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Les bavures de l’état d’urgence

Publie le mardi 24 novembre 2015 par Open-Publishing
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Les bavures de l’état d’urgence
publié le : 23 Nov 2015 par Groupe anarchiste Salvador-Segui

Nous reproduisons ci-dessous un article des Décodeurs, publié sur le site Internet du Monde, à propos des bavures des flics depuis la proclamation de l’état d’urgence. Et ça va durer… trois mois !

Mickaël, 27 ans, regardait un film d’action dans le TGV Marseille-Rennes, vendredi 20 novembre, en compagnie d’un autre homme. Mal lui en a pris, selon Sud-Ouest, qui rapporte l’histoire : en gare de Massy (Essonne), la police évacue le train et... lui saute dessus pour l’arrêter. Des passagers auraient trouvé son comportement et son aspect (barbu et portant des gants) suspect. Choqué, le jeune homme sera libéré au bout de quatre heures.

Ce n’est là qu’un des nombreux cas relevés cette semaine par la presse locale : la France est en état d’urgence. Un état administratif qui donne aux forces de l’ordre de larges moyens d’action. Mais aussi un état collectif prompt à l’emballement.

Quand la police se trompe

Autre histoire édifiante, celle que raconte La Voix du Nord sur ce jeune homme, dont le père de 67 ans a été interpellé manu militari, mardi 17 novembre, à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). Son fils, Sophiane, avait accompagné son père à la préfecture la veille pour une démarche administrative. Les forces de l’ordre l’auraient alors repéré prenant des photos, ce qu’il dément. Résultat : la police enfonce la porte du domicile familial, le fouille de fond en comble, et arrête son père.

Dans le Nord, c’est Fatima et sa fille qui ont connu une brusque perquisition de nuit au motif qu’un homme, que les autorités suspectaient d’abriter des armes, avait habité dans la maison par le passé. La fille raconte les lasers dans l’appartement, la porte qui vole en éclats et la mise en menottes de sa mère de 43 ans. La perquisition n’a rien donné, de même que celle chez l’homme que les forces de l’ordre recherchaient, et dont elles pensaient que Fatima, animatrice dans un centre sociale de Quiévrechain, était la deuxième femme alors qu’elle ne le connaît nullement.

A Nice (Alpes-Maritimes), c’est une petite fille de six ans qui a été blessée par des éclats au cou, lors d’une perquisition jeudi. A 4 h 30 du matin, les policiers d’élite du RAID enfoncent la porte de l’appartement familial, plaquent le père au sol. Les voisins évoquent des tirs dans les serrures, que la police dément, mais c’est bien par des éclats de bois que sera blessée la fillette, touchée alors qu’elle dormait dans la chambre voisine de la porte. Et le tout… pour rien : la police s’est trompée de porte, elle visait en fait le voisin. Hospitalisée, la petite fille n’a rien de grave, et la police a reconnu une « erreur rare ».

Le musicien Ibrahim Maalouf retenu deux heures sans motif

Trompettiste français renommé, qui a notamment rendu un hommage aux victimes des attentats sur le plateau du « Grand Journal » de Canal+ le 16 novembre, Ibrahim Maalouf a raconté au site spécialisé Clique avoir été retenu plusieurs heures par des policiers, gare du Nord à Paris, avant de monter dans un train Eurostar pour Londres.

Le natif de Beyrouth (Liban) aurait alors appris que son passeport avait fait l’objet d’un signalement auprès de l’organisme de coopération policière Interpol. Passeport confisqué, interrogatoire... Une fois relâché, il raconte sa mésaventure sur son compte Facebook (reprise aussitôt sur Le Parisien, qui implique alors les services de la douane au lieu de la police) et s’installe dans le train… avant d’être invité à en descendre par « trois agents de la douane », fâchés d’avoir été associés à l’épisode.

S’il dit comprendre l’attitude de la police face au signalement d’Interpol (dont il ne saisit pas la raison), il reproche aux douaniers d’avoir « dépassé les limites en [le] traitant comme un terroriste potentiel devant tout un wagon juste parce qu’un journaliste a écrit par erreur qu’ils [l]’avaient arrêté ».

Les riverains de la mosquée d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), eux, sont scandalisés par l’état du bâtiment laissé par la police après sa perquisition musclée, dans la nuit du 16 au 17 novembre. Un des responsables de la mosquée a assuré avoir proposé les clés à la police, qui a refusé, « préférant forcer la porte ». Un adjoint au maire d’Aubervilliers, Sofienne Karroumi, a posté sur sa page Facebook des photos des importantes dégradations subies par le lieu de culte, qu’il qualifie d’« acharnement contre un lieu sacré ».

Ces personnes pourront-elles obtenir réparation ? En théorie, oui, elles peuvent porter plainte pour violation de domicile et voie de fait, sans garantie, bien entendu, d’obtenir répération. Il est même possible, si les dommages causés ont été reconnus par la police, d’invoquer la responsabilité de l’Etat, et donc d’adresser les factures au ministère. Néammoins, dans certains cas, les forces de police ou les préfectures ont déjà indiqué qu’elles indemniseraient les personnes concernées.

Les Décodeurs du Monde

Messages

  • C’est précisément ce à quoi sert le terrorisme... à terroriser les populations pour toujours mieux les asservir, les soumettre en les plongeant dans la crainte perpétuelle de se voir assaillir (même en plein sommeil) par des hordes de barbares bottés, cagoulés qui, au mépris des lois les plus élémentaires de toute humanité peuvent laisser libre cour à leurs plus bas instincts de voyous puisqu’ils se savent de toutes façons impunis.

    Ainsi en va t’il dans toute bonne tyrannie, dictature, régime totalitaire... où les bouffons qui gouvernent expliquent inlassablement que c’est là la meilleure politique sociale puisque ces méthodes sont justement appliquées au nom de la sécurité.

    Voir à ce sujet mon post : -François, ta politique... c’est une tuerie  ! à ce lien : http://bellaciao.org/fr/spip.php?article148025

  • LA PERQUISITION NOCTURNE FAIT CHOU BLANC
    Après les policiers à Vandoeuvre en milieu de semaine, c’est au tour des gendarmes d’utiliser à Nancy l’état d’urgence pour perquisitionner un appartement la nuit, en dehors des des horaires légaux. Sur autorisation de la préfecture, une dizaine de militaires de la compagnie de Nancy se sont pésentés vendredi en début de soirée dans un logement situé dans le secteur de la cité judiciaire.
    L’ocupant des lieux, un père de famille, semble n’avoir absolument aucun lien avec les milieux islamistes radicaux. Il a le profil d’un éventuel suspect lié à de la délinquance de droit commun. Il a en effet été emprisonné il y a un an et demi dans le cadre d’un coup de filet antidrogue au cours duquel 60kg d’héroïne et des armes avaient été saisis sur Nancy. L’affaire n’a toujours pas été jugée.
    Depuis l’homme est ressorti de détention provisoire et semble s’être rangé. Les gendarmes n’ont en tout cas rien trouvé chez lui, ni dans un box qu’il possède à côté de son domicile. Un enquêteur spécialisé dans les nouvelles technologies a examiné les ordinateurs du suspect et de sa famille ainsi que leurs téléphones portables. A la recherche d’éventuel document de propagande djihadiste. Sans rien découvrir d’anormal. Les gendarmes sont donc repartis les mains vides.

    Leur presse du 22/11/2015