Accueil > Bigeard aux Invalides ! Sa place est bien là. A côté des Napoléon, (...)

Bigeard aux Invalides ! Sa place est bien là. A côté des Napoléon, Lyautey, Nivelle...

par linter

Publie le dimanche 4 décembre 2011 par linter - Open-Publishing
3 commentaires

Car c’est le monument lui-même qui constitue une insulte à tous ceux qui sont morts des mains de l’armée française, dans les colonies ou soldats morts pour rien du premier conflit mondial.

Alors pourquoi pas "le héros" de la guerre d’Indochine.

Nous avons proposé dans le précédent article un extrait du livre Retour sur la Question sur Camus. Voici ce qu’Henri Alleg disait à propos de Bigeard dans ce même ouvrage.


Extrait du livre "Retour sur la Question", entretiens avec Henri Alleg.
((http://www.aden.be/index.php?aden=retour-sur-question))

Question : Par contre, toujours dans le Monde du 21 juin 2000, le général Bigeard dément toutes les accusations de tortures portées contre lui et parle de "tissu de mensonges". Il déclare que le but de la campagne lancée par le témoignage de Louisa Ighilariz est de "démolir tout ce qu’il y a de propre en France".

Henri Alleg : Bigeard est le type même de ces soudards qui n’ont rien oublié ni rien appris. Rien oublié puisqu’il tient aujourd’hui le même discours que lorsque la guerre d’Algérie se poursuivait encore. A cette époque, tortionnaires et assassins de haut rang, comme Massu lui-même, juraient la main sur le coeur que les récits des rescapés de la torture n’étaient que calomnies. Bigeard et les siens avaient l’assurance qu’aussi bien à Alger, le gouverneur Lacoste qu’à Paris, le président du Conseil Guy Mollet et ses ministres (parmi lesquels François Mitterand) ne les démentiraient pas. Mais voilà qu’aujourd’hui en dépit de tous les obstacles multipliés depuis des années pour empêcher qu’elle se manifeste, la vérité finit par éclater. Bigeard, semble-t-il, ne s’en est pas aperçu et ses dénégations entêtées ne sont plus seulement indignes, elles sont aussi ridicules

Or ce Bigeard est justement l’un de ces officiers de l’armée coloniale qui s’est le plus "illustré", s’il est permis ici d’employer ce mot, dans la pratique de la torture et des exécutions sommaires. Il fut l’un des initiateurs de la création d’une école d’officiers de renseignements près de Philippeville (aujourd’hui Skikda) où s’enseignaient les diverses façons de faire parler, c’est-à-dire de supplicier un prisonnier. Son nom restera attaché à une forme d’exécution sommaire largement utilisée à Alger et ailleurs (et dont j’ai déjà parlé) : le largage du haut d’hélicoptères de prisonniers les pieds pris dans le ciment.

Ces crimes de guerre n’auront pas contrarié la carrière du colonel de l’époque. Bien au contraire. Il y a gagné des galons jusqu’à devenir général et, avec la bénédiction de Giscard d’Estaing, il a même été promu secrétaire d’Etat à la Défense, un quasi-ministre, en somme. Qui osera dire après cela que la République est ingrate avec ses fidèles serviteurs ?

http://linter.over-blog.com/article-bigeard-aux-invalides-sa-place-est-bien-la-a-cote-des-napoleon-lyautey-nivelle-89311066.html


Cet article date du 19 novembre 2011. Entre-temps, une pétition circule. Que l’on peut signer parce que l’hommage à cet homme est avant tout une négation de la guerre d’Indochine, de la guerre d’Algérie, de la torture, du colonialisme et l’expression d’une volonté, celle de poursuivre aujourd’hui celui-ci sous d’autres formes, comme l’a montré la guerre en Libye, où l’armée a pu de nouveau "s’illustrer" et dont personne ne parle déjà plus.

Pour consulter le blog : linter.over-blog.com

Messages

  • Pétition : Non à un hommage officiel au général Bigeard !

    De son vivant, le général Bigeard a toujours bénéficié de l’admiration des forces politiques les plus réactionnaires et de leur soutien actif. Et voici qu’une année après sa mort, il est de nouveau utilisé pour une manœuvre politicienne, orchestrée par le ministre de la Défense, dont le passé d’extrême droite est connu : le transfert aux Invalides de ses cendres.

    Cette initiative est doublement pernicieuse. D’une part, il y a une certaine indécence à mettre Bigeard au rang d’autres grands militaires qui y reposent, parfois depuis des siècles. On peut avoir des analyses critiques sur tel ou tel d’entre eux, mais beaucoup mirent leur génie au service de la défense du territoire français. D’autre part, et surtout, une telle initiative serait une insulte à divers peuples qui acquirent au prix fort, naguère, leur indépendance. Ces pays sont libres depuis des décennies, ils ont le plus souvent des relations cordiales avec le nôtre. A-t-on pensé un instant quel signal le gouvernement français s’apprête à leur envoyer ? Est-ce du mépris à l’état pur ou de l’inconscience ?

    On nous présente cet officier comme un héros des temps modernes, un modèle d’abnégation et de courage. Or, il a été un acteur de premier plan des guerres coloniales, un « baroudeur » sans principes, utilisant des méthodes souvent ignobles. En Indochine et en Algérie, il a laissé aux peuples, aux patriotes qu’il a combattus, aux prisonniers qu’il a « interrogés », de douloureux souvenirs.

    Aujourd’hui encore, dans bien des familles vietnamiennes et algériennes, qui pleurent toujours leurs morts, ou dont certains membres portent encore dans leur chair les plaies du passé, le nom de Bigeard sonne comme synonyme des pratiques les plus détestables de l’armée française.

    Nous n’acceptons pas que la notion d’héroïsme soit liée à l’histoire de cet homme. Lors des guerres coloniales conduites par la France, les vrais héros étaient ceux qui, dans les pays colonisés, luttaient pour la liberté et l’indépendance de leurs peuples, ceux qui, en métropole, ont eu la lucidité de dénoncer ces conflits, si manifestement contraires au droit international, au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et à l’intérêt même de la nation française.

    L’objectif aurait été de réveiller les guerres mémorielles que les manipulateurs à l’origine de cette initiative ne s’y seraient pas pris autrement.

    Nous exigeons que le gouvernement français renonce à cette initiative historiquement infondée, politiquement dangereuse et humainement scandaleuse.

    pour signer la pétition