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le fantôme de la démocratie

Publie le lundi 12 novembre 2007 par Open-Publishing

9 novembre 2007, Caen (de la fac bloquée)

Chaque lutte est confrontée au problème de la légitimité et au paradoxe d’être taxé d’ « anti-démocrates », de « preneurs d’otage », de « minorités extrémistes », tout en disant défendre la démocratie. Nous le voyons encore aujourd’hui. Ce court texte –spontané et sans recul- souhaite poser quelques pierres à l’édifice et ne se veut qu’une introduction en attendant des choses plus élaborées.

Les médias si prompts à montrer les exactions dans les autres pays et régimes, surtout chez les ex-colonies, masquent celles qui se passent dans leurs rues. Comme si le déni des tentations totalitaires devait expulser celles-ci ailleurs ; loin, très loin. Les mouvements sociaux acclamés lorsqu’ils sont à des milliers de kilomètres (aujourd’hui en Birmanie, en Géorgie, au Pakistan), se retrouvent condamnés ici-même. La démocratie doit rester un idéal, un fantôme. Elle se résume alors à une technique de domination. La croyance en une démocratie comme idéal, inatteignable, fait accepter au peuple les à-peu-près, les dérives. Mais si elle se rapproche trop prêt, le bruit des bottes revient au galop avec la bénédiction à peine masquée des médias traditionnels et de l’intelligentsia.

La démocratie représentative soumise à la modernité capitaliste ne supporte pas la politisation. On n’hésite d’ailleurs plus à l’exprimer publiquement lors des luttes sociales dont les acteurs seraient –et sont effectivement- des gens politisés minoritaires. Etre politisé a toujours été une tare –et une menace- pour le pouvoir, mais maintenant il ne s’en cache plus… sans susciter de réactions particulières.

La démocratie est certes un idéal, une anti-tradition, c’est-à-dire un projet politique permanent. Elle n’est jamais acquise, toujours à s’accaparer. Mais elle est aussi une pratique quotidienne et concrète (une catégorie anthropologique ?).

Seulement, à trop parler de démocratie sans savoir ce qu’enferme ce terme, à marteler que nos sociétés sont démocratiques parce que le peuple s’ « exprime » régulièrement lors des élections et qu’il existe une relative liberté de parole, nous avons vidé la démocratie de tout contenu. Jusqu’à en faire un synonyme de société de marché et de croissance…

Mais nous refusons que la démocratie se résume à choisir son maître à l’abri d’un isoloir. La « démocratie » représentative où des individus plébiscitent un professionnel de la politique est fondamentalement contradictoire avec le principe démocratique. Nous voulons et construisons la démocratie directe –et non « participative » (redondance qui en dit long…)-, la démocratie d’interaction et d’action. Peut-être que nous voterons aux élections officielles le jour où les élus seront des mandatés révocables. Qu’elles seront précédées de délibérations lors d’Assemblées Générales souveraines et locales. Oui, nous sommes de piètres républicains. Mais c’est à ce prix que nous sommes de véritables démocrates. Pour une société autonome et conviviale ! JV