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L’Eglise catholique dénonce l’utilisation contre le pape des scandales pédophiles

Publie le samedi 27 mars 2010 par Open-Publishing
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de Stéphanie Le Bars

Face aux attaques dont est l’objet le pape Benoît XVI au fil des révélations de nouveaux scandales de pédophilie au sein du clergé, notamment aux Etats-Unis et en Allemagne, l’Eglise catholique fait front. Ces derniers jours, les épiscopats européens et des responsables du Vatican ont apporté leur appui au pape.

Vendredi 26 mars, les évêques français lui ont adressé "un cordial message de soutien", déplorant "une campagne pour s’attaquer à [sa] personne". "Nous sommes confrontés à un problème qui concerne toute notre société et pas seulement l’Eglise", écrit par ailleurs le président de la conférence épiscopale Mgr André Vingt-Trois. "Nous aurions été intéressés de voir d’autres institutions faire un travail équivalent au nôtre", en termes de prévention et de formation.

Dans le quotidien britannique The Times, le même jour, le chef de l’Eglise catholique, d’Angleterre, Mgr Vincent Nichols a jugé "injustes" les accusations contre le pape, évoquant notamment la directive de 2001, qui demande aux évêques de faire remonter tous les cas de pédophilie à Rome.

"VOLONTÉ DE SALIR LE PAPE"

Le journal des évêques italiens Avvenire, a aussi dénoncé vendredi la "lapidation", "la frénétique volonté de salir le pape". Le président de la conférence épiscopale italienne, Mgr Angelo Bagnasco, avait déclaré, lundi 22 mars, que, si "elle ne redoute pas la vérité, aussi douloureuse et détestable soit-elle, l’Eglise n’accepte pas la généralisation des campagnes visant à la discréditer".

Mgr Tarcisio Bertone, le numéro deux du Vatican, a de même jugé que "certains cherchent à miner la confiance des fidèles en l’Eglise". Adjoint de Benoît XVI lorsque ce dernier était à la tête de la Congrégation de la doctrine de la foi de 1982 à 2005, Mgr Bertone a été mis en cause dans l’article du New York Times du 23 mars, qui a révélé qu’un prêtre coupable d’actes de pédophilie sur plusieurs dizaines d’enfants sourds avait échappé à toute sanction grâce au silence du Vatican. Le porte-parole du Vatican a souligné que la Congrégation n’avait été saisie de cette question qu’à la fin des années 1990, soit "deux décennies après les faits".

Le journal du Vatican, l’Osservatore Romano, a dénoncé le 24 mars "une ignoble tentative pour atteindre par tous les moyens le pape et ses plus proches conseillers", soulignant par ailleurs "la transparence, la fermeté et la sévérité" de la politique du pape actuel sur les affaires de pédophilie.

La situation de Benoît XVI est paradoxale : jamais avant lui un pape n’était allé aussi loin dans la dénonciation de ces "crimes ignobles" : il a reçu des victimes d’abus sexuels aux Etats-Unis et en Australie et s’est déclaré prêt à de nouvelles rencontres ; samedi 20 mars, dans sa Lettre aux catholiques d’Irlande, il a reconnu la responsabilité de la hiérarchie catholique, en l’occurrence irlandaise, dans l’étouffement des affaires ; c’est lui aussi qui, en 2006, en rupture avec l’attitude de Jean Paul II, a pris le risque de fragiliser l’un des mouvements les plus dynamiques de l’Eglise, les Légionnaires du Christ, en demandant à son fondateur, le Père Marcial Maciel, coupable d’abus sexuels sur des séminaristes et sur ses propres enfant, de se retirer.

L’ampleur des abus révélés et l’intransigeance, depuis une quinzaine d’années, des opinions publiques face à ces crimes, ont amené le Vatican à réagir. S’il paraît improbable que Benoît XVI puisse classer ce dossier, il reste à savoir quelles réponses il peut apporter aux victimes, quelles sanctions il peut réserver aux coupables, et quel peut être son message pour restaurer la crédibilité de l’institution.

http://www.lemonde.fr/europe/article/2010/03/27/l-eglise-catholique-denonce-l-utilisation-contre-le-pape-des-scandales-pedophiles_1325016_3214.html

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