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l’argent du beurre

Publie le lundi 17 mai 2010 par Open-Publishing

CE MERCREDI 19 MAI 2010

A 18H30

C’EST « L’HEURE DE L’METTRE »

Sur RADIO CAMPUS Lille 106,6

En direct et en archives sur www.campuslille.com

On vit une époque formidable.

Avant, c’était la routine. A l’échelle de sa petite vie, le commun des mortels ne pouvait mesurer à sa juste valeur, le lien pourtant bien réel qui unissait son existence à la sphère économique globale, au politique.

On pouvait bien appeler à la grève générale, démontrer par a + b la nécessité de la lutte, tenter de convaincre chacun de se mobiliser avec ses pairs, délimiter avec précision la frontière qui sépare la classe sociale dont nous sommes de celle qui exploite, on pouvait expliquer, analyser, prouver, insister, rien n’y faisait : au mieux, notre contemporain agréait, puis, avec condescendance, nous laissait à nos « utopies » et s’en retournait dans sa fiction.

Et puis y a les autres : les aliénés purs, qui parmi leurs voisins ne voyaient que concurrents ; les intellos qui ne voyaient dans tout ça que littérature ; et tous ceux qui, chaussés de lunettes roses ou vertes, auraient bien voulu voir le même film mais avec une fin plus morale ; et puis quelques anciens révolutionnaires revenus de tout et que tout désormais montrait qu’ils étaient juste devenus.

Donc la routine. Du beurre.

Puis vînt la crise dite financière.

Puis les banques prièrent les Etats de les renflouer.

C’était l’argent du beurre.

Puis, mais tout cela dans un temps inhabituellement court, les Etats à leur tour endettés prièrent les banques de les renflouer. La Grèce fut sauvée par l’Union Européenne. Le lendemain la Grèce n’était plus sauvée. Le surlendemain il fallait sauver l’Union Européenne. Le jour d’après, on commençait à comprendre que notre petite existence avait un lien avec tout ça, quand nous fut annoncé le prix à payer – un acompte pour être exact.

Là, entre deux chaises, le cul de la crémière.

Entre deux chaises : car, face au début du commencement de la prise de conscience des vaches à lait, les préposés à la traite ont pleinement conscience de l’impasse qui leur tient lieu de système. Et, à l’instar du Baron de Münchhausen, qui prétendait se sortir du marais où il était embourbé en se tirant lui-même par les cheveux, les voilà contraints de vendre à qui ne peut l’entendre, des cures censées sauver ce qui ne peut l’être.

Et pourquoi au fait ? Dans quel but ?

Comme l’écrivait Marx, sans cesse la production capitaliste s’efforce de vaincre ces entraves [ les crises ] qui lui sont inhérentes et elle ne parvient à les surmonter que par des moyens qui les font réapparaître et les renforcent.

Une époque formidable… Où ceux qui ne peuvent plus payer sont appelés à payer ceux qui n’en peuvent plus de l’être.

Un moment de l’Histoire auquel nous pourrions peut-être donner un nom : allez, c’est l’heure de l’mettre !