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Le pouvoir est à la rue

Publie le vendredi 29 octobre 2010 par Open-Publishing
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Deux millions de Français encore, ce 28 octobre 2010, tous ensemble sur tout le territoire, à clamer leur exigence du retrait de cette loi inique qui a fusillé leurs retraites. C’est énorme, tout simplement.

Après la loi, après le matraquage médiatique et policier, après un nombre d’appels à mobilisation record, les Français étaient toujours présents. Des tréfonds de leur citoyenneté, de leur dignité, de leur indépendance et de leurs valeurs les plus enracinées, les français se sont encore mobilisés pour dire NON.

Qui pourra dire qu’il n’y a pas là-dedans quelque chose de noble ?...Qui pourra oser le dénigrement de cette lutte acharnée contre la résolution têtue d’un pouvoir qui emploie tous les moyens pour ne pas entendre, pour refuser l’évidence du rejet de sa régression et pratiquer un actif déni contre des Français de tous âges qui ne demandaient finalement, au départ, qu’une véritable négociation sur un projet dont les objectifs, les modalités et les résultats leur paraissent inacceptables ?...

C’est évidemment quelque chose d’autre qui se joue dans le cœur des Français, aujourd’hui. L’intransigeance d’un pouvoir au-delà de toute raison et de toute justice mène les esprits à des conclusions amères autant que plus générales.

Placés devant une réforme qu’il n’acceptent décidément pas, les Français sont absolument conduits à regarder les responsables sur la durée. Une durée qui n’accorde aucun répit aux yeux dessillés.

Les réformes aussi bien économiques que politiques n’ont été qu’une succession d’échecs. Echecs que des rapports entérinent, les uns après les autres. Sur le front de l’emploi, du social, de la justice, de la santé, de la sécurité, de l’énergie, de la citoyenneté et de la répartition des richesses, le pouvoir sarkozyste advenu en 2007 a failli, complètement et irrémédiablement failli. Mieux, les prétendues réformes ont aggravé la situation, conduisant le pays dans une spirale d’inégalité, de chômage et de disparition du filet social sans précédent.

Se pose aujourd’hui tout simplement la question de la conduite générale des affaires, par un pouvoir aussi manifestement incapable non seulement de proposer des solutions à la mesures des enjeux, mais totalement déterminé à poursuivre dans la voie d’un ultra-libéralisme dont les conséquences chaque jour apparaissent aux fançais dans toute leur horreur.

La France, dans sa très grande majorité, refuse l’équipe comme les dirigeants, jette le bébé avec l’eau du bain. Les sondages, leur direction univoque compensant leur fiabilité relative, l’indiquent sans ambiguïté.

Deux conclusions sautent aux yeux, si l’on suit ce fil qui conduit l’amertume d’une réforme imposée à la détestation d’une politique et des individus l’imposant pour une conduite générale du pays tout à fait néfaste.

Nicolas Sarkozy de Nagy-Bocsa incarne la dérive que nous subissons. Il l’a pensée, conduite et imposée. Celle des équipes qui ont appliqué successivement et avec un même zèle ses directives est tout à fait majeure.

A l’institution parlementaire incombe un rôle déterminant dans cette déroute. Elle a permis que le processus se prolonge, inchangé, conforté par des années d’acquiescement. En ignorant, en acceptant l’existence de procédures de contrôle inexistantes, d’élus à la volonté captive, de moyens de riposte citoyenne absents ou empêchés.

Cette situation a dû clairement apparaître aux yeux des hommes, au cœur de l’appareil, qui nous ont dépossédé de notre pouvoir, qu’ils soient du côté de la majorité ou de l’opposition. Rien de significatif n’a pourtant été fait par les personnels élus et responsables divers, tant au plan de la dénonciation forte et globale d’une crise de gouvernement majeure - s’ajoutant à une crise économique mondiale également considérable -, que des actions pouvant amener à un changement rapide, profond et déterminé de la direction prise par le système.

Les Français sont bien obligés maintenant, dans l’urgence d’un appauvrissement général et annoncé par certaines voix marginalisées, de constater que le pays est en proie à une triple crise.

Crise du leadership, crise des réformes, crise des structures institutionnelles, tout cela débouchant actuellement sur une crise morale qui n’est que la traduction instantanée et humaine d’une perception obscure mais certaine de la triple défaillance pointée.

Il faut lucidement ajouter à ce constat terrible que les chiffres des salaires, revenus et mobilité sociale ascendante marquent une nette progression pour une minorité de personnes. Lesquelles possèdent déjà situations, biens et réseaux leur assurant la possession et la domination de tous les leviers du pays, avec une assurance que rien ni personne ne semble vouloir contester réellement.

En conséquence, il serait fort aventureux de penser que la détermination et le nombre, la volonté et le refus exprimés dans les multiples manifestations qui ont marqué les derniers mois, dans les grèves qui persistent partout, dans les opérations coups de poing que lancent les salariés à tout moment, vont soudainement s’évanouir.

Il serait même risible de croire que la prise de conscience taillée dans les exigences foulées aux pieds va laisser place à une acceptation tranquille, une résignation bon enfant qui demandera juste le retour à une espèce de normalité, pour attendre paisiblement le point de non retour.

TAIMOIN.

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Messages

  • Et, en attendant, on réprime :

    Retraites. Le cheminot CGT de Saint-Nazaire (44) reste incarcéré

    Le 24septembre dernier, Jérôme, un jeune cheminot CGT nazairien, était condamné à deux mois de prison et incarcéré à Nantes pour avoir lancé un projectile sur les policiers lors de la manifestation de la veille. La cour d’appel de Rennes a confirmé, mercredi, le placement sous mandat de dépôt et rendra mardi prochain son arrêt sur le fond. Son procès en appel, mercredi après-midi, a mobilisé 300 manifestants de la CGT, des cheminots venus de Loire-Atlantique et des militants du collectif rennais contre la réforme des retraites, qui se sont massés devant le parlement de Bretagne. On saura le 3novembre si la cour confirme ou non le jugement du tribunal de Saint-Nazaire, sur la culpabilité et sur la peine.

    Le télégramme 29/10