Accueil > La Fonction publique se rebelle

La Fonction publique se rebelle

Publie le jeudi 20 janvier 2005 par Open-Publishing

Les fonctionnaires sont de retour dans la rue. En colère contre la faible augmentation de leurs salaires, les suppressions de postes ou encore les restrictions budgétaires, ils ont défilé en nombre jeudi dans toute la France et répondu massivement au mot d’ordre de grève lancé par leurs fédérations syndicales.

Dans l’ensemble de la Fonction publique, le gouvernement a comptabilisé plus de 32% de grévistes, certains syndicats faisant état d’une moyenne de 50%. Le ministère de l’Intérieur a recensé un total de 210.000 manifestants dans toute la France, "au moins" 262.000 selon la FSU.

Présent dans le cortège parisien, qui a rassemblé 50.000 personnes selon les organisateurs, 20.000 selon la police, le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault a mis en garde la gouvernement, laissant entendre que les choses pourraient ne pas en rester là. "Notre perspective, c’est bien d’obtenir des négociations sur l’ensemble des sujets qui font conflit" a-t-il lancé.

"Si le gouvernement compte faire le dos rond en attendant que ça passe, il se trompe. Nous ne sommes pas décidés à lâcher le morceau si ça ne bouge pas", a renchéri le secrétaire général de la Fédération syndicale unitaire (FSU, première fédération de l’Education) Gérard Aschieri, qui se trouvait à ses côtés.

Les fédérations enseignantes ont d’ailleurs prévu de se réunir lundi prochain pour décider des suites à donner au mouvement, alors que les syndicats de la Fonction publique se retrouveront le 27 janvier.

Tout le monde appelle d’ores et déjà à se joindre à la journée de manifestations unitaires annoncée le 5 février pour la défense des 35 heures, de l’emploi, des salaires et du code du travail, censée permettre le lien entre le secteur public et le secteur privé.

Jeudi, le plus gros bataillon de grévistes aura été celui des personnels de l’Education avec 41%,77% de grévistes tous niveaux confondus, selon leur ministère de tutelle, un chiffre important mais tronqué lorsqu’on sait qu’à l’Education nationale, le gouvernement calcule le nombre de grévistes sur l’effectif global et non sur l’effectif réel du jour.

Du côté des syndicats, la FSU donnait un chiffre de 65% de grévistes dans le primaire et de 61% dans les collèges et les lycées.

Au total, le gouvernement a comptabilisé 32,14% de grévistes dans l’ensemble de la Fonction publique, dont 20,25% hors Education nationale.
Les cortèges ont été en général plutôt massifs. Ainsi, dans une ville de taille moyenne comme Clermont-Ferrand, plus de 8.000 personnes selon les organisateurs, 5.500 selon la police, ont manifesté jeudi matin.

Les manifestants étaient entre 12.000 et 15.000 à Bordeaux selon les sources. Dans cette ville, tous les vols de l’aéroport ont été annulés, l’ensemble des contrôleurs aériens ayant décidé de cesser le travail.

Ailleurs, les manifestants étaient entre 11.5000 et 13.000 selon les sources à Nantes, entre 7.500 et 15.000 à Marseille, 8.000 à 10.000 à Rennes, de 4.200 à 10.000 à Toulouse, entre 3.200 et 10.000 à Lille, 5.000 à 6.000 à Lyon, 3.000 à Périgueux selon les organisateurs, et, selon la police, 3.000 à Lorient, 2.000 à Quimper, Saint-Brieuc et Brest, ou encore 1.400 à Vannes.

Si les enseignants étaient présents en nombre partout, agents des impôts, sapeurs-pompiers civils, personnels des Directions départementales de l’Equipement, des hôpitaux, ou encore du ministère de la Culture étaient également descendus dans la rue.

Dans le secteur de la Culture, l’intersyndicale CFDT, CFTC, CGT, FSU, Sud et UNSA a fait état d’une "très forte mobilisation" et de nombreux musées fermés, notamment le Louvre, le musée d’Orsay, l’Arc de Triomphe ou encore le château de Versailles partiellement bloqué et celui d’Azay-le-Rideau fermé.

A Paris, le plus impressionnant cortège de la journée a quitté la place de la République vers 14h30 pour se rendre jusqu’à la place Saint-Augustin. "Pour un service public de qualité. Augmentez les salaires", pouvait-on lire sur la banderole de tête portée notamment par Bernard Thibault, le secrétaire général de la CFDT François Chérèque et celui de FO Jean-Claude Mailly.

Ce défilé avait été précédé, en fin de matinée, d’une manifestation de personnels hospitaliers ayant réuni 3.000 personnes selon la police, entre la place de la Nation et celle de la République, avec une forte participation des psychiatres du secteur public. Dans ce défilé, on pouvait notamment entendre "Raffarin démission !" ou encore "grève générale !". PARIS (AP)