ai pas envie que cela se dégrade. On ne peut plus apporter de réconfort aux patients, on ne peut plus faire correctement la désinfection des chambres.

¨ Une IDE de Réa : l’AS ne peut pas nous aider ; les conditions de travail sont de plus en plus lourdes, les décrets ne sont pas respectés et pas appliqués. Nous ne voulons pas être mobiles. En nous maltraitant comme cela, croyez-vous que cela va nous inciter à rester à l’hôpital ?

¨ Une éducatrice jeune enfant (EJE) : A l’origine, ce bâtiment innovait dans la conception de la prise en charge de l’enfant malade. Les traitements et les jeux entraient à proportion de 50-50. Les IDE et les EJE avaient aussi pour mission le soutien et l’accompagnement de l’enfant et sa famille. Aujourd’hui, il devient difficile aux IDE de répondre à cette mission. Si les EJE restent les seules à soutenir et accompagner l’enfant et sa famille, la richesse de notre complémentarité sera perdue ; le clivage traitement/accompagnement n’est pas envisageable dans l’objectif d’un accueil satisfaisant de l’enfant hospitalisé.

¨ Neuro-Pédiatrie : en 20 ans, diminution de 50% de l’effectif de jour à En raison des pathologies rencontrées dans notre service, 60% de nos enfants sont hémi, para ou tétraplégiques dans le secteur des grands (myélite, tumeur cérébrale, Guillain-Barré, handicap profond, AVP, SEP, méningite, encéphalite,…). En conséquence, ces enfants nécessitent l’intervention de l’AS ou l’IDE pour tous leurs besoins fondamentaux. Du fait de la diminution de personnel, nous ne pouvons répondre à leurs demandes de façon optimum et accompagner les enfants comme nous le souhaiterions à Depuis 10 ans, un secteur HDJ a été instauré dans notre service sans personnel supplémentaire bien que promis, d’où l’augmentation de la charge de travail pour l’IDE et l’AS du secteur des grands à Actuellement il n’est plus possible d’encadrer les étudiants (IDE,AS, Aux puér) dans de bonnes conditions. à disparition des échanges professionnels, rencontres indispensables pour faire évoluer notre profession.

¨ Une IDE aux urgences : c’est l’amour de notre métier qui nous fait tenir.

¨ Une AS à l’AP depuis 25 ans : Avant il y avait 12 AS, maintenant 7 pour 20 lits. On ne peut plus aider les infirmières, faire les toilettes, chercher les examens, la pharmacie,…Trouvez-vous normal que l’AS aille chercher les stupéfiants et ampoules de morphine à l’autre bout de l’hôpital ? Trouvez-vous normal qu’il n’y ait pas assez de couettes et vous avez vu (tout en déposant une couette devant M. Ricomes) dans l’état où elles sont ?

¨ Une IDE de Pédiatrie Générale : j’ai choisi de travailler en pédiatrie et je n’ai pas les moyens de faire correctement mon métier ; on me déplace dans un autre service et je ne veux pas qu’on m’impose une formation dans une autre spécialité que je n’ai pas choisie. Quand on me déplace dans un autre service, je ne me sens pas au top et j’y vais stressée car je ne maîtrise pas totalement la spécialité et je mets les enfants et mon diplôme en danger.

¨ Une IDE de médecine adolescent : on a des malades très lourds et suicidaires. Tenir la main d’un enfant, lui faire un sourire, c’est un soin, aujourd’hui on ne peut plus. Avec les adolescents cela ne suffit pas, il faut avoir le contact car ils ressentent quand vous êtes superficiels et cela ne les aide pas. Le contact fait partie des soins.

Il a été également lu des lettres de parents (ci-jointes).

ö Voilà ce qu’a répondu Mme Ricomes : « Je prends mes responsabilités de DPRS et de représentant la Direction Générale ; je dois assurer l’équilibre financier de la maison. Les aspects humains doivent être entendus et sont entendus. Je n’ai pas aujourd’hui d’emplois à vous donner. Au vu de ce que vous dites, ce n’est pas seulement quelques emplois supplémentaires qui vont régler votre situation mais une aide psychologique. L’AP-HP doit adapter au mieux la situation de ses effectifs en fonction des réalités économiques (donc du plan d’économies) ».

Alors que nous avons besoin de personnels, que nous faisons déjà tout notre possible pour nos patients au détriment de notre santé et de notre vie de famille, la Direction Générale répond : « je n’ai pas d’emplois à vous donner » (C’est inacceptable) et elle ose nous dire que c’est d’une aide psychologique dont nous avons besoin et non de personnels supplémentaires. C’est honteux de nous répondre cela après tout ce que nous avons expliqué.

Ce n’est pas d’aide psychologique dont nous avons besoin mais de personnels pour pouvoir soigner nos patients. Où la Direction envoie les personnels ? Que vont devenir les enfants ?

De telles réponses sont inacceptables, c’est pourquoi les personnels de la Fédération de Pédiatrie avec les syndicats CGT, FO et SUD ont décidé lors de l’Assemblée Générale du lundi 22 janvier 2007 de :

 reconduire la grève,

 informer les personnels des autres hôpitaux de l’AP-HP,

 demander un rendez-vous auprès de M. Xavier Bertrand, Ministre de la Santé, responsable de la Santé de la population,

 s’adresser à M. Bertrand Delanoé, Maire de Paris, et à ce titre Président du Conseil d’Administration de l’AP-HP.

Lettres de parents en soutien à la grève des personnels de la Fédération de pédiatrie de l’hôpital Bicêtre

« Nous soutenons pleinement l’action du personnel soignant. Etant parents d’une fillette transplantée depuis 2 ans, il nous semble impensable que les infirmières « débarquent » d’un service à un autre sans avoir aucune notion précise des pathologies de leurs petits patients. D’autre part, les enfants sont « attachés » à leurs infirmières et la venue de nouvelles qui vont et qui viennent pèsent sur leur moral et donc leur guérison !

Quant à leur temps de travail, comment voulez-vous que les soins soient de qualité quand il faut s’occuper de 3 ou 4 enfants en ayant travaillé plus de 12 heures de suite ???

Il faut que cela change ! Donnez-leur plus de moyens pour exercer un travail de qualité qui fait la réputation de la médecine française ! »

* * * * *

« Nous parents d’enfants qui fréquentent l’hôpital du Kremlin Bicêtre, qui avons vécu des expériences plus ou moins douloureuses, remercions à chaque visite le personnel soignant pour sa gentillesse, son soutien. Par contre il est vrai que ce dernier est beaucoup moins disponible du fait de la pénurie de personnel.

Exemples : les enfants convoqués à 8 heures avec une seule infirmière pour effectuer les bilans sanguins alors que la plupart sont à jeun, viennent de province ou ont un traitement par anti-rejet nécessitant 1 heure de jeûne après la prise du dit médicament. Aujourd’hui, mon fils s’est levé à 4 h30, a eu la prise de sang à 8 h45 (alors que c’était prévu à 8 heures) a pris son prograf 5 minutes plus tard. Soit il pourra déjeuner seulement à 9 h45 sachant qu’à 9 h30 une échographie est prévue et là encore le temps d’attente est souvent important.

Autre exemple, le bureau des RDV (4ème étage) où il faut au maximum 2 heures d’appel successifs pour parvenir à joindre le personnel.

Lors du transfert du service lors des congés à perte de repères pour l’enfant qui ne reconnaît plus les lieux avec du personnel nouveau.

Il est une règle d’or : le personnel crée des liens avec l’enfant (et vice versa). L’enfant soigné n’est pas seulement un nom sur un dossier, une pathologie. Il a un vécu, des habitudes de vie, des angoisses que seul le personnel soignant avec qui il a tissé des liens peut partager et comprendre.

Assurer le bien-être physique et moral de son personnel, c’est assurer le bien-être des enfants et de leurs parents. »

« Monsieur le directeur de l’hôpital,

Je suis la maman d’un petit garçon âgé de 5 mois et souffrant d’un syndrome polymalformatif. Mon fils a été hospitalisé près de 4 mois depuis sa naissance, dont un mois et demi au sein du service de pédiatrie générale de votre hôpital pour une bronchiolite associée à un reflux gastro-oesophagien sévère.

J’ai apprécié l’accueil et le professionnalisme des équipes médicales, mais j’ai constaté un manque flagrant de personnel infirmier et aide soignant, rendant la présence des parents quasi-obligatoire de jour comme de nuit auprès de leur enfant. Ainsi, ces derniers ont la certitude que le biberon est donné dans le temps et dans des conditions non stressantes pour leur bébé. Comment voulez-vous qu’une infirmière responsable de 9 bébés, sur 2 salles différentes, puisse prendre le temps nécessaire pour s’occuper convenablement de chacun d’entre eux ?

J’ai par ailleurs 2 autres enfants, âgés de 2 ans et de 5 mois. Je ne pouvais donc pas rester avec mon fils en continu et c’est avec une réelle angoisse que je le quittais le soir.

Pour avoir passé une nuit avec lui, je sais que l’ambiance était particulièrement stressante pour lui (nombreuses alarmes stoppées au bout de longues minutes, des bébés qui pleurent sans que les infirmières aient le temps de les consoler).

Aucun incident majeur n’a eu lieu pendant notre séjour mais j’ai récupéré un enfant stressé.

Mon fils est à nouveau dans vos locaux pour des raisons similaires et je constate que rien n’a évolué depuis fin 2006. Les parents sont toujours autant sollicités et vous pouvez les remercier car, si aucun incident grave ne s’est produit à ce jour, c’est en grande partie grâce à eux.

Je souhaite vivement que les soignants grévistes soient entendus et espère pouvoir vous confier mon fils en toute quiétude. Les parents sont là, à mon sens, pour accompagner et rassurer leur enfant, mais ils ne doivent en aucun cas pallier à un manque de personnel qualifié ! »