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(audio) Tourcoing : une caissière d’Auchan licenciée pour "une erreur de 85 centimes d’euro" ?

par Emilie Denètre et CGT Auchan City Tourcoing

Publie le mercredi 3 août 2016 par Emilie Denètre et CGT Auchan City Tourcoing - Open-Publishing
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Une caissière d’un supermarché Auchan City de Tourcoing (Nord) a été licenciée début juillet pour avoir laissé passer une boîte de sauce tomate à 85 centimes et avoir délibérément accordé, selon sa direction, une promotion indue à une cliente. La CGT a annoncé à La Voix du Nord, sa volonté de porter l’affaire devant les Prud’hommes. -

Les faits remontent au samedi 9 juillet.

Ce jour-là, Stéphanie, surveille de son écran les six caisses automatiques du supermarché Auchan City de Tourcoing. "Une dame est passée en caisse et m’a demandé de soustraire deux paquets de pâtes sur les quatre de ses achats, ce que j’ai fait de mon pupitre", explique-t-elle à La Voix du Nord. "À mon insu, alors que je surveillais les opérations depuis mon écran et les six caisses du poste, elle a rajouté un article qui n’a pas été scanné". Un vol, intentionnel ou non, qui n’a pas échappé au service de sécurité du magasin qui a demandé à la cliente de s’expliquer et de régler la somme due de 85 centimes d’euro.

LICENCIÉE POUR FAUTE GRAVE

"J’ai terminé mon service normalement et je n’ai pas été sanctionnée", précise la caissière, âgée de 41 ans et mère de trois enfants. L’histoire ne va cependant pas s’arrêter là : deux jours plus tard, Stéphanie est dirigée, à son arrivée au travail, auprès du chef de service. "Celui-ci m’a remis un courrier me stipulant une mise à pied conservatoire de onze jours", explique-t-elle au quotidien. "Comment peut-on me reprocher ça ? Ce n’est pas possible", estime-t-elle sur Europe 1. "Surtout pour 85 centimes. J’aurais laissé passer un truc à 100 euros, oui. Mais 85 centimes...", ajoute-t-elle. "S’il fallait dépanner le dimanche, j’y allais. Et je n’ai jamais posé un arrêt en cinq ans et demi", fait-elle également valoir.


Une caissière licenciée pour une erreur de 85... par Europe1fr

Stéphanie est convoquée à un entretien de licenciement le 22 juillet mais ne s’y rend pas. "J’étais bouleversée et mon médecin m’a mise en arrêt maladie", justifie-t-elle. Elle est finalement licenciée le 28 juillet pour faute grave. "Elle a le sentiment d’avoir été licenciée pour 0,85 euros", résume dans La Voix du Nord, Habib Hamdoud, délégué syndical du personnel. "La plus grande fortune de ce pays, maître incontesté du patronat local vient de plonger une famille très modeste dans une précarité encore plus grande", dénonce de son côté l’Union locale CGT de Tourcoing.

"UN LICENCIEMENT INFÂME" POUR LA CGT

"Nous serons à ses côtés pour contester ce licenciement infâme et pour exiger sa réintégration sur un autre site du groupe", ajoute la centrale. "Nous allons également la mettre en relation avec nos avocats". Stéphanie se dit, elle, "prête" à aller jusqu’aux Prud’hommes.

Les responsables du Auchan City contestent la version de la caissière et assument totalement leur décision. En plus de la sauce tomate, ils reprochent à leur ancienne employée d’avoir accordé délibérément une promotion indue à la cliente en lui laissant quatre paquets de pâtes pour le prix de deux. Le chef de la sécurité dénonce, enregistrements vidéo à l’appui, "une manipulation frauduleuse volontaire" de la caissière. "Elle était de connivence : il y a malversation. Il n’y a plus de doute pour nous : les faits sont avérés, les preuves patentes et cela mérite sanction", estime-t-il. "On ne peut pas mettre un agent de sécurité derrière chacun d’entre eux ! À partir du moment où cette confiance est bannie, le contrat est rompu : c’est un principe intangible"..

Emilie Denètre

http://actu.orange.fr/france/tourcoing-une-caissiere-d-auchan-viree-pour-une-erreur-de-85-centimes-d-euro-magic-CNT000000s0Psb.html


Pour quelques euros de plus

de : CGT Auchan City Tourcoing

L’affaire de notre camarade Stéphanie, caissière à Auchan City, licenciée pour des faits futiles, prend une ampleur médiatique considérable. La disproportion entre la sanction (licenciement) et les faits présumés (la direction évoque une « malversation », une « fraude », pour des erreurs se chiffrant en centimes…), entre les protagonistes (un Empire milliardaire et une femme seule avec enfants, survivant avec moins de 1000 euros par mois), cette disproportion « parle » aux gens.

Cette honteuse affaire n’est hélas pas un évènement à dissocier de son contexte : un pays livré aux seuls appétits des capitalistes, dont le droit du travail est en voie d’être détruit (loi El Khomri), dont toutes les conquêtes sociales sont remises en cause, un pays ravagé par la précarité et le chômage, un pays où la haine de classe (en particulier vis-à-vis de la CGT, organisation historique à l’origine de toutes nos conquêtes) sévit de façon de plus en plus ouverte, un pays donc, où désormais, les exploiteurs se pensent intouchables et tout permis.

La société Auchan City Tourcoing, partie infime d’un Empire multimilliardaire, n’échappe pas à la norme : 150 000 euros de CICE (argent public donné à Mulliez), un terrain de rêve offert pour un euro symbolique, et pour les salariés, des conditions de travail très dégradées, des salaires de misère, un turn-over permanent, le « principe » même de l’hyper en centre-ville, vécu par ses dirigeants comme une « expérimentation » (qui ne ravit pas les commerçants du centre), fait des salariés du magasin des cobayes (moins payés que les autres salariés d’Auchan, avec une charge de travail supérieure, …). C’est cela aussi que révèle cette affaire.

Il a fallu à notre Union Locale batailler ferme pour obtenir l’organisation d’élections dans l’entreprise. Celle-ci a longtemps (et illégalement) reculer l’échéance. En juin 2013, finalement, face à une section « syndicale » CFTC de dernière minute, notre CGT gagnait ces élections avec 72 % des voix du personnel. Depuis, l’influence de la CGT n’a fait que se renforcer, malgré le turn-over, et ceci pour deux raisons : une gestion du personnel désastreuse qui multiplie les pressions et sanctions, et une écoute et une réactivité très fortes de nos militants dans le magasin et dans notre Union Locale.

A cela il faut ajouter une volonté manifeste de salir la CGT et son délégué syndical (sous très haute pression). Ceci sur un territoire administré par l’ami des patrons Darmanin, contre lequel notre Union Locale doit également se battre, puisqu’il souhaite nous expulser de la ville.

Cette affaire donc, médiatisée (mais qui n’est que la face émergée de l’iceberg des humiliations vécues par le monde du travail), révèle à grands traits ce à quoi les dirigeants de ce pays (politiques et économiques) nous préparent : une société où seule la loi du profit, la loi du plus fort, a droit de cité, quand les travailleurs sont censés rester dociles, se sentir coupables et en même temps heureux d’avoir un boulot, même très mal payé, même très pénible, et même si les fins de mois commencent au plus tôt.

Pour revenir à Stéphanie : notre CGT est la sienne. Nous défendons ses intérêts de la même manière que ceux de milliers d’autres, au quotidien, dans une ville où près d’un tiers des habitants vit sous le seuil de pauvreté. Le barbecue populaire que nous avons organisés samedi soir, après avoir invité à Tourcoing-Plage celles et ceux qui le voulaient, a encore accentué notre vocation : en plus d’organiser les travailleurs dans l’entreprise, nous ne pouvons que combattre avec celles et ceux qui sont sortis de l’entreprise par la loi du profit, discuter avec eux, rendre contagieux notre « optimisme de la volonté », combattre la résignation et le fatalisme (terreaux des fascismes). Et c’est pourquoi nous resterons dans nos locaux, la « Maison du Peuple ».
Stéphanie comme tant d’autres risque de voir sa situation se dégrader encore avec le chômage. NOUS NE L’ACCEPTONS PAS ! Et notre révolte face à sa situation, cette révolte, nous la vivons chaque jour au contact des travailleurs (avec ou sans emploi) de Tourcoing. Lorsque la presse indique que Stéphanie ira défendre ses intérêts aux Prud’Hommes, elle a raison. Mais nous ne nous satisfaisons pas de cette « victoire » à venir. NOUS EXIGEONS LA REINTEGRATION DE NOTRE CAMARADE !

Nous lançons un appel aux Mulliez : la colère de vos salariés (à noter que Stéphanie et la CGT bénéficient d’un soutien quasi unanime dans le magasin), c’est aujourd’hui aussi la colère de vos clients. Il y a des limites. Vous les dépassez. Cette affaire n’est pas un évènement isolé, mais bien le révélateur d’un malaise bien plus large. A vous de l’entendre.

La section syndicale CGT Auchan City Tourcoing exige :

– La réintégration de Stéphanie, préalable à une refonte de la gestion du personnel.
– Cette gestion du personnel doit considérer les salarié(e)s du magasin comme des êtres humains et non comme des denrées périssables.
– A cet effet il faut renouer la confiance avec le personnel, en le reconnaissant, et notamment en procédant à une augmentation des salaires (pour au moins les aligner sur les autres magasins Auchan)
– Il faut embaucher du personnel, et sans attendre les trop nombreux cadeaux que vous font l’Etat et les collectivités territoriales avec l’argent public.
– Enfin, il faut renouer le dialogue avec les représentants du personnel et ne plus chercher à créer une autre réalité (sans la CGT) que la réalité actuelle (avec la CGT)

Tourcoing, le 2 août 2016

http://ulcgt-tourcoing.fr/2016/08/02/pour-quelques-euros-de-plus/

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