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"plomb durci" : tuer aussi l’agriculture palestinienne

Publie le jeudi 22 janvier 2009 par Open-Publishing
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Les effets d’une guerre coloniale...

jeudi 22 janvier 2009, par Ahmed Sourani

En direct de Gaza : Une info du PARC, bien différente de celle des médias ...
GAZA en feu
Des personnes tuées, la vie fracassée, le pays occupé

Rapport du PARC (Palestinian Agricultural Relief Committees)

Le PARC est une ONG palestinienne laïque et démocratique qui agit dans le domaine de l’agriculture, de l’enseignement primaire et secondaire, pour la promotion féminine.

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Le Samedi 27/12/08
A midi, l’aviation israélienne a lancé une attaque contre plusieurs lieux dans la bande de Gaza, en se concentrant sur la ville de Gaza. Ensuite, le lendemain, l’armée israélienne a envahi les champs cultivés, évitant les routes asphaltées. Ils établirent des bases militaires sur ces terrains agricoles, puis y construisirent des routes à usage militaire. Ceci surtout sur la partie est de la ville de Gaza et les villages de BEIT LAHIA et JABALIA au nord de Gaza. De fait, ils élargirent la zone interdite dite de « sécurité » la portant de 50-100 mètres à 3000 mètres et plus parfois. Ensuite ils établirent des bases pour les « drones » ; les hélicoptères et les f16. Ils lancèrent une attaque terrestre massive avec tanks lourds, blindés, jeeps, artillerie et navires de guerre. Ils provoquèrent de graves dégâts sur des résidences et des milliers de civils furent tués, blessés, traumatisés, choqués, paniqués et se sont retrouvés à la rue.

Pendant 22 jours et autant de nuits, rien ne changera avec interventions aériennes et bombardements par hélicoptères, avions de combats F16s et navires de guerre. Ils n’ont laisse aucune pierre intacte et ils ont visé des maisons de civils, des terrains de jeu, et les jardins publics. Par exemple, dans le voisinage de AL-NASSER, la nuit dernière, au moins 9 maisons ont été frappées par des F16.Toutes situées dans des lieux densément peuplés. Le Vendredi 14 janvier, des missiles de F16 ont frappé le cimetière SHEIK RADWAN détruisant 17 tombes et déterrant les morts. On se pose la question de savoir ce qu’ils pourraient frapper d’autre et le commandement israélien le sait-il lui-même !

Les autorités médicales de Gaza ont compté 1300 morts, dont 418 enfants, 118 femmes, 118 personnes âgées et plus de 5500 blessés. Sans compter ceux qui n’ont pu être sauvés ou récupérés ou qui sont morts sous les gravats et dans les champs.

Les médecins disent que des centaines de blessés ne récupèreront jamais et ne pourront retourner à une vie normale. Des centaines resteront handicapés à vie. Médias et chaînes satellitaires ont montré ,à l’hôpital SHIFA ; une jeune fille de 15 ans avec les jambes coupées au-dessus du genou,une autre à laquelle il ne reste qu’une jambe,un enfant qui a perdu ses yeux et d’autres pire encore. La situation sanitaire se détériore étant donné les capacités limitées des salles d’opération et le manque de moyens. Quelques 60-70 docteurs arabes et quelques européens, venant en aide aux chirurgiens palestiniens, sont une aide mais il faut souligner que des blessés ne peuvent être soignés à Gaza quoiqu’on fasse… De plus, 13 personnels ont perdu la vie en faisant leur devoir, beaucoup d’ambulances ont été attaquées en voulant sauver des blessés et évacuer des morts. Voila ce qu’il faut dire en parlant de ce qui se passe à Gaza !

Dans la deuxième semaine, les hélicoptères ont lancé des attaques avec des bombes au phosphore en violation flagrante des droits humains et des conventions. Ils ne se soucient pas du tout de la communauté internationale, ces bombes brûlent les gens de nombreux blessés en meurent. Un chirurgien norvégien, MADS GILBERT a séjourné à Gaza pendant plusieurs jours, il a opéré aux urgences de l’hôpital SHIFA. Il est retourné dans son pays le 12 Janvier. Il a déclaré : « Le nombre de civils blessés et tués à Gaza prouve que I a délibérément attaqué la population. Les hôpitaux ont atteint leurs possibilités maximales, tous les docteurs travaillent en permanence et il y a des milliers de personnes qui ne peuvent être soignées. C’est une guerre totale qui est faite à la population civile à Gaza. Ils bombardent 1,5 million de personnes encagées. Pour prouver notre témoignage, regardez cette interview sur « YOU TUBE »

Dans la seconde semaine de l’invasion, chirurgiens et autres docteurs de différents pays, ont été autorisés à entrer dans Gaza pour apporter leur aide dans les hôpitaux. Depuis, l’équipe médicale norvégienne (deux chirurgiens) est rentrée chez elle. Il y a des docteurs de divers pays : Egypte, Jordanie, Algérie, Arabie Saoudite, Grèce et Soudan. L’équipe soudanaise n’est encore pas arrivée, elle apportera des poches de sang données par la population.

Des milliers de tonnes de dons en nourriture, produits de base, et fuel sont arrivés par RAFAH. UNRWA a stoppé cela à Gaza city. Le 15 Janvier, le monde entier a été surpris et choqué quand l’armée israélienne a attaqué et brûlé les dépôts. Les magasins ont été détruits. Tout le monde a condamné. La situation s’est aggravée pour des milliers de familles de déplacés et réfugiés.

Pour abréger, chaque jour apporte plus de morts, plus de destructions, plus de déplacés aussi bien en ville qu’à la campagne

Chaque nuit apporte de mauvais rêves et des cauchemars pour des milliers d’enfants, de femmes et pour leurs familles Imaginez que dans chaque rue de GAZA, il y a des histoires pathétiques et pour chaque famille, il y a des histoires pathétiques Tout est ravage, chaos, tumulte et destruction ! Il y a des histoires dans le silence et des scènes pathétiques dans les hôpitaux et ailleurs. Dans le voisinage de TELL EL HAWWA, l’armée Israélienne a brutalement évacué un bâtiment de l’hôpital AL QUODS et l’a bombardé avec des tanks. Environ 10 ambulances ont été détruites par les tanks ; ils ont détruit 3 ambulances et s’en sont servies comme barricades.

Conséquences des attaques : 90 000 personnes ont dû fuir leurs maisons. 4200 maisons complètement détruites et 56 00 endommagées par les raids aériens, les bombardements et les obus. Les personnes ont sauvé leur vie en fuyant ou après avoir été chassées par les Israéliens. Des milliers ont pu rejoindre des amis ou de la famille dans des zones que l’on pensait plus sûres en ville. Mais ceux qui n’avaient pas de familles se sont cachés et entassés dans des écoles de l’UNRWA. Par malheur trois de ces écoles ont été visées par les forces israéliennes. L’école de JABALIA a été bombardée par trois obus tirés par un tank, 67 réfugiés ont été tués et plus de 40 blessés. Une troisième école de l’UNRWA a été touchée à BEIT LAHIA, au moins 10 personnes ont été tuées et des douzaines d’autres blessées. A ce jour 40 écoles de l’UNRWA servent de refuge .Dans chaque école il y a 120 familles auxquelles l’UNRWA fournit couvertures et trois repas quotidiens pour survivre. D’autres soutiens sont fournis par des ONG locales dont le PARC.

Dans la fournaise des combats et sous les raids continus personne n’a prêté attention à la destruction de l’environnement. La crise apparaîtra lorsque les opérations militaires s’arrêteront. La moindre des pollutions sera ces tonnes de déchets accumulés aux coins des rues. Egalement les effets sur la santé de ces épais nuages de fumée qui émanent des maisons bombardées. On suffoque et cela blesse la poitrine de tous ceux qui les respirent. Et tout le monde les respire. Pire encore les effets de la poudre des explosifs, sans compter les bombes au phosphore qui ont infligé des dommages aux personnes, aux bâtiments et aux arbres. Elles ont détruit et brûlé tout ce qu’elles ont touché:les personnes, les maisons, les hôpitaux, les arbres, et tout le reste. La pollution de l’air, des dégâts considérables, la contamination sont partout et il n’y a d’échappatoire pour personne. Tout le monde est concerné.

La vie agricole est devenue un chaos total avec ces milliers de tanks et de véhicules militaires qui ont roulé sur les champs et avec les bulldozers qui ont détruit les plantations et les arbres partout où ils sont passés. L’armée Israélienne s’est acharnée sur les paysans dans les zones isolées près de la frontière. Ils ont punis tous ceux qui vivaient prés de la frontière. Ces gens sont de petits paysans menant une vie simple et prenant soin de leurs champs et de leurs animaux, quand ils en ont. Les soldats ont battu les paysans, leur ont arraché les vêtements, bandé les yeux, attaché les mains dans le dos ; ils ont entassé toute la famille dans une seule pièce pendant de longues heures dans une situation inhumaine et, ensuite, ils les ont abandonné là. Le plus triste et le plus terrible assaut contre l’agriculture est la destruction de tous les champs cultivés, ainsi que des arbres, récoltes, puits, lignes électriques, serres en plastique. Les zones agricoles sont devenues des bases militaires et les routes aussi. Ajoutez à cela que, par exemple, dans la zone Est de Gaza , 10 000 dunums (prés de 10 000 hectares) ont été systématiquement détruits par les bulldozers et transformés en zone désertique.

Une histoire exemplaire est celle de HUSSEIN AL AIEDY qui vécu pendant 30 ans avec sa famille dans la zone Est de Gaza. Sa maison a été bombardée deux fois. Par chance, lui, sa femme et ses enfants ont pu fuir chez son frère qui habite dans le voisinage. Six membres de sa famille ont été blessés le premier jour (trois enfants et trois femmes). HUSSEIN, 58 ans, sa mère de 82 ans, la seconde femme de son père, 80 ans, et 27 autres personnes se sont regroupés. Il y avait ses enfants et ceux de son frère, ils se sont retrouvés coincés. Toute la zone était contrôlée

par l’armée. Ils se trouvaient à trois Kms de Gaza. Ils ont été autorisés à s’en aller à condition de tout laisser derrière eux. Ils ont ainsi marché trois Kms, agitant des drapeaux blancs pour traverser les lignes de tanks Israélienne et rejoindre un lieu plus sûr. A présent ils sont sans toit. Ils sont démunis et sont dans une école de l’UNRWA. Hier Hussein revit sa maison et celles de ses frères et de sa mère .Elles ne sont que décombres. Tout est perdu.

Pour le moins, tout à Gaza nécessitera un long temps de reconstruction et des programmes de réhabilitation de toutes sortes pour les enfants, les femmes, les personnes âgées, les hôpitaux, les écoles, les maisons, l’environnement, l’agriculture urbaine et rurale, la vie animale. Les pertes matérielles ont été estimées à deux milliards de dollars dont 50% pour l’agriculture !

Toutefois, dans cette situation horrible, dépressive, inhumaine et sanglante, le PARC a formé des cellules d’urgence et de soutien. Chaque groupe intervient dans sa zone géographique en liaison avec des organisations locales. Dans une première étape impérative le PARC a établi des programmes d’urgence à exécuter immédiatement et d’autres pour une étape future. Le premier plan est de fournir une aide, non alimentaire, pour les réfugies et les déplacés des écoles de l’UNRWA et autre lieux. Il y a 40 écoles de l’UNRWA, havre, pour les réfugiés et les sans abris.

Chaque école abrite 80 à 100 familles selon la taille de la famille.

Les aides du PARC sont limitées car nos ressources et nos fonds sont limités. Nous ne pouvons atteindre toutes les écoles. Nous fournissons des produits sanitaires, des détergents, des jeux psycho- sociaux pour les enfants, des habits pour les bébés et les enfants, mouchoirs et serviettes. 1000 Familles en bénéficieront tout de suite .Cela est réalisé avec SDC. (Je ne connais pas ce sigle. NDT)

Parmi les autres activités prioritaires du PARC il y a la fourniture, aux cuisines des principaux hôpitaux, de produits alimentaires (dans la mesure du possible). Tous les hôpitaux de Gaza manquent d’aliments et d’eau potable. Nous faisons cela avec l’organisation du Fond arabe au KOWEIT ;

Le PARC entend continuer à fournir des paniers d’aliments frais selon son programme « Des paysans pauvres aux familles pauvres ». Ce programme sera destiné aux familles déplacées et ayant subies des dommages. Il est difficile de trouver des légumes et des fruits frais étant donné les ravages de l’armée Israélienne dans de vastes zones cultivées. Nous ferons tout notre possible. Ce programme se fera avec l’organisation « Christian Aid ». Ce programme est permanent et concerne 30% des « paysans urbains ». Le PARC projette aussi un plan de fourniture d’aliments en boite et déshydratés pour les familles déplacées. L’UNRWA nous aidera à sécuriser un passage pour les fournitures alimentaires ; Dans le futur, un programme s’attachera à la fourniture d’eau aux familles déplacées.

Les missions du PARC s’attacheront à restaurer les installations d’irrigation dévastées, les chemins de champs, les installations d’élevage, les serres. Nous fournirons les implants, les graines, les jeunes arbres, les fertilisants, les outils d’irrigation, les tuyaux, les feuilles de plastique et autres nécessités.

Les interventions du PARC ne peuvent concerner que quelques milliers de personnes. Le PARC ne ménagera pas ses efforts pour agir et fera son maximum pour étendre ses actions, cependant ses capacités et ses fonds sont limités.

La situation catastrophique de Gaza nécessite un programme bien étudié avec le soutien d’ONG humanitaires et de donateurs. Dans cette optique, le PARC sollicite les organisations humanitaires pour qu’elles interviennent et nous aident.

Le vendredi 16 Janvier, le Centre décisionnel du PARC a été touché et a subi de graves dommages, surtout le bâtiment principal dans lequel travaille habituellement 30 employés et des douzaines de bénévoles. Ce lieu sert aussi à plusieurs organisations partenaires pour l’agriculture.

Pour résumer, Gaza nécessitera des programmes de réhabilitation psychologique et sociale sur le long terme pour les enfants, les femmes, les personnes âgées, surtout dans les zones urbaines et rurales qui ont été touchées. Il y a un besoin urgent de reconstruction d’écoles et d’hôpitaux. Il y a un besoin urgent de réhabilitation de l’environnement, de l’agriculture urbaine et rurale et des installations d’élevage.

ZONE « TAMPON » (zone de sécurité dans le vocabulaire de l’occupant, NDT) : anxiété, peur et conséquences.

Le PARC ressent une véritable appréhension et exprime sa préoccupation au sujet de l’infiltration de l’armée israélienne à Gaza. Depuis 10 ans, les Israéliens ont installé une « zone tampon » frontalière de 50-100 mètres. Progressivement, ils l’ont étendu à 100 mètres à l’est de Gaza et à 2000 mètres dans le nord. Le PARC craint qu’ils ne l’étendent à 2000 mètres ou plus à l’Est et à 3000 mètres au Nord, imposant ainsi une situation de facto. Par voie de conséquence, la zone cultivable déjà limitée en serait réduite d’autant. La zone cultivable à Gaza est de 175 000 dunums ; 50 000 ont d’ores et déjà été endommagés avant l’invasion. A présent prés de 50%du terroir est contrôlé par l’armée israélienne. En conséquence, 50% des paysans ont perdu leur propriété, des milliers de paysans et leurs familles se retrouvent sans travail et sans logis et deviennent un fardeau pour la société !

La zone frontalière est la plus fertile de Gaza. Au PARC, nous sommes furieux car cette zone constitue le panier de nourriture de Gaza. ; elle représente la réserve alimentaire de sécurité pour toute la région. Les paysans doivent retrouver leur vie normale, leurs terres, leurs ressources en eau et leurs maisons. Les paysans de cette zone ont besoin d’appui et soutien de la part des ONG internationales et des pouvoirs politiques.

Mise à jour

Juste avant de rédiger ce rapport, nous avons visité le siége du PARC et d’autres bureaux dans le voisinage de ZEITOUN ouest. Nous avons été choqués par ce que nous avons vu.

L’armée Israélienne a frappé et endommagé le bâtiment, ensuite ils l’ont utilisé comme bâtiment militaire. Ils ont détruit tous les ordinateurs, les tables, les bureaux, les étagères ; aucune fourniture n’a été épargnée. Les dossiers, les classeurs du PARC et des autres organisations ont été détruits, jetés dehors et dispersés dans les champs. Ils ont aussi détruit la salle de conférence, seul moyen dont nous disposions pour joindre le PARC de Cisjordanie. Ces pertes sont estimées à 200 000 dollars. Des dizaines de projets de micro- prêts pour de petites entreprises ont aussi été détruits.

De plus,le jardin du PARC a été détruit au bulldozer. Tous les arbres, les plantations, les serres, les fontaines, les lignes électriques et autres objets agricoles ont été dévastés et détruits. Les maisons de deux membres du Parc ont été frappées. La maison du directeur général du PARC pour Gaza, ABDUL KAREM ASHOUR, a été incendiée par un obus et la maison de MASOUD KISHTA à RAFAH a été démolie.

Malgré toutes ces pertes et ces malheurs, ce matin, le PARC a loué un appartement à GAZA pour concentrer ses services et faire tout son possible.

AHMED SOURANI
PARC GAZA
Traduction A. Riela

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