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Robert Doisneau, Le révolté du merveilleux. (REPLAY)

par Norbert Gabriel

Publie le mardi 25 octobre 2016 par Norbert Gabriel - Open-Publishing

Si je devais en quelques mots raconter ce qu’est ce film docu sur Robert Doisneau, je le citerais, texto, « Bon sang, mais c’est une radiographie, vous avez regardé à l’intérieur ce qui n’est pas exposé à l’étalage.. »*
Voilà ce qu’il aurait pu dire à Clémentine et Marie Deroudille, ce révolté du merveilleux. C’est à la fois un portrait intime, et un portrait « radioscopie » qui ouvre des pistes qu’on ne soupçonnait pas forcément, sauf peut-être les plus passionnés de ce poète de la photo. Dont Prévert disait : « Tu photographies à l’imparfait de l’objectif. » Un imparfait certes, mais qui ajoute à la crudité de la réalité la tendresse du regard. Comme un Pierrot malicieux, curieux, désobéissant, guetteur d’instants privilégiés, pour 3 secondes d’éternité... Il faut la patience et la discrétion d’un pêcheur à la ligne, et l’oeil aiguisé pour les fixer, ces secondes d’éternité.
Dans son œuvre très diversifiée, on trouve ce qui animait Ronis, Boubat, Izis, Sabine Weiss, Charbonnier, un groupe informel sous le label virtuel de la photographie humaniste. Le baiser de l’hôtel de ville est un arbuste qui cache une forêt foisonnante, (350 000 négatifs) presque une imposture si on ne retient que ça de Doisneau, homme fidèle à une certaine idée de la vie, à sa banlieue, à ses gens de peu, mais tellement attachants.
On croit que le Paris de Doisneau a disparu, c’est vrai et c’est faux. Aujourd’hui, c’est en couleurs qu’il ferait les tableaux de rue. En photos pastels ou gouaches que ce badaud émerveillé mettrait en images un autre Paris. Qui n’a plus les mêmes concierges pittoresques, les clodos sont SDF, et c’est peut-être du côté des campings sauvages de Stalingrad de La Chapelle, ou des paysages des nouvelles halles qu’il irait voir le monde d’aujourd’hui… Avec madame Sabine, ou l’ombre de Jacques… sur un air de Crolla ? C’est qu’il m’a semblé percevoir à travers ce documentaire, la vie rugueuse, parfois, et l’amour de la vie, toujours.

C’est sur ARTE+7 en replay cours-y vite cours-y vite le bonheur est dans la télé.. Pour une fois...
http://www.arte.tv/guide/fr/061669-000-A/robert-doisneau?country=FR

* Extrait d’une lettre en 86 ou 87

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