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FRANCFORT, DESTROIKA : FÊTE EMEUTIERE, REVERS CERTAIN POUR LA POLICE

par réseaux communistes libertaire autonomes (reseauxcla.wordpress.com)

Publie le lundi 23 mars 2015 par réseaux communistes libertaire autonomes (reseauxcla.wordpress.com) - Open-Publishing
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Le 18 mars à Francfort, l’inauguration du nouveau siège de la Troïka a été sabotée par une fête émeutière. Ce bâtiment en verre de 185m qui a coûté 1,3 milliards d’euros est le symbole de la puissance impériale de la haute finance. Faire de ce QG européen de la haute bourgeoisie internationale une forteresse protégée par 9800 policiers, 28 blindés canons à eau, 100km de barbelés, des blindés anti-barricades et des hélicoptères aura eu le mérite de briser le leurre de la paix sociale. Davantage, la matinée émeutière du mercredi 18 mars marque un revers certain pour la police et tout le dispositif de pacification armée en général.

https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=9f0AZtD5VvM

Partir simultanément de différents lieux (facs occupées, locaux autogérés, gymnases, etc.) pour converger vers autant de points de blocage a permis de démultiplier la force de frappe offensive durant toute la matinée, parfois en prenant de cours les dispositifs répressifs. Ainsi un cortège autonome en noir de plusieurs centaines de personnes à la tactique « Black Bloc » est parvenu à faire reculer la police qui a compté, à ce moment sans doute, le plus de blessés, ceci aux abords de la zone rouge. Durant le trajet jusqu’au point de jonction, des patrouilles isolées de police se sont fait attaquer et repousser à plusieurs reprises. Aux abords de la zone rouge, au moins quinze véhicules de police sont pris d’assaut et rendus inutilisables, dont au moins sept ont été brûlé. Les lignes de flics, alors en sous-effectif et sous-équipées, ont du reculer sous la pluie de pavés. De même, les flics se sont retranchés dans un commissariat qui a été pris d’assaut. Des barricades, parfois enflammées, ont été érigées à de nombreux carrefours pour empêcher les mouvements de renforts de la police qui a mis un certain temps avant de reprendre l’initiative.

Simultanément, un point de blocage « principal » (sur les six prévus) où ont convergé des milliers de personnes dont un important cortège Blockupy ont résisté aux canons à eau et brisé plusieurs lignes de police. Surprenante et inattendue capacité offensive de leur part. Des barricades enflammées ont également été érigées ainsi que des véhicules de police et de luxe ravagés. La mairie a été attaquée à coups de pavés. Cependant, le dispositif policier, plus conséquent à cet endroit, a opéré à de nombreuses charges dans un étau de matraques plus efficace. Au même moment, 350 activistes de type Blockupy se font arrêter, les Blacks Blocs ne déplorant que quelques arrestations isolées.

Le cortège en noir des autonomes, sur le point de la Ostbahnhofstrasse, choisit par la suite de garder l’atout de la mobilité en retournant au pas de course en direction de l’hyper-centre financier, les flics commençant à se ressaisir et à talonner dans le dos. Vitrines de commerces de luxe, sièges de banque et bureaux immobiliers sont saccagés pendant tout le trajet.

La police allemande, privilégiant la stratégie de l’étau préventif hermétique au corps à corps, est peu équipée pour des tactiques d’affrontements mobiles, d’où son revers. Si les flics allemands ont utilisé, de manière inédite, des grenades lacrymos, ils en ont davantage été gênés que les manifestants eux-mêmes. Le bloc s’est dispersé vers le milieu de matinée (les hostilités ont commencé à 5h du matin) tandis que les points de blocage Blockupy ont duré jusque dans l’après-midi.

La grande manifestation de 17h a rassemblé près de 20 000 personnes, mais paralysée par un dispositif répressif optimal. Malgré quelques accrochages éphémères devant certains barrages policiers où des projectiles ont été échangés et quelques casses de vitrines de banques, les termes médiatiques de « kermesse ensoleillée » correspondent bien.

Ce qu’il ressort d’une telle journée, si nous connaissons les critiques internes classiques contre la « logique des contre-sommets », est que surprendre la police alors qu’elle nous attend de pied ferme est possible. Nous pouvons sans prétention parler de victoire de terrain, ce qui est aussi une victoire politique. Nous connaissons le rôle de la Troïka dans la mise à mort sociale des peuples d’Europe, et faire de Francfort un champ de bataille, même le temps d’une journée, peut être considéré comme une victoire politique en soi. L’on peut certes, à nouveau, critiquer l’aspect éphémère et spectaculaire de tels affrontements. Cependant, il est clair que ces événements demeurent des occasions pertinentes de nous rencontrer, de tester les capacités des dispositifs répressifs, d’échanger nos outils de lutte et d’organisation, de créer des liens et de consolider/susciter des réseaux transnationaux de lutte. Depuis les deux grands épisodes contre le G8 à Gênes en 2001 et contre l’OTAN à Strasbourg en 2009, force est de reconnaître que les contres-sommets sont un appui aux mouvements sociaux et renforcent les efforts de résistance sociale. En cela, l’événement « Destroïka » à Francfort ce 18 mars 2015, premier « contre-sommet » conséquent depuis Strasbourg en 2009, désigne une certaine victoire. Si la critique de la « logique des contres-sommets » est à prendre en compte, et si elle a du sens, il convient d’admettre également la nécessité d’une critique de cette critique : la convergence émeutière internationale a du sens, impliquant certes toute une faiblesse vis-à-vis des mouvements sociaux (pivot de la grève, auto-organisation offensive dans la durée, etc.) mais également toute une force (se faire confiance dans l’action, gérer l’intensité d’affrontements à grande échelle, expérimenter des modes d’organisation et de combat, etc.)

Il ne s’agit plus d’isoler les « contre-sommets » des mouvements sociaux, mais de l’assumer comme une dynamique de résistance parmi d’autre : les contre-sommets font partie du mouvement social, permettant de cristalliser des rencontres émeutières nécessaires à la dynamique globale de résistance au capitalisme mondialisé.

https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=1HakcWvhFM0

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