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Rapport préliminaire sur les perspectives d’action...

Publie le lundi 5 mai 2003 par Open-Publishing

Rapport préliminaire sur les perspectives d’action contre le G8 d’Evian

Pour empêcher la contestation lors du prochain sommet du G8 début
juin, la présidence française a choisi la station thermale d’Evian.
Après avoir exploré les lieux et consulté de nombreux experts, la
Commission Opérationnelle des Noctambules Topographes pour des
Rassemblements Extraordinaires (C.O.N.T.R.EX.) présente ici une
première évaluation des perspectives d’action pendant le sommet.

Commission Opérationnelle des Noctambules Topographes pour des
Rassemblements Extraordinaires

OBJET

Pour empêcher la contestation lors du prochain sommet du G8 début
juin, la présidence française a choisi la station thermale d’Evian.
Après avoir exploré les lieux et consulté de nombreux experts, la
Commission Opérationnelle des Noctambules Topographes pour des
Rassemblements Extraordinaires (C.O.N.T.R.EX.) présente ici une
première évaluation des perspectives d’action pendant le sommet.

CONCLUSION

Coincée entre des montagnes, un lac et deux frontières Evian a été
choisi à cause de sa situation géographique : la ville est isolée, et
l’unique grande voie d’accès est facile à bloquer. Cependant, les
organisateurs du G8 ont oublié une chose - la ville est isolée et
facile à bloquer.

DISPOSITIF

La région d’Evian sera divisée en quatre zones : une "rouge" pour les
trois hôtels où se déroulera l’essentiel du sommet. Une "zone 1",
correspondant à la ville d’Evian, accessible aux personnes
autorisées. Une "zone 2", représentant une bande côtière de 2km sur
15, dans laquelle on trouvera notamment le centre de presse. Et une
"zone 3", en secteur rural, soumise à un "contrôle important".
L’armée de l’air constituera une bulle aéronautique au-dessus du
secteur d’Evian, et la marine et la gendarmerie auront en charge la
surveillance du lac Léman.

Une grande manifestation sera sans doute autorisée en dehors de ce
périmètre, à plusieurs dizaines de kilomètres d’Evian.

BLOCUS

Dans cette situation, il est désormais techniquement impossible
d’envahir le lieu du sommet comme à Seattle. Si nous voulons
continuer à perturber directement ces réunions internationales, il
nous faut changer de tactique.

Dans cette perspective, nous proposons d’organiser le blocus du G8.
Un blocus consiste à intercepter ou à couper les communications de
l’adversaire. L’idée est d’isoler les 8 du reste du monde,
symboliquement et concrètement. Et aussi de bloquer la circulation
des marchandises et des différents flux marchands qui, elle, ne
connaît pas de zone rouge. Cette tactique commune peut se décliner
sous des formes très diverses selon les différents groupes
d’affinités qui participeront au contre-sommet.

SCENARIO

Fin mai - Mise en place d’un camp dans la région d’Evian. Echafauder
des plans, monter des stratégies et mettre en place des ateliers. Les
participants pourront apprendre des savoir-faire indispensables, par
exemple comment transformer une vache en pancarte mobile en utilisant
de la peinture hypoallergénique, comment déplacer des blocs de pierre
de 2 tonnes avec la technique des bâtisseurs de pyramide, ou encore
comment faire un lâché de tracts en parapente.

Vendredi 30 mai - A partir du jeudi (jeudi de l’ascension, férié),
les manifestants commencent à affluer. Cette fois, nous n’avons pas
attendu que les polices européennes nous bloquent aux frontières. Les
abords de la frontière franco-suisse se hérissent de faux douaniers
et de faux postes de contrôle : les convois de marchandises sont
interceptés, des dizaines de valises d’argent sale sont saisies dans
la journée, les petits-fours destinés la cérémonie d’ouverture sont
réquisitionné et redistribués à la collectivité par le « cocktail
bloc ».

Le soir, des milliers de teuffeurs de toute l’Europe affluent pour
une fête sauvage (NB : cela signifie des centaines de voitures, voir
plus bas).

Samedi 31 mai - Les 8 quittent St Petersbourg où ils assistaient aux
cérémonies du tricentenaire de la ville. Les avions de Bush, de
Poutine et des autres arrivent dans l’après-midi au dessus de
l’aéroport de Genève. Au même moment, le tarmac de l’aéroport est
envahi, la piste est enduite de chocolat dérapant, des colombes sont
lâchées devant la tour de contrôle : effrayé par les hippies suisses
et leurs volatiles, air force one se déroute sur une base militaire
secrète de l’Oklahoma.

Quelques chefs d’Etat ayant cependant réussi à atterrir, le plan B
est enclenché. Les équipes d’Ewoks et de robins des bois qui se
nourrissaient de racines depuis une semaine peuvent enfin sortir de
leurs cachettes et se couler les bras dans le béton pour bloquer la
route. Grâce au training intensif de Reclaim The Streets, les
manifestants maîtrisent parfaitement les techniques du « road
blocking » : des tripodes s’érigent, des barrages festifs coupent
toute communication entre Evian et l’aéroport. Dans le même temps,
les véhicules des teuffeurs lancent une opération escargot et
engorgent complètement les routes de la région, paralysant ainsi les
cars de CRS. Pris dans les embouteillages, les traducteurs officiels
se laissent prendre par la fête et deviennent bénévoles pour
indymédia. Bush, qui a fini par rejoindre Evian en sous-marin
nucléaire, s’empiffre nerveusement de bretzels dans sa chambre
d’hôtel en se demandant ce que font les autres.

Dimanche 1er juin - Lundi 2 juin - En même temps que s’ébranle le
cortège de la grande manifestation, les cyberactivistes entrent en
action : le site officiel du G8 tombe en carafe, les communications
du centre de presse sont brouillées, une émission pirate remplace la
retransmission de la cérémonie d’ouverture par cinq heures de
télé-achat. La campagne d’embargo politique porte ses fruits : les
ONG invitées à servir de caution morale au G8 claquent la porte, et
l’envoyé de l’Elysée qui voulait pavaner au forum social repart avec
des plumes et du goudron.

A l’issue de la manifestation, les participants organisent la mise en
quarantaine du G8. Les barrages se transforment en barrières
d’isolement sanitaire, des équipes en blanc établissent un périmètre
de sécurité, le terrain est signalisé par des panneaux de danger, les
journalistes qui sortent de la zone officielle sont invités à se
soumettre à des tests de contamination.

APPEL

La CONTREX, à l’issue de cette analyse de la situation, en appelle
solennellement à la mobilisation de toutes et tous pour mettre en
oeuvre cette opération. Nous devons enrayer la contamination du monde
par les forces du très puissant G8. Nous, qui sommes sans pouvoir et
sans armes, devons porter à cette cérémonie toute la richesse de
notre créativité, notre temps, notre envie de fête, nos désirs et nos
couleurs, même nos peurs et nos angoisses, qui sont les seuls remèdes
avérés contre ces 8 microbes qui ont décidé de s’installer dans les
vallées alpines. Il est urgent de protéger les arbres, les vaches,
les fées et les lutins, les lacs et les rivières, les robins des bois
et les joueurs de cor, bref tous les merveilleux habitants de la
planète contre ce danger.

Version originale
http://www.g8d.ras.eu.org/g8/article.php3?id_article=2

Version anglaise
http://www.g8d.ras.eu.org/g8/article.php3?id_article=13