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La guerre contre l’Iran aura-t-elle lieu ?

Publie le vendredi 14 janvier 2011 par Open-Publishing
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 PREMIERE PARTIE : LA CRISE ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE

 DEUXIÈME PARTIE : LA CRISE ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE

 TROISIEME PARTIE : LA CRISE ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE

3. 1  Pourquoi l’Iran ?

 

Quand
George W. Bush a envahi l’Irak, ce n’était pas
seulement l’Irak qu’il visait…
Quand George W. Bush a agressé l’Afghanistan, ce
n’était pas seulement l’Afghanistan
qu’il visait… Quand un président américain
attaquera l’Iran, ce ne sera pas seulement
l’Iran qu’il visera, ce sera surtout le Détroit
d’Ormuz. Pour entraver le
commerce du pétrole dans le Golfe persique, il faut pouvoir
fermer le Détroit
d’Ormuz à toute navigation. Les stratèges
américains en sont venus à la
conclusion qu’il leur fallait attaquer l’Iran qui, occupant
les côtes Nord et Est
du détroit, possède la capacité militaire de
fermer le détroit, en laissant
croire que les États-Unis s’y opposent (
19).

 

 

Carte
répartition ethnique en Iran  
   Carte du relief et des frontières 
 



Les États-Unis se préoccupent très peu des ogives
nucléaires pakistanaises
pourtant grandement menacées par l’instabilité de
ce gouvernement moribond. Les
États-Unis ne se sont pas préoccupés du
nucléaire iranien quand le Shah était
au pouvoir à Téhéran et qu’il avait
placé le pétrole iranien sous contrôle
américain. Les États-Unis se sont
préoccupés du nucléaire iranien quand l’Iran
a réuni, il y a quelques années, une dizaine de pays
exportateurs de pétrole et
de gaz ainsi que quelques clients, dont la Chine et quelques pays
membres de
l’Organisation de Coopération de Shanghai et qu’elle
leur a proposé de transiger les hydrocarbures en se servant
d’un panier de devises duquel serait
exclu le dollar de plus en plus problématique.

 

Tel que
souligné précédemment, le jour où les pays
exportateurs de pétrole
abandonneront le dollar comme devise pour leur commerce marquera la fin
de la
suprématie du dollar et la fin de
l’hégémonie financière des États-Unis
d’Amérique. Barak Obama l’a réaffirmé
devant le Congrès américain à l’occasion
du premier anniversaire de son intronisation « Je ne
laisserai pas les
États-Unis devenir la seconde puissance mondiale ».

 

Voilà
pourquoi la superpuissance déclinante se préoccupe
tellement de l’Iran et ce
pour quoi elle a lancé son Pitbull israélien sur la piste
du nucléaire iranien.
Les États-Unis possèdent quelques milliers d’ogives
nucléaires de nouvelle
génération extrêmement performantes et
destructrices. La première bombe
iranienne, de première génération, fait bien rire
les stratèges du Pentagone. Jamais
on ne les entendra  rire cependant ; il
faut un prétexte sérieux pour fermer le Golfe persique
à la navigation
internationale. 

 

 
3.2 
Rétablir l’hégémonie
du dollar

Nous
faisons l’hypothèse que l’attaque contre
l’Iran visera essentiellement à
fournir le prétexte pour qu’en représailles ce pays
ferme le Détroit d’Ormuz à
la circulation pétrolière internationale privant
instantanément le monde de la moitié de ses
approvisionnements en hydrocarbures.
Imaginons un instant la crise économique qui s’ensuivra.
Hausse drastique du
prix du pétrole, renchérissement des marchandises,
inflation, déclin des
capacités chinoises de production (la Chine tenue à
dessein dépendante du
pétrole du Golfe persique), hausse de la valeur de la monnaie
refuge (le dollar)
et baisse de la valeur des monnaies des pays concurrents devenus
incapables de
faire fonctionner leurs usines ou de livrer leurs marchandises.

 

Ceux qui
auront songé à utiliser un panier de devises pour les
échanges pétroliers
devront se raviser. Les « majors »
américaines contrôlant la plupart
des autres gisements de pétrole sur terre (sauf au Venezuela)
approvisionneront
les « bons » et sanctionneront les
« méchants »… 
« Vous êtes avec nous ou contre nous, disait Georges
W. ».  Soulignons que les
États-Unis
s’approvisionnent en pétrole dans le Golfe du Mexique, en
Alaska, au Venezuela
et au Canada (sables bitumineux de l’Alberta), et qu’ils ne
sont pas du tout dépendants
du pétrole du Moyen-Orient.

 

Il est
fort probable que ce remède drastique pour rétablir la
crédibilité du dollar et
la puissance financière américaine ne sera utilisé
qu’en dernier recours car les
conséquences seront énormes pour l’économie
mondiale ainsi que pour l’économie
des alliés de Washington (Europe et Japon). Dans la vie, les
impérialistes ne
se préoccupent que de leurs profits, pas de ceux de leurs amis.

 

Tous les
préparatifs de guerre des différents pays du pourtour du
Golfe persique ne
visent que cet objectif. Les Américains viennent de vendre pour
125 milliards
d’armements aux pays du Golfe (excluant l’Iran
évidemment) en prévision de
cette attaque.


 
3.3 

L’agression

Certes on
ne peut prédire avec certitude la date exacte de
l’attaque, mais dans la mesure
où Barak Obama a prévu pour 2014 le retrait des troupes
de l’OTAN d’Afghanistan,
on peut penser que l’assaut aura lieu entre 2011 et 2014,
possiblement en 2013
l’année suivant son hypothétique
réélection. Si Barak Obama n’était pas
réélu, on peut penser que le président
républicain qui le remplacera ne sera
que plus pressé de déclencher l’agression.
L’assaut sera essentiellement
aérien. Suite aux expériences irakienne et afghane,
l’Amérique sait qu’elle ne
peut occuper un pays trois fois plus étendu que l’Irak et
trois fois plus
peuplé que l’Afghanistan. Il est donc hors de question de
s’emparer et de
contrôler directement les puits de pétrole iraniens.
L’armée américaine peut détruire
ce pays du haut des airs, mais elle ne peut le contrôler ni
l’administrer si
elle ne l’occupe pas militairement. 

La « révolution
verte » ayant
tourné court, il est maintenant évident que les
politiciens amateurs qui
aspiraient à s’emparer du pouvoir en Iran, à la
faveur d’une élection truquée,
ne font pas le poids devant la confrérie des mollahs. Le
gouvernement d’Ahmadinejad
sera ébranlé mais pas renversé. Ce ne serait pas
utile de toute façon. Au
contraire, comment justifier le minage du Détroit d’Ormuz
avec un gouvernement
coopérant installé à Téhéran ?

 

Les
militaires israéliens hystériques continueront de
trépigner à Tel-Aviv, ils ne
seront pourtant pas autorisés à attaquer, histoire de ne
pas froisser la
susceptibilité des princes arabes qui, tout en demeurant
alliés des Américains,
subiront tous les inconvénients de leur tactique militaire
(arrêt temporaire de
leurs exportations). L’armée israélienne aura pour
mission d’attaquer le Hamas
à Gaza et le Hezbollah au Sud Liban ; ils s’y
préparent déjà. Les troupes
israéliennes parviendront à détruire les
infrastructures et à assassiner des
milliers de civils libanais et gazaouis, mais ils ne parviendront pas
à
éradiquer le Hamas et encore moins le Hezbollah qui pourrait
bien infliger un
troisième revers consécutif à l’armée
sioniste (20).

 

L’Irak
retombera dans la guerre civile sous la poussée des milices
chiites sous
influence iranienne. Mais les États-Unis se seront
déjà dégagés de ce guêpier. Par
contre, la réussite de cette tactique nécessite que la
crise afghane soit déjà
réglée.

 

3.4 L’Afghanistan
et le Pakistan

 

Dans un article
paru en juin 2010,
je soulignais le fait qu’une escadre américaine
composée du porte-avions Truman
et d’une douzaine de navires d’escorte dont un lanceur de
missiles israélien avaient
traversé le Canal de Suez en direction de la Mer rouge, ce qui
ne signifiait
nullement qu’une attaque contre l’Iran était
imminente (21). En effet cette escadre allait alors renforcer la ligne
d’attaque contre les talibans repliés dans les
« zones tribales » au
nord-ouest du Pakistan (22).

 

Pendant
ce mois de juin 2010 les
services militaires israéliens furent particulièrement
agités. Ils firent
courir le bruit, via le Sunday Times de Londres, d’un accord de
l’Arabie
Saoudite pour un usage offensif de son espace aérien en
prévision d’une attaque
aérienne imminente. Après le démenti saoudien,
comme de raison les rumeurs
émanant de l’État-major israélien se
tournèrent vers la base américaine de
Diego Garcia qui effectivement fut mise à contribution, non pas
pour attaquer l’Iran
comme nous le savons maintenant, mais pour intensifier
l’agression contre le
Nord du Pakistan, sanctuaire des forces de la résistance
afghane. Cette intensification
de l’agression bat son plein présentement et chaque jour
les drones américains
guidés par satellite depuis les États-Unis
s’abattent du haut des airs sur la
population du Pakistan et de l’Afghanistan (23). Ce ne serait pas
une  surprise d’apprendre que le
porte-avions Truman
n’est jamais entré dans le Golfe persique et qu’il
s’est sagement amarré en mer
d’Oman à l’entrée du Golfe. En effet, ses
avions, ses missiles et ses drones
peuvent ainsi attaquer les talibans sans survoler l’espace
aérien iranien.

 

À tour de
rôle les généraux de
l’OTAN l’ont admis : ils ne gagneront jamais leur
guerre afghane, pas plus
que les Russes n’ont gagné la leur. Alors pourquoi cette
intensification des
bombardements et bientôt ces 30 000 soldats
américains supplémentaires
dans une guerre perdue d’avance ? Les Américains
n’occupent pas ce pays des  plus
pauvres de la planète pour s’emparer de
ses richesses naturelles (mis à part le pavot) ; ce n’est
pas non plus pour y
chasser la centaine de survivants d’Al Qaida que le Pentagone
sait avoir décimés
depuis longtemps ; ce n’est pas non plus pour enfoncer les
principes de la
démocratie en mettant du plomb dans la cervelle des Afghans.
Alors pourquoi
toutes ces dépenses pour massacrer un peuple pauvre,
analphabète, jouissant de
l’espérance de vie parmi les plus courtes de la
planète (45 ans) ? Notre hypothèse,
c’est qu’ils se préparent en vue  d’espionner
et d’agresser les principaux protagonistes de
l’Organisation
de coopération de Shanghai (Chine, Russie). 

À cette
fin, ils ont besoin des talibans
« modérés », ceux qui acceptent de
négocier, qui seront contraints d’accepter
l’établissement dans leur pays de
quelques bases militaires secrètes de l’OTAN. Quand les
résistants afghans
« modérés » auront accepté
ces conditions,
le pauvre
Karzaï, s’il est toujours vivant, leur
sera abandonné. Mais la partie n’est pas jouée pour
autant, car les talibans
sont en position de force et ne sont pas disposés à
négocier. Il y a encore
fort à faire pour les armées de l’OTAN pour les
forcer à négocier (24). Grâce à ces bases
militaires à
partir du territoire afghan, des commandos américains pourront
mener des raids
secrets vers l’Ouzbékistan, le Turkménistan et vers
le Kazakhstan afin de
dynamiter les oléoducs que la Chine a déjà fait
construire en prévision de
cette guerre afin de  maintenir ses
approvisionnements en gaz et en pétrole russe, kazak et iranien.
Il n’est pas question que la Chine obtienne
par voie terrestre ce qui lui aura été refusé par
la mer.

 

Il ne
sera même plus utile d’exhiber l’épouvantail
de l’oppression de la femme
iranienne (« Jamais sans ma fille »), irakienne,
pakistanaise ou
afghane (« retirer cette burqa que je ne saurais
voir ») à moins que
certaines ONG féministes estiment qu’elles peuvent
collecter quelques deniers
supplémentaires avant de plier bagage devant la colère
populaire des mères amères.
Ce qu’elles attendent, ces femmes afghanes, pakistanaises,
irakiennes et
iraniennes, ce n’est pas l’aumône de ces ONG, ou
qu’elles reconstruisent ce que
les armées détruisent, mais que chacune d’entre
elles retourne dans son pays
d’origine arrêter le bras séculier de leur
gouvernement.

 

Il est
vrai que l’Alliance de Shanghai
a
refusé la demande d’adhésion iranienne afin de ne
pas se retrouver en situation
d’avoir à défendre l’Iran lors de
l’attaque américaine.
Le bloc asiatique n’est pas encore
préparé à engager le conflit
ultime avec le
bloc transatlantique.

 

Ceux qui
doutent de l’alliance entre Pékin, Moscou et
Téhéran, suite à l’annulation par
la Russie de la livraison du système antimissile S-300 à
l’Iran, découvriront,
le jour de l’attaque, que l’Iran possède des
systèmes S-300 ou l’équivalent.
Wikileaks nous a appris que la Russie avait troqué les
systèmes S-300 destinés
à l’Iran contre l’accès à la
technologie des drones américano-israéliens. Cependant,
la Russie n’a jamais déclaré qu’elle
n’aiderait pas l’Iran à se défendre.


3.5 La
suite
 

Qu’adviendra-t-il
suite à ce « désastre » iranien ?
Des milliers de morts civils en
Iran, à Gaza, au Liban, des pays ravagés, détruits
en partie mais pas domptés
pour autant. On peut penser que les capacités
d’exploitation et de raffinage de
l’Iran seront réduites à néant pour quelque
temps. Le dollar sera réévalué et
il aura repris momentanément la première place comme
devise de réserve, les
autres monnaies auront été dévaluées et les
devises du monde entier seront
retournées enrichir les financiers de Wall Street. Les
populations qui auront
fait les frais de cette guerre de rapine, de ce conflit du
pétrole et de cette
crise économique prendront quelques années à
s’en relever.

 

Dans la
mesure où les capacités économiques et
industrielles de la superpuissance
chinoise et de son allié russe n’auront pas
été affectées durablement, rien ne
sera joué pour autant. L’axe
Pékin-Moscou-Téhéran se sera raffermi et le
bloc
asiatique – Alliance de coopération de
Shanghai –  sera
prêt à affronter à
nouveau le
bloc transatlantique dans une
ronde subséquente pour le partage des ressources naturelles et
des marchés
mondiaux.

 

Les
propriétaires des moyens de production (usines, transports,
ressources naturelles,
services), les banquiers et les financiers, les spéculateurs et
les tondeurs de
coupons richissimes ne peuvent plus accepter aujourd’hui ce
qu’ils ont dû
concéder hier. La situation économique et politique
n’est plus la même, l’empire
est en déclin et l’ennemi impérialiste
étranger est à l’intérieur de la
cité.
Branle-bas de combat. La guerre des monnaies annonce la guerre des
blocs,
et les peuples du monde feront les frais de cette guerre
interimpérialiste à
moins que les sautes « d’humeur »
populaires, les combats sur le
front économiques pour la défense du pouvoir
d’achat ne se transforment en
révolte politique consciente. L’impérialisme,
c’est la guerre, disait un homme
célèbre. La résistance est la seule protection du
peuple, disait un autre.





(19) Wikipedia. Cartes
de l’Iran
. http://fr.wikipedia.org/wiki/Iran http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Iran_topo-fr.jpg

(20)  Al-Manar
TV. On nous a offert d’acheter les documents de
l’enquête internationale !
15.12.2010.
http://www.almanar.com.lb/NewsSite/NewsDetails.aspx?id=166129&language=fr

 

(21)  Robert
Bibeau. Une attaque imminente contre le Pakistan et
l’Afghanistan
.
24.06.2010. http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=19887

(22) 
Wikipedia. Cartes du Pakistan. http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9gions_tribales_%28Pakistan%29

(23)  Marc
Lemaire. Revue de presse sur le Pakistan. 20.12.2010.  http://www.robertbibeau.ca/palestine/pakistan.doc

(24)  Le
Monde. Des
experts internationaux appellent Obama à négocier avec
les talibans
.
11.12.2010.  
http://www.lemonde.fr/depeches/2010/12/11/des-experts-internationaux-appellent-obama-a-negocier-avec-les-talibans_3210_60_44031772.html


http://www.robertbibeau.ca/palestine/edito14.1.2011.html

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