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AVANT LA TEMPETE, UNE INONDATION DE PERMIS DE CONSTRUIRE

Publie le samedi 3 avril 2010 par Open-Publishing
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UN RAPPORT MONTRE COMMENT LA COMPLICITÉ DES DÉPUTÉS ET MAIRES UMP ASSOCIÉS À L’AVIDITÉ DES BÉTONNEURS DU LITTORAL ONT DIRECTEMENT CAUSÉ LA MORT DE 53 PERSONNES A LA FAUTE-SUR-MER

Par libertesinternets

Et Sarkozy qui veut nous faire croire que c’est « la faute à pas de chance » ou bien la faute à des petits retraités inconscients qui ont construit leur maison là où il fallait pas… mais bien sûr !

AVANT LA TEMPËTE, UNE INONDATION DE PERMIS DE CONSTRUIRE

[Didier Hassoux - Le Canard Enchainé - 31/03/2010]

Un mois après « la catastrophe nationale » du 28 février, Sarko vient de recevoir le prérapport d’une enquête qui cherche à établir « les responsabilités »dans la mort de 53 personnes sur le littoral atlantique. Réalisée par les services de l’Intérieur, de l’Environnement et des Finances, cette enquête est qualifiée d’ »explosive »par un conseiller élyséen. Pour l’Etat comme pour les collectivités locales. La version définitive devrait parvenir dans la première quinzaine d’avril, et « finir sur le bureau d’un juge « , pronostique le même conseiller. Il reviendra alors au magistrat d’établir si des intérêts financiers, touristiques ou électoraux ont prévalu sur la sécurité des personnes et des biens.

Le 8 octobre 2001, presque neuf ans avant le passage de la tempête Xynthia, Dominique Caillaud. député (UMP) de Vendée, adressait une belle lettre au préfet du département, un certain Jean-Paul Faugère (aujourd’hui directeur de cabinet de François Fillon). L’élu y plaidait en faveur de la municipalité de La Faute-sur-Mer (1 000 habitants l’hiver, 40 000 l’été) car l’État venait d’ordonner la fermeture du camping municipal, La Côte de lumière, installé illégalement sur le domaine maritime. Une décision « prise au motif que la zone concernée présenterait un risque d’inondation par rupture de digue« . Or, écrivait le parlementaire, « il semblerait qu’aucun incident de ce type ne se soit jamais produit et que ce risque soit nul« . En conséquence, le député « serait très heureux » si le préfet « reconsidérait sa décision ».

Trois ans plus tard, le même Caillaud recevait l’audacieux soutien du sénateur (UMP) Jacques Oudin. Le 16 septembre 2004, ce dernier, président-fondateur de l’Association des élus du littoral, adressait un courrier à la sous-préfète des Sables d’Olonne pour lui recommander d’autoriser la municipalité à étendre son activité touristique sur le domaine public maritime. Et, en expert patenté des zones inondables, il ajoutait : « Actuellement, le camping de La Faute-sur-Mer se trouve parfaitement protégé de toute menace de submersion maritime. »

Le 28 février dernier, le camping a été dévasté. L’actuel préfet, Jean-Jacques Brot, un gaullo-chiraquien fort en gueule, en poste treize jours avant le drame, a ordonné son évacuation et sa fermeture définitive, aux frais de la ville, d’ici au 15 avril. Pour l’instant, ni le député Caillaud ni le sénateur Oudin ne s’y sont opposés… Le premier estime même que les mesures devraient être plus rapides et plus vigoureuses.

Avec un inoxydable aplomb, le 23 mars, Dominique Caillaud interroge le ministre de l’Ecologie, Jean-Louis Borloo. Des trémolos dans la voix, le parlementaire fait d’abord part, « au nom des sinistrés« , de ses remerciements à la nation tout entière, pour la « solidarité » manifestée après la catastrophe. Puis, soucieux que pareil drame ne se reproduise pas, il demande « l’accélération de la mise en place des plans de prévention des risques d’inondation », une procédure administrative qui existe depuis 1995, mais dont certaines communes font tout pour retarder la mise en place. Pour un peu, il dénoncerait l’action nuisible d’un certain Caillaud Dominique. Un élu qui se mouille pour ses administrés, on verse une larme…

Non loin du camping se trouve « la cuvette de la mort« , selon la formule du préfet Brot. L’endroit longe le Lay, l’estuaire qui se jette dans l’Océan. Avant le 28 février, c’était un lotissement, appelé Les Doris. Depuis, l’endroit ressemble à un village fantôme, maisons ouvertes, détritus sur les pas-de-porte. Ici. Xynthia a tué vingt-neuf fois.

L’autorisation de lotir en contrebas de la digue a été signée par le maire. Rene Marratier, le 1er octobre 1999. La délibération du conseil municipal date, elle, du 11 juillet 1996. Elle confie à une association foncière urbaine la construction et la gestion de ce futur paradis pour retraités et petits investisseurs immobiliers. Françoise Babin, première adjointe, chargée de l’urbanisme, est justement membre de cette association. Le compte rendu de cette réunion du conseil municipal précise qu’ »étant directement concernee » l’élue « quitte la salle et ne prend part ni à la discussion ni au vote« . Une probité qui mérite un ouragan d’applaudissements.

Mais Françoise Babin ne prendra pas toujours les mêmes précautions lorsqu’elle signera les permis de construire dans ce lotissement. « Le Canard » en a retrouvé quelques-uns. L’adjointe a également distribué généreusement des permis à d’heureux propriétaires du lotissement voisin, baptisé Les Voiliers. Il se trouve que son fils, promoteur immobilier dans le civil, y possédait tous les terrains.

Le 21 décembre 2007, par exemple, un permis est accordé à une famille pour construire sur le lot N° 29 (de 392 m2) une maison individuelle de 118 m2. L’acte est validé par les services de la préfecture. Pourtant, on peut y lire en toutes lettres : « Le terrain est zone bleu foncé », c’est-à-dire situé « dans une zone d’aléa moyen à fort de submersion marine ». Le 28 février dernier, deux adultes et deux enfants ont péri noyés dans le pavillon du lot N° 29.

A La Faute-sur-Mer, comme dans la commune voisine de L’Aiguillon, le plan de prévention du risque inondation qui aurait bloqué la folle urbanisation n’est toujours pas entériné. Depuis 2001, les municipalités, à la faveur de longues procédures juridiques, courriers dilatoires, réunions de conciliation, retardent son adoption.

En 2007, l’Etat semble se réveiller et tente de forcer la mise en place du plan de prévention. Ce qui énerve le maire, René Marratier. Celui-ci écrit au préfet de Vendée, le 14 mars 2007, et conteste que telle ou telle partie du territoire soit classée en « zone rouge », donc inconstructible ou à démolir. Au sujet du lotissement Les Doris, alors en plein développement, et aujourd’hui dévasté, il apostrophe ainsi le représentant de l’Etat, qui menace d’interdire toute nouvelle construction : « Avez-vous pensé aux propriétaires pour qui ces terrains représentent (sic 1) le fruit d’une vie de travail et qui, du jour au lendemain, n’ont plus rien ? N’y a-t-il pas là purement spoliation des biens en question ? » Xynthia s’est chargée de la « spoliation » en emportant quelques vies…

Le 19 juillet 2007, c’est au tour du préfet, Christian Decharrière, d’envoyer une bafouille au maire. Le représentant de l’Etat refuse l’extension du camping municipal. « L’aléa de rupture de (la digue de protection) demeure et expose le site à un risque fort », explique le préfet. Un an plus tard, dans un rapport prémonitoire, la Direction départementale de l’équipement prévient : « La rupture des digues sur ce secteur engendrerait des dégâts majeurs aux biens et aux personnes. »

Que faire devant une telle menace ?

Rien : lotissements, campings, villas ont attendu sagement le passage de la tempête.

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