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le systeme de sante n’est plus que 10ème en Europe

Publie le vendredi 6 février 2009 par Open-Publishing
5 commentaires

"DESSOUS-DE-TABLE, LISTES D’ATTENTE, ACCES RESTREINT A CERTAINS SOINS, INFORMATION LIMITEE, AUTORITARISME... LE SYSTEME DE SANTE FRANCAIS N’EST PLUS QUE 10ème EN EUROPE"

"Le système de soins de santé français a chuté pour se situer juste au-dessus de la moyenne de l’Union européenne dans le classement des de soins de santé". Voilà l’intitulé du communiqué de presse en date du 13 novembre 2008, signé par Health Consumer Powerhouse, dont l’indice est calculé selon plusieurs critères listés à la fin du communiqué et dont la perspective est celle de l’usager / "consommateur".

Notons que la France était numéro un en 2006 et n’est que dixième en 2008... Quel ouragan est donc passé par là ? Sarkozy - Bachelot ne se vantent pas du tout de cette chute, mais nous laissent penser que nous avons toujours "le meilleur système de soins au monde"... Ah, l’idéologie !

Dessous-de-table, liste d’attente, système du médecin traitant qui filtre l’accès aux spécialistes inefficace, "factures des médicaments" plus importantes, information insuffisante des usagers (dont le médecin est la source unique), informatisation et transmission insuffisante des données, "résultats qualitatifs globalement bons", mais un système "légèrement autoritaire"...

ILLUSTRATION tirée du blog du dessinateur breton Fañch Ar Ruz.

Si le rapport de Health Consumer Powerhouse souligne comme un très mauvais point pour la France l’inaccessibilité des soins dentaires, il oublie les lunettes... Mais la caricature ne se limite pas à cela.

On comprend bien ce qu’elle saisit : que de plus en plus de personnes se privent de soins parce que le reste à charge augmente, contrairement à ce que pensent ces analystes suédois ; parce qu’il y a les franchises et les dépassements d’honoraires, avec cet immense scandale qu’est le secteur privé à l’hôpital public ; parce que la CMU est refusée par beaucoup de médecins ; parce que le prix des mutuelles augmente pour une qualité de remboursements pas toujours optimale et ainsi de suite.

Curieusement, à une recherche "Bachelot caricature", Google me donne une liste dont presque toutes les réponses sont assorties d’un avertissement de sécurité ("ce site peut endommager votre ordinateur"). Le site de l’hebdomadaire "Marianne" est concerné aussi, et ce n’est pas la première fois... Par contre, si je cherche "Bachelot UMP officiel", pas de soucis... Quid de l’indépendance de Google ?

LE RAPPORT EXPLICATIF INTEGRALl de Health Consumer Powerhouse peut être téléchargé à partir de cette page.

LA FRANCE REALISE SES PLUS MAUVAIS SCORES SELON LES CRITERES SUIVANTS  :
délais d’attente pour l’imagerie de type IRM, possibilité d’accès téléphonique ou en ligne à des professionnels de santé, et ce 24/24 h, prescriptions en ligne, soins dentaires inaccessibles, infections nosocomiales, délais de remboursement des nouveaux médicaments.

BILAN EN DEMI-TEINTE
non consultation des associations de patients dans la prise de décisions, accès limité au dossier médical, information interdisciplinaire insuffisante des patients, accès limité aux spécialistes, possibilité limitée de consultations le même jour chez les généralistes, morts évitables (années de vie perdues), taux de diabétiques, taux de suicides, délais d’attente en chirurgie, dessous-de-table payés aux médecins, délais de plus de 3 mois pour une chirurgie non aiguë, choix de thérapeutiques diverses par le patient, indemnisation par les assurances en cas d’erreur médicale sans responsabilité du patient, accessibilité des nouvelles technologies en imagerie, disponibilité d’un catalogue de prestataires de soins avec classement par qualité, etc.

BONS SCORES
mortalité en cas d’infarctus, vaccination des enfants, rapidité des traitements du cancer, droit à un deuxième avis (pas si sûr !), registre des médecins habilités à exercer, législation basée sur les droits des patients (alors là, ils se trompent !), mortalité infantile, taux de survie à 5 ans en cas de cancer, taux de transplantations rénales, reste à charge (plus pour longtemps...).

Soulignons que certains critères utilisés dans le calcul de l’indice sont pour le moins controversés : taux de mammographies, accès aux nouveaux médicaments (quand on sait que ce sont les plus risqués et les moins connus..., développement et accès aux nouveaux traitements du cancer (idem), taux de survie à 5 ans en cas de cancer (qui ne veut rien dire, vu le nombre de pseudo-cancers dû à certains dépistages tous azimuts, notamment pour la prostate et les seins), etc.

IMPERATIF : UNE INFORMATION TRANSPARENTE DES USAGERS ET EN LIBRE ACCES

D’autre part, il est légitime de critiquer l’absence d’information santé de source autre que les médecins. Mais cela ne veut pas dire autoriser les laboratoires à (dés)informer les patients...

Non, ce qu’il faudrait, c’est une information fournie par des professionnels indépendants, mais accessible publiquement (sites, blogs...), ainsi que la transparence des données détenues - et jalousement gardées - par les autorités d’(in)sécurité sanitaire, qui ne nous informent quasiment de rien. Que l’AFSSAPS et la HAS regardent ce que fait la FDA [agence états-unienne du médicament] !

Et puis il faudrait un travail publiquement accessible d’associations multiples de défense de consommateurs, la création de chiens de garde associatifs indépendants... Les possibilités ne manquent pas. Toute personne souhaitant s’informer sur un médicament, une maladie, les conflits d’intérêts, les thérapeutiques douteuses, etc. doit parler anglais de nos jours... C’est bien la preuve que l’information peut être librement accessible et de sources multiples, si seulement la volonté de la rendre accessible existe. Il n’y a pas besoin d’avoir recours aux laboratoires pour cela. Mais c’est pourtant ce que fait notre chère Commission européenne (voir les notes de Pharmacritique réunies sous la catégorie "Autorités d(in)sécurité sanitaire" et "Publicité directe aux consommateurs")

VOICI LE TEXTE DU COMMUNIQUE  :

"D’après l’Indice européen 2008 des consommateurs de soins de santé (Euro Health Consumer Index ou EHCI) publié aujourd’hui à Bruxelles, après les changements intervenus dans son système de soins de santé, la France n’occupe plus maintenant que la 10ème place par rapport aux systèmes nationaux de 31 pays.

Les Pays-Bas sont en tête du classement avec un score de 839 points, suivis du Danemark (gagnant de l’Indice de soins du diabète en 2008), de l’Autriche (gagnante de l’EHCI en 2007), du Luxembourg et de la Suède.

Dans six catégories comportant 34 indicateurs de performance, la France affiche un score de 695 points sur un maximum de 1000. Cela signifie que la position de la France est en baisse dans le classement de l’Union européenne. Une question très préoccupante réside dans le fait que la France est également l’un des six états d’Europe occidentale dans lesquels se pose le problème des dessous-de-table versés aux médecins. Augmenter les factures des médicaments [??] pour retarder l’accès aux nouveaux médicaments n’est pas une solution ; cela ne fait que reporter les coûts et crée des complications qui peuvent, au bout du compte, se révéler très coûteuses à la fois pour le patient et pour le système de soins de santé. Un traitement précoce est toujours préférable.

"La France devrait accélérer la mise en place des dossiers médicaux électroniques ; les normes en matière de santé électronique, ainsi que l’information, devraient être améliorées. De même, rien ne prouve que le filtrage de l’accès aux soins primaires permette de faire des économies, restreindre l’accès aux soins des spécialistes est probablement une solution inappropriée", explique le Dr Arne Björnberg, Directeur de recherche pour l’Indice européen des consommateurs de soins de santé. (...)

"La France est en train de développer assez rapidement un problème de délais d’attente. La fonction de filtres [par le médecin traitant] récemment introduite devrait être abolie avant de créer de sérieux problèmes !", déclare M. Johan Hjertqvist, Président de la société Health Consumer Powerhouse, lors de l’analyse des résultats de l’Indice pour la France."

REMARQUES DE PHARMACRITIQUE

Rapport à prendre avec des réserves, comme l’enregistrement d’une tendance, pas comme une photographie de la réalité.

J’apprécie que les analystes épinglent l’autoritarisme des médecins : le paternalisme et cette façon de se prendre pour les seuls légitimes à parler de santé et à savoir ce qui est bon ou pas, quitte à déborder sur le terrain moral. Or ériger un savoir technique en norme morale n’a aucune légitimité, mais peut ouvrir la porte à tous les dérapages. Les usagers ne devraient pas accepter de se laisser "traiter" de la sorte. Le paternalisme et la monopolisation du domaine de la santé en même temps que sa technicisation accrue - avec la déshumanisation inhérente - font partie des raisons de la situation catastrophique que nous vivons aujourd’hui, avec des médecins qui se prennent pour des hommes d’affaires et font du commerce au profit de l’industrie pharmaceutique.

Si tout est question d’argent, il n’est pas si étonnant de voir que pas mal d’usagers et d’associations succombent aux sirènes des firmes pharmaceutiques, qui font semblant de les placer au centre, les prendre au sérieux, les traiter en "partenaires", en sujets à part entière et non en objets des soins, en consommateurs avertis, apparemment libres de choisir lorsqu’ils paient. Illusion ? Oui, bien entendu. Mais beaucoup y croient, aussi parce qu’ils en ont marre de la façon traditionnelle de pratiquer la médecine. Pharmacritique en a parlé dans les notes de la catégorie "Conflits d’intérêts / corruption des associations".

Tout cela est parfaitement exposé dans l’excellent texte traduit par Pharmacritique dans cette note : "Arnold S. Relman. Ethique et valeurs médicales dans un monde marchand où la santé n’est qu’un commerce parmi d’autres".

D’AUTRES NOTES SUR DES SUJETS CONNEXES , à lire sur Pharmacritique à partir des catégories suivantes :

Privatisation de la santé

Inégalités sociales en santé

Néolibéralisme, l’idéologie qui vous veut du bien

Protection sociale en danger

L’hôpital public tué par les marchands

Ecologie politique et sociale versus biototalitarisme

Environnement, OGM, sciences mortifères

BEAUCOUP D’ARTICLES SUR LES CONFLITS D’INTERETS et la CORRUPTION des médecins par l’industrie pharmaceutique, à lire à partir de la liste des catégories qui est à gauche de la page d’accueil de Pharmacritique

D’autres articles sur les rapports des hommes politiques avec les lobbies, avec un documentaire très intéressant à visionner ici : "Politiques sous influence. Du lobby pharmaceutique au lobbying à l’Assemblée nationale et à l’Elysée. Extraits vidéo"

Enfin, Pharmacritique est le site qui rassemble le plus d’articles critiques sur le GARDASIL (et ces articles-là ont eux aussi été pas mal copiés, à certains endroits, et censurés ailleurs...). Il y en a à peu près 50, à lire à partir de la même liste des catégories.

Pharmacritique
 http://pharmacritique.20minutes-blogs.fr/

Messages

  • Une constatation que je fais malheureusement tous les jours.
    Bien sûr je ne suis pas dans un cas extrême comme malheureusement les morst aux urgences hélas en sont la preuve flagrante.
    Je ne dévoilerais pas ici mes problèmes de santé pour ne pas poser des problèmes aux différents personnels médicaux mais le personnel médical à peur.
    Quand vous dites à votre généraliste ou à votre kiné que la santé va de plus en plus mal en France et que la Sécu fait pression sur eux : ils répondent oui vous avez raison mais ils n’osent rien dire. Maintenant c’est mon chirurgien qui adopte cette position de mutisme.
    Sans aller plus loin, je suis sorti d’un centre de rééducation la rééducation n’était pas finie et on ne veut pas me traiter dans la globalité du problème.
    Si quelqu’un connait un site ou une association qui veut défendre la santé en France, je suis preneur pas pour m’appitoyer sur mon sort mais pour défendre la santé qui est un droit inaliénable pour tous en France.

  • Je viens de subir une opération un peu délicate (8 jours d’hospitalisation dans une clinique privée, choix motivé car je voulais être opéré par le meilleur chirurgien de la région qui travaille dans cet établissement).

    J’ai eu l’impression d’avoir été principalement entre les mains de Capio, fonds de pension suédois, qui possède presque toutes les cliniques de la ville, et Sodexo, fournisseur d’une nourriture médiocre et non reconstituante.

    Une de mes amies est "technicienne de surface" dans une clinique appartenant à un fonds de pension italien. Elle est à deux ans de la retraite, rémunérée au Smig. Son employeur vient de lui proposer de partir en retraite anticipée, avec 60% de son salaire la première année, et 40% la seconde. Les syndicats, les médecins, chefs de service etc. n’étaient pas au courant que ce type d’offre avait cours en ces lieux. Mon amie a refusé (elle ne pouvait s’offrir un parachute doré à 40% du SMIG). Depuis, ils la font marner tant qu’ils peuvent pour l’écœurer.

    La politique de Sarkozy, chacun le sait ici, est de siphonner les lavabos des hôpitaux publics pour remplir les baignoires du privé.

    • (qui ne veut rien dire, vu le nombre de pseudo-cancers dû à certains dépistages tous azimuts, notamment pour la prostate et les seins),

      c’est quoi cette ânerie , on peut critiquer sans écrire n’importe quoi !

      Le système français est attaque et il s’est dégradé mais pas la peine d’en rajouter une couche de trop , les comparaisons internationales sont très complexes à faire ou alors qui veut tuer son chien etc... attention aux manipulation !

      Dans certain secteur la France est encore performante , cancer, médicament (sauf si on continue de casser via les génériques) et toutes les opérations et les soins pointus sont possible (sauf si la loi Bachelot passe)

      vive la secu, vive l’hôpital public il faut sauver , développer, democratiser ce système mis en place en 1945 !

      Qui est contre ?