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mettre de l’huile dans la mécanique de la présidence française".

Publie le samedi 15 décembre 2007 par Open-Publishing
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Fin de règne

C’était une tradition, "sa" tradition. A chaque sommet européen, au sortir du dîner des chefs d’Etat et de gouvernement, Guy Verhofstadt déboule à la brasserie du Residence Palace. Une bière, une boulette sauce tomate et des frites, l’homme a - encore - faim. C’est ici, entre deux bouchées et quelques bons mots avec ses journalistes flamands préférés, que le Belge raconte ce qu’il veut bien raconter de son sommet aux représentants de la presse et aux diplomates de sa délégation. Mais cette fois, pas de boulettes ni d’américain préparé. Le Conseil européen ne durait qu’un jour, pas de quoi partager une soirée. Et, à vrai dire, tant mieux pour lui. Parce que les questions sur la crise politique belge, il en a soupé, justement. D’ailleurs, "plus vous me poserez de questions là-dessus, moins j’aurai le temps de m’y atteler !", lance-t-il aux journalistes à l’issue du sommet de Bruxelles - dont on n’ose plus écrire qu’il s’agit de son dernier. "Il faut très vite une solution, c’est ça que la communauté internationale demande." C’est même "un souhait unanime". Car "l’image de la Belgique commence à se ternir", déclare le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker à la RTBF. "Mais je fais tout pour rattraper l’image de la Belgique !" La France, elle, "ne se réjouit jamais des difficultés de ses amis", affirme Nicolas Sarkozy, grand prince, en fin de Conseil européen. En attendant, la crise belge, il s’en est servi au sommet, Guy Verhofstadt. Même en Belgique, "on a pu décider de participer à l’opération civile et politique" au Kosovo, alors, dit-il avoir déclaré aux Vingt-sept, "pourquoi ne pourrions-nous pas décider" la même chose au niveau européen ? "Prenons une décision, n’hésitons plus !" Pour rappel, il parlait de la province albanophone de Serbie. On n’a peut-être pas encore besoin de mission policière en Belgique - "le problème entre Flamands et Wallons n’a rien à voir avec la question du Kosovo", rappelle Nicolas Sarkozy -, mais d’une décision, ça oui.
sommet de bruxelles

Une demi-victoire pour Sarkozy
Olivier le Bussy

Mis en ligne le 15/12/2007

Les Vingt-sept ont lancé, sans entrain, le groupe de réflexion sur l’avenir de l’UE. La présidence a été confiée à l’Espagnol Felipe Gonzalez. Le mandat ne prévoit pas que les sages débattent de l’élargissement, comme le souhaitait le président français.
Le capitaine et sa garde rapprochée ont été désignés et le plan de vol défini, reste à recruter les membres de l’équipage. Le comité des sages chargé de réfléchir à l’avenir de l’Union européenne de 2020-2030 a été mis sur les rails, vendredi à Bruxelles, par les Vingt-sept.

La présidence de l’aréopage a été confiée à l’ex-Premier ministre espagnol Felipe Gonzalez, soutenu par les Etats fédéralistes. Nommés vice-présidents, l’ancienne présidente lettonne Vaira Vike-Freiberga et le Finlandais Jorma Ollila, patron du fabricant de téléphones portables Nokia, complètent le triumvirat. Sélectionnés par le président, les six autres membres du comité seront connus en mars 2008. Les noms de l’ancien président du Parlement européen Pat Cox, de l’ancien chancelier autrichien Wolfgang Schüssel ou du président de la Confédération européenne des syndicats John Monks reviennent fréquemment dans les conversations.

Le lancement de ce comité n’a pas soulevé un fol enthousiasme dans les rangs des dirigeants européens. Le président du Parlement européen Hans-Gert Pöttering n’a pas hésité à déclarer que ce groupe "n’(était) pas une priorité", avant d’ajouter que les sages ne devaient pas "remplacer les décideurs politiques".

Le seul à se réjouir ouvertement était Nicolas Sarkozy, pas peu fier d’avoir rallié ses partenaires à une nouvelle idée française après celle du traité (soi-disant) simplifié. Opposé à l’entrée de la Turquie dans l’UE, il avait proposé en juillet la création d’un comité des sages qui aurait pour tâche de définir les frontières de l’Europe. Une manière, pour le locataire de l’Elysée, de relancer le débat sur l’adhésion turque, sans braquer les pays favorables au respect des engagements pris envers Ankara.

"Réfléchir est toujours utile"

N’en déplaise au Français, le mandat du groupe s’éloigne sensiblement de sa proposition initiale. Le comité concentrera son attention sur les perspectives de l’UE en matière de modernisation du modèle économique et social, de développement durable, d’énergie, de réchauffement climatique et sécurité. Et si le mandat prévoit que les sages étudient la question de la stabilité de "la région européenne au sens large", il ne mentionne pas explicitement celle de l’élargissement.

Sarkozy n’en démord pas. "La question des frontières se posera forcément" a-t-il défendu. "L’Europe doit-elle s’élargir indéfiniment et quelles en seront les conséquences ? C’est une question pour le comité des sages", a insisté le Français. Son interprétation n’est nécessairement partagée par ses pairs. Le Premier ministre belge Guy Verhofstadt, a plaidé pour qu’"on laisse réfléchir le groupe de réflexion". Et d’ajouter, un brin perfide que le groupe servait avant tout "à mettre de l’huile dans la mécanique de la présidence française".

Pour éviter d’interférer dans le processus de ratification du Traité de Lisbonne par les Etats membres, les sages n’entameront leurs travaux qu’au second semestre 2008. Qu’adviendra-t-il de leurs conclusions, vu le manque d’entrain apparent des dirigeants européens ? "Mon expérience m’a appris que si on réfléchit, ça sert toujours à quelque chose", explique le Belge Jean-Luc Dehaene, rompu à ce genre d’expérience, puisqu’il a été membre de plusieurs comités de ce type au niveau européen. "Au sommet de Nice, on n’a pas suivi le rapport que nous avions rendu pour préparer la conférence intergouvernementale. Mais nos points se sont retrouvés dans la déclaration de Laeken", prélude du nouveau traité européen. Autre exemple donné par l’ancien vice-président de la convention : "Le groupe de Laeken avait formulé des défis et des questions qu’on a cru tombés dans l’impasse après le rejet de la constitution, mais qui se retrouvent aujourd’hui dans le traité de Lisbonne."

Messages

  • tageblatt :
    Mise à jour : 14/12/2007 16:44:07
    L’UE crée sans conviction un groupe de réflexion sur son avenir

    Les dirigeants européens, sous pression de la France, ont accepté de créer vendredi un comité de réflexion sur l’avenir de l’UE après sa crise institutionnelle, mais au prix d’une dilution de son mandat pour s’assurer qu’il ne serve pas à bloquer l’adhésion de la Turquie.

    Ce "groupe de réflexion" d’une dizaine de membres sera dirigé par l’ancien Premier ministre espagnol Felipe Gonzalez, assisté de deux vice-présidents : l’ex-présidente lettone Vaira Vike-Freiberga et un homme venu du monde de l’entreprise, le président du groupe de télécommunications finlandais Nokia, Jorma Ollila.
    A 65 ans, Felipe Gonzalez va ainsi sortir de sa retraite après avoir dirigé le gouvernement espagnol de 1982 à 1996 et avoir accompagné son pays vers l’adhésion à la Communauté européenne en 1986. Le ministre espagnol des Affaires étrangères Miguel Angel Moratinos a parlé d’une "grande nouvelle", se félicitant qu’on donne à "un Européen convaincu" le soin d’aider l’Europe à faire face "aux grands défis du 21ème siècle". L’idée de ce comité a été avancée à l’origine en juillet par le président français Nicolas Sarkozy, qui souhaitait qu’il discute aussi de l’adhésion de la Turquie à l’UE, à laquelle il est opposé. Toutefois, depuis, le mandat de ce comité appelé à réfléchir à l’avenir de l’UE à l’horizon 2020-30 - et à présenter des conclusions non contraignantes en 2010 - , a été largement dilué. Aucune référence explicite n’y est faite à la question des frontières de l’UE ou de son élargissement. Il y est seulement question "des questions fondamentales auxquelles l’Union est susceptible d’être confrontée" et des moyens d’oeuvrer "pour la stabilité et la prospérité aussi bien de l’Union que de la région qui l’entoure". Des formulations suffisamment vagues pour permettre à la France de continuer de penser qu’une réflexion sur les limites de l’Union ne pourra être occultée. "On ne peut pas réfléchir au projet européen sans s’interroger sur son assise territoriale", souligne un diplomate français. Les interprétations divergent toutefois. "Nous avions beaucoup de réserves concernant le projet d’origine, nous redoutions que cela soit un moyen de stopper le processus d’élargissement, c’est la raison pour laquelle nous nous sommes concentrés sur les questions qui n’en parlent pas", a souligné vendredi le ministre tchèque des affaires européennes, Alexandr Vondra. "C’est quelque chose que nous avons accepté avec réticence parce que c’est important pour un grand Etat membre", a renchéri la présidente du parti libéral européen, la Belge Annemie Neyts, dans une allusion à la France. Les Vingt-Sept avaient envisagé de faire démarrer les travaux du groupe au printemps prochain. Mais ils ont finalement décidé d’un report, pour ne pas risquer d’interférer avec les délicates procédures de ratification du nouveau traité européen signé jeudi à Lisbonne, selon un diplomate européen. La création sans enthousiasme de ce comité apparaît au final comme une concession faite à la France pour qu’elle autorise la poursuite des négociations d’adhésion entamées avec la Turquie en octobre 2005, organisées en 35 chapitres thématiques dont quatre seulement ont été ouverts jusqu’ici. Dès la semaine prochaine, deux nouveaux chapitres devraient être ouverts. L’irritation sur ce sujet entre la France et la Turquie est encore montée d’un cran cette semaine. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan s’en est pris au président français Nicolas Sarkozy, l’accusant de de duplicité, après la décision prise par l’UE de ne plus qualifier ses sessions de négociations avec Ankara de "conférences d’adhésion".