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La présidence Hollande s’annonce comme une déception

par Maxime Azadi

Publie le vendredi 1er juin 2012 par Maxime Azadi - Open-Publishing

La politique étrangère de la présidence de François Hollande s’annonce déjà comme une continuité de la ligne suivie par le sarkozym. Une présidence qui commence avec déception notamment pour les kurdes, soit un nouveau pouvoir complice qui ignore les opprimés au nom des « intérêts nationaux ».

Sur le plan économique, il n’y a aucun doute : Hollande ne satisfera pas les espoirs d’une nouvelle approche aux problèmes sociaux-économiques et il ne pourra pas non plus sauver le capitalisme en crise profonde. Certes, il existe des nuances entre la présidence de Sarkozy et celle de Hollande, ce qui ne changera pas la règle générale.

Un « nouveau » mode de gouvernance exigent tout d’abord une nouvelle approche dans tous les domaines tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Sinon, les nuances ne serviraient qu’à la continuité de l’ancienne ligne, suivie ou tracée par le sarkozysme. On ne peut être « un homme normal » face à des problèmes qui ne sont pas « normaux ».

La « rupture radicale » de Sarkozy a mis la France dans une forme méconnaissable, il faut donc une nouvelle « rupture radicale et différente » pour refaçonner le pays, afin de lui rendre son identité révolutionnaire.

Sur le plan extérieur, il y a toujours une diplomatie de guerre, complice et hégémonique, donc une continuité claire et prévisible entre le nouveau et l’ancien gouvernement français. On voit toujours une France pour l’intervention militaire, un héritage de son passé colonialiste, tout en gardant ses relations avec les pays répressifs, comme la Turquie, l’une des principales sources des problèmes non résolus au Moyen-Orient.

La France de Sarkozy avait été le premier pays qui s’était lancé dans la guerre contre la Libye. La France de Hollande devance ses alliées dans le conflit syrien, montant sur son cheval de guerre. En Lybie, le soucie de Sarkozy n’était pas la démocratie et l’humanisme. En Syrie, rien n’indique que Hollande est pour la libération des peuples du Moyen-Orient puisqu’il ne prononce même pas le mot « kurde » et qu’il veut collaborer avec le régime AKP du premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.

Un gouvernement peut-il être convaincant lorsqu’il tente à la fois renverser un régime répressif et renouer le fil avec un autre régime plus répressif ?

Lisons ce que dit Le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, dans une interview accordée au journal Le Monde, sur la Turquie.

Question : Comment allez-vous réparer la relation avec la Turquie alors que vous vous êtes prononcés pour la loi sur la pénalisation de la négation du génocide arménien ?

Réponse : Ce n’est pas facile. Nous avons eu un très bon contact avec le président Gül à Chicago. Sur la question arménienne, il faudra tenir compte de la décision du Conseil constitutionnel.

Question : M. Hollande s’est engagé à aller vite pour l’adoption de cette loi.

Réponse : Oui. Pour autant, il y a des contraintes juridiques. Quoi qu’il en soit, il est important de renouer les fils avec la Turquie qui joue un rôle majeur, aux plans économique et diplomatique, par exemple sur les questions syrienne et iranienne.

Ce rôle majeur ou stratégique et ces « contraintes juridiques » étaient aussi les prétextes de Sarkozy et de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé. Ce dernier a lui-même souligné le 31 mai sur France Info « une continuité étonnante » entre la politique qu’il a menée et celle que son successeur PS. « Je dois avouer que j’y ai trouvé une continuité étonnante entre ce que nous faisions et ce qui se fait aujourd’hui » dit-il, citant Syrie, la Libye, le Mali, « les relations avec la Russie et beaucoup d’autres points ».

En décembre 2011, Alain Juppé en tant que l’ancien ministre des Affaires étrangères affirmait que « La Turquie est pour la France un allié et un partenaire stratégique », soulignant qu’il était « important, dans le contexte actuel, que nous maintenions ouvertes les voies du dialogue et de la coopération » entre les deux pays.

En réalité, il n’est pas étonnant. Il était déjà clair depuis la campagne présidentielle de Hollande. Jouer avec les mots ou changer quelques mots ne cachera pas cette grande ressemblance entre les deux lignes, « rupture sarkozyenne » et « rupture tranquille ».

Sans une politique étrangère indépendante et basée sur des valeurs justes, protégeant les opprimés et plaçant les droits humains devant les « rôles stratégiques » et les « profits économiques », la gauche ne sera pas gauche et la politique intérieure restera comme une manipulation de l’opinion publique.

Renforçons la gauche radicale lors des élections législatives, les 10 et 17 juin, afin de faire pression sur ce gouvernement « normal », pour lui rappeler que le monde n’est pas dans une situation « normale » et que la continuité sous forme « socialiste » ne réglera pas les problèmes où que ce soit.

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