Accueil > retour sur le mouvement anti-LRU à l’université paris 3, réflexion...

retour sur le mouvement anti-LRU à l’université paris 3, réflexion...

Publie le vendredi 15 janvier 2010 par Open-Publishing
2 commentaires

Savons-nous toujours manifester ?

Mal gérer la technologie n’est pas une solution viable. Il est l’heure de se lever, et des blogueurs crachent déjà leur venin sur les réformes sarkoziennes. Où allons-nous comme ça ? Nulle part.

La crise, qu’elle soit monétaire, identitaire ou même universitaire se passe principalement sur Internet. Le nombre de blogs, de groupes Facebook, etc. qui protestent de façon virulente est en constante augmentation, ces derniers temps. Est-ce une bonne chose ? Oui : on y est bien, il ne fait pas froid et on ne risque pas de se faire gazer et matraquer. Certes, je ne serai pas mauvaise langue : ces groupes maintiennent une certaine dynamique et empêchent les gens d’aller se recoucher. Mais lorsque tout se fait sur Facebook et que rien ne se fait plus dans la rue, cela ne dérange personne.

On ne peut pas imaginer les moines tibétains prônant leur indépendance sur le Net seulement, et pas dans la rue. Ni non plus les Estoniens montrant leur ras-le-bol en déplaçant une statue virtuelle de Lénine du centre de Tallinn virtuel vers un cimetière virtuel, tout cela sur Seconde Life…

Qu’est-ce qui se passe dans les rues, aujourd’hui ? Ce sont des gens qui marchent en chantant et en mangeant des merguez et criant des slogans publicitaires antigouvernementaux. L’une des chansons qui me revient à l’esprit « Dans la chambre, y’a des députés/ Qui se branlent toute la journée/ La meilleure façon de luter/ C’est bien la notre/ C’est de prendre des pavés/ Et de les balancer » répétée en boucle. C’est bien, c’est sympa, c’est « provocateur » et tout ce qu’on voudra. Mais je n’ai vu aucun pavé voler vers quoi que ce soit. Et, une fois arrivés devant la centurie de CRS en tenu de combat, se sont ces mêmes personnes qui chantaient qui sont les premiers à se volatiliser.

Rentrées chez elles pour balancer des pavés numériques virtuels. Et on se retrouve en une petite poignée d’étudiants, estimant que la grève n’est pas finie, partant en manif’ sauvage, prenant la Sorbonne, bloquant la circulation, cassant les couilles au préfet, devenant plus visible pour les médias et la population. Et où est passé le reste ? Tout ceux qui crient leur révolte ? Ils rentrent chez eux. Ils jouent du tam-tam. Ils tapent sur des poubelles. Ils sont fatigués. Ils se bourrent la gueule.

Est-ce un signe de paresse sociale, suite logique d’un certain confort ? Après plus de six semaines de « luttes » qu’avons-nous obtenu ? Rien. Sauf peut-être une image d’étudiants branleurs, de profs encore une fois pas contant et qui ne font pas se qu’ils disent. Une image de furieux inoffensifs. Et encore, si l’opinion publique en a entendu parler… Des fois, toute notre belle mascarade passe carrément inaperçue. Ça fait sept semaines qu’on continue à croire qu’on peut changer les choses en jouant aux manifestants furax.

Tout ça est connerie. Il faut se faire à l’idée que si on veut faire tomber un gouvernement, il faut être prêt à se faire casser la gueule. Commençons déjà par faire ce qu’on chante. Une manifestation pacifique, contrairement à l’idée reçue (et véhiculé par les médias, propagandistes de l’état), n’est pas une fin en soi. Certes, c’est une bonne façon de ne pas se faire traiter de racailles, le pacifisme. Mais ça ne résoudra jamais le problème.

D’un autre côté, il ne s’agit pas non plus de se mettre à tout casser, ce qui est complètement absurde et contreproductif. Une manifestation non pacifique c’est : plus de manifestations sauvages, c’est-à-dire pas d’itinéraire précis, mais une grosse marche sur les grands boulevards ; c’est plus d’occupations de lieux symboliques et économiques ; c’est de foutre le bordel de façon civilisée. Le blocage de Censier est une chose merveilleuse. Mais c’est inadmissible que Jussieu soit ouvert.

Ward Stradlater

Messages

  • la violence légitime face à celle légale, ne peu etre comprise que par ceux qui l’a subisse dans leur vie.
    dans ce cas là, de ce point de vu, ce n’est plus de la violence mais de la légitme défense.
    laissons le pacifisme à ceux qui se paient le luxe d’avoir un vie suffisament douce pour etre "civilisé"

  • Même a Censier on ne savait pas trop quoi faire ; certes le blocage a tenu sans violence ni vrais problèmes, mais nous nous sommes plus occupés a bloquer qu’a utiliser le lieu. Nous étions si peux a avoir un esprit d’initiative qu’organiser autre chose était a chaque fois une gageure.

    Mais c’est vrai que malgré cela, il y a avait une petite fierté a maintenir cette forme d’action sans violence, a pouvoir la justifier sans insulte, a arriver a organiser des micros manifs, faire des petites lectures publiques. Mais tout cela est trop peu, et la faute en incombe aux moyens, et particulièrement aux moyens humains.

    Les communicants ayant vidés les mots de leurs sens, les termes lutte, bonheur, peuple et tellement d’autres ont étés vidés de leur sens. Les orateurs de demain doivent réinventer le dictionnaire de la persuasion, et ne jamais oublier que ceux qu’ils doivent convaincre n’ont pas la même dialectique.
    Donc même si j’ai vécu de belles et bonnes choses sur le blocage de Censier, l’absence de résultats probants (ainsi que la torpeur de cette année, où les profs et les élèves sont rentrés à la niche) m’empêche de qualifier tout ceci de merveilleux. Espérons un troisième round anti LRU d’ici peu. En tout cas avant la fin du mandat présidentiel. Et n’oublions pas que les revendications de base sont l’abrogation de la LRU.

    Petite info complémentaire : c’est quant même une des têtes les plus connue de "sauvons l’université" qui est venu enterrer le blocage de censier. Au vu de leurs actions, de l’absence de soutien de SLU face aux méthodes étudiantes, la rapidité des transferts des président(e)s de SLU et SLR vers le PS, leur façon de noyauter les AG, les CNU et les médias, il devient évident que le loup est dans la bergerie, et qu’il faut vite le faire sortir. Sauvons l’université est le tombeau de la protestation étudiante.
    Cela ne fut guère difficile