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Le Liban insoumis (article intégral)

par Abdellah Ouahhabi & Farid Daoudi

Publie le samedi 30 août 2014 par Abdellah Ouahhabi & Farid Daoudi - Open-Publishing
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" La France officielle « vend » au reste du monde la démocratie et les droits de l’homme. Dans sa pratique des relations internationales, elle préfère aller contre la volonté populaire... "

1ere partie

...Le paysage se brouille complètement si l’on tient compte des projets d’intégrer Israël à l’OIF. Israël fait déjà partie de l’Europe pour ce qui concerne les sports et le football.

C’est une chimère de la géographie, inventée par l’Occident parce qu’aucun pays de la région ne veut jouer avec l’envahisseur et parce que l’on veut à tout prix faire d’Israël un pays « normal, comme les autres ». Si demain Israël est introduit dans l’OIF, ce sera vraiment la fin de la politique africaine et arabe de la France. Celle-ci sera définitivement alignée sur les USA et l’OTAN.

Tout cela paraît compliqué, mais en fait tout est simple. Profitant de la disparition de l’URSS et de la fin de la guerre froide, il fallait profiter de la suprématie américaine, remettre tout le problème à plat et remembrer le Moyen-Orient dans une nouvelle optique : éliminer ou restructurer tous les Etats de la région qui s’opposent encore à la politique occidentale. D’où les agressions contre l’Irak. On sait que ces manigances n’ont mené à aucun résultat tangible pour un coût financier et humain qui commence à devenir intolérable. D’où aussi les pressions ascendantes et les menaces ouvertes contre l’Iran. D’où les manœuvres contre la Syrie.

A force de pressions, l’Organisation de la libération de la Palestine, après l’assassinat par empoisonnement de son chef charismatique, Yasser Arafat, les Occidentaux étaient presque arrivés à faire accepter officiellement l’existence d’Israël et aussi d’un Etat palestinien en forme de bantoustan sud-africain : un Etat miniature, caviardé par d’immenses colonies sionistes armées ayant un statut d’extraterritorialité. C’est alors qu’un coup de tonnerre déchira le ciel des certitudes des sionistes et de leurs parrains américains et européens : le peuple palestinien a démocratiquement élu une force propre intellectuellement, politiquement et financièrement : le Hamas. Celui-ci revient sur toutes les concessions sans contrepartie de l’OLP, y compris sur la reconnaissance d’Israël. L’Iran, l’Irak, la Syrie, le Hezbollah au Liban, le Hamas en Palestine, ce faisceau de situations locales avait une signification claire pour les USA et pour Israël : la carte du Moyen-Orient, dessinée au début du XXe siècle, corrigée au milieu du XXe siècle avec la création de la chimère politique nommée « Israël » avait été un échec.

En effet, après 60 ans de guerre, Israël n’a toujours pas réussi à s’intégrer dans une vie régionale pacifique et les intérêts occidentaux restent à la merci du dernier mouvement nationaliste qu’il soit marxiste, panarabe ou islamiste. Il fallait dans le cadre d’un grand remembrement du Moyen-Orient créer des mini-Etats encore plus petits que ceux qui existent, sur la base de contradictions confessionnelles, culturelles et autres, avec au milieu Israël, un Etat puissant et dominateur. Il est connu que la France a tout fait aux côtés des USA pour obtenir de l’ONU une résolution obtenant le départ des troupes syriennes du Liban. Et l’on sait que sitôt ces troupes parties, Israël a envahi le Liban... comme s’il s’agissait de deux opérations coordonnées. On peut même y voir quatre opérations coordonnées : instrumentalisation de l’ONU contre la Syrie, instrumentalisation de l’ONU contre l’Iran, attaque d’Israël contre le Hamas en Palestine et attaque d’Israël contre le Hezbollah au Liban. Le tout sur fond de « pacification » en Irak... les Algériens connaissent très bien le sens du mot « pacification ».

C’est dans le contexte de ce plan d’ensemble des USA, du Royaume-Uni, de la France et des nouvelles ambitions diplomatiques (devenir membre du Conseil de sécurité de l’ONU) et militaires (l’Allemagne intervient désormais en Afghanistan, elle collabore avec les USA en Irak par le biais de ses services secrets, etc.) internationales de l’Allemagne que nous (Farid Daoudi et Abdellah Ouahhabi) avons décidé de vérifier le résultat de cette politique sur les populations concernées : les Libanais. Une sorte de radioscopie de chacune des principales communautés libanaises.

Comment la société libanaise et ses différentes communautés allaient résister aux forces centrifuges auxquelles elles étaient exposées ? Le Liban allait-il s’incliner devant les injonctions de l’Occident pour se mettre contre la Syrie, contre l’Iran, conter les Palestiniens, contre la cause arabe ? Au plus fort de l’intervention israélienne, nous avons trouvé sur le site internet Libanvision.com un texte « Le Liban restera souverain et uni » signé par Vénus Khoury Ghata. Celle-ci est une écrivaine francophone. Ancienne collaboratrice du Figaro, elle est installée à Paris depuis très longtemps. Elle est maronite. Son point de vue était donc intéressant dans la mesure où il émanait d’une communauté que l’agression israélienne visait à détacher de ses compatriotes chiites plus massivement engagés dans la guerre contre Israël. Le texte paru dans les colonnes de Libanvision.com ne contenait aucune information exclusive nouvelle sur le conflit en cours ou sur son origine. Son intérêt venait de ce qu’il exprimait la prise de position d’une communauté donnée. Nous avons donc tenté de joindre Mme Vénus Khoury Ghata ou M. Druart, le directeur de publication du site Libanvision.com pour nous faire confirmer la source du texte et afin d’obtenir l’accord de l’auteure pour être nommément citée. Mais cela ne fut pas aisé et prit du temps. Les événements chauds se succédant à une vitesse folle, Farid Daoudi a décidé de faire publier immédiatement le contenu du texte sous ses initiales en attendant les éclaircissements à venir : il s’agissait bien d’une compilation de faits connus comme certaines résolutions de l’ONU. Cet article devait être le premier d’une série représentant les points de vue des principales communautés libanaises. Ce texte fut bientôt repris par le Figaro (10 août 2006). A la rédaction d’El Moudjahid où Farid avait fait publier le texte « lsraël ne veut pas d’un Liban souverain et uni » (15 août 2006), l’affaire fut à tort considérée comme un plagiat. Cela était faux... En effet, Farid Daoudi avait bien fait de ne pas mentionner le nom de l’auteur avant vérification : le Figaro publia bientôt un correctif (12 août 2006, p.17) : le texte n’avait pas pour auteur Mme Vénus Khoury Ghata, mais le docteur Pierre Salem. Mais, El Moudjahid évoque un incident diplomatique franco-algérien lié à la publication de cet article... Le tout pour justifier l’interruption de la série de reportages et d’interviews sur la solidité de la société libanaise et sur la force des liens du Liban avec la cause arabe.

Nous reprenons ici la suite de cette étude par conscience professionnelle : il faut finir un travail d’explication en direction du lectorat algérien et francophone, de la situation complexe qui prévaut au liban. Nous ne pouvions pas nous rendre au Liban, mais Paris est un petit Liban où toutes les tendances sont représentées. Nous avons fini par trouver Mme Vénus Khoury Ghata et le docteur Pierre Salem et nous les avons interviewé en exclusivité. Nous avons rencontré des personnalités proches du parti chiite El Amal de Nabih Berri, un allié du Hezbollah. Nous avons interviewé aussi un représentant de la communauté sunnite du Liban. Bien sûr, le Hezbollah étant classé « organisation terroriste » en France, il n’a pas été possible de trouver un Libanais acceptant de s’exposer judiciairement en parlant en son nom. Pour l’opinion de son parti, nous nous référerons à l’interview de son chef, Hassan Nasrallah par Talal Salman, le rédacteur en chef du journal libanais As Safir (cette interview a été traduite par Marcel Charbonnier pour le très riche site voltairenet.org). Voici donc ces différents points de vue.

Mais, avant, quelques rappels pour mettre les événements en perspective. Le Liban n’a jamais signé de traité de paix avec Israël jusqu’à ce jour. Le principe retenu par tous les hommes politiques libanais depuis cette époque est que « le Liban sera le dernier pays arabe à signer la paix et à reconnaître Israël ». Dès lors, la bienveillance des puissances coloniales était partagée entre leurs séides locaux (rois et princes directement sortis du Moyen-Age, dont le pouvoir dépendait de l’appui militaire de l’Occident) et le nouvel Etat gendarme créé... avec beaucoup de contradictions et d’incompatibilités. Mais bon an, mal an, le système tenait : les pays de la région étaient « définitivement » divisés, leurs richesses naturelles étaient exploitées par l’Occident à vil prix. Quand un pays de la région tentait un mouvement d’émancipation, il était soit déstabilisé par un coup d’Etat favorable aux métropoles européennes (Mossadegh, etc.) ou aux USA, soit attaqué militairement avec la participation plus ou moins directe d’Israël (invasion de l’Egypte en 1956).

Cette construction laborieuse ne résista pas au temps. L’existence d’Israël ne justifia pas les espoirs de ses fabricants :

1. Le « foyer national juif » n’a jamais vu le jour : la majorité des juifs boude Israël et continue à vivre à l’étranger ; la plus grande ville juive du monde, c’est New York et non Tel Aviv. En face, la démographie des Palestiniens, des Libanais, des Syriens, des Jordaniens et des Egyptiens, tous des voisins immédiats d’Israël, est galopante. Or, à long terme, l’histoire finit toujours par rejoindre le parti de la masse démographique...
2. Il y a aussi des obstacles de géographie physique qui se dressent contre l’immigration en Israël de tous les juifs du monde - à supposer qu’ils veuillent ou qu’on les force à y aller -, il s’agit du manque d’eau ! La quantité d’eau disponible dans cette région ne peut pas assurer un mode de vie occidental à plus de monde que ceux qui y vivent actuellement. Israël est donc poussé sans cesse à des guerres pour élargir son périmètre de nappes phréatiques en repoussant les Arabes toujours plus loin dans le désert, pour occuper leur territoire. D’où des guerres incessantes au coût de plus en plus élevé.
3. Après 60 ans d’existence, l’Etat sioniste n’est toujours pas rentable économiquement : malgré un transfert technologique inouï, sans un apport financier massif et régulier, il ferait banqueroute en une seule année ; facteur aggravant : la corruption se développe, les scandales financiers se succèdent dans les arcanes du pouvoir.
4. En 60 ans d’existence, les pays de la région n’ont encore jamais accepté cette verrue. Même quand « un accord de paix » a été imposé à un pays en passant par une classe dirigeante soucieuse de sauvegarder son statut, les peuples n’ont pas accepté. Des touristes israéliens sont assassinés régulièrement. Les sportifs du Moyen-Orient ne veulent pas jouer avec les joueurs d’Israël si bien que ce pays a été intégré dans les équipes d’Europe. Régulièrement, à l’occasion d’événements spectaculaires (la guerre d’Irak, l’attaque contre les Twin Towers, etc.), la rue s’exprime spontanément et elle condamne l’existence d’Israël. Enfin, chaque fois que la population peut s’exprimer démocratiquement dans la région (Iran, Liban, Palestine), elle élit des formations politiques qui contestent l’existence d’Israël. Cela signifie que l’on ne voit pas la fin de la guerre commencée sous la houlette des puissances coloniales pour imposer Israël ; c’est la plus longue guerre de l’histoire moderne et contemporaine. On peut supposer que même si un gouvernement acculé ou acheté a reconnu le droit à l’existence d’Israël sur des terres arabes, cette reconnaissance sera de toute façon remise en cause par le peuple concerné. Tôt ou tard.
5. Israël a été créé pour réparer les fautes de racisme anti-juif des métropoles coloniales sur le dos du peuple palestinien assujetti. Il va de soi que ce pauvre peuple palestinien n’était pour rien dans les crimes historiques commis contre les juifs : pogroms, holocauste du peuple juif, etc. Mais le résultat de 60 ans d’existence d’Israël est que l’« antisémitisme », c’est-à-dire le racisme anti-juif n’a pas disparu d’Europe. Il n’existait pratiquement pas dans le Moyen-Orient musulman (depuis des siècles, dans des sociétés médiévales aux classes et compagnonnages très prononcés, les pays musulmans ont toujours abrité des minorités chrétiennes et juives ; il y eut de hauts fonctionnaires juifs, des ministres juifs... et cela continue aujourd’hui encore). Mais l’existence d’Israël tend à créer, à développer et à fixer dans le Moyen-Orient un racisme anti-juif alimenté par les abus militaires et de l’administration raciste israélienne contre les populations arabes. La création de l’Etat d’Israël n’a atteint aucun des buts antiracistes recherchés.
6. Israël a été créé dans le cadre d’un projet néocolonial de contrôle du Moyen-Orient pour faire du bénéfice en installant à demeure Israël, un gendarme susceptible de garantir militairement l’accès aux hydrocarbures de la région à vil prix lorsque les mécanismes contrôlés du marché sont mis en échec, comme par exemple après la création par l’Algérie de l’OPEP. Or le prix de revient de l’existence d’Israël atteint un tel niveau qu’il devient une opération déficitaire pour ses promoteurs européens et américains : le prix se compte désormais en vies humaines, en argent donné, en argent non perçu (exemption de droits de douane) et en instabilité internationale, voire en résultats économiques négatifs (les prix du pétrole sont dépendants de la situation dans la région). Le décompte des vies humaines donne des chiffres très importants en pertes directes : Israël, emporté par son élan guerrier, a tué à plusieurs reprises des membres de l’ONU européens ou américains. A cela, il faut ajouter toutes les victimes des réactions désespérées et excédées des populations arabes qui sont passées à l’action terroriste (« guerre du faible contre le fort »). Dans ce chapitre, il faut compter aussi bien les victimes du 11 septembre que des dizaines d’attentats au Moyen-Orient et à travers le monde. Il faut aussi compter les victimes juives des guerres du Moyen-Orient. En fait, même s’ils ont été volontaires à titre individuel, ce sont bien des citoyens européens ou américains, juifs émigrés en Palestine ; ils ont perdu la vie dans le cadre d’un vaste plan néo-colonial qui n’a pas obtenu les résultats escomptés. Les pertes indirectes alourdissent ces pertes humaines. Pour tenter de faire cesser le carnage, les pays créateurs d’Israël ont été amenés à s’engager dans des guerres locales (l’occupation de l’Egypte en 1956, les interventions contre l’Iran, la guerre contre l’Irak : on y compte pas loin de 3000 morts). Tous ces chiffres n’existeraient pas sans l’abcès de la Palestine. Cela a généré des pertes financières considérables et beaucoup de pertes humaines. Bref, depuis la création d’Israël, le nombre de victimes européennes et américaines doit dépasser les 100 000 personnes ! Et je ne compte pas les centaines de milliers de victimes arabes et musulmanes ! Je ne compte pas les millions de déplacés ayant quitté temporairement leurs foyers pour fuir les cruautés israéliennes. Ces populations sont parquées dans le plus grand camp de concentration du monde, Ghaza (la densité de la population y est la plus élevée qui se puisse mesurer dans le reste de la planète). La communauté internationale paie pour leur subsistance à la place de l’agresseur, Israël, depuis des dizaines et des dizaines d’années.
7. Enfin, il faut savoir que des personnes qui en Europe avaient dix ans au début de la Seconde Guerre mondiale, en 1939, sont âgées aujourd’hui de 77 ans ! Ce ne sont plus des personnes en activité professionnelle ; elles ne gagnent plus d’argent, elles sont à la charge de la société, des jeunes générations. Cela veut dire que même si elles ont été antisémites (et tous les Européens ne furent pas des racistes, loin de là !), il n’y a aucune légitimité à faire payer le crime des racistes anti-juifs des années 1930 par les générations qui sont actuellement productives. La victimologie de l’holocauste passe de plus en plus mal. Les abus de celle-ci, ajoutés au prix de revient économique et en vies humaines d’Israël pour un résultat quasi nul, font que même le contrôle des médias par des lobbys associés aux forces néocoloniales et sionistes ne suffit plus à faire passer la pilule aux populations européenne et américaine. Un ras-le-bol envers Israël s’installe au plus profond de la population européenne et va se renforçant : d’où le succès politique de formations qui font semblant de s’attaquer aux « immigrés » et dont le vrai but inavoué est de s’attaquer à une autre partie de la population européenne. Lors d’un débat politique, Le Pen avait demandé à un ministre du Travail s’il avait la nationalité israélienne - celui-ci l’avait - ; Le Pen a alors laissé entendre que c’était un « mauvais Français » ou du moins qu’il n’avait pas la légitimité pour parler au nom de la France. Dans pas très longtemps, si ça continue, nous serons témoins de graves mouvements de rejet massif. Ce résultat catastrophique de l’idée sioniste a été prévu par beaucoup de penseurs, notamment par des penseurs juifs venus d’horizons divers : Marx, Trotsky, Freud, Einstein, des rabbins célèbres, etc. qui ont tous condamné et condamnent encore le sionisme.

2ème partie

8. Les promoteurs de l’Etat d’Israël ont pensé que l’arme atomique suffirait à terroriser et geler le Moyen-Orient. Ils ont donc doté cette chimère politique de l’armement nucléaire. Mais les peuples du Moyen-Orient regardent les informations, l’actualité et savent qu’il y a eu Hiroshima et Nagasaki, puisqu’il y a le Japon riche et prospère d’aujourd’hui. Ils savent qu’il y a eu Tchernobyl et que la vie a repris et continue en Ukraine. Ils savent que l’Etat nucléaire et raciste de l’Afrique du Sud a dû désarmer et redevenir un Etat normal. Ils savent qu’une guerre nucléaire au Moyen-Orient se déroulerait aux frontières mêmes d’Israël, un pays de superficie réduite, sans profondeur stratégique, qui ne pourra pas utiliser l’armement atomique autrement que comme « chant du cygne noir ». Et après sa mort suicidaire, la vie reprendrait petit à petit dans la paix et la prospérité revenue. C’est devant ce constat d’échec d’une politique diligentée pendant plus de soixante ans contre les Arabes que les empires coloniaux, recomposés en empires néo-coloniaux, sont arrivés à la conclusion que les ensembles politiques imposés aux peuples arabes à l’aube du XXe siècle étaient trop étendus, trop peuplés. La solution serait selon ces stratèges Folamour de notre temps de recomposer le Moyen-Orient en une multitude de petits pays opposés les uns aux autres par la tendance religieuse, par les us et coutumes, par des contradictions économiques, par des litiges territoriaux, par des conflits dynastiques, etc. Comme d’habitude, l’opération devrait être menée sous couvert de « démocratisation à l’américaine ».
Concrètement, il s’agissait d’isoler du réseau financier mondial tous les régimes démocratiquement élus qui refuseront le parrainage des USA et de l’Europe néo-coloniale ; il s’agit de les saboter par tous les moyens possibles. Il fallait attaquer le Liban pour le casser, le morceler. Dans la configuration de morcellement poussé, l’Etat d’Israël aurait sa place. Certains petits Etats iront même solliciter son aide contre le coreligionnaire, le consanguin transformé en ennemi : cela s’est vu dans les micro-Etats de l’Espagne arabe décadente.

Ce raisonnement s’est aussi imposé aux USA parce qu’ils ont constaté que, dans la configuration actuelle, le temps a joué contre eux au Moyen-Orient. Les pauvres se multipliant beaucoup plus vite que les riches, les chiites du Liban approchent la majorité de la population du pays. Ils sont suivis par les sunnites. Les chrétiens ne sont plus la partie majoritaire. De plus, nombreux sont parmi les chrétiens qui se sentent Arabes avant d’être les alliés des USA ou même de la France. Ils ont vécu le drame palestinien en voisins. Ils accueillent sur leur territoire plus de 500 000 réfugiés palestiniens qui attendent de retourner dans leur pays.

Avec le temps, à travers les crises et même des guerres civiles, voire des ralliements partiels à Israël dont ils ont gardé le goût amer du sentiment de trahison, les dix-sept communautés qui forment le Liban se sont soudées. Quand l’Occident est l’allié d’un pouvoir fort, même s’il l’a imposé par la force, il le fragilise en critiquant son « manque de démocratie », le « mauvais respect des droits de l’homme », etc. Les oppositions « démocratiques » sont soutenues en sous-main mais pas au point de prendre le pouvoir. Ce soutien sert à garder la pression sur « le pouvoir ami ». En effet, si ce pouvoir fort renforce son assise, il deviendra de plus en plus revendicatif dans l’arène internationale, de plus en plus nationaliste... par la force des choses, il risque de se retourner contre son maître d’hier : combien de fois les USA ont dû intervenir en Amérique latine contre des dictateurs qu’ils avaient placés et qui ont pris un air d’indépendance ; Ben Laden a bien été un salarié de la CIA en Afghanistan. C’est pour se prévenir contre ce type un peu spécial de conflits salariaux que les puissances dominantes doivent maintenir leurs marionnettes en état de fragilité relative.

Mais quand l’Occident a en face de lui un pouvoir nettement démocratique qui suit la volonté populaire et qui ne reconnaît pas la légitimité d’Israël, alors il finance toutes sortes de généraux, de subversions contre l’« extrémisme » prétendu de ce régime. Peu chaut si comme en Iran, ce régime a une solide base sociale pour son action de justice économique. Peu chaut que ce régime fasse vraiment progresser les sciences et la technologie pour le bien-être de son peuple. Et si la sédition ne marche pas, l’Occident cherche le conflit militaire direct. C’était le cas avec l’Afghanistan et l’Irak. C’est le cas avec l’Iran et la Corée du Nord. C’est le projet proche pour la Syrie. Après-demain, ce sera le cas avec le Pakistan, l’Algérie et l’Egypte.

Voilà le tableau général et voilà les perspectives stratégiques de l’Occident dans lesquelles a pris place la guerre du Liban, la dernière des guerres du Moyen-Orient.

Supervisée par les USA, politiquement et comme toujours militairement, y compris au niveau de la fourniture d’urgence d’armement interdits pour surmonter des difficultés imprévues rencontrées sur le terrain. Les buts de la guerre étaient les suivants :

Compenser les difficultés rencontrées en irak. Cette intervention avait été considérée comme la solution ! Trois mille victimes américaines plus tard, cela s’est avéré faux.
Alors, la fuite en avant s’est imposée : la destruction de la société libanaise en une multitude de petites entités étatiques antagonistes, inféodées aux USA et donc à Israël.
Cela permettait aussi de récupérer les eaux du Litani qui viendraient s’ajouter à la nappe phréatique de la zone des fermes de Chebaâ contrôlées depuis 1967.
Cela aurait aussi permis de tester contre la milice locale du Sud (Hezbollah) partiellement occupé la future action contre l’Iran qui est un appui solide des forces anti-israéliennes.
Enfin, Beyrouth est un centre financier important et un port qui sert de poumon tout le Moyen-Orient. Cela aurait dû faire péricliter cette économie et aurait dû booster l’économie d’Israël.
Il y a une pause dans les événements du Liban. On peut faire un point pour voir si Israël a atteint ses objectifs et pour tenter d’imaginer la suite des événements. Au plus fort de l’invasion israélienne, nous avons considéré que l’objectif principal d’Israël était l’éclatement de l’entité libanaise dans le cadre de la politique américaine de remembrement du Moyen-Orient.

Nous avons donc recherché l’opinion des Libanais ? Mais nous n’avions pas la possibilité d’aller sur place. Nous avons décidé de travailler la question par le biais d’Internet et aussi en explorant la planète libanaise à travers l’importante communauté qui vit en France. C’est dans ce contexte que nous avons voulu savoir si les USA et Israël avaient réussi à affaiblir la société libanaise. Paris est un petit Beyrouth. Et nous avons fait une enquête dans ce petit Liban. Qui a fait quoi ? Comment la société libanaise a réagi ? Quel est le bilan de cette agression ? Comment les protagonistes extérieurs à la région tentent-ils d’atteindre leurs objectifs ?

Pour la romancière et poétesse libanaise Vénus Khoury-Ghata, chrétienne maronite, un des buts de l’agression israélienne était de casser la société solidarité et l’entité nationale du Liban en opposant les minorités les unes aux autres : « Kissinger, il y a 25 ou 30 ans, avait ce rêve de démanteler ce Proche-Orient et en faire des mini-Etats religieux : chiite, sunnite, alaouite, maronite, etc. en présence d’un Etat juif voisin. Tant que les autres arabes demeureront liés et formeront une entité arabe, il n’y aurait pas de possibilité de vie, d’existence pour Israël. Maintenant, je vois très bien que certaines forces internationales veulent imposer un Etat chiite qui s’étendrait jusqu’à Beyrouth incluse, et après ce serait un Etat maronite, un Etat chrétien... C’est la politique américaine de ces trente dernières années qui continue, et c’est terrible d’imaginer qu’il y aurait un jour un Etat chrétien de 45 km2, ouvert vers la mer, sans avoir de partenaires commerciaux à l’intérieur des terres, un Etat alaouite, un Etat sunnite, un Etat chiite,... ce qui fait qu’il n’aurait pas la chance de survie. Les libanais chrétiens seraient obligés comme ils l’ont fait en 1860 après le génocide par les druzes, d’émigrer, de quitter le Liban. Dans le temps, on se sentait chrétien avant de se sentir libanais.

Maintenant, on se sent d’abord libanais. Il y a eu la révolution du 14 mars qui fut très importante où chrétiens, sunnites, druzes, etc. se sont rassemblés pour recréer ce Liban multiconfessionnel qui a vécu longtemps très bien et qui aurait pu continuer à vivre s’il n’y avait pas eu le problème palestinien à résoudre. S’il n’y avait pas eu de problème palestinien qui est devenu une force interne dans l’Etat comme le sont les chiites maintenant, nous n’aurions pas eu de guerre civile entre nous. On s’entendait très bien les diverses communautés. Vous grattez un peu, le sunnite oublie qu’il est libanais, il se joint aux Palestiniens et c’est le retour au communautarisme. Mais ce qui est terrible pour le Liban, je considère honteux d’imposer toujours un président de la république maronite, un président de la chambre chiite, un président du parlement sunnite, et de continuer à penser comme ça. Il faut dire qu’au Liban, il y a toujours cette mention de la religion dans les documents d’identité. On a beau l’enlever de notre tête. Je suis chrétienne, mariée à un musulman sunnite Ghata, d’origine albanaise et ma fille est mariée à un juif ; nous nous sentons comme des gens laïcs n’observant aucune religion. On croit en Dieu et cela suffit. »

Sur un ton d’amertume, la romancière confiera : « J’ai trois enfants d’un premier mariage qui vivent au Liban, et quand je leur dis de venir s’établir en France, ils me répondent non, que c’est notre pays le Liban, nous allons vivre avec lui, et s’il meurt, nous mourrons avec lui. »

A ce propos, d’ailleurs, la société libanaise serait prête à retirer la mention confessionnelle des pièces d’identité. Les gens instruits, les gens cultivés y sont favorables. Concernant le renforcement de la Finul au Liban, elle doutera de sa mission : « Je ne sais pas ce que ça va donner. Je trouve magnifique que ce soit à l’initiative française que les combats se sont arrêtés. Si on se remettait à Bush, rien ne se serait arrêté, tout le Liban aurait été pulvérisé, et pas uniquement le Liban. Israël, quant à lui, a d’autres objectifs : capter l’eau du Liban. il y a trente ans, en France, invitée par l’épouse d’un député mauricien, quelqu’un se présente à moi comme étant le directeur de l’office du Litani, un fleuve totalement enclavé dans le Liban. Je pensais qu’il était libanais, c’était un israélien. Donc, il y a trente ans, ils avaient créé un office du Litani chez eux pour voir déjà comment se l’accaparer. Vous imaginez le cynisme de ces gens. »

Pierre Salem est médecin à Paris. Il fut le conseiller de Raymond Éddé, le dirigeant du parti du front national du Liban. Pour Pierre Salem, un chrétien maronite : « Ce qui est important, c’est la libération des fermes de Chebaâ par les Israéliens. Chebaâ est dans le Liban depuis 1862. Israël, aujourd’hui, dit : ‘‘Chebaâ n’est pas libanais’’ pour justifier la non-application de la résolution entière 425 de l’Onu qui dicte aux forces israéliennes de quitterle Liban. Il ne s’est pas retiré de Chebaâ. En 1954, il y a eu entre les arabes un pacte, Edifaâ El Arabi El Mouchtarak, la défense arabe commune. Les unités syriennes ont été autorisées de stationner à Chebaâ. Lorsqu’elles ont été délogées en 1967, Israël a mis la main sur Chebaâ. Les Nations unies disent que Chebaâ relève de la résolution 224 (de 1967), le Liban dit : ‘‘ça fait partie intégrante du pays et donc il faut qu’Israël quitte Chebaâ.’’ Je suis fier du travail accompli par le Hezbollah, mais si je suis pour le désarmement du Hezbollah et l’envoi de l’armée dans le Sud-Liban, c’est parce qu’on ne peut pas avoir un Etat dans l’Etat. La présence du Hezbollah, pour moi, donne à Israël, et donnera toujours à Israël le prétexte de revenir dans le Liban-Sud. Je dirais même plus que ça : Israël ne veut même pas qu’on désarme le hezbollah. Dans ses premières déclarations, Ehmut Olmert, le Premier ministre israélien, au début de la guerre n’a jamais dit : ‘‘je veux désarmer le Hezbollah’’. Il a dit : ‘‘je veux repousser le Hezbollah au nord du Litani’’. C’est en fait pour récupérer tout un territoire au sud du Litani et s’approprier l’eau de ce territoire. »

Le Hezbollah fait l’affaire des Israéliens. Ça leur donne le prétexte d’envahir le Liban quand ils le veulent. Israël veut même punir le Liban par la guerre. Et il y a plusieurs raisons à cela.

1- la question de l’eau.

2- la question des palestiniens : 500 000 Palestiniens qui veulent revenir chez eux et qu’Israël veut fixer définitivement au Liban. Israël veut annuler l’application de la résolution 194 de l’Onu qui implique le droit au retour de 1949.

1 - Le problème de l’eau est aussi vieux que la création d’Israël. « Sans accord sur l’eau, il n’y aura pas d’accord, car pour le peuple israélien, l’eau est beaucoup plus importante que la paix », déclarait Itzhak Rabin, montrant par-là que la sécurité si souvent évoquée par Jérusalem était secondaire.

Le Premier ministre israélien a parlé de libérer deux soldats : est-ce que pour faire libérer deux soldats, on en sacrifie 114 ? A-t-on nommé une commission pour aller s’occuper des négociations pour récupérer les deux soldats ? Bien sûr que non. Autre déclaration, Istzhak Rabin disait : « quelles que soient les mesures techniques prises, la pénurie potentielle en ressources hydrauliques pourrait conduire Israël à s’entendre avec ses voisins sur les questions territoriales en échange d’eau, ce serait alors la paix au Moyen-Orient. » Shimon Pérès a dit textuellement le 15 mars 1995 à Elmut Kohl : « en temps de guerre, nous avons besoin des armes, pour la paix nous avons besoin de l’eau. »

Israël a accepté de se retirer de l’Egypte lorsqu’il a obtenu l’exploitation des eaux souterraines de la région de Rafah dans le Sinaï. Les accords ont été signés après acceptation par l’Egypte de céder les eaux souterraines de la région de Rafah. Il y a eu, à ce propos, une info formidable à la télé : les intellectuels jordaniens demandent à leur gouvernement d’annuler l’accord de oued El Araba. Le traité de paix israélo-jordanien a été signé quand la Jordanie a accepté le 7 juin 1994 de partager avec Israël les eaux du Jourdain et du Yarmouk ainsi que les eaux souterraines de oued El Araba.

2 - Le deuxième problème est celui des Palestiniens. En aggravant les problèmes économiques du Liban, on pousse le Liban à accepter un accord selon lequel on effacerait sa dette à condition qu’il accepte la fixation des Palestiniens au Liban-sud. La destruction du port de Beyrouth, de la route (du pont) de Damas, signifie tout simplement, qu’Israël veut que le port de Haïfa remplace le port de Beyrouth. En démolissant la route de Damas, on coupe le transit entre le Liban et la Syrie qui rapporte 50 millions de dollars à l’Etat libanais. L’économie libanaise est basée sur le tourisme. Cette année, il devait rapporter quatre milliards de livres libanaises, surtout avec les touristes arabes. En poussant la population chiite vers le nord du pays et en créant une zone vide entre la frontière et le Litani, Israël cherche à créer des tensions entre les libanais, c’est-à-dire, en acculant les chiites dans leurs montagnes et à Beyrouth, il vise à créer des conflits entre la population chiite et la population chrétienne.

Autre chose, Israël veut créer dans la région des petites entités territoriales à caractère confessionnel. Dans ses mémoires, Shimon Pérès parle déjà de ce projet en 1993 : créer une myriade de mini-Etats pour que le mini-Etat juif dans cette région ne soit pas le seul Etat confessionnel. Avoir de grands pays laïcs ou musulmans arabes n’arrangera pas Israël qui ne veut pas de grands pays autour de lui.

S’agissant des ports de Haïfa, de Beyrouth. Israël projetait de faire un canal entre la mer Méditerranée et la mer Morte. La mer Morte a vu son niveau baisser de 5 m en l’espace de 50 ans. La mer Morte est en train de sécher ; le dénivelé est de l’ordre de 300 à 396 m. Donc Israël veut faire venir l’eau de la méditerranée vers la mer Morte, mais aussi des bateaux lesquels au lieu d’aller à Beyrouth peuvent arriver carrément en plein désert en Jordanie.

Israël pourrait ainsi toucher des royalties sur le transit. C’est aussi une façon, grâce au dénivelé de 400 m de fabriquer de l’électricité, de l’énergie, ainsi de suite. Et pour cela, Israël a besoin de conquérir des territoires nouveaux. Lorsque la guerre a éclaté, avait lieu la réunion du G8, les participants croyaient à l’effondrement du Hezbollah. Même Condoleeza Rice, lors de ses fréquents voyages au Liban pendant la guerre, demandait aux druzes et aux maronites de prendre position par rapport au Hezbollah, ce qu’ils n’ont pas accepté de faire, ils avaient compris le jeu.
Au bout d’un mois, Israël n’arrivait pas à diminuer l’intensité de la riposte du Hezbollah. Il avait réussi à mutiler le Liban.

3eme partie

Par ailleurs, ils auront, au contraire, consolidé l’unité des libanais. Il est à constater qu’Israël n’avait pas besoin de cette guerre pour arriver à cette résolution 1701. Celle-ci apporte que l’armée libanaise va dans le sud et qu’elle veut être aidée par les forces internationales. Cette force internationale, missionnée selon le chapitre 6 des Nations unies, a le droit de se défendre, mais ne peut pas utiliser les armes pour imposer quoi que ce soit. Kofi Annan avait déclaré à Beyrouth que leur mission n’est pas de désarmer le Hezbollah, ce qui veut dire, entre parenthèses, que le Hezbollah garde ses armes, et qu’Israël garde ses intentions, donc qu’il n’y a ni vainqueur ni vaincu et que les hostilités vont reprendre sachant que ce qu’a dit Itzhak Rabin, c’est que l’eau est beaucoup plus importante que la paix.

L’enjeu est toujours le même et il n’a pas changé. Israël ne se retirera donc pas de Chebaâ car il y a 1 milliard 500 millions de m3 d’eau sous Chebaâ. Chebaâ veut dire en araméen, l’eau débordante ; il y a sept fontaines à Chebaâ. C’est l’eau superficielle qui alimente le Jourdain. Les nappes phréatiques de Chebaâ recèlent le plus gros réservoir d’eau du Moyen-Orient. Israël a besoin de 2 millions de m3 par an. Israël ne dispose en ressources que de 45% de ces eaux. Les 55% viennent du Liban et de la Syrie. Israël n’a pas intérêt aujourd’hui à se retirer de Chebaâ, ni à signer la paix parce que signer la paix veut dire rendre le Haut-Liban (le Golan) à la Syrie. L’eau est la priorité ; Israël a quitté le Sinaï parce qu’il n’y a pas d’eau. Et à la place du Sinaï, il a pris les sources de Rafah. Israël a laissé le pétrole du Sinaï mais n’a pas laissé l’eau du Sinaï.

Abordant le rôle de la France dans ce conflit, Pierre Salem dira : « Le rôle de la France est ambigu. En fait, la France veut revenir au Liban parce qu’ il y a concurrence avec les Américains qui veulent impliquer les Français et les autres européens dans une prochaine guerre probable entre le Liban, la Syrie, Israël et l’Iran. Les Américains n’écartent pas une guerre contre l’Iran. Donc les Français sont tombés dans le piège. Vous ne pouvez pas vous imaginer ce que c’est de combattre des milices, des militants du Hezbollah. Ce sont des gens qui cherchent la mort pour aller au paradis. Et toutes les armées du monde ne pourront rien faire contre le Hezbollah. Les armes, il y en a partout, regardez l’Irak : qu’a pu faire l’armée américaine, la plus puissante du monde, contre la guérilla ? rien du tout.

Mais quand la question de désarmer le Hezbollah va être à l’ordre du jour, que va faire Jacques Chirac ? et pourquoi on a donné la direction des opérations aux Français jusqu’en février prochain ? Parce qu’en février on sera en pleine campagne pour l’élection présidentielle. Parce que Chirac ne veut pas de souci, ne veut pas que la France dirige les opérations entre février et avril, période de l’élection. En fait, je crois que l’envoi de l’armée française au Liban fut une erreur monumentale de la France. Le présent dossier a été finalisé bien avant le survol des chars français Leclerc impuissants face à l’aviation israélienne et bien avant l’attaque du vaisseau allemand ».

Force est de constater que le docteur Pierre Salem avait vu juste. Il ajoutait : « D’ailleurs si on réfléchit bien, qui était contre le fait de faire intervenir la Finul 2 sous l’égide du chapitre 7 de la charte de l’ONU ? Le chapitre 7 prévoit que ces troupes peuvent intervenir à leur initiative, utilisant la force et tous les moyens. Qui était contre ? les Israéliens, parce qu’ils veulent revenir s’occuper du Liban. Les protagonistes du conflit avaient besoin d’une mi-temps. La résolution 1701 reconnaît le Hezbollah puisqu’elle n’appelle pas à son désarmement. »

Les propos de Mohamed Nasreddine, cadre commercial à Paris, musulman chiite, sympathisant du mouvement Amel : « Au Liban, il n’y a jamais eu de recensement officiel depuis 1932 et depuis on établit une estimation approximative par rapport au registre d’état civil. D’après les dires, le nombre de musulmans atteint à peu près 60-65% et les chrétiens, c’est le reste de la population parce que les autres communautés sont souvent minuscules. » Que l’une ou l’autre soit majoritaire ou minoritaire et qu’il y ait une conviction des deux côtés et une volonté de vivre ensemble, l’histoire a prouvé que nous pouvions vivre ensemble.

Le partage du Moyen-Orient après la chute de l’Empire ottoman a généré un pays artificiel (issu de la grande Syrie) qui a vu pendant une courte période une unité historique de ses habitants. Quelles que soient les idées sur l’histoire du Liban, le fait admis est qu’il y a des Etats arabes, qu’il y a eu des découpages, qui ne réconfortent pas nos visions et nos idées. Le problème maintenant est : est-ce que nous sommes capables de maintenir ces frontières qui sont nombreuses malheureusement ? En principe, à mon avis personnel, il aurait fallu avoir les frontières d’un seul pays arabe et on a les moyens, on a les potentiels pour un tel idéal. La nation arabe peut prétendre à concrétiser cet idéal sur le terrain. Le problème maintenant, c’est de savoir, si les 22 pays resteront 22 pays, ou si nous sommes dans un processus où on nous pousse à avoir 40, 50, 60 Etats et ça deviendrait une catastrophe. Il faut donc, à mon avis, essayer de sauver ce qui existe.

Le Liban, quant à lui, a signé l’armistice autour de la ligne bleue en 1949. Elle est théoriquement valable. Réellement, elle a été mille fois bafouée. Les Israéliens n’ont respecté aucune décision, aucune résolution qui a été décrétée envers les Arabes. Même, l’armistice n’a pas pu protéger le Liban, parce qu’Israël se sent impuni, un pays protégé par les puissances étrangères. Les Libanais ont montré cette fois qu’ils pouvaient résister. Avant tout, il y a la foi, la conviction en soi de défendre une cause juste.

Le second point est que les Libanais ont pensé à se montrer unis, ils n’ont pas recouru à l’intervention extérieure et n’ont pas été divisés comme ils l’ont été en 1982, avec une partie qui soutenait l’occupant, une partie qui essaie de résister. Au début des événements, ce qui a été regrettable a été l’adoption par le gouvernement libanais, lui-même, d’une attitude qui n’était pas trop claire, à la veille de cette guerre (soldats israéliens capturés par les résistants du Hezbollah). Dans le premier point de sa déclaration, le gouvernement affirma ne pas avoir été informé de cette capture. Il est normal que le gouvernement ne soit pas informé, mais il a ajouté ne pas cautionner cela et n’être pas responsable de cet événement.

Sur le terrain, l’on s’interrogeait sur la nature de la résistance. Le Hezbollah fait partie de la population avant tout, la plupart de ses gens sont des chiites (95%) et il est normal que les gens qui ont participé à la résistance soient de cette majorité. Sur le plan national, dans cette guerre, les chrétiens ont soutenu la résistance de plusieurs façons. Nous l’avons bien constaté surtout d’abord dans les villages chrétiens où arrivaient des populations déplacées qui étaient obligées de fuir leurs villages au Sud-Liban et ils passaient par des villages à majorité chrétienne. La population chrétienne leur a offert l’asile spontanément et leur a demandé de rester, de vivre ensemble, de s’installer sous les arbres, dans les églises, dans les écoles et de partager ce qu’il y avait. Cette population de plus d’un million d’habitants, qui ont fui leurs maisons et qui sont allés dans des quartiers chrétiens, sunnites, druzes, a, en général, été bien accueillie, ce qui constituait en soi une victoire contre Israël. Ce dernier a essayé de chercher à créer une fissure énorme entre ces gens.

Bien sûr, il y a un autre facteur de la victoire : l’entraînement, la préparation, toutes les aides personnelles possibles, quoique je ne sois pas en mesure de savoir sur le terrain qui a aidé et qui n’a pas aidé. Mais dans l’histoire des peuples, quand il y a résistance, il y a des populations qui combattent et se déclarent prêtes à recevoir inconditionnellement les aides apportées. La France, qui luttait contre l’occupation, a reçu des aides venues du monde entier ; les Américains sont venus aider les résistants français contre l’occupant nazi. Mais il faut préciser qu’au Moyen-Orient, les Américains ont aidé Israël contre les Arabes. Lors de cette dernière guerre, ils ont livré à Israël des armes interdites. Les Occidentaux ont mis beaucoup de temps à décider le cessez-le-feu.

Maintenant qu’il y a le cessez-le-feu, est-ce qu’il y a une tentative de ligoter le Hezbollah avec le concours des forces internationales et une suite à donner à la résolution 1701 ? Dans cette résolution figurent plusieurs points, dont le cessez-le-feu, l’arrêt des combats, etc., mais il faut aussi apporter une solution définitive au problème des fermes de Chebaâ qui sont encore occupées par les Israéliens, apporter une solution au problème des prisonniers. Le problème est à mon avis dans le camp de la légalité internationale qui doit prouver qu’elle est capable d’être efficace. C’est ce que le Hezbollah demande.

Israël continue tous les jours de menacer le Liban et d’envoyer ses avions et ses bateaux. Malheureusement, personne n’a dénoncé cette violation de l’espace de souveraineté. Maintenant, la Finul 2 compte un nombre assez important de 15 000 soldats, qui ont beaucoup de moyens et de puissance, envoyés par des pays assez influents de la scène internationale. Nous allons voir si ces soldats essaient d’être présents réellement et d’empêcher d’envenimer le problème.

Donc notre première demande demeure la restitution des fermes de Chebaâ, la libération des prisonniers, le respect de la ligne bleue et de la souveraineté libanaise sur ses eaux territoriales, son espace aérien et territorial. Et si cela devenait acquis, il subsisterait le problème des réfugiés palestiniens à résoudre. Si vous êtes dans votre pays et qu’on vous y déloge et que l’on vous demande d’aller vivre ailleurs... même si l’on vous propose les meilleures villes du monde... ce n’est pas une solution équitable. Vous préférerez avoir une petite cabane dans votre village que des villas, des grandes demeures et propriétés à l’étranger. C’est normal.

Les Palestiniens, le peuple palestinien, les gens qui sont nés sur ces terres, sont les fils de ces terres et veulent récupérer leurs biens, leur pays, leur histoire, leurs souvenirs. A mon avis, si vous proposez aux Palestiniens d’habiter dans les meilleurs appartements du monde ou de revoir son pays, ils demandent le retour, ils souhaitent revenir voir leur pays même avec des tentes et ce serait légitime. Il faut que tous les arabes activent à inciter la communauté internationale à trouver une solution équitable et juste. Ce qui est dramatique et triste aussi dans cette affaire, c’est de voir des gens n’ayant aucun lien avec cette terre venir de loin, d’Ethiopie, de Russie, de New York, de Pologne, en Israël pour se construire des villas, constituer des colonies... alors que les vrais propriétaires de ces endroits n’ont aucun droit de revenir.

Pour ce qui est des objectifs à long terme d’Israël au Liban, Israël a fait de nombreuses tentatives pour occuper des terres libanaises. Pendant 20 ans d’occupation du Sud-Liban, il a essayé de détourner des rivières etc., mais la résistance a réussi à déloger les Israéliens et à les chasser. Même après, la résistance, en 2001, 2002, s’agissant des sources d’El Wazzani, des centaines de villages libanais n’avaient plus d’eau potable car les Israéliens avaient réussi à détourner l’eau chez eux ; heureusement que le conseil du Sud-Liban a entrepris de grands chantiers pour ramener l’eau à son cours naturel et redistribuer l’eau à tous les villages du Sud qui en avaient été privés et étaient devenus assoiffés.

Israël considère aussi le Liban comme un défi permanent, parce qu’il constitue un modèle dans le monde arabe. Les Libanais, sur le plan communautaire, ce sont 17 communautés qui cohabitent, malgré quelques petites escarmouches de temps à autre, à façonner un modèle de coexistence entre des gens appartenant à plusieurs communautés différentes et qu’Israël ne veut pas de ce modèle, car si ce cela réussit au Liban, il faudra admettre que cela peut réussir en Palestine, que les musulmans, les Arabes, les chrétiens, les juifs peuvent et doivent vivre ensemble dans un seul Etat, la Palestine. « Nous devons constater à quel point notre interlocuteur avait une vision prémonitoire de l’avenir : aujourd’hui, soit plusieurs semaines après l’interview, on a appris que le Premier ministre israélien a pris dans son gouvernement et dans sa majorité parlementaire le chef d’un parti ultra qui préconise un Israël religieusement purifié par le déplacement forcé de deux millions de musulmans vivant dans son territoire ».

Et Mohamed Nasreddine poursuivra : « Il y avait une menace réelle contre l’unité du Liban. Je pense que les Libanais ont maintenant découvert cette réalité et c’est à travers cette épreuve que les différentes communautés, les musulmans sunnites, chiites, alaouites, druzes, ismaélites, côté chrétien - les maronites, les catholiques, les orthodoxes orientaux, les orthodoxes occidentaux, les coptes, les églises arméniennes -, les chaldéens, les Assyriens, les Israélites, se sont retrouvées unis dans un destin commun, dans une même solidarité. Ce que nous craignons, maintenant, c’est qu’Israël ne puisse gérer son échec et qu’il envisage un jour de se venger pour camoufler ses dissensions internes, car il a subi un échec interne patent sur le Liban. C’est là que nous demandons alors à la communauté internationale de faire attention et d’être vigilante. Les troupes internationales pourraient sortir de leur neutralité, parce que malheureusement l’organisation et les Nations unies n’ont jamais été à la hauteur de la réalité des choses. Et là, dès que les Etats-Unis ont vu que les Israéliens étaient en train d’essuyer un échec capital, ils imposèrent alors l’arrêt des combats. Si la guerre devait durer une semaine supplémentaire, les pertes du côté israélien auraient été multipliées par dix. Bref, en ce qui concerne l’avenir, le cours des choses nous contredira peut-être, mais je suis pessimiste. Vous remarquerez sur la scène internationale que les Américains ont enregistré partout des échecs et ils vont basculer dans l’irrationnel au lieu de sauver la face, de voir les choses de façon plus ouverte et plus sage. »

Khaled Breïche, homme d’affaires à Paris, musulman sunnite dira : « Pour la première fois dans son histoire, Israël perd la guerre non pas contre une armée bien organisée mais contre une guérilla. On constate par exemple qu’ils ont perdu une base militaire stratégique comme Kiriatch Mona et aussi une autre base militaire qui se trouve à côté de Haïfa. Ils ont subi d’un seul coup l’impact de 200 missiles à Haïfa et environ 200 sur la base militaire à Kiriat Shmona, les bases étaient complètement rasées. Les drones d’observation du Hezbollah avaient communiqué des informations directement aux bases de départ des missiles. Des bâtiments maritimes ont été atteints. Les combattants du Hezbollah ont réussi parce qu’ils ont préparé en secret leur coup depuis des années. Quand vous consolidez les gens autour d’un dogme, quand les gens sont bien préparés psychologiquement, il en résulte des exploits. Cette victoire est celle d’abord du Hezbollah et aussi d’autres participants : le parti communiste, le parti sunnite, El Djemaâ islamiya, c’est-à-dire les frères musulmans, le parti des Djemaâ El Oulama, parti sunnite présidé par cheikh Malik Hamoud qui est mort. D’autres partis syriens arabes ont participé et plein d’autres gens. »

Selon une déclaration d’Ali Cheikh Ammar, un député du Hezbollah, quand Condoleeza Rice est arrivée à Beyrouth, elle a demandé aux Libanais qui appartiennent aux partis du 14 mars, c’est-à-dire, aux partis de Hariri, de Djoumblatt, etc., d’attendre un tout petit peu que le Hezbollah soit détruit et que sa direction soit capturée et jugée à Guatanamo. Elle leur aurait affirmé qu’elle trouvait qu’il y avait trop de chiites au Liban et qu’en conséquence, ils allaient être envoyés par centaines de milliers en Irak. L’objectif était donc de modifier la mosaïque libanaise pour qu’elle ne devienne plus un danger pour Israël. Ce dernier voulait surtout l’eau qui se trouve dans le Sud-Liban et accaparer les clients du tourisme libanais.

Cette année, comme par hasard, pendant l’attaque, il y eut en Israël, des blessés arabes des pays du Golfe qui étaient en train de passer leurs vacances d’été en Israël (à côté de Naharia). L’opération consistait pour Israël d’entrer par la force dans le jeu économique du Moyen-Orient, en amenant des investissements arabes. La société libanaise comprend des gens ouverts aux théories occidentales, comme ceux de la famille Hariri, ou Siniora (le Premier ministre libanais). Mais le Liban a gardé son unité malgré tout. Mais chacun continue de travailler pour son camp. Mrs Hariri et Djoumblatt, les forces du 14 mars, ont continué selon les conseils de Condoleeza Rice à travailler et à espérer comme les Israéliens et les Américains, que le Hezbollah échoue dans les jours à venir. Malheureusement pour eux, la réussite a été du côté du Hezbollah. Au Liban, on ne croyait plus à l’unité et à la victoire. Pour diviser le clan musulman, les ennemis du Hezbollah tentent de réveiller chez les gens l’histoire des dogmes, l’histoire de Hussein, l’histoire chiite, sunnite, etc., c’est-à-dire toutes sortes d’antagonismes historiques entre sunnites et chiites qui sont dépassés aujourd’hui.

L’intoxication de l’opinion est devenue la grande arme utilisée par les gens du camp de Hariri, au moyen de leurs médias et de la télé, par le canal de leurs amis qui sont dans la rue, payés pour raconter des mauvaises histoires. Ce sont des agitateurs. En ce qui concerne la politique menée par Siniora qui est musulman, Khaled Breiche dira que « Siniora n’est qu’un pion entre les mains des grandes puissances, l’on voit avec Walid Djoumblatt, Signora et les autres, qu’il y a un clan proaméricain. Siniora n’est plus celui de l’époque où il était un nationaliste arabe ; ce qu’il fait en ce moment au Liban est totalement différent. »

(4e partie et fin)

Les perspectives d’unité au Liban n’ont trouvé qu’une seule voie, celle de la guérilla contre Israël. Une grande partie chez les chrétiens maronites, les chrétiens orthodoxes et même parmi les protestants semblent suivre cette voie et sont tombés aussi d’accord contre Israël parce qu’Israël a détruit tout le Liban et ils comprennent mieux l’ampleur de cette guerre, les buts inacceptables et inhumains d’Israël.

L’état d’esprit dans le pays s’est renversé. Auparavant, une partie des chiites n’était pas tout à fait d’accord avec le Hezbollah. Mais aujourd’hui, il reste une petite partie instrumentalisée par les Américains qui est constituée de sunnites, de druzes et certains chrétiens qui déclarent vouloir un changement selon les méthodes américaines. Certains d’entre eux étaient des nationalistes arabes, représentant la force majeure, à l’époque de l’appel au nationalisme arabe et du socialisme arabe.

Le Liban ne peut se passer de la Syrie, ni de ses voisins arabes, économiquement et socialement. Il n’y a pas une famille au Liban, du côté sunnite, chiite ou chrétien qui n’ait pas de lien familial en syrie. Je pense que la résistance ne sera jamais gênée par la force multinationale qui sera au Liban et c’est plutôt la force multinationale qui sera gênée parce qu’Israël ne respecte pas la force multinationale qui est avant tout une force de l’ONU. Pendant la guerre, les soldats de l’ONU ont été bombardés plusieurs fois, ils ont eu deux morts.

Historiquement, pour Israël, il n’y a pas de droit international. Il applique son propre droit pour faire ce que bon lui semble. L’entrée de l’armée libanaise et la force dans le Liban-Sud est une bonne chose, mais l’armée libanaise n’a pas les moyens et la résolution de la résistance pour défendre le pays contre Israël. Par ailleurs, l’armée ne peut rien faire aussi contre le Hezbollah, parce qu’une partie de cette armée libanaise comprend des chiites, des gens nationalistes qui veulent défendre le Liban. Il y a des points communs entre soldats de l’armée et membres de la résistance.

Le gouvernement libanais, en outre, ne dispose pas d’un consensus politique pour désarmer le Hezbollah et il ne pourra jamais l’avoir. Si l’on compare Lahoud avec Siniora, le plus représentatif, selon moi, est Lahoud parce qu’il était le chef de l’armée et il a toujours une grande partie de l’armée derrière lui. C’est lui qui a construit l’armée à un moment donné. Et en plus, il est toujours entouré par le parti Hezbollah et par le parti Amel, par d’autres partis politiques et même par une grande part des druzes. Il a une majorité, il est devenu très populaire pendant la guerre parce qu’il était sur le terrain, il était partout, visitant les camps des réfugiés. Il a souffert la même chose que le reste de la population. Les diplomaties occidentales ont refusé d’avoir des relations avec lui et ont préféré travailler avec Siniora.

Il y a autres choses qui viennent de naître au Liban, c’est la dignité libanaise. A un moment donné, pendant la guerre libanaise, cette dignité, cette fierté du Liban, existait chez certains partis comme les phalangistes, les forces libanaises etc. Cette fierté, c’est une base pour construire un grand avenir. Le Liban va vers l’avenir d’un Etat de justice pour tous les Libanais. La livre libanaise n’a pas bougé parce qu’il y a eu un apport massif de dollars de la part de l’Arabie Saoudite, et l’argent est distribué aux victimes. Il y a eu une aide iranienne certainement plus efficace et visible.

A la question de la relation du Liban au problème palestinien, Khaled Breiche dira : « Il n’y a pas de séparation. La Palestine représente le problème majeur pour tous les pays arabes. Le Liban est lié avec l’histoire de Palestine parce qu’il y a des liens géographiques, familiaux, terrestres, de voisinage, et la présence des Palestiniens au Liban autour de 300 000 personnes. Il faut se rappeler aussi que le chef de l’armée arabe en 1948 était libanais et s’appelait Faouzi Kaoudji. Il fut le chef de l’armée de salut qui était allée libérer la Palestine. Et c’était en grande partie une armée libano-syrienne avec des Egyptiens et des Irakiens, car à l’époque, les Saoudiens ne pouvaient pas envoyer d’armée ; l’Algérie, le Maroc et la Tunisie étaient colonisés. Le Liban ne pouvait pas vivre sans ses voisins, ses voisins réels, les Palestiniens et les Syriens. Dans cette histoire, il y eut des victoires et des défaites pour les musulmans. La victoire d’aujourd’hui est nette. A mon avis, l’avancée de cette histoire va s’accentuer. Elle est beaucoup plus importante que la confession religieuse des uns et des autres. Une grande partie des Libanais se sont réveillés pendant la guerre pour continuer la lutte, pour que le Liban appartienne à tous les Libanais sans exception pour instaurer la justice sociale. La reconnaissance d’Israël, qui était l’objectif des Américains, est dorénavant impossible et inadmissible au Liban. »

Ce tableau des opinions au sein de la société libanaise aurait été incomplet sans le point de vue du Hezbollah, promu au rôle de principal protagoniste arabe dans la lutte contre Israël au Liban. Mais à Paris, le Hezbollah est classé « organisation terroriste » (encore une faveur pour Israël) ; il était en conséquence impossible de trouver un interlocuteur pour parler au nom de ce parti. Nous nous sommes repliés vers l’interview accordée par le chef du Hezbollah au journal Es Safir. Hassan Nasrallah tire les enseignements de la victoire incontestée du Hezbollah et constate que nombre d’experts des stratégies sont unanimes à affirmer la victoire du Liban et celle de la Résistance. Parlant du Liban vainqueur, et de la responsabilité des Libanais convaincus que le Liban a vaincu, qu’ils soient musulmans ou chrétiens, quelles que soient les orientations et les communautés, quels que soient les courants politiques dans lesquels ils se reconnaissent, les Libanais se doivent d’œuvrer à préserver cette victoire et à ne pas permettre qu’elle soit galvaudée dansles impasses confessionnelles,politiques et communautaires. Qualifiant cette victoire, à la fois stratégique et historique, il déclare qu’« elle aura des répercussions extrêmement importantes sur le plan des relations israélo-palestiniennes, sur celui de l’ensemble du monde arabe, et aussi dans l’ensemble de la région ».

La bataille contre Israël a eu pour effet d’atteindre les fondements du projet israélien ainsi que l’entité israélienne : c’est là un constat que beaucoup d’observateurs ont fait. Cela, Shimon Pérès l’a bien compris, avec son expertise et sa longue expérience, quand il a dit qu’il s’agissait, avec cette guerre, d’une question de vie ou de mort. C’est ce dont on discute tellement aujourd’hui dans l’entité sioniste. Et si on ne parvenait pas à régler cette question, c’est-à-dire à convaincre les foules israéliennes d’une manière qui leur redonne confiance et qui les rassure, je suis persuadé que la société israélienne sera confrontée à des répercussions extrêmement dangereuses sur les plans sécuritaire, moral, économique, politique, et même démographique. Je m’explique : si le peuple de cette entité perd la confiance en son armée protectrice, qui incarne la forteresse imprenable de l’entité, beaucoup d’investissements vont quitter ce pays et de plus en plus de fissures politiques vont apparaître à l’intérieur de l’entité.

Dans cette guerre, Israël a mobilisé la plus grande partie - la partie essentielle - de sa puissance militaire. Qualitativement, la seule chose qu’il n’ait pas employée, c’est l’arme nucléaire. Par conséquent, si la résistance demeure, si elle conserve ses armes, et si, donc, demeure la force qui a infligé la défaite à Israël dans cette guerre... tant que cette force existera, Israël devra réfléchir mille fois, et longuement, avant de se lancer à nouveau dans une guerre contre le Liban... Les Israéliens auront besoin de beaucoup de temps avant d’envisager une nouvelle guerre. Non seulement contre le Liban, mais y compris contre la Syrie. Le seul point faible sur lequel Israël va se concentrer et tenter non seulement de récupérer son image de marque dissuasive, mais aussi de s’opposer à l’exploitation de la victoire libanaise dans la situation palestinienne, c’est précisément la Palestine.

Cette récupération de son image, Israël en sera malheureusement capable ; les Palestiniens étant assiégés et fractionnés, coupés de tout contact, leur situation est très dure, même s’ils ont une volonté de fer et un moral très élevé, et l’effort israélien portera de plus en plus sur les territoires palestiniens. Les Israéliens n’ont pas envahi ni détruit la Bande de Ghaza. Ils n’ont pas fait à Ghaza ce qu’ils ont fait au Liban. De plus, il faut tenir compte du fait que l’enlèvement du soldat israélien à Ghaza était beaucoup plus humiliant pour les Israéliens, que la détention de leurs deux soldats au Liban. En tenant compte (toutes proportions gardées) des possibilités existantes chez les Palestiniens, en comparaison à celles de la résistance au Liban, les représailles à Ghaza n’ont pas été... (démesurées).

Nous nous attendions à ce que la réaction israélienne soit au Liban comparable, voire totalement identique, à ce qu’elle avait été à Ghaza, ou, à la rigueur, un peu plus intense. Mais ce à quoi ont procédé les Israéliens au Liban ne fut pas une réaction, mais bien une action préméditée et arrêtée dont on a simplement avancé le déclenchement.

Hassan Nasrallah a dit aussi que « la résistance a pour rôle essentiel de soutenir l’armée libanaise qui sera désormais, conformément à la résolution, présente au long des frontières du pays. Mais, d’une manière générale, c’est l’armée qui est chargée de s’opposer aux violations, par sa présence sur les frontières. La résistance devient dès lors une force auxiliaire de soutien, pour l’armée. La décision, émanant du Conseil des ministres, est une décision claire qui définit la mission de l’armée libanaise dans le Liban-Sud. Or le désarmement de la résistance ne fait pas partie de cette mission impartie à cette armée, de même que sa mission ne comporte pas l’espionnage de la Résistance, ni de fouilles à la recherche de ses dépôts d’armes. Il n’y a donc aucune raison pour qu’il y ait un quelconque problème : l’état-major de l’armée est engagé vis-à-vis de cette décision, tant en ce qui concerne son niveau idéologique que sa discipline en tant qu’institution officielle. La mission de l’armée, dans le Sud, c’est de défendre la patrie et de protéger les citoyens, leurs biens, leurs moyens de subsistance et leur sécurité. Il n’existe donc pas de points de frottement (avec nous, qui seraient) susceptibles de créer des problèmes. La Finul renforcée, d’après ce qu’a déclaré le secrétaire général de l’ONU - sauf nouvelle résolution - n’a pas pour mission de désarmer le Hezbollah. Sa mission consiste à épauler l’Etat libanais, à l’aider à étendre sa souveraineté et à soutenir l’armée libanaise. Dès lors que l’Etat veut bien assumer ses responsabilités, la résistance doit le soutenir ; mais si l’Etat veut en revanche se débarrasser de cette responsabilité, il devient de la responsabilité de la résistance de s’atteler à la résolution de ce problème.

Parmi les aspects positifs de ce qui s’est passé durant cette guerre, il y a le fait que les contacts avec les autres forces et les autres courants politiques ont débordé des cadres officiels et des états-majors des partis, par la force des choses, et non plus d’une manière planifiée par qui que ce soit. Quand les réfugiés sont partis se mettre à l’abri dans d’autres régions du Liban que la leur, il s’est produit, dans un contexte sécuritaire et humain extraordinaire, un surcroît d’interaction avec d’autres citoyens libanais : avec des sunnites, dans les régions sunnites ; avec les chrétiens, dans les régions chrétiennes ou encore avec les druzes, dans les régions druzes. Et on a pu parfois faire état - à de rares exceptions près - des impressions positives que les réfugiés ont rapportées, une fois retournés chez eux, qui étaient des impressions positives et parfois excellentes.

Et même si on a pu qualifier parfois cette solidarité de solidarité (purement) humaine, et non de solidarité politique, c’est une des réalisations, une des bénédictions les plus importantes de cette guerre, car, à ma connaissance, le Liban n’avait plus connu, depuis des lustres, une telle solidarité humaine, en particulier quand on se souvient des convulsions intérieures et de la guerre civile qu’a connue le Liban, ainsi que ce qui l’a précédée, et la période qui lui a succédée. Sans doute, d’aucuns, en qualifiant cette solidarité libanaise d’humaine et de non-politique, ont voulu en diminuer l’importance et la valeur. Mais, en ce qui nous concerne, nous ne minimisons pas la valeur de cette solidarité, car nous voyons dans cette solidarité humaine une grande valeur, non moins importante que celle de la solidarité politique.

Et puis il y a aussi un autre aspect : ceci (cette minimisation) s’est produit au lendemain de propos tenus tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Liban, selon lesquels le Liban aurait été au bord de la dissension interconfessionnelle, voire de la guerre civile. Même quand nous allons dans les institutions dépendant du patriarcat, c’est-à-dire dans les monastères et dans les écoles, je peux dire, d’une manière générale, qu’aujourd’hui, l’élan, la confiance et la conviction du Hezbollah, c’est qu’il faut ouvrir et interconnecter nos relations et les renforcer avec les milieux chrétiens - qu’il s’agisse d’amitiés anciennes, ou de celles apparues au cours de la période difficile que nous venons de traverser, ou encore de la recherche de nouvelles relations et de nouvelles amitiés. Je vous affirme que cette conviction (chez nous) est encore plus forte, après cette guerre.

De même, dans le milieu sunnite, même si notre attachement à nos relations dans ce milieu est ancien et plonge ses racines dans les spécificités du Liban et dans celle du monde musulman, ainsi que dans les répercussions qu’a cette spécificité (locale) sur les relations chiito-sunnites où que ce soit dans le monde. Même chose en ce qui concerne les druzes, tant ceux qui étaient dans le même camp que nous durant cette guerre qu’une partie de ceux qui ont des désaccords politiques ou avec lesquels nous sommes en opposition sur le plan politique - les druzes se sont montrés solidaires sur le plan humain, et c’est là quelque chose que nous ne saurions nier ou oublier.

Nous affirmons aujourd’hui que tous les Libanais ont besoin de sérénité, de tranquillité. Tout le monde, au Liban, a besoin d’être rassuré ; cela est dû au fait que le Liban était - et qu’il se trouve encore aujourd’hui, bien entendu - sur la faille sismique locale, régionale et mondiale. C’est le résultat des immixtions étrangères dans nos affaires, en particulier des immixtions états-uniennes et israéliennes. Pour les pays arabes qui ont annoncé qu’ils envoyaient ou enverraient des secours au Liban, ce qui a été annoncé n’est pas à la hauteur de la (légendaire) générosité arabe, et cela ne couvre pas les besoins du Liban, qui sont immenses, en matière de reconstruction. Le Hezbollah jouit aujourd’hui d’un grand respect dans les mondes arabe et musulman, ainsi que d’une grande confiance et d’une grande crédibilité. C’est là le fruit de notre tenace résistance, de notre victoire, de nos réalisations, et cela tient également au fait que nous affrontions l’ennemi commun de tous les Arabes et de tous les musulmans : Israël.

Pour ce qui est de l’avenir du Liban, si vous voulez mettre sérieusement en application les accords de Taëf, alors commençons par considérer le premier point qui stipule la formation d’un gouvernement d’union nationale... c’est un préalable naturel. Le Liban doit s’apprêter aujourd’hui à faire face à de grands défis, à des défis redoutables, lourds de danger. Si nous entreprenons d’augmenter la force de notre pays et son inviolabilité, en procédant à la formation d’un gouvernement d’union nationale, nous sommes gagnants, en faisant participer (au gouvernement) ceux qui en avaient été exclus à un moment donné. »

Voilà l’état de l’opinion libanaise vue de Paris, avec les moyens d’investigation qui étaient les nôtres. Au terme de notre enquête, nous sommes parvenus à la conclusion que l’image qui ressort de ces interviews, éclairées par des données historiques, est fidèle à la réalité sur place. Nous avons vu les buts à long terme et les buts tactiques des Américains et d’Israël dans cette partie du monde. Qu’en est-il sorti ? Le résultat escompté par les forces prédatrices ne fut pas atteint.

Israël n’a pas été vaincu au sens de l’affrontement de deux armées au long d’une ligne de front. Mais Israël a été vaincu militairement dans le cadre d’une bataille du faible contre le fort, comme la France en Algérie ou comme les USA au Vietnam : il a subi des pertes humaines et matérielles intolérables pour lui ; en une trentaine de jours, une cinquantaine de chars « invincibles », deux unités de la marine, quatre hélicoptères, plus de cent victimes. De plus, quand son état-major a voulu engager la troupe pour déloger les maquisards, les pertes sont montées en flèche.
Israël a aussi subi une perte considérable d’image. Les bombardements de sites civils et d’infrastructures ont entraîné une condamnation officielle par l’ONU et par des organisations non gouvernementales.
Israël n’a pas atteint ses objectifs politiques : la destruction du Hezbollah et des velléités de résistance, la reconnaissance de jurer de l’existence d’Israël par le Liban.
Israël n’a pas atteint ses objectifs économiques. L’Arabie Saoudite a fait un apport financier qui a conforté la livre libanaise qui n’a pratiquement pas bougé. La reconstruction du pays est déjà repartie.
Les puissances néocoloniales après avoir retardé l’adoption d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU pour le cessez-le feu ont dû voler au secours d’Israël et se résoudre à le promulguer :

Le cessez-le-feu tardif sans que les soldats israéliens emprisonnés soient libérés comme cela fut proclamé au départ.
Echec des tentatives d’imposer une résolution de l’ONU qui aurait fait désarmer le Hezbollah par des forces internationales.
Les Libanais, en particulier les résistants très bien armés et très bien entraînés du Hezbollah, sont sur place et observent attentivement la suite des événements.

Plus loin, d’un point de vue stratégique, cette guerre aura confirmé les constats qui s’imposaient dès avant la guerre du Liban (les 8 points énumérés précédemment) :

Israël n’a pas de légitimité.
Malgré sa puissance militaire actuelle, Israël n’a pas d’avenir.
Déjà les idéologues les plus sionistes ont abandonné l’idée du Grand Israël ; ils s’accommoderaient d’un Israël limité, nettoyé ethniquement, mais leur garantissant à l’intérieur de ce périmètre une majorité démographique sur une plus longue durée.
Mais, même un Israël ethniquement « pur », entouré de pays hostiles n’est viable sur une longue durée historique. Il suffit aux Palestiniens et aux Arabes de rester fermes sur les principes, de continuer à faire des enfants et de ne pas cesser de préparer l’avenir intellectuellement, économiquement, industriellement, etc.

Abdellah Ouahhabi & Farid Daoudi

Sources :
1) 26 novembre - http://www.elwatan.com/spip.php?pag...
2) 27 novembre - http://www.elwatan.com/spip.php?pag...
3) 28 novembre - http://www.elwatan.com/spip.php?pag...
4) 29 novembre - http://www.elwatan.com/spip.php?pag...

Messages

  • Complément d’informations :
    Chronologie historique (Source : Wikipédia) :
    •1858 - 1860 : Dans le cadre de l’empire ottoman, des affrontements opposent les Druzes et les Maronites qui sont en plein essor démographique et économique. Les Druzes écrasent les Maronies.Les puissances européennes interviennent militairement.
    •1860-1914 : Une province autonome du Mont-Liban est créée sous la pression des Puissances européennes (cf Expédition française en Syrie (1860-1861)), elle doit être dirigée par un gouverneur chrétien de nationalité ottomane. C’est l’origine de la francophonie libanaise.
    •1918 : Le Liban est libéré de l’Empire ottoman. Il forme avec la plaine de la Beqaa, le Mont Amel (le sud du Liban) et la ville de Beyrouth le « Grand Liban ».
    Naissance de la République libanaise
    •1920-1943 : Avec la chute de l’ Empire ottoman, à la fin de la Première Guerre mondiale, la Société des Nations attribue ce territoire en protectorat au titre de mandat (Claude Brzozowski, le 26 juillet 2006) de la SDN à la France.
    •1922 : Doté d’un conseil représentatif, puis d’une constitution en 1925, sans pour autant avoir une vraie autonomie.
    •1941 : De durs combats y opposent forces anglo- gaullistes et troupes fidèles au régime de Vichy en juin et juillet.
    •1943 : L’indépendance est proclamée. Les troupes françaises évacuent le pays en 1946. Le Pacte national institue un système politique confessionnel répartissant les pouvoirs entre maronites, sunnites, chiites, orthodoxes, druzes et catholiques.
    •En 1958, des marines américains débarquent à Beyrouth à la demande du Président Camille Chamoun pour mettre fin à l’insurrection qui oppose les partisans et les opposants à l’adhésion du Liban à la République arabe unie (voir aussi crise libanaise de 1958).
    •1961 : Tentative de coup d’État du Parti social nationaliste syrien .
    •1968 : En décembre, des commandos israéliens détruisent 13 avions sur le tarmac de l’aéroport de Beyrouth.
    •1969 : Montée des tensions avec la guérilla palestinienne et accords du Caire.
    •1970 : Évènements de septembre noir en Jordanie : les milices palestiniennes se replient au Liban avec le feu vert de la Syrie , le Liban devenant le seul pays où l’Organisation de libération de la Palestine opère librement.
    La Guerre du Liban
    •1975 : La date du 13 avril est considérée comme le début de la guerre civile libanaise. L’armée libanaise qui se heurtait aux miliciens palestiniens, cesse d’intervenir par peur d’implosion. Les Kataeb (milice chrétienne inspirée de l’idéologie des phalanges de Franco, et fondée par Pierre Gemayel) s’opposent aux Palestiniens et leurs alliés locaux (essentiellement les forces de gauche, parti communiste et parti socialiste progressiste) dans de féroces combats de rue.
    •1976 : Les affrontements dégénèrent en guerre civile ouverte. Des membres de l’opposition chrétienne avalisent l’intervention syrienne pour protéger la population chrétienne.
    •1978 : Suite aux attaques palestiniennes depuis le Liban contre Israël, Israël envahit le sud du Liban en mars. S’en suit la création d’une "zone de sécurité". La résolution 425 (1978) demandant le retrait immédiat de l’armée israélienne est votée au Conseil de sécurité et la FINUL créée. L’imam Moussa Sader disparaît en Libye le 31 août.
    •1981 : L’ambassadeur de France à Beyrouth, Louis Delamare, est assassiné et les services secrets syriens semblent être les auteurs. La France répliquera d’ailleurs par un attentat en plein cœur de Damas l’année suivante. François Mitterrand admettra cet attentat quelques années plus tard.
    •1982 : Des obus sont lancés depuis le Liban contre Israël en Galilée, l’armée israélienne envahit le sud du Liban (opération Paix en Galilée) et fait le blocus de Beyrouth, dont elle chasse les forces armées palestiniennes du Liban dont une grande partie fuit vers les autres pays arabes ainsi que vers les pays occidentaux.
    •1983 : Les marines américains et les parachutistes français, sont victimes de deux attentats meurtriers (plus de 250 morts américains et 58 français) le 23 octobre.
    •1985 : L’armée israélienne se retire d’une grande partie du Liban, et occupe le sud jusqu’en mai 2000 dans une zone sous son contrôle et celui de l’ALS (armée du Liban-Sud), un groupe qui a collaboré avec Israël et dont le chef est le général Antoine Lahad. On notera que certaines parties libanaises continuent à défendre la résistance car elles ne reconnaissent pas le retrait total d’Israël des territoires libanais. Elles défendent la thèse que les fermes de Chebaa sont libanaises et qu’Israël doit se retirer de ces territoires avant tout accord de paix.
    •1988 :suite à la fin du mandat du président Amine Gemayel et quinze minutes avant son expiration ce dernier nomme le général Michel Aoun en tant que premier ministre par intérim qui fera tout pour pouvoir accéder au siège de la présidence tellement convoitée par d’autres factions chrétiennes, ce qui mène à un conflit sanglant entre l’armée libanaise et les forces libanaises qui prendra fin avec l’intervention syrienne en 1990 et qui obligea le général Michel Aoun de fuir le pays et le chef des forces libanaises Samir Geagea qui sera emprisonné quelques années plus tard.
    Le XXIème siècle
    •2006 : après une phase de reconstruction et de renouveau économique, le Liban est à nouveau fortement détruit par l’armée israëlienne, dans un conflit faisant au moins 1000 morts, en réponse à l’enlèvement de deux soldats israëliens par le Hezbollah.

  • Dimanche, 31/08/2014,

    Félicitations à Messieurs Abdellah Ouahhabi & Farid Daoudi pour leurs recherches et leur résumé de la situation du Monde dit Moderne après la 2ème guerre mondiale, qui mérite d’être lu aux Nations Unis qui, depuis sa création, n’a rien résolu que ce qui plaît aux USA et ses membres permanents.

    Chers messieurs, vous exprimez ce que beaucoup de gens dit à voix basse, car à haute voix...ils les accuseront d’ Antisémite bien que les arabes eux mêmes sont des sémite...alors la vérité est si on ment !!!

    Les occidentaux ont délaissé Jérusalem pour se contenter de faire le pèlerinage à ’’Saint Jacques de Compostel’’ !!! Oui ils veulent que ça devient la capitale d’Israël et tout ainsi est validé et ils se débarrassent ainsi des juifs en les mettant hors de nuir chez eux...c’est malheureux la réalité !!

    Bien Cordialement.
    Cadmus. 31/08/2014