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Grèce : « Nous, Syriza, voulons sauver l’euro » ;-) ;-) ;-)

par DOMINIQUE ALBERTINI

Publie le lundi 18 juin 2012 par DOMINIQUE ALBERTINI - Open-Publishing

Interview Le parti de gauche radicale peut espérer l’emporter aux législatives grecques, ce dimanche. Entretien avec Rena Dourou, députée en charge des questions européennes pour le Syriza.

Ce scrutin peut-il donner des résultats différents de celui du 16 mai ?

Rena Dourou, députée du SyrizaOui, car les enjeux en sont cruciaux, et pas seulement pour la Grèce. Il y a une attente considérable autour de ces résultats, au point que les chefs d’Etats européens ont reporté leurs voyages en Grèce. Le résultat des élections françaises sera lui aussi très important.

On présente ces élections comme un référendum pour ou contre l’euro. Êtes-vous d’accord ?

C’est une interprétation compréhensible, mais assez révoltante. Ces élections sont avant tout cruciales pour notre système politique. On ne doit pas les présenter comme un simple sondage pour ou contre la monnaie unique. Il s’agit de décider de la politique à suivre pour que la Grèce reste dans la zone euro, et y soit traitée de manière digne et égale. C’est la politique actuelle qui mène à la destruction de l’euro, en plus de celle de la société grecque. Si Antonis Samaras (leader du parti de droite Nouvelle Démocratie, bien placé dans les sondages, ndlr) l’emporte, il en sera responsable. Nous, nous voulons sauver l’euro. Et rappeler à notre jeunesse l’idéal européen originel, qu’elle a oublié : mettre fin aux guerres, aux nationalismes, aller vers la justice et la croissance.

Si vous gagnez les élections, que se passera-t-il dans le mois qui suivra ?

Nous ne faisons pas de démagogie. Nous savons que l’on ne reviendra pas en 2004, quand la croissance était de 4,5%, mais que se mettaient en place les facteurs de la crise actuelle. Nous prendrons d’abord des mesures pour protéger les victimes de la récession qui dure depuis maintenant 5 ans, et dont les conséquences sont comparabled à celles d’une guerre. Nous reviendrons sur le mémorandum (les réformes exigées par l’Europe et le FMI en échange de l’aide financière, ndlr), pour augmenter les pensions et mettre le salaire minimum à 750 euros. Nous annulerons toutes les nouvelles lois sur le droit du travail. Nous renégocierons tous les points désavantageux dans les accords de prêt.

Un tel programme est-il réalisable sans maîtrise nationale de l’outil monétaire ?

Pour une économie comme celle de la Grèce, le retour à la drachme est une solution très risquée. Ce plan, suivi d’une dévaluation de la monnaie, entraînerait une baisse de 45% des salaires et pensions. Par ailleurs, cette idée insinue qu’il faut sortir de l’euro pour mener une autre politique. Nous voulons montrer que cette autre politique est possible à l’intérieur de la zone euro. Dans nos négociations avec l’UE, nous n’utiliserons pas la menace d’un retour à la monnaie nationale – mais nous ne pouvons évidemment pas révéler dès maintenant tout ce que nous ferons dans ces négociations.

Pensez-vous être bien accueillis à Bruxelles ?

Il est vrai que la propagande à notre encontre s’est intensifiée cette semaine. Antonis Samaras assure que, si nous gagnons, il y aura une pénurie des biens les plus élémentaires. L’édition allemande du Financial Times a publié, en grec, un appel à voter pour Samaras. Nous avons conscience que les négociations seront très rudes. Mais les conséquences de la rigueur sont si catastrophiques font de nos propositons la solution la plus réaliste. Nous sommes convaincus qu’elles peuvent être couronnées de succès, pas seulement pour la Grèce, mais aussi pour toute l’Europe.

Quels autres partis accepteraient de gouverner avec vous ?

La question, c’est plutôt : avec qui voulons-nous gouverner. Nous nous battons pour la première place et, même si nous obtenons la majorité absolue, nous demanderons la collaboration d’autres mouvements, car c’est dans la culture de notre parti. Les Verts, la Gauche démocratique peuvent gouverner à nos côtés.

En cas de victoire du Syriza, Alexis Tsipras sera le Premier ministre ?

Naturellement.

http://www.liberation.fr/economie/2012/06/17/grece-nous-syriza-voulons-sauver-l-euro_826887

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