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L’AVENIR DES RELATIONS INTERNATIONALES : Où va le monde musulman ?

Publie le jeudi 30 décembre 2010 par Open-Publishing
11 commentaires

La question de la culture et du dialogue des cultures est primordiale pour faire reculer l’ignorance.

Après une décennie du nouveau siècle, il est temps de se poser des questions sur l’avenir. De nombreux observateurs à travers le monde se posent la question : où va le monde musulman, composé de 57 pays et plus d’un milliard et demi de musulmans présents aux quatre coins de la planète ? Ce monde hétérogène, qui s’étend sur trois continents, semble prendre la figure du dissident face à l’Occident, dont il est proche, et échappe aux grilles de lectures classiques.

Les préjugés à son égard sont tenaces, alors que l’Occident classique a été judéo-islamo-chrétien et gréco-arabe. Les citoyens occidentaux de confession musulmane sont des ponts et des traits d’union pour le vivre-ensemble qu’il faut valoriser. Des intellectuels occidentaux continuent pathologiquement et arbitrairement de faire croire que « la guerre » est à l’origine de l’irruption de l’Islam dans l’histoire et que la violence lui est consubstantielle. La propagande cherche à faire croire que les éléments incompatibles avec le progrès lui sont enracinés. Ces contre-vérités nuisent aux bonnes relations. L’Algérie est le pays pont, trait d’union entre le Nord et le Sud, entre l’Est et l’Ouest, le plus apte à apaiser les relations internationales.

Accepter la critique

Le monde musulman apparaît comme le sous-développé politique et en même temps celui qui porte en lui une autre version de l’humain ; selon les musulmans, vivante, équilibrée et résistante. Héritier d’une civilisation lumineuse, témoin d’une spiritualité vivace, il est traversé par, d’un côté, l’immobilisme et des courants rétrogrades et, de l’autre, par des mouvements de la dilution et la dépersonnalisation fascinés par l’occidentalisation. Aucun d’eux ne représente l’avenir. Nous sommes confrontés aux extrêmes. C’est un combat entre l’ouverture, la mesure et à l’opposé, la fermeture, la démesure. Nous devons nous impliquer par amour de la patrie et retrouver le goût de la culture et de la créativité.

Le monde musulman se veut la communauté du juste milieu, ni tourner le dos au monde, sous prétexte que l’Au-delà est la vraie vie, ni se laisser aliéner par lui, sous prétexte qu’il faut assouvir nos besoins illimités. L’Algérie, attachée à la notion de souveraineté, ayant payé le prix le plus lourd pour son indépendance, est un des pays ponts qui représentent la ligne médiane, même si son niveau de développement ne correspond pas encore à ses immenses potentialités.

La culture de l’Algérie, un des plus beaux pays au monde, est celle de la dignité, de l’hospitalité et de la résistance. Près de cinquante ans après l’Indépendance qui n’a pas réalisé toutes ses promesses, même si au niveau de la culture, de l’éducation et de l’enseignement elle a évolué de façon considérable du point de vue quantitatif, ces secteurs-clés nécessitent davantage de développement et n’ont pas encore atteint le niveau escompté. L’Algérie de 35 millions d’habitants dispose d’une richesse humaine de 9 millions d’élèves dans les écoles et près de 1,5 million dans les universités. Notre pays est seulement en attente d’une dynamique fondée sur le bond qualitatif, après les efforts louables d’édification. Par la culture et la maîtrise de la science, la voix de l’Algérie, forgée par l’Appel de Novembre, sera encore plus forte, aux côtés d’autres grandes nations.

Le drame sur le plan international réside dans le fait que depuis 1989, la chute du mur de Berlin, le monde musulman est dans l’oeil du cyclone, perçu comme une source de « menaces ».

L’instrumentalisation de la religion, les archaïsmes conjoncturels et les dérives apportent de l’eau au moulin à cette propagande injustifiable. C’est intenable. Le monde musulman, les prochaines années, doit sortir de cette situation. D’autant que des expériences crédibles de développement sont visibles, comme en Turquie, et que des positions géostratégiques et des richesses ne sont pas un mirage comme en Algérie.

Le monde dominant, aussi puissant soit-il, est décadent. Ce qui complique la situation du monde musulman confronté ainsi à des défis internes et externes. Des médias et des courants d’opinions en Occident, mal-intentionnés, amplifient la peur pour faire diversion aux problèmes structurels de l’ordre dominant et imposent l’idée de citadelle. L’Islam joue un rôle de révélateur des impasses de notre temps.

Cependant, il nous faut accepter la critique, d’autant que l’horizon semble fermé et la démission est la conduite actuelle. L’opinion publique et des observateurs s’interrogent. Ils se demandent si le phénomène de repli est une lame de fond, ou si la raison et le progrès culturel et scientifique vont l’emporter ? Mais ils oublient que le repli est le résultat des manipulations et instrumentalisations, le produit des contradictions de notre temps, une responsabilité partagée.

Le vide culturel interne, la crise de l’Ecole et les injustices, mais aussi les inégalités secrétées par les despotismes et le système mondial, la politique des deux poids, deux mesures et les dérives de la modernité consumériste qui déshumanisent, produisent tous ensemble un malaise moral, des réactions obscurantistes et de la violence sociale. Les deux mondes, Orient-Occident, tellement liés et imbriqués, doivent s’interroger sur les difficultés propres à chacun et sur les problèmes et défis de l’humanité. Nul ne pourra tout seul faire face aux incertitudes.

Au lieu de voir dans le monde musulman « le nouvel ennemi » réfractaire au progrès, il est urgent de changer, de comprendre qu’il est capable de contribuer à la recherche d’une nouvelle civilisation, comme par le passé. Il dispose de valeurs et de richesses. Le Monde arabe, figé, retrouvera son équilibre s’il sait oeuvrer, dialoguer et se faire entendre. Ni imitation d’un mauvais Occident, ni imitation d’un mauvais Orient, mais synthèse et articulation raisonnable entre authenticité et progrès, entre l’autonomie de l’individu et le vivre commun, symbiose entre science et éthique, entre le spécifique et l’universel.

Trois priorités

Le Monde musulman doit assumer trois priorités. Sur le plan scientifique, moderniser l’Ecole, la formation, l’éducation, l’enseignement, la culture, donner la priorité absolue à ces questions, pour progresser et faire reculer le chômage, l’incivisme, la pauvreté et les intégrismes. En conséquence, multiplier les possibilités de cultiver, axer l’aide sur la formation sous toutes ses formes est un chemin incontournable. La jeunesse de nos pays a soif de connaissances.

Sur le plan économique, le poids de la bureaucratie, la faiblesse de la culture de l’entrepreneuriat pour produire des richesses, des instruments de régulation pour protéger les faibles et la division internationale du travail, conception au Nord, exécution partielle au Sud, constituent des problèmes de fond. Il s’agit d’éviter le repli et le libéralisme sauvage.

Au plan politique, l’espérance est réelle, malgré des critiques, il faut rester constructif, car le développement dépend de la bonne gouvernance et du renouvellement des élites, pour sortir de l’usure et liquider la mauvaise gestion. L’urgence c’est l’arrêt de toutes les formes d’incompétence et de remobiliser la jeunesse qui prendra conscience que l’avenir est dans nos pays. Tous les jours, des cadres prouvent leur engagement, leur intégrité et leur compétence. Le potentiel existe.
Sur le plan des relations internationales, les problèmes cruciaux qui retardent le développement sont : la volonté d’hégémonie et de domination du monde fondée sur la loi du plus fort et l’ivresse de la logique unipolaire ; la mise en oeuvre d’une idéologie néoconservatrice au service d’intérêts à courte vue, dont le contrôle sur les sources d’énergie est un des aspects ; diversion par rapport aux problèmes politiques et économiques du monde.

Face au désordre mondial, à la pérennité de la logique d’un centre qui exploite la périphérie, face aux terrorismes transnationaux et à la pauvreté, nous pouvons diverger sur les méthodes pour les résou-dre, mais nous différons surtout sur l’évaluation des causes et l’identification des responsabilités, car les inégalités et les sources de la pauvreté et de la violence aveugle sont multiples. Sans jamais justifier les dérives, il y a lieu de s’attaquer à leurs causes profondes. La mondialisation est dominée par l’américanisation, même si des puissances nouvelles émergent. Le Monde arabe doit revoir sa relation incontournable avec l’Europe et les USA. Il est important d’insister sur le fait que le peuple américain est un peuple ami et la nation américaine une grande nation.

Le monde entier a besoin de la stabilité et de la crédibilité de la première puissance ; notre avenir, en partie, en dépend. Les USA, ne l’oublions pas, sont héritiers du siècle des Lumières et attachés aux valeurs de liberté. Ce qui inquiète ce sont des aspects de leur politique étrangère, tant sur le plan des actes unilatéraux que sur celui d’une vision fondée sur le double standard. Notre démarche, par attachement aux principes de la démocratie universelle, est de continuer à dire à nos amis américains : nous souhaitons renforcer nos liens, favoriser la prééminence du droit international, notamment culturelle, commerciale et économique. Ce qui nous ne dispense pas de dire que nous ne sommes pas d’accord sur ce qui se passe en Palestine. Tout comme nous ne cesserons pas de répéter à l’opinion internationale que l’extrémisme est l’anti-Islam. L’heure n’est pas à l’amalgame, mais à l’alliance entre tous les pays et tous les citoyens du monde épris de liberté, de justice et de paix, quelles que soient leurs religions et leurs cultures. La question de la culture et du dialogue des cultures est primordiale pour faire reculer l’ignorance, source de tant de maux. La mondialisation est inégale et contredit toutes les cultures traditionnelles, notamment au vu de l’économisme fondé sur l’exploitation exponentielle de toutes les ressources, sans tenir compte des critères éthiques, culturels et écologiques. Situation qui porte atteinte à l’écosystème et transforme les cultures et traditions en folklores coupés du mouvement de la vie. Même si la complexité de l’époque et le poids de la mondialisation sont immenses et que le monde musulman reste matériellement faible, il résistera encore face à la deshumanisation et aux injustices. Reste à ce que cette résistance soit coopérative et réfléchie et non sauvage et subjective. Le monde musulman, s’il se réforme, favorisera l’humanisme et le pluralisme dans les relations internationales. De source apparente de menaces, il sera enfin compris comme partenaire salutaire.

Il peut former des êtres humains qui ont un sens ouvert de la vie, l’éthique, capable de tenir face au monde désignifié et consumériste, face à la marchandisation, aux remises en cause des fondements de l’humanité. Mais il n’y a pas d’avenir si la créativité, la critique constructive de soi et de l’autre et l’ouverture au changement ne sont pas mises en oeuvre.

La mondialité, la modernité, la mondialisation s’appuient sur des moyens décisifs et incontournables de la science et de la technique ; assumons-les, tout en actualisant notre sens de l’éthique et de l’humain. Relever les défis de manière autocritique, logique, permettra de se désenclaver, de corriger nos dérives et celles de notre temps, dans l’échange, le dialogue et le respect de la différence.

Il est vital de réfléchir et travailler ensemble, investir en commun, partager des richesses et montrer que nul n’a le monopole du progrès et de la raison. Il reste un avenir, si on se souvient qu’unité et diversité et paix et justice sont inséparables. Win-Win devrait être le mot d’ordre pour tous nos actes. Le devenir est commun.

(*) Spécialiste du dialogue des civilisations

www.mustapha-cherif.net

Mustapha CHÉRIF (*)

http://www.lexpressiondz.com/article/8/2010-12-30/84385.html

Messages

  • le découpage du monde ne se résume pas à ce que tu dis.

    Ainsi, par exemple il existe des traits communs à l’aire méditerranéenne (place de l’accueil de l’étranger, la culture de l’échange dont un des petits morceaux a contribué à une tradition profonde de commerce multi-millénaire, place de la mère, etc) qui fait qu’il existe un sentiment de compréhension entre des italiens, des grecs, des libanais, des palestiniens, des juifs palestiniens, des égyptiens, des Algériens, des Marocains, des Français (les pieds noirs malgré la relation coloniale ont été saturés par la chaleur méditerranéenne), etc

    L’aire méditerranéenne du nord au sud de l’est à l’ouest, a beaucoup plus de points communs qu’une aire musulmane définie du point de vue religieux .

    Quelles sont les plus grandes dissonances pour les deux couples Alger-Marseille et Alger-Djakarta ?

    Les découpages sont donc bien plus complexes que cela dans des régimes qui n’ont rien à voir.

    • Je n’utilisais la question de l’aire musulmane pour montre combien le "eux et nous" était bête.

      Ainsi, au moment ou, au nord comme au sud de la Méditerranée , et plus exactement autour d’une mer commune, les peuples tentent de se soulever contre des gouvernements corrompus, violents, au service de la classe dominante

      Les découpages ne sont pas ceux qu’on essaye de faire croire dans les think-thanks de la bourgeoisie et ceux qui se laissent abreuver à la construction de boucs émissaires en Europe ou de stratégies d’accommodement avec les réactionnaires qui dirigent les pays dits "musulmans" autour de la Méditerranée.

      Sarko qui va faire bronzette chez les bons amis du roi, la bande de Ben Ali qui se fait décorer en Italie, les roulages de pêle entre dirigeants européens et libyens, la bande bureaucratique dorée proche de Bouteflika qui évidemment continue de mettre le pays en coupe réglée, etc

      Les interets s’entrecroisent et produisent mêmes effets sur les trois rives de la mer communes (est, nord, sud), d’un côté les puissances du capital auxquelles se sont greffées des injections venues de nomenclaturas militaires, policières, royalistes,

      et de l’autre côté une révolte sociale, une classe populaire qui agit de plus en plus en tant que telle (les nombreuses grèves dans le Maghreb et en Égypte), et dont le plus éclatant symbole a vu le syndicalisme tunisien essayé de faire face à la geste policière qui s’était déchainé contre une région révoltée.

      C’est bien une classe qui se dresse face à l’alliance des oppresseurs.

      On retrouve la même configuration en Europe où les secousses qui mettent face à face une classe avide, hyper minoritaire et la classe populaire craque toutes les frontières et les illusions de mise en ordre des peuples derrière leurs oppresseurs ;

      Les patrons de Mittal Arcelor à Annaba sont les mêmes que ceux d’Europe, les patrons de Renault sont les mêmes à Sandouville qu’à Tanger-Med (on pourrait parler de dacia Roumanie, etc), et les travailleurs de tous pays ont mêmes interets.

      La notion d’aire musulmane c’est la notion d’alliance entre les féodaux dirigeants l’Arabie Saoudite qui demandent à la violence de l’état US de couper la tête au serpent (l’Iran), les mêmes que les crocodiles qui dirigent la Turquie, anti-sociaux, les mêmes que ceux qui dirigent l’Égypte, corrompus jusqu’à la moelle, les mêmes que ceux qui dirigent la Malaisie, violents, privatisateurs, etc,

      Bref une aire qui comprend ces classes dirigeantes hétéroclites mais généralement corrompues, avec leurs peuples qu’elles souillent, dominent et oppriment.

      Tout ça pour opposer cette aire à une autre qui comprendrait en Europe et aux USA, les classes dirigeantes hétéroclites mais généralement corrompues, avec leurs peuples qu’elles souillent, dominent et oppriment ?

      Que nous racontes-tu mon ami là ?

      Quelle eau amènes-tu au moulin de ceux qui cherchent à faire détourner les colères sociales vers des affrontements ethniques ?

      On peut être emporté par le désir d’indiquer que l’islam, comme toute religion, est toujours abondé par les hommes et femmes qui le portent. Religion d’une partie de la classe populaire et en grande partie sous le feu raciste de la bourgeoisie en Europe elle ne saurait être confondue avec les corrompus de nombreuses constructions oppressives de grande diversité dans les pays à forte proportion de musulmans.

      le combat social, du sud et du nord, est fondamentalement le même, contre une classe oppressive qui est la même, même si les moyens de cette classe sont hyper-hiérarchisés , dotés des violences de l’impérialisme et de satrapies satellitaires

  • Ce serait d’abord pertinent de définir comme préalable "le monde musulman".

    Parce que la tentation est proche de l’opposer, en vue de manipuler des distinctions qui pourraient sembler opératoires, le monde chrétien. Ou confucioniste.

    Qu’il y ait des civilisations judéo-chrétienne, musulmane, bouddhiste, certes, mais les intituler ainsi semble d’emblée réducteur et par là même dangereux. On risque des impasses.

    Le monde tend vers l’universalité, à ne pas confondre avec l’uniformité du capitalisme US culturellement expansionniste. Culturellement mais pas seulement.

    Les populations ne resteront pas figées dans les zones géographiques d’origine, un vaste métissage est à prévoir, la pluriculture devient une donnée massive. Il faudrait, me semble-t-il, adopter des démarches d’avenir. Et non s’abriter derrière des définitions passéistes.

    • Il y a encore des mondes geoculturels et le Pr Mustapha Cherif a raison de se demander quel est l’avenir de ce monde dénommé monde musulman , qui n’est pas une chimère , même s’il est hétérogene, imbriqué avec l’Occident qui se mondialise ! il s’agit de l’avenir de valeurs spécifiques, car tous les autres mondes ont succombé y compris le chinois ! Seul la version islamique résiste à l’Empire Américano-sioniste. Il a raison de rechercher une solution face à l’hégémonie !

    • Les 57 pays musulmans se répartissent sur 3 continents. Ils ont en commun d’avoir subi le colonialisme à des degrés divers. Définir "un" espace musulman réel c’est accepter de l’embrasser dans sa diversité ethnique, linguistique et politique.

      Au lendemain des libérations nationales, parvenues ou non à leur achèvement, il a fallu rattraper le temps perdu de l’islamité. Cela s’est compliqué au seul plan de l’Histoire. Ou plutôt de l’écriture de cette Histoire, point de départ à la quête de ladite islamité.

      A l’intérieur de l’Islam, les 22 pays arabes furent ceux qui pouvaient prétendre retrouver une origine. Ou encore un retour à l’origine, en débarrassant les Etats nouveaux des séquelles coloniales, ce qui fut une véritable gageure. Le tracé des frontières était (et reste) un fait colonial qui découpa les pays non en fonction de l’homogénéité des populations les composant mais en fonction des seuls intérêts coloniaux.

      Cela offrit des espaces culturels musulmans fortement empreints d’un, au moins, bilinguisme, sorte de surface de ces séquelles coloniales. Des langues disparurent, des traditions, des différences locales ou régionales. Ainsi en est-il des kurdes et des Berbères. Si bien que la notion d’espace musulman, pertinente en fait, se complique de conflits exacerbés entre communautés.

      L’exemple de l’Algérie est de ce point de vue problématique. Le pouvoir central a voulu (et veut encore) imposer l’Arabe littéraire, langue religieuse, langue du Livre et du prophète. Alors que Kateb Yacine a oeuvré pour la reconnaissance des Arabes populaires et "dialectaux". L’espace musulman, qui se présente homogène ou du moins aspire à l’être, se fracture de zones plus particulières et originales. Pire, si l’on considère la berbérité caractérisant le grand Maghreb. L’Etat central se refusant de reconnaître, en dépit du Congrès de la Soummam, le Berbère ou Amazigh. De telle sorte que le point de départ historique de l’Algérie reste pour le moins problématique.

      Quel est son point de départ ? La préhistoire ? La protohistoire ? L’Antiquité judaïque irradiant depuis l’ancienne Israël ? Le Christianisme romain (ou grec, selon la région aujourd’hui musulmane considérée) ? Le choix du point de départ ne va pas de soi. Si bien que, pour le Maghreb, le territoire considéré est soit berbère (voir Driss Chraïbi, La Mère du printemps), soit arabe. Tout l’équilibre historique savant mais aussi politique repose sur ce choix.

      Imaginons la transposition dans les pays musulmans d’Europe, d’Indonésie, de Perse... Ce qui saute aux yeux, c’est l’avant Islam et les très anciennes racines culturelles qui du coup morcellent d’autant ce vaste ensemble. Cela engage les mouvements musicaux, littéraires, architecturaux, etc.... en ce sens qu’ils sont le produit d’une Histoire ancienne persistant au cours des âges et imprimant très fortement l’Islam, lui-même considérablement perturbé par les périodes coloniales dont il est question dès le début de ma contribution.

      Il apparaît que contradictoirement l’Islam est un et divisé, résultat pluriel de civilisations en contact et même en conflit. L’Islam est datable depuis l’Hégire. L’Islam ne peut redevenir lui-même qu’après les indépendances nationales. Entre ces deux événements majeurs, l’Islam est cette continuité distordue, contrariée, présente et niée.

      Certes la question DU monde musulman se pose. Mais dans cette complexe diversité, voire disparité...

    • Il n’y a pas que le monde musulman à avoir été colonisé , le colonialisme et l’impérialisme ne se sont pas préoccupés des religions existantes pour décider d’attaquer des pays et les occuper.

      C’est une vieille histoire ayant rapport profondément au pouvoir, aux classes dominantes, etc.

      Sur la question de la résistance à l’impérialisme dominant, désolé, mais le "monde musulman" n’a pas produit plus de résistance que d’autres découpages suivant les religions dominantes de sphères géographiques.

      comme je l’indiquais chercher une résistance interclassiste au nom d’un découpage basé sur la religion renvoie aux désirs d’une partie de la bourgeoisie internationale qui cherche à enrayer des expressions politiques du prolétariat moderne pour le fragmenter suivant des découpages religieux.

      Quelque part, souhaiter l’alliance inter-classiste dans le monde sur une base religieuse c’est combler d’aise le capitalisme international.

      Les seuls cas où cela peut se comprendre c’est quand la communauté musulmane est totalement dans la classe populaire et discriminée en tant que telle. Là, la question de l’unité des musulmans pour résister à ses oppressions spécifiques dans le cadre de sa place dans la classe populaire peut se comprendre.

      Ou autrement dit, en Europe, il est juste de dire "nous sommes tous des muslmanes d’Avignon !", comme un autre cri sorti en 68 : "nous sommes tous des juifs allemands"...

      C’est le cas en général de ce qu’on appèle à tord ou à raison la communauté musulmane en Europe.

      99% dans la classe populaire et en butte aux tentatives de la bourgeoisie, avec ses énormes médias dominants, d’en faire un bouc émissaire.

      Mais l’unité entre d’un côté Ben Ali, le Roi du Maroc, Bouteflika, Moubarak, le roi de Jordanie, Assad, Erdogan, Ahmadinejad, la famille Saoud, Bden Zayed, Al Maliki, Zardari, Sheikh Hasina Wajed, Tun Razak, Susilo Bambang Yudhoyono, Karimov, Artur Rasizadé, etc

      et de l’autre les travailleurs d’Afrique du Nord, les chômeurs, qui se rebellent face aux flics des premiers au service du capital, des grèves des travailleurs égyptiens (quelle bénédiction les attaques contre les Coptes ! bien vu au moment où la classe populaire essaye de dé-serrer l’étau !), la classe ouvrière turque qui mène de lourdes batailles pour ses droits démocratiques face à un gouvernement qui proclame son islamité pour mieux mener la politique la plus bourgeoise qu’il y ait eu dans ce pays, faut-il parler des batailles des travailleurs au Pakistan et plus encore au Bangladesh face à des gouvernements vendus aux grands trusts mondiaux du textile et de la chaussure, faut-il parler des luttes en Malaisie contre la privatisation corrompue de l’eau , du volcan indonésien qui cherche ses marques en organisation de la classe populaire ?

      Quel est le bon découpage ?

      Aux Phillipines par exemple, dans un entre-lac de peuples opprimés ou dominants, de chrétiens et de musulmans, comment passent les frontières ?

      A l’inverse, en Amérique Latine, zone où le christianisme est le plus puissant, y-a-t-il une communauté réunissant le très croyant et prosélyte Chavez avec Benoit XVI et Bush ?

      De qui se fout-on ?

      donc le découpage géographique me parait vain.

      Maintenant il ne me parait pas neutre que des courants de pensée issus de leur foi religieuse se positionnent de plus en plus en défense du prolétariat moderne et ses droits.

      Comme cela se fait d’ailleurs pour certains courants cathos d’Amérique latine

      ce sont là des choses à encourager

      Des progrès ont été accomplis en ce sens, mais ils ne correspondent en rien à une politique interclassiste qui unirait dirigeants et dirigés, exploiteurs et exploités, marionnettes de l’impérialisme et classe populaire.

    • Moi aussi..en gros ;
      Ce qui me gonfle c’est cette victoire DU Capital dans un amalgame de l’insupportable :

      Musulman =Arabe violeur Voleur= égale Terrorisme.
      .
      Quand la peur engendre la Bêtise !

      Du coup la communauté musulmane , obligée bec et ongles d’expliquer y compris acceptant de se plier aux injonctions ahurissantes de ceux qui exigent des Musulmans dits "modérés" des preuves de leur attachement à NOS valeurs !!!!!

      Le distributeur de certificats de" bon musulman"qui me fait hurler le plus, c’est GERIN. : .parce qu’il donne une caution "communiste"(!!???) à ce qui aurait du rester de médiocrité d’intégrisme laïcard de RL..ou des fachos..

      Alors que cela apparaitrait comme totalement dingue de chercher à obtenir du curé du coin , de l’intellectuel chrétien qu’il précise tous les matins qu’il rejette, condamne etc etc... ce qui a conduit le christianisme et notammentl l ’EGLISe apostolique et romaine à organiser , ou à soutenir PLUS de génocide que l’Hitlérisme n’en a occasionné , plus de victimes de l’Intolérance que Staline a pu en expédier au goulag ou dans les charniers via la l Loubianka..

      C’est , quand on y réfléchit, un truc incroyable que l’islamophobie rampante, "soft" ou en sauce Marine--ière.! ait eu ce "succès"..

      En France c’est en grande partie parce quedèja le soi disant Français des départements d’Algérie., s’il était "ARABE" (ce qui incluait le Berbère !!) était appelé Français Musulman..

      Même s’il était athée ou Juif !!

      Ah Colonialisme et ses restes !!!

      AC

      j’ose même pas écrire ce que m’inspirent les connards se réclamant de LO..qui pataugent dans cette boue qui pue..

      "La religion opium du Peuple ?"

      Je sais pas trop mais racisme anti -arabe, islamophobie crapuleuse, , y a OVERDOSE !!