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lettre à la résistance libanaise des indigènes de la république

Publie le dimanche 30 juillet 2006 par Open-Publishing
10 commentaires

Lettre du Mouvement des indigènes de la république à la Résistance libanaise

Notre première réaction à l’annonce de la capture des deux soldats israéliens a été la fierté. Notre deuxième réaction a été l’inquiétude. Notre troisième réaction est la confiance.

Notre première réaction a été la fierté

Depuis de trop nombreuses années, l’impérialisme américain et l’ennemi sioniste nous écrasent sous leurs bombes en Palestine, au Liban, en Irak. L’occupation de l’Afghanistan, présentée comme une « mission civilisatrice » dans la plus pure tradition coloniale, avait inauguré un processus de recolonisation du monde sous l’hégémonie des Etats-Unis. Les puissances européennes soutiennent ces guerres infâmes ou laissent faire. La plupart des Etats arabes se taisent, complices. Mais le peuple palestinien refuse de capituler malgré la force dévastatrice de l’armée d’occupation israélienne. La libération, certes encore partielle, du Sud Liban avait déjà constitué une première victoire. L’opération du 12 juillet, la résistance farouche des combattants libanais, et notamment du Hezbollah, face à l’offensive destructrice d’une des plus puissantes armées du monde, nous rendent notre dignité. Nous relevons peu à peu la tête.

Notre deuxième réaction a été l’inquiétude.

La colère et l’inquiétude. La colère face aux massacres perpétrés par Israël au Liban. Ces centaines de civils assassinés, ces familles décimées, ces enfants déchiquetés. La colère face aux gouvernements occidentaux qui, fidèles à eux-mêmes, font porter la responsabilité de la crise au Hezbollah et s’acharnent à en exiger le désarmement alors qu’ils n’ont pas un mot pour dénoncer les crimes israéliens et l’usage de bombes interdites par les conventions internationales. La colère face à la France, plus particulièrement, qui prétend mensongèrement avoir une politique souveraine, indépendante de celle des Etats-Unis. La colère, toujours, face à ces régimes arabes qui manœuvrent en coulisses pour casser la Résistance.

L’inquiétude, aussi. La crainte que, malgré l’héroïsme des combattants arabes, leurs forces ne soient détruites par le rouleau compresseur sioniste arc-bouté aux puissances occidentales. La crainte que nos peuples, habitués à la défaite, n’aient plus l’énergie de la victoire. La peur que tout redevienne comme avant. Peut-être pire qu’auparavant...

Mais notre troisième réaction est la confiance.

Car, contrairement à l’adage bien connu, le pot de terre finit toujours par l’emporter contre le pot de fer. D’autres empires se sont écroulés. Les peuples colonisés ont chassé les colonisateurs. L’Empire américain mourra. L’axe Washington/Tel-Aviv s’écroulera. La détermination et la confiance avec laquelle la Résistance libanaise mène son action sont notre détermination et notre confiance.
Nous menons, en France, notre propre combat contre la domination coloniale et post-coloniale. Ici, les Arabes, les Noirs et les musulmans sont traités comme la république coloniale traitait ses « indigènes ». Depuis que Bush a déclaré sa « guerre des civilisations », nous sommes considérés comme la cinquième colonne du « terrorisme islamique ». D’une certaine manière, ils n’ont pas tort.

Si tous ceux qui luttent pour la dignité sont des « terroristes », comme Jean Moulin, l’icône de la résistance française à l’occupation nazi était un « terroriste », alors nous sommes des « terroristes » ! Si tous les peuples qui luttent contre l’oppression sont des « terroristes », alors évidemment nous sommes des « terroristes » ! Si affirmer notre soutien indéfectible à la résistance palestinienne et libanaise, c’est en être la cinquième colonne, alors nous sommes fiers d’en être la cinquième colonne ! La barbarie, la réaction, l’obscurantisme sont du côté de ces Etats qui veulent dominer la planète. Oui, là où un peuple est soumis au joug impérialiste et colonialiste, au Moyen-Orient, en Afrique, en Amérique latine ou ailleurs, sans hésitations, nous sommes aux côtés de la résistance !

Alors, et pour conclure : Merci ! Merci d’avoir osé. Merci d’oser encore !

Le 28 juillet 2006 Le Mouvement des Indigènes de la République

http://www.indigenes-republique.org/

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tèl : 06 28 06 60 35
mèl : contact@indigenes-republique.org

Messages

  • Très bon article. Je suis de tout coeur avec vous, amis indigènes.

    William

  • SOLIDAIRE !

    L’indigène - on est toujours indigène quelquepart, et par rapport à quelqu’un - né à Casablanca

    NOSE DE CHAMPAGNE

  • Indigenes : Habitants d’une region , Nous sommes , nous français, indigenes de france .
    Indigenat : statut des indigenes dans les colonies . Depuis 1960 la france n’a plus de colonies .
    Les termes indigenes de la republique avaient un sens quand la république avait des colonies !
    Aujourd’hui , vous vous appropriez un terme qui s’appliquait à vos parents ou à vos grands parents , mais pour ce qui vous concerne est tout simplement abusif , pour ne pas dire scandaleux !
    Que vous apparteniez au proletariat , voir meme au lumpen proletariat , est possible , comme bien d’autres indigenes de ce pays .
    Quand à votre prétention à etre les seuls à souffrir , a comprendre , ce qui se passe au moyen orient aujourd’hui , elle est tout simplement indigne , la solidarité n’est pas l’apanage de quelque groupe que ce soit .
    Né à Tunis , j’ai vécu ce que le statut de l’indigenat , voulait dire pour les Tunisiens , du moins je peux témoigner de ce que j’ai vu . Et je peux dire en toute conscience que vous etes une bande de sinistres faussaires .
    Claude de Toulouse .

    • (Finalement je me décide à répondre malgré le hors-sujet — l’article parlant du M.-O. et pas du mouvement des indigènes — et les insultes.)

      Ah bon, la France n’a plus de colonies ? Va dire ça en Côte d’Ivoire…

      Quant au statut de l’indigénat, aux représentations qui lui sont liées, et à leurs effets concrets, entre le sort fait aux chibanis à Marseille (lire ici, par example, http://www.indigenes-republique.org/article.php3?id_article=279 ou là : http://www.cequilfautdetruire.org/article.php3?id_article=539 ), le traitement proprement colonial (état d’urgence, appel aux autorités religieuses…) de la révolte des quartiers populaires suite justement au comportement colonial de la police dans ces quartiers, les rafles à répétition… on est bien dans l’exception permanente, ce qui justifie le terme.

      (Au passage, tu confond indigène et autochtone : les Algériens en France, p. ex. étaient bien indigènes mais pas autochtones.)

      Quant à la prétention que tu semble rtouver dans la lettre, parles-tu du lien effectué entre le colonialisme ici et là-bas ? Libre a toi de ne combattre que l’impérailsime des USA et de dénier celui de ton pays. Attitude contradictoire, mais classique.

      Vu tes insultes, tu comprtendras que je ne te salue pas.

      Cobab

    • Donc à celui qui ne me salue pas !
      je te renvoie à la page 576 du petit Larousse édition 2005 :
      Indigene : du latin indigena
      né dans le pays qu’il habite . synonime - aborigéne - autochtone .
      Donc pas de confusion dans les termes , mais ceci n’est qu’un détail .
      Pour ce qui concerne le traitement colonial , tu n’as pas du vivre dans une colonie , car sinon tu ne ferais pas d’amalgame pareil , amalgame insultant pour ce que les colonisés ont vécu .
      Avec malgré tout , mes salutations .
      claude de Toulouse .

    • CLAUDE ON DIRAIT QUE T’ES EN COLERE ? !

      Je ne comprends pas pourquoi... Il se peut que j’ai manqué d’attention, ayant été très mal ces jours derniers... mais sur l’essentiel je n’ai rien vu qui puisse susciter cette colère.
      Je réagis à l’insupportable injustice de la violence déchaînée à Gaza et au Liban...
      Dis nous ce qui t’as choqué à ce point, notre Claude.

      Dans l’attente et fraternellement,

      NOSE DE CHAMPAGNE

    • Cher NOSE ,
      Oui je suis en colere quand je lis :
      ""Nous menons, en France, notre propre combat contre la domination coloniale et post-coloniale. Ici, les Arabes, les Noirs et les musulmans sont traités comme la république coloniale traitait ses « indigènes ». Depuis que Bush a déclaré sa « guerre des civilisations », nous sommes considérés comme la cinquième colonne du « terrorisme islamique ». ""
      Il ne faut pas savoir comment la république coloniale traitait ses indigenes ( au sens statut des indigenes ) pour oser faire une comparaison pareille !
      Que ce soit en Indochine , à Madagascar , en Algerie , en Tunisie , ou au Maroc ," les indigenes"auraient trouvé bien doux le sort de ceux qui se pretendent "indigenes de la république" , et je trouve que c’est une veritable insulte à l’histoire de ces peuples que d’oser de pareilles comparaisons .
      Voilà ce qui me rend colére , ami Nose .

      claude de Toulouse .

      comme toi , sinon , Je réagis à l’insupportable injustice de la violence déchaînée à Gaza et au Liban...

    • CODE NOIR, STATUT DE L’INDIGENAT, ETC.

      J’ai bien lu tes explications Claude. Tu dis des choses tout à fait sensées, réfléchies, étayées par des faits historiques incontestables, et aussi un peu d’émotion ce qui est bien normal... On n’est pas des bêtes !

      Tes arguments, je les partage, d’autant que je suis moi-même né à Casablanca ("je suis tronc de figuier" !) et que j’y ai passé les 13 premières années de ma vie... Sans avoir jamais été de ceux qu’on appelait "les colons" (qui étaient, eux, immensément riches, d’après ce que je me rappelle de la ferme cotonnière proche de chez moi), il faut avouer que notre vie n’avait aucune commune mesure avec celle des "indigènes"... Nous étions comme ceux que décrit Camus dans "le premier homme"...Lorsque nous sommes "rentrés" en France avec mes frères, soeur et parents, nous n’avions rien et çà a été très dur. Et pourtant, dans le Nord où mon père avait retrouvé du travail au bout de 6 mois, nous étions traités de "fellaghas"...

      Seulement voilà, les "indigènes de la république" sont ceux qui se sont révoltés cet automne, et à juste raison, même si leur traitement n’a pas grand chose à voir, a priori, avec le traitement colonial. Dans les quartiers périphériques HLM de ma ville, ils subissent des taux de chômage pas possibles : 3 à 4 fois plus que les autres jeunes du même âge, et ils restent au chômage même lorsqu’ils ont des BTS ou des diplômes d’ingénieur. On ne les accepte pas en stage en entreprise à cause de leurs noms ou de leur quartier d’habitation. Ils sont contrôlés 36 fois par jour par tout ce qui porte matraque au côté. Ils sont français, certes mais tellement plus pour certaines choses et tellement moins pour certaines autres ! La galère c’est bien plus pour eux que pour d’autres...

      Ils ne regardent pas en arrière, mais devant eux, et ce qu’ils voient c’est ce à quoi les autres ont droit et ce à quoi ils ne parviennent pas à accéder. Ils n’utilisent pas de références historiques mais des références sociales/sociologiques.

      Je crois que c’est de cela qu’ils voulaient parler plus que de nos références historiques.

      Pour moi, l’essentiel c’est qu’ils revendiquent d’être des citoyens d’ici, et des citoyens du Monde.
      Pour moi, ce qui compte c’est qu’ils nous renvoient le regard qu’ils sentent peser sur eux... et qui n’est pas joli-joli...
      Pour moi, ce qui compte, c’est la solidarité et la paix entre les peuples... c’est la solidarité avec le Liban violé, massacré et les Palestiniens ghettoïsés et génocidés...
      Je ne les vois pas (ces "indigènes de la République") comme des ennemis.

      NOSE DE CHAMPAGNE

    • deux points à ajouter à ce que disent Nose et Claude : les retraités de Marseille ou de la goutte d’or qu’on chasse de leur logement et à qui ont esaye de sucrer ce qui leur sert de retraite l’ont vécu, le code de l’indigénat. Et le déni de droit, le mépris qu’ils vivent aujourd’hui en est dans le droit prolongement.

      Sur la révolte de novembre : elle a quand même pour point de départ un quasi assassinat policier, en tout cas le comportement des flics. Il suffit d’essayer de discuter avec les bac pour se rendre compte de l’univers mental dans lequel on les dresse : il s’agit de mater une population, de faire comprendre aux Arabes qu’ils ne sont pas chez eux, quoiqu’il y ait d’écerit sur la carte d’identité. Et la réponse qouvernementale, approuvée par nombre de socialistes, est elle aussi sans ambiguïté : l’état d’urgence s’est appliqué à rpopos de l’Algérie, en Kanaky, et en novembre 2005…

      Il ne s’agit pas d’affirmer, évidemment, qu’on vit à Sevran aujourd’hui comme à Sétif en 1950 ; il s’agit, comme le dit Nose, de combattre les discriminations structurelles sur lesquelles la France aujourd’hui (et une bonne partie de l’Europe entre autres) est organisée ; et de les analyser comme la continuité, le prolongement, les conséquences etc. de l’époque coloniale. Ce qui ne sgnifie pas non plus que c’est la seule oppression, opu que tourtes les autrs en découle. Mais c’est celle que la France ne veut pes voir.

      En tout cas c’est mieux quand on discute que quand on s’insulte. Salut donc, Claude et Nose :o)

      Cobab

  • Mes felecitations pour cette article sa nous redonnes de l’espoir et de la fierté