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La France devrait rembourser au Niger l’uranium pillé depuis 50 ans et réparer les graves dommages causés par Areva

par OBSERVATOIRE du NUCLEAIRE

Publie le jeudi 6 février 2014 par OBSERVATOIRE du NUCLEAIRE - Open-Publishing

 Les autorités du Niger restent soumise à la politique néo-coloniale d’Areva

 Le nucléaire français fonctionne à 100% sur les importations d’uranium

 Les ministres "écologistes" cautionnent le pillage du Niger par la France

 Le verdict de vendredi 7 février dans l’affaire du "don d’Areva" donnera le ton…

Vendredi 7 février 2014, la 17ème chambre correctionnelle du Tribunal de Paris donnera son verdict dans l’affaire du "don d’Areva" : l’Observatoire du nucléaire a accusé la multinationale atomique de pratiques "relevant de la corruption" lui permettant de continuer à s’accaparer à bas prix l’uranium du Niger. En retour, Areva a attaqué l’Observatoire du nucléaire en justice sous prétexte de "diffamation". Mais, au lieu de jouer sur les mots, le mieux est de regarder la situation de façon lucide.

Depuis 50 ans, par l’intermédiaire d’Areva (anciennement la Cogéma), la France pille littéralement, à un tarif dérisoire, les réserves d’uranium du Niger, tout en causant des dommages irréparables à l’environnement de ce pays (contaminations, assèchement de la nappe phréatique) et à la santé et la dignité des populations locales (déplacées, contaminées, exploitées).

Or c’est justement en ce moment que des négociations ont lieu entre Areva et les dirigeants du Niger qui quémandent poliment une augmentation des faibles recettes fiscales que la France verse "généreusement" pour alimenter à bon compte son parc nucléaire.

Jouant à merveille son rôle de caution "écologiste" au sein de l’Etat pronucléaire français, le ministre EELV Pascal Canfin a déclaré le 5 février que la demande des dirigeants du Niger était "légitime". Or, en réalité, cette demande est ridicule : ce sont des dizaines de milliards d’euros que la France a littéralement volé au Niger depuis 50 ans.

Concernant le seul prix de l’uranium, selon diverses estimations, ce sont environ 20 milliards d’euros que la France aurait dû verser durant toutes ces années au Niger, au lieu des sommes infimes "généreusement accordées" dans la continuité d’une politique coloniale toujours de mise.

Mais ce sont encore des dizaines de milliards d’euros que la France devrait payer pour compenser l’assèchement de la nappe phréatique du Niger (nappe "fossile" : elle ne se recharge pas), la contamination continue de l’environnement, les innombrables cancers dont sont victimes les travailleurs nigériens exploités par Areva depuis des décennies.

Pour mémoire, le Président du Niger, M. Issoufou, est l’ancien directeur d’une filiale d’Areva dans l’extraction de l’uranium. Obnubilé par son éventuelle réélection en 2016, il reste soumis à son ex-employeur qui, en décembre 2012, a fait l’aumône au Niger d’une somme de 35 millions d’euros… qui a été directement affectée à l’achat d’un nouvel avion présidentiel.

La dénonciation de ce curieux "don" par l’Observatoire du nucléaire est à l’origine du procès qui lui est fait par Areva : ce sont plutôt 35 milliards d’euros (1000 fois plus !) que la France devrait payer, et non une somme finalement modique et qui ne peut viser qu’à amadouer les dirigeants du Niger. C’est en ce sens que l’Observatoire du nucléaire parle de corruption, au moins sur le plan moral si ce n’est pas sur le plan juridique. Le verdict attendu ce vendredi 7 février donnera le ton : le pillage du Niger sera-t-il contrecarré ou conforté ?

Notons enfin que l’utilisation de 100% d’uranium importé, dans les centrales nucléaires françaises, fait que la prétendue "indépendance énergétique" qui serait assurée à la France par le nucléaire n’est un conte pour citoyens crédules.

Même s’ils finissent réellement par fermer la centrale nucléaire de Fessenheim (Alsace), ce qui est de plus en plus improbable, M Hollande et son gouvernement sont tout aussi pronucléaires que leurs prédécesseurs et perpétuent le nucléaire et ses tares : risque de catastrophe, contaminations diverses, production de déchets radioactifs, factures incommensurables léguées à nos enfants.