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La levée du blocus, l’échange de prisonniers et le contrôle des frontières au centre de la tournée de Annan à Beyrouth
Le secrétaire général de l’ONU hué par les partisans du Hezbollah lors de sa visite dans la banlieue sud
Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a réclamé hier la levée du blocus imposé par Israël au Liban, la libération des deux soldats israéliens capturés par le Hezbollah et celle des Libanais détenus en Israël. M. Annan, qui est arrivé à midi à Beyrouth par l’aéroport, s’est rendu au Sérail, où il s’est entretenu à deux reprises avec le Premier ministre Fouad Siniora. Il a par ailleurs rencontré le ministre des Affaires étrangères, Faouzi Salloukh, le président de la Chambre, Nabih Berry, le ministre hezbollahi de l’Énergie, Mohammad Fneich, et le ministre de la Justice, Charles Rizk, avant de se rendre dans la banlieue sud en compagnie du député Ali Ammar. Il s’est ensuite réuni avec le député Saad Hariri, avant d’entamer, tard en soirée, un nouveau round de pourparlers, le troisième, avec Fouad Siniora, en présence des ministres de la Défense et de l’Intérieur, Élias Murr et Ahmad Fatfat, et des chefs des services de sécurité du pays.
Dans une conférence de presse commune à l’issue de sa deuxième rencontre avec M. Siniora, M. Annan a suggéré que la libération des soldats israéliens, capturés le 12 juillet par le Hezbollah, se fasse par l’entremise du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ou du gouvernement libanais.
Il s’est dit « sûr qu’une solution sera trouvée » pour la libération des deux soldats. « Ils seront libérés », a-t-il lancé.
M. Annan a également demandé la libération des Libanais détenus en Israël, ajoutant que l’ONU était disposée à jouer un rôle dans l’échange des prisonniers. Le Premier ministre Siniora avait proposé que l’échange de prisonniers se fasse par l’intermédiaire du CICR. Juste avant la conférence de presse, M. Annan a rencontré le ministre hezbollahi de l’Énergie, Mohammad Fneich.
« Nous travaillons pour une levée du blocus, j’en discuterai (...) avec les autorités israéliennes, j’espère que nous aurons des résultats sur cette question dans un avenir proche », a-t-il dit, assurant qu’il s’agit du « premier sujet » qu’il aborderait cette semaine à Tel-Aviv.
Kofi Annan, dont Beyrouth n’est que la première étape d’une tournée dans la région, a appelé à la mise en œuvre totale de la résolution 1701, notamment le retrait des troupes israéliennes du Liban-Sud et le déploiement de l’armée libanaise et des Casques bleus dans la région.
Conformément à la 1701, il a souligné la nécessité du « démantèlement et du désarmement de toutes les milices » au Liban, dans une allusion aux armes du Hezbollah, conformément à l’accord de Taëf, a-t-il précisé, ce qui permettra de « renforcer l’unité nationale ». « Au Liban, il ne doit plus y a avoir qu’une seule loi, une seule autorité (...). Il est temps de regarder vers l’avenir (...). Il existe une chance pour la paix et la stabilité », a-t-il dit.
M. Annan s’est dit « satisfait des mesures prises par le gouvernement pour contrôler les frontières ».
Le rôle de la Finul
Interrogé plus spécifiquement sur le contrôle des frontières avec la Syrie pour empêcher le passage d’armes destinées au Hezbollah, il a affirmé que « le gouvernement libanais était en train d’établir un programme pour contrôler cette frontière ».
« J’examinerai cette question avec les autorités syriennes. Si tout le monde fait comme il faut, nous n’aurons aucun mal à sécuriser cette frontière », a estimé M. Annan, précisant toutefois que la Finul n’avait pas pour prérogative de se déployer à la frontière libano-syrienne.
Il a répété qu’il ne revenait pas non plus à la Finul de désarmer le Hezbollah : « La force internationale ne va pas aller de maison en maison à la recherche des armes, ce n’est pas sa mission. » Il a souligné une fois de plus qu’il fallait un accord politique interne pour régler la question des armes, par le dialogue national, ajoutant que cela avait réussi dans d’autres pays. Mais « selon la résolution 1701, il ne doit plus y avoir d’armes dans ce pays autres que celles de l’armée libanaise et de la force internationale ». « Nous sommes ici pour surveiller le cessez-le-feu. Mais si des vies sont en danger ou attaquées, (les forces) devront se défendre », a-t-il prévenu. « La Finul n’est pas l’ennemi. Il ne faut pas qu’on nous tire dessus, le “on” étant le Hezbollah », a-t-il précisé.
« J’ai la conviction que la plupart des Libanais, si ce n’est tous, ne veulent plus voir d’armes dans ce pays », a ajouté le secrétaire général de l’ONU.
De son côté, M. Siniora a exprimé la volonté ferme du gouvernement d’appliquer la 1701, de déployer l’armée et de contrôler totalement toutes les frontières. Il a également renouvelé son attachement aux sept points de la conférence de Rome.
Selon une source gouvernementale, Kofi Annan a également indiqué que, dans sa mission visant à la résolution des conflits, il ne pouvait pas se permettre d’occulter l’une des parties et de tomber dans le piège des antagonismes, d’où la nécessité d’inclure la Syrie et l’Iran dans sa tournée. M. Annan a annoncé qu’il demanderait à la Syrie de nouer des relations diplomatiques avec le Liban et d’établir des contrôles du côté syrien de la frontière commune.
Il a par ailleurs indiqué à l’issue de sa rencontre avec M. Nabih Berry : « Nous avons une chance désormais pour qu’un cessez-le-feu durable et une paix durable se mettent en place et nous avons besoin de travailler tous ensemble. » De son côté, M. Berry a dit s’être plaint auprès d’Annan des violations par Israël de la trêve. Il a indiqué que le « blocus punitif » aérien et maritime avait été évoqué avec M. Annan. Il a fait valoir que « le Liban a rempli toutes ses obligations » contenues dans la 1701.
Plus tôt dans la journée, lors de sa première rencontre avec M. Siniora, M. Annan avait notamment évoqué le blocus naval et aérien sur le Liban. « Nous nous attendons à ce que de bonnes choses sortent de ces discussions », a déclaré Fouad Siniora à l’issue de l’entretien. « La levée du blocus va avoir lieu, si Dieu le veut, mais pas dans les 24 heures », a-t-il noté. « Nous avons parlé (...) de l’arrivée des forces internationales et du retrait israélien qui doit intervenir rapidement », a dit Siniora.
Les deux hommes avaient également évoqué la question des fermes de Chebaa. La rencontre entre M. Annan et le ministre Fneich, plus tard dans l’après-midi, s’est déroulée en présence de l’émissaire au Liban du chef de l’ONU, Geir Pedersen. L’entretien, qui a duré 25 minutes, a porté sur l’échange des détenus, comme l’a dit M. Annan lors de sa conférence de presse, mais il aurait également été question de la libération de détenus palestiniens dans le cadre de l’échange.
Dans la banlieue sud
Kofi Annan s’est, par ailleurs, rendu en début de soirée dans la banlieue sud, où l’a accueilli une foule agitée et en colère, scandant des slogans à la gloire du Hezbollah et de Hassan Nasrallah et insultant l’ONU en la tenant responsable de la guerre, parce que « acquise » à Israël et aux États-Unis.
« Allah, Nasrallah et rien que la banlieue ! » criaient des dizaines de partisans du parti, qui ont escorté M. Annan dans les ruines de dizaines d’immeubles effondrés, bravant un épais cordon de sécurité.
M. Annan était accompagné du Premier ministre libanais Fouad Siniora, du ministre des Affaires étrangères Faouzi Salloukh, de parlementaires du Hezbollah et de Geir Pedersen. Une femme vêtue d’un tchador noir a brandi un portrait de Hassan Nasrallah sur le pare-brise teinté d’une des voitures du convoi, qui a rapidement évacué le secrétaire général de la zone.
Avec Rizk, Hariri et Brammertz
Le secrétaire général de l’ONU s’est en outre entretenu avec le ministre de la Justice, Charles Rizk, durant une demi-heure. La réunion aurait porté sur la question des hameaux de Chebaa et sur la nécessité de tenir le Liban à l’écart des conflits régionaux. Les deux hommes auraient également évoqué la question du Tribunal international pour juger les assassins de Rafic Hariri et la nécessité pour le Liban de signer le protocole final avec l’ONU.
M. Annan a, par ailleurs, rencontré le chef de la commission d’enquête sur l’assassinat de Rafic Hariri, Serge Brammertz. Il a également reçu le chef du bloc parlementaire du Courant du futur, Saad Hariri, à son lieu de résidence au Mövenpick, en présence de l’émissaire de l’ONU pour l’application de la 1559, Terjé Roed-Larsen.
À l’issue de la rencontre, M. Hariri a estimé que l’État libanais avait réalisé un exploit en obtenant l’adoption de la 1701, soulignant qu’il fallait maintenant que cette résolution soit appliquée le plus vite possible pour mettre fin aux opérations militaires et permettre le retrait israélien.
M. Annan s’est également recueilli sur la tombe de Rafic Hariri au centre-ville, où il a déposé une gerbe de fleurs, en présence de MM. Fouad Siniora, Saad Hariri, Faouzi Salloukh et Terjé Roed-Larsen.
C’est ensuite que Kofi Annan a tenu une réunion à caractère sécuritaire avec Fouad Siniora, qui a essentiellement porté sur les mesures prises par les services de sécurité aux frontières et sur l’assistance technique requise à ces fins.
M. Annan doit effectuer aujourd’hui une tournée au Liban-Sud, où il doit visiter le siège de la Finul, avant de se rendre en Israël.
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Messages
1. > la tournée de Annan à Beyrouth, 29 août 2006, 23:22
Il aurait été courageux que Kofi Annan aille à Beyrouth dès qu’Israël s’est introduit sur le sol libanais sans y avoir été invité. Je suis sûre que le conflit aurait pris une autre tournure et surtout, il n’y aurait pas eu toutes ces victimes innocentes. J’enrage qu’il ne vienne que maintenant.