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Pourquoi la CFDT signe tout

par sans-terre

Publie le lundi 25 février 2013 par sans-terre - Open-Publishing
5 commentaires

Reçu en E mail cet après midi

“Après les responsabilités CFDT, la carrière est juteuse !!!!

Depuis quelques semaines, la CFDT se signale à l’attention de l’opinion publique, par :

 le départ de son secrétaire général François Chérèque et sa transformation immédiate en agent prébendé de l’État,

 sa signature d’un accord national minoritaire, dit de sécurisation de l’emploi, avec le MEDEF,

 la déclaration de son nouveau secrétaire général, Laurent Berger, accusant la CGT d’être coresponsable, avec l’employeur, du projet de fermeture de l’usine Goodyear d’Amiens.

Tant d’actualité aussi négative pour les salariés, à mes yeux, m’a incité à aller voir ce qui pouvait expliquer que cette centrale syndicale signe régulièrement des accords dans le dos des salariés et se livre de plus en plus à des attaques frontales contre la CGT.

Pour ce faire, j’ai cherché à savoir quel avait été le parcours des secrétaires généraux des organisations syndicales représentatives (CFDT, CFTC, CGC, CGT, FO) depuis les années 60 jusqu’à aujourd’hui, après qu’ils aient quitté leurs fonctions à la tête de leur centrale syndicale.

Là, je suis allé de stupeur en stupeur. Hormis ceux de la CFDT, tous les ex-secrétaires généraux ou présidents des autres confédérations syndicales sont restés dans leur organisation ou dans des associations qui leur sont proches. Bref, ils n’ont pas fait carrière.

A l’inverse, tous les ex dirigeants de la CFDT, à l’exception d’Eugène Descamps, qui fut secrétaire général de la CFDT jusqu’en 1971, se sont retrouvés à la tête d’entreprises privées ou ont été nommés à des postes de hautes responsabilités dans des organismes publics.

A noter qu’Eugène Descamps a été, et de loin, le secrétaire général de la CFDT le plus unitaire. Il n’y a donc pas de hasard à ce que cet homme soit demeuré fidèle à ses engagements syndicaux, une fois déchargé de responsabilité.

Mais voyons quel fut le parcours de ses successeurs, dans les mêmes circonstances.

Commençons par le premier, Edmond Maire. Il fut secrétaire général de la CFDT de 1971 à 1988. Par la suite, il a été président de Villages Vacances Familles, devenu Belambra Clubs après avoir été privatisé en juillet 2006, puis président de la société d’investissement solidaire France Active (association d’insertion et d’aide à la création d’entreprise).

Edmond Maire a été remplacé, de 1988 jusqu’en 1992, par Jean Kaspar. De 1993 à 1996, celui-ci a été conseiller social à l’ambassade de France à Washington. Il est, depuis 10 ans, consultant en stratégies sociales et gérant de « J.K consultant » à Paris. Il est par ailleurs vice-président de l’Observatoire social international et lié à Entreprise et Personnel, un club RH (ressources humaines) regroupant plusieurs grandes entreprises françaises. Il est aussi intervenant expert pour Entreprise & Personnel, APM (Association Progrès du Management) et GERME (Groupes d’Entraînement et de Réflexion au Management des Entreprises). Il est conseiller de la Fondation pour l’innovation politique. La Fondapol est un cercle de réflexion libéral, fondé par l’UMP, dirigé par Dominique Reynié (un des habitués de l’émission de la 5 « C dans l’air »). Jean Kaspar a aussi été membre de la Commission Attali mise en place par Nicolas Sarkozy. Le 19 mars 2012, il a été nommé président de la Commission du Grand Dialogue de La Poste par Jean-Paul Bailly, le PDG.

J’en arrive maintenant à Nicole Notat. Elle fut secrétaire générale de la CFDT de 1992 à 2002. Dès 2002, elle a été portée à la tête de Vigeo, société européenne d’évaluation des performances sociales et environnementales des entreprises. Parmi les actionnaires on y trouve toutes les grandes banques françaises, de grandes sociétés, des fonds de pension.

Depuis le 1er janvier 2011, elle préside le célèbre club Le Siècle, dont font partie tous les dirigeants des grandes sociétés françaises. Elle est membre du groupe de réflexion sur l’avenir de l’Europe, nommée par le Conseil européen. Elle est membre du conseil d’administration de la Coface (Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur) et du conseil de surveillance du Monde SA. Bref, tout va bien pour elle. Et, il ne s’agit-là que d’un résumé de ses fonctions.

Passons maintenant au petit dernier, François Chérèque, secrétaire général de la CFDT jusqu’en décembre 2012.

Rassurez-vous, ça commence bien pour lui. Le 3 janvier 2013, il a été nommé inspecteur général des Affaires sociales. Il est également président du think-tank social-libéral Terra Nova. N’en doutons pas, ce n’est qu’un début. Le jeune homme ira bien plus haut et plus loin. Comme ses prédécesseurs, il a bien préparé le terrain, du temps où il était secrétaire général de la CFDT.

M’est avis que son successeur, Laurent Berger, a bien compris la leçon. Je dirais même plus, il l’a vite apprise.

En l’espace d’un mois, il a trouvé le moyen d’accepter de signer un accord scélérat dans le dos des salariés, alors qu’il sait parfaitement que son organisation même avec l’apport de la CFTC et de la CGC, ne représentent que 38,70 % des voix des salariés, alors que les deux syndicats non signataires, la CGT et FO, pèsent 49,79 %. Et que si on y ajoute les voix des syndicats Sud-Solidaires et FSU, non conviés à la négociation, mais résolument contre l’accord, nous arrivons à 55,67 % des voix des salariés contre.

A la CFDT, on appelle ça, respecter la démocratie. Mais Laurent Berger ne s’en n’est pas tenu là. Cette semaine, il a donné un coup de poignard dans le dos de la CGT, l’accusant d’être corresponsable, avec l’employeur, de la décision de fermeture de l’entreprise Goodyear à Amiens.

On ne m’ôtera pas de l’idée que, alors qu’ils sont en poste à la tête de leur confédération, les secrétaires généraux, depuis Edmond Maire, mais surtout depuis Jean Kaspar, pensent à la meilleure manière d’atterrir lorsqu’ils ne le seront plus. Il s’agit, pour eux, de donner des gages à leurs futurs employeurs. Ce sont des carriéristes. C’est la raison pour laquelle, systématiquement et de plus en plus, la CFDT accepte de signer l’inacceptable, sans tenir compte de l’avis de la majorité des salariés.

Ainsi va la démocratie ...

Robert MASCARELL, militant CGT aveyronnais ...“”

Sans-terre

Messages

  • Merci pour cet article, même s’il ne m’apprend rien. Ce qui est fou c’est que des salariés payent une carte syndicale à la CFDT !!!!????? La connerie humaine n’a pas de limite.
    Pour ce qui est de la CGT, je ne suis pas sur qu’ils n’aient pas essayer le syndicalisme d’accompagnement. (privatisation EDF-GDF.... Imbrecht cul et chemise avec Sarko...) Bon y avait des malversations au sein du comité d’entreprise (mais pas d’enrichissement personnel)
    C’était peut-être du chantage. Toujours est-il les faits sont là. Les salariés ont été trompés.
    Pour ce qui est de FO (CGT FO) créé de toute pièce par les Américains pour amener une scission au sein de la CGT et l’affaiblir je vous laisse libres de tout jugement.
    Et oui ainsi va la vie. Heureusement il y a des militants à la base qui sont intègres.

    • L’article est clair sur le devenir des dirigeants cfdt après.
      Mais la cfdt innove encore avec Laurent Berger, par le parcours avant : ce dirigeant "syndical" n’a jamais été salarié d’une entreprise sauf deux ans de secrétaire national de la ...JOC ! Il a été salarié de la cfdt à l’ul st nazaire, l’uri Pays de Loire et au national (parcours sans faute).
      Eugène Descamp doit se retourner dans sa tombe.

  • Le problème des militants CFDT. c’est que cet article révélateur de ce que l’on pouvait se douter , ils ne le liront pas et ne voudront pas non plus entendre le "bouche à oreille" en pensant que ce n’est pas vrai que leurs dirigeant peuvent se conduire ainsi ! Et que d’ailleurs leur mentir à ce point ce n’est pas possible ? C’est ce dernier raisonnement que beaucoup de nos citoyens retiennent si on dénonce nos médias audios-visuels menteurs et muets à souhaits ! Il est vrai que la position de beaucoup d’adhérents CFDT. est révélatrice de l’orientation fondamentale de la propagande du syndicat "qu’il faut accompagner la crise" ! Sous entendu que de toute façon on ne peut provoquer une crise du régime puisqu’il a été démontré qu’il n’en était pas de meilleurs possibles ! Reste maintenant à savoir si ces adhérents frappés aussi par l’exclusion , chômage, précarité , etc.... se reconnaissent encore dans "les délices" ventés par cette organisation du régime capitaliste ? Et j’en passe et des meilleures de cette propagande honteuse qui consiste à faire avaler tout bonnement : On ne peut pas faire payer les riches puisqu’ils ne veulent pas ! Alors se pose la question fondamentale de comment on peut ingurgiter si facilement le renoncement à la démocratie à des travailleurs ? Et si ces dirigeants en sont si convaincus que n’avouent-ils pas haut et fort, et puisque nous sommes dans une société à deux vitesses, qu’il est normal qu’il y ai aussi des citoyens à deux vitesses : les intouchables ultras-riches privilégiés et tous les autres citoyens bons à tondre comme des moutons ! Ce serait plus franc de leur part, mais à peine de disparaître il vaut mieux persister à jouer la carte de l’hypocrisie : celle de la social-démocratie ! Et faire partie du gratin de cette société qui si elle nuit à beaucoup, c’est très juteux au final pour certains ! Comme l’écrivit La Fontaine : Cette leçon vaut bien un fromage sans doute !

    • Tu oublies le père Chérèque qui fut nommé préfet de région après la casse de la sidérurgie en Lorraine menée tambour battant avec la complicité de la CFDT.

    • Ne le répétez pas, dit-il, mais les CDI, c’est fini. Hollande devra faire ce travail.
      Union de classe contre Alliance de crasses
      François RUFFIN, Journal FAKIR

      « La fin du CDI » ? Il y a un an, les financiers en rêvaient. Aujourd’hui, Hollande le fait. Avec la bénédiction de la CFDT. Quelle sera la hauteur de la réaction des travailleurs face à cette trahison ?

      Le vendredi 11 janvier au soir, le Médef et la CFDT signent un « accord sur l’emploi ». « Un tournant majeur du quinquennat de François Hollande », salue Libération, « une première victoire sur la scène nationale », une « négociation [qui] apporte une bouffée d’air au dialogue social dans un pays au bord de l’asphyxie », etc.
      Laurence Parisot, aux anges, déclare que « ce soir, les partenaires sociaux ont placé la France en haut des standards européens en matière de marché du travail et de relations sociales », que c’est un « accord historique parce que son contenu est profondément innovant, parce qu’il couvre un champ très large de la vie du travail, de la vie sociale, parce qu’il va transformer la gestion des ressources humaines ».
      Pourquoi la patronne des patrons jubile-t-elle ainsi ? Parce que ce texte va « déjudiciariser la procédure de licenciement ». Et donc les faciliter. Ce qui est une priorité, c’est logique, dans un pays qui compte – officiellement – plus de trois millions de chômeurs, plus 10% en un an.

      Je repense, alors, à Nicolas Doisy. C’est le « chief economist » de Cheuvreux, une société de courtage qui conseille 1200 « investisseurs institutionnels », des fonds de pension anglo-saxons. Nous l’avions rencontré l’an dernier, juste avant la présidentielle. Dans notre journal (n°55) puis à la radio avec Là-bas si j’y suis et en vidéo avec Les Mutins de Pangée, nous avions fait connaître « le plan de bataille des financiers ».

      Dans une note, il prédisait : « La nécessité d’une libéralisation du marché du travail est le résultat direct d’une appartenance de la France à la zone euro, aussi ne peut-on avoir l’une sans avoir l’autre. Avec l’Allemagne qui a libéralisé son marché du travail récemment (et l’Espagne et l’Italie qui suivent maintenant), François Hollande n’aura guère de choix. »
      A l’oral, il se montrait plus précis : « Aujourd’hui, le modèle français, le modèle du fameux CDI, est en train d’arriver en bout de course. Le CDI tel que nous l’avons connu, nous ne le connaîtrons plus, normalement. Le prochain président de la République, quel qu’il soit, va devoir faire ce travail », « permettre une plus grande flexibilité », « réduire substantiellement un grand nombre de garanties dont bénéficient les titulaires de CDI », etc.
      Ce samedi 12 janvier au matin, me vient cette curiosité : était-il aussi satisfait que le Médef ? Je l’appelle et laisse un message à sa secrétaire. Je lui envoie un courriel, aussi : « Est-ce que l’accord sur la “flexisécurité” correspond bien à vos attentes sur “la fin du CDI, tel qu’on le connaît” ? La présidence de François Hollande, dans l’ensemble, répond-elle à vos attentes ? »
      Il m’adresse une assez longue réponse. Mais mentionne – en majuscules : « JE NE SOUHAITE PAS QUE CES LIGNES SOIENT REPRISES D’UNE QUELCONQUE FACON DANS UN QUELCONQUE MEDIA OU SITE INTERNET ».

      On résumera donc : il est content. C’est un pas dans la bonne direction. Même si, d’après lui, il faut encore aller plus loin.

      Je repense, aussi, à Corinne Gobin. C’est une politologue belge, qui étudie, notamment, le discours de la Confédération européenne des syndicats (CES) – dont la CFDT est un membre historique.
      En visite à Bruxelles, elle m’avait expliqué d’où venait tout ce baratin de « dialogue social » et de « partenaires sociaux ». Ça date des années 80, de Jacques Delors, un chrétien « de gauche », proche de la CFDT. Et là, je recopie un extrait de ses publications scientifiques : « De nombreuses stratégies furent déployées par la Communauté européenne en vue de créer un large soutien au projet de “Marché unique”. » Et notamment « un nouveau lexique qui accompagnait, décrivait, justifiait et donnait sens au projet de “grand marché”. » Ainsi de « dialogue social, partenaires sociaux, cohésion sociale, dimension sociale du marché intérieur, Europe sociale, modèle social européen »...
      Ces mots, et les idées qu’ils portent, d’abord lancés par la Commission, ont essaimé dans le discours syndical. à son congrès de 1985, la CES résistait encore : son rapport d’activité stipulait que la Confédération n’était pas prête « à se laisser imposer une politique de régression systématique, que ce soit sous les vocables de flexibilité, de compétitivité ou tout autre terme qui peut encore être inventé ».

      Et, de fait, toutes ces expressions étaient totalement absentes des résolutions. Dix ans de delorisme plus tard, en 1995, ces « vocables » sont adoptés, les délégués de la CES en ont plein la bouche : « compétitivité » (11 fois), « flexibilité » (7 fois), « partenaires sociaux » (24 fois), « dialogue social » (10 fois), « cohésion » (9 fois)… Et la « politique de régression systématique » semble se répandre :
      « Le rôle de l’Union, explique la résolution générale de la CES, doit être de stimuler l’essor et la modernisation de l’industrie et des services européens en renforçant leur compétitivité et en recherchant la qualité globale. » Une décennie : de l’hostilité à l’acceptation, le chemin ne fut pas si long. « Et le pire, sans doute, conclut la chercheuse, c’est que ces raisonnements, ce lexique, ces reculades se propagent depuis la CES jusque dans ses syndicats membres. Vous allez retrouver, dans les discours de la CFDT, de FO, le vocabulaire de la Commission : formation tout au long de la vie, partenaires sociaux, etc. »

      Je repense, enfin, à Jean-Claude Feite. C’est un ancien militant de la CFDT à Longwy, du temps où coulait l’acier. Quand je passe chez lui, il cite souvent cette phrase, avec une fureur lassée : « Il faut retirer les hauts fourneaux de la tête des sidérurgistes lorrains. »
      C’est une maxime de Jacques Chèrèque, un « ouvrier devenu ministre », comme le titre le bulletin de la CFDT, et sa carrière fulgurante renseigne sur l’éternelle prime aux renégats. Ce cadre cédétiste a vécu Mai 68, en Lorraine, comme « une partie de plaisir, la fiesta partout, la grande euphorie démocratique » – nous informe son autobiographie.

      Permanent de la CFDT, il participe, en 1973, à « l’affaire Lip », pendant laquelle les ouvriers occupent leur usine et prennent en charge la production.
      « L’autogestion est le thème à la mode », commente-t-il. Mais à la fin des seventies, la « mode » bouge et Jacques Chèrèque avec : dans sa région, contre une CGT combative, il se fait le chantre du « réalisme », de la « restructuration », « des solutions de remplacement ».
      Et là, en 1984, « coup de théâtre » écrit le périodique (mais en est-ce vraiment un ?) : le voilà préfet délégué pour le redéploiement industriel en Lorraine, nommé par Laurent Fabius. Les grands esprits se rencontrent. Quatre ans plus tard, sous Rocard, il est promu secrétaire d’état à l’Aménagement du territoire et à la Reconversion industrielle. Avec les résultats qu’on sait pour la « reconversion industrielle ». En revanche, côté « reconversion personnelle », tout se passe bien : il sera élu conseiller général et conseiller régional, socialiste ça va de soi. Son fils François a pris la relève.
      Aussitôt signé « l’accord sur l’emploi », Chèrèque junior entre au service du gouvernement, intègre l’Inspection générale des affaires sociales, hérite d’une mission sur la pauvreté. Juste rétribution, pour services rendus à ses alliés socialistes.

      Une belle leçon pour les travailleurs : « Mon Dieu, gardez-moi de mes amis, quant à mes ennemis je m’en charge »...