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Chanson aux gallo-roumains de Kernaval

par Servan d’Armance

Publie le jeudi 15 novembre 2012 par Servan d’Armance - Open-Publishing
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A l’ouest, que du nouveau.
Je suis déjà allé la-bas, j’y retournerai samedi 17 Novembre 2012, il y a au moins deux cars de Rhone-alpes en « transhumance ».
Pour les jeunes qui vont tenter de construire et de tenir dans la zone à défendre.
Parmi les choses à emmener il y a des graines de liberté, car les hommes reviendront à la terre. Pas de pays sans paysans. Mes mains me rappellent tous les jours d’où je viens.

Le vieux guide de haute montagne Guy Demenge m’a donné une vieille corde qui appartenait à son ami alpiniste Fritz Wiessner il y a bien longtemps.
https://en.wikipedia.org/wiki/Fritz_Wiessner
Mais c’est symbolique, la corde est trop vieille pour faire de "l’accrobranche". Wiesner avait beaucoup œuvré pour préserver les forêts amazoniennes et contre un projet commercial à Machupichu, etc.
Guy Demenge est un des instigateurs du Parc national du Mercantour comme son grand oncle Samivel était un des instigateurs du Parc national de la Vanoise.
Il est vrai que ces parcs ne sont que réserve d’indiens pour touriste maintenant. Ils ont fait ce qu’ils ont pu à l’époque où la folie productiviste était à son paroxysme.

De nos jours, les projets de réinstallation de jeunes au cœur des territoires comme la ZAD sont d’une importance remarquable, souhaitable et capitale contre le Zigue du même nom, surtout contre des projets mégalo scientistes.

J’y suis déjà allé j’y retournerai, avec ces phrases en têtes :
celles du paysan philosophe Bernard Ronot ; mi homme de terre mi homme de lettre, dans le documentaire "les blés d’or", avec simplicité et clairvoyance :

"il faut accepter que les gens ne pensent pas comme soi, mais l’agriculture est l’art de savoir cultiver la terre pour nourrir les hommes et non pas de "l’exploitation agricole".

l’homme devient ce qu’il mange, et ce qu’il mange c’est la terre qui le produit, et la résolution de notre monde devra passer par l’équilibre du sol, de notre terre, et tant que l’humanité ne l’aura pas compris, on ira chercher bien loin ce qui est tout près ; la terre est basse et il faut plier le genoux, l’homme doit acquérir une certaine humilité pour comprendre cela.
On croit maîtriser la connaissance, alors que l’homme doit accepter à chaque instant de se remettre en cause : et savoir si ce que l’on fait le jour même, est ce que cela va faire évoluer ou involuer les générations futures ? , les dominer ou les faire grandir ?, c’est là qu’est la clef. Car la terre est la meilleure nourricière des hommes, des plantes, des animaux, c’est très simple. "

J’y suis déjà allé j’y retournerai, c’est là que j’ai appris que ces bretons ne parlent pas breton mais ils parlent le gallo. Alors voilà ce qui en est ressorti :

Chanson aux Gallo Roumains de Kernaval

sur un air connu

l’originale :
La voilà la blanche hermine vive la mouette et l’ajonc
La voilà la blanche hermine Vive Fougères et Clisson

mais

J’ai vu la blanche hermine près des mouettes, derrière l’ajonc
Je l’ai vu la blanche hermine entre Nantes et Redon

J’ai vu la blanche hermine sortir de terre avec passion
comme un chapiteau de Cirque Bidon

J’ai vu la blanche hermine sortir de terre à sa façon
c’est ça la révolution

Pas besoin de lapin en peluche
le pain sort de la huche
pas besoin d’aéroport en plus
le cœur vise toujours juste

Nous nous battrons pour eux car ils sont pacifistes
Nous nous battrons pour eux car ils nous nourrissent
les nourritures terrestres du ventre à l’âme
des paysans artistes cultivent nos paysâmes

J’ai vu la liberté dans les yeux d’un enfant
il soufflait sur des feuilles de chêne
il en fera des éoliennes
il deviendra grand car il est le vent

J’ai vu la blanche hermine et un cheval ouvrant le sillon
les pommes sortaient de terre comme un filon
Charlotte est plus belle que Fontenay
mais le gourmet fait ce qu’il lui plaît
ensemble ils pliaient le genoux
sur ces fruits et cailloux

l’eau
la terre
le feu
Triskel tels quels et c’est pas triste
un paysan artiste

Ils font cela en collectif
C’est plus beau et grand comme un récif
Le cœur tient toujours bon
« Dame », qu’ils ont raison

On se battra pour reverdir cette terre
Par la voie verte à côté du canal
An heol a zo glaz- le soleil est vert
et la via campésina originale
marais canaux oiseaux
c’est-y pas beau ?
la mer le soleil le vent
tous en même temps

J’ai vu l’architecture en terre et pan de bois
de Redon Dinan jusqu’à Rennes et Malestroit
et diverses couleurs de schiste par endroit
Le soleil montrait la beauté vernaculaire
juste pour nous plaire
et la robustesse de la diversité
pour Habiter
Habit de terre amis de l’air
pour l’éternité

J’ai vu des rondins de châtaigniers entiers
ils sont aussi rudes charpentiers
tout ce tanin autour du four à pain,
qui fait poêle de masse et vous embrasse
et chauffe la serre et l’air de rien
la terre à pisé
il faut être devin pour faire tout ce bien
en tout amitié

Au marché un maraîcher au visage rouge
brûlé par le soleil au regard d’azur
parlait de légumes au fur et à mesure
que sa passion et son âge bouge
Lui aussi veut mettre la courge

poireaux de Carentan , oignons de Roskoff
sa mère avait quarante ans au moment de Plogoff
la biodiversité se cultive aussi
si ça vous suffit
Salsifis

Près du marais un artiste
peint des mots comme des cadeaux
qui sortent sur sa toile toute voile dehors
en faisant des rimes comme des ressorts

Sa Blanche est infirmière
et il peut être fier, il peint la vie, c’est clair
altruiste

le soleil et la mer ont quatre enfants ;
trois filles : la pluie, la grêle, la neige
un garçon qui promène ses trois sœurs :
le vent...

Ils l’appellent Bourlinguette
mais c’est bien elle, elle fait la fête
je l’ai reconnu sortant des ruines
elle est bien là, la blanche hermine

Et j’entends toujours le loup le renard et la belette
qui font toujours la fête à Bourlinguette
Si vous passez à Guenrouët
entrez seulement c’est super chouette

plus sérieusement, c’est là que cela se passe :http://bellaciao.org/fr/spip.php?article131492

Tchao

Portfolio

Messages

  • Nous étions plus de 40000 et c’était beau à voir.
    Sur la mairie était pancartée une banderole verticale : « Veni, vidi et pas Vinci »
    Les gens ont beaucoup marché le long des chemins canalisés qu’ils étaient par les fossés et la broussaille, compactés, marchant à la même allure. Les ULM survolant ce spectacle impressionnant voyaient mieux que nous ces veines au microscope. Un véritable flot sanguin qui ravitaillait et nourrissait chaque élément d’un même corps. On échangeait, plus que des regards et des sourires, on se reconnaissait.
    Dans la baraque dénommée « la vache rie » les frusques issus de dons gisaient sur un tas de deux mètres de haut. Revenant dans la première pièce dans la cohue, était improvisé un bureau d’accueil, je raconta sur un bout de papier l’histoire de cette corde et le donna au jeune assis là et rajouta en lui disant « quand il n’y a pas d’histoire il n’y a pas de sens ». En partant dans le flot humain, le regard du jeune homme brillait et saluait en grand merci. Cela ne s’oublie pas.

    Plus loin au delà du chapiteau, les gens faisaient la file indienne pour faire passer les planches des futures cabanes. La foule était un peu refoulée de ce chantier fraternel car il n’y avait pas assez d’espace pour reconstruire par rapports aux mains disponibles. Revenant près du chapiteau, les prises de parole se succédaient sur une scène aménagée de bric et de broc. Des vieux briscards du Larzac étaient aussi là avec leur moustache de gaulois et leur accent à tailler en pièce.
    On ne peut pas arrêter cela, c’est en marche.

    Si les policiers redétruisent nous reviendrons, jusqu’à ce qu’ils comprennent que l’on ne peut pas arrêter la volonté d’un peuple qui se retrouve.