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CONTRE LE PRODUCTIVISME : POUR UNE PRODUCTION EXTENSIVE ET NATURELLE

par Thierry Burgvin – Sociologue

Publie le jeudi 27 octobre 2016 par Thierry Burgvin – Sociologue - Open-Publishing

Dans les villes des pays industrialisés, comme des pays en développement, un nombre de plus en plus grand de citoyens, cherchent à retrouver une autonomie qui soit à la fois alimentaire, mais aussi économique et politique. Une des raisons est qu’au plan écologique, le commerce mondialisé et libéralisé, qu’il soit ou non équitable nuit majoritairement à la planète, accroît les distances de transports et donc les émissions de carbone et le réchauffement climatique. Pour éviter les écueils de ce système de production, les objecteurs de croissance privilégient une relocalisation de la production alimentaire notamment et cherchent à n’importer que ce qui ne peut être produite sur place, afin de développer l’autonomie économique, mais aussi politique.

La relocalisation économique s’inscrit dans une lutte contre la délocalisation et la perte d’autonomie du développement alimentaire et économique local. Elle consiste à produire localement afin de développer son autonomie économique, politique, culturelle et à diminuer son empreinte écologique et son empreinte carbone notamment. Serge Latouche défini la relocalisation comme le fait de « produire localement pour l’essentiel les produits servant à la satisfaction des besoins de la population à partir d’entreprises locales financées par l’épargne collectée localement ». Pour l’objection de croissance, les 8 « R » de Latouche, forment le cercle vertueux de la construction d’une société écologique soutenable, la réévaluation constitue logiquement la première action et la base du processus. « Toutefois, la relocalisation représente à la fois le moyen stratégique le plus important et l’un des principaux objectifs de ce dernier. Cela traduit en quelque sorte l’application du vieux principe de l’écologie politique : penser globalement, agir localement (…). Il y a d’abord ceux qui veulent « vivre et travailler au pays » (…). On a même forgé un vocable, « glocal », pour désigner cette nouvelle articulation entre le global et le local2.

La mondialisation néolibérale s’oppose à la relocalisation agricole et alimentaire

La relocalisation économique s’inscrit dans une lutte contre la délocalisation et la perte d’autonomie du développement économique local. Elle consiste à produire localement afin de développer son autonomie économique, politique, culturelle et à diminuer son empreinte écologique et son empreinte carbone notamment.

La mondialisation néolibérale cherche, au contraire à renforcer les transports internationaux et s’appuie sur la théorie de l’échange comparatif formulée par David Ricardo qui prône la division internationale du travail, afin que chaque pays se spécialise, afin de devenir plus efficace, ce qui sera permet une meilleure productivité, qualité et des prix plus bas pour l’ensemble des nations. Pour y parvenir, il s’oppose donc au politique autarcique et prône en particulier le libre échange censé profiter à tous3. Il s’agit d’un des fondements du néolibéralisme actuel, de « la concurrence libre et non faussée » défendue par l’organisation mondiale du commerce (OMC). Cette dernière a pour mandat prioritaire, la levée des obstacles au commerce et se fait donc l’apôtre d’un accroissement des échanges commerciaux, des transports de marchandises, des délocalisations. Les néolibéraux et l’OMC cherchent donc à faire disparaître, les normes sociales et environnementales qui sont des obstacles au commerce. Dans le modèle de la mondialisation des échanges, fondée sur le capitaliste libéral, et plus largement le productivisme, le transport s’inscrit lui aussi, dans un projet de croissance mondiale infinie.

Or, le libre échange a des limites au niveau écologique et socio-économique. Marx, estime que le libéralisme, c’est « la liberté du renard dans le poulailler », c’est à dire la loi du plus fort. Dans un tel système les plus faibles s’ils n’ont pas disposé de suffisamment de temps pour se construire de manière autonome, ne parviennent souvent pas à être assez robuste, pour se lancer dans les échanges. En effet, avant de s’ouvrir à la concurrence internationale, les pays industrialisés tel la France ou l’Angleterre, ont vécu majoritairement en autarcie, centrés sur leur marché intérieur. Or, si la concurrence peut parfois s’avérer stimulante, lorsque le rapport de force est inégal, elle se révèle généralement destructrice pour les plus fragiles, tel les pays les plus pauvres économiquement comme le Bengladesh, ou la Bolivie actuellement. Le capitalisme s’appuie aussi sur la domination du centre sur la périphérie, l’inégalité des termes de l’échange4 renforcé par une ouverture « forcée » des marchés nationaux au nom du néolibéralisme, en particulier par l’OMC, appuyé par les institutions de Bretton-Woods.

Alain Liepietz s’interroge : « le développement local peut-il devenir une alternative au modèle de développement libéral dominant au plan mondial ? (…) Deux stratégies existent alors : la première c’est le développement du travail de la communauté pour la communauté ; dans la seconde, la communauté construit une « base exportatrice » vers les marchés extérieurs. Tout modèle de développement local est une combinaison des deux, les écologistes et les alternatifs en général, insistant sur le premier terme, plus que sur le second »5.

Les mouvements écologistes cherchent à développer l’autonomie locale et nationale, avant d’échanger et donc à exercer une « relocalisation sélective » de la production favorable à la fois à la baisse de la pollution liée aux transports, mais surtout une autonomie économique, alimentaire, technologique, conditions d’un développement souverain, donc autogéré.

La préservation des biens communs agricoles suppose une régulation publique internationale démocratique fondée sur la subsidiarité. Pour parvenir à démocratiser la société, il s’agit selon les écosocialistes d’appliquer une régulation fondée sur le principe de subsidiarité (une décision ne doit être prise au niveau supérieur, que si elle ne peut pas être décidée au niveau inférieur). Cela signifie que les acteurs économiques et sociaux disposeront de la libre initiative, à l’exception des obligations décidées par les autorités publiques démocratiques (pouvoirs publics et parties prenantes).

Au niveau national, la subsidiarité signifie que chaque Etat, étant souverain, dispose du droit de gérer lui-même ses ressources (renouvelables ou non). Le fait de choisir de manière légitime une régulation au niveau nationale s’appuie sur le principe de la nécessité de l’autonomie, de l’efficacité (plus les acteurs sont proches du sujet, plus ils connaissent les besoins), et sur le développement d’une culture spécifique. Nous développerons ces éléments ensuite.

Néanmoins il est difficile d’éviter une certaine tension dans les négociations entre les instances situées à la base et le sommet, entre le local et le national, voir l’international. En effet, si la l’autonomie locale est un fondement des politiques économiques libertaires ou décroissante, certains secteurs ne peuvent néanmoins pas être complètement délégué au niveau local. En effet, la liberté des uns s’arrête ou commence celle des autres », c’est à dire lorsqu’une action locale nuit à l’existence des autres, par exemple une centrale nucléaire qui fuirait ou une production de carbone par habitant, ou empreinte écologique non équilibrée. Cependant, si un pays applique à la fois les principes de relocalisation et d’empreinte écologique, mais que cette dernière s’avère supérieure à la limite égale par individu (1,8ha/hab en 2009), alors les habitants disposeraient du droit de choisir librement de compromettre leur production future, en puisant exagérément dans les ressources non renouvelables. En effet, l’empreinte écologique puise dans les seules ressources locales, si et seulement si, elle est limitée à au frontière nationale, or quasiment aucun pays ne fonctionne ainsi actuellement.

La relocalisation alimentaire suppose la subsidiarité démocratique politique, sociale et économique. La subsidiarité signifie qu’une décision ne doit être prise au niveau supérieur que si les instances du niveau inférieur n’en ont pas la capacité et lorsque l’intérêt général s’avère moins bien respecté lorsqu’il est géré au plan inférieur. Par exemple en France, décider du montant du RMI ou du salaire minimum au niveau national, peut éviter la concurrence vers le bas entre régions ou entreprises. Par contre décider du montant du budget pour le transport collectif dans une commune peut légitimement se discuter au niveau municipal.

Dans cette perspective il s’agit de décentraliser les décisions en assurant une redistribution des financements et leur péréquation vers les niveaux inférieurs dans le respect du principe de subsidiarité. Les transferts de charges sans transferts correspondants de ressources ni péréquations appropriées paralysent les collectivités territoriales et menacent leur avenir et leur raison d’être, à savoir la libre administration de la collectivité et sa capacité à conduire des politiques innovantes au service de la population. C’est ce qui s’est passé en 2010 avec la fin de la taxe professionnelle prélevée auparavant par les municipalités. Or, les nouvelles taxes proposées par le gouvernement français, qui n’ont pas suffit à compenser le déficit lié à la suppression de cette taxe.

Ces réformes sont particulièrement nécessaires pour alimenter et rendre crédibles les budgets participatifs. Il parait difficile d’inscrire l’entreprise dans une relation citoyenne et responsable avec son territoire, sans imposer le contrôle des fonds publics affectés, directement ou non, à l’implantation d’entreprises et à l’emploi, ainsi que le remboursement aux collectivités des sommes détournées.

Dans le cadre d’une régulation fondée sur la subsidiarité lorsque qu’un désaccord survient, il peut être tranché, grâce au pouvoir de l’autorité de régulation arbitrale des pouvoirs publics (lorsqu’on leur attribue cette fonction comme c’est le cas dans le cadre des organismes paritaires en France : Assedic, sécurité sociale…).

La subsidiarité dans la régulation relève donc de deux types :

– La subsidiarité entre types d’acteurs : c’est à dire la différenciation entre la nature des acteurs (acteurs privés puis pouvoirs publics qui les encadrent).

– La subsidiarité verticale : la différenciation entre les niveaux les plus adaptés à la prise de décision : local, national, international.

Cependant la régulation fondée sur la subsidiarité, n’est pas très éloignée d’une régulation fondée sur la décentralisation. Or, dans les deux cas on relève que :

– Si cela diminue les excès du pouvoir global centralisé, cela peut augmenter le développement des potentats locaux (plan politique).

– Si c’est un rempart contre les reculs sociaux au plan global, cela peut rendre plus difficile la généralisation des avancés sociales (plan social).

– Si cela permet de mieux cibler et redistribuer des richesses (donc des moyens) entre les acteurs locaux, (s’il y a une volonté politique), cela peut entraîner plus de difficulté de redistribution entre les régions ou les pays (plan économique).

Culture Moderne

(du capitalisme occidental techno-industriel)

Culture traditionnelle (des peuples premiers)

Culture postmoderne

(de la décroissance autogestionnaire)

Localisation de la production

Spécialisation

Domination du centre sur la périphérie

Inégalité des termes de l’échange

Ouverture des marchés

Production locale

Echanges limités essentiellement aux nomades

Autonomie locale et nationale, avant d’échanger

Relocalisation sélective de la production

La relocalisation de la production suppose néanmoins une planification démocratique globale. En ce qui concerne la relocalisation de la production, se pose alors la question de la coordination au niveau régional, national voir international, lorsque c’est nécessaire, par exemple sur les taux d’émissions de CO2, ou l’empreinte écologique. Dans ce cas l’objection de croissance socialiste autogestionnaire envisage une planification démocratique, c’est à dire que chaque fédération de travailleurs décide au niveau local, régional, national et international ce qui ne peut être produit localement et qui doit être produit au niveau supérieur. Nous préciserons plus loin, les différents systèmes possibles de la planification démocratique. Au niveau national la production de train semble un niveau de décision adapté par exemple, car il serait peut rentable que chaque région crée sa propre coopérative de production de train à l’échelle française.

Les besoins essentiels, le développement autonome et l’identité culturelle sont les trois principes d’un projet d’autonomie alimentaire. De plus, ils sont interdépendants et synergiques. Rappelons au préalable, que d’une part, le développement économique et social est souvent une nécessité vitale, pour les populations n’ayant pas atteint le niveau de l’empreinte écologique moyenne et soutenable pour l’humanité. D’autre part le développement n’est pas qu’économique, mais il peut aussi être social ou culturel. Il s’agit de différencier la notion de croissance, qui relève du quantitatif, du développement qui s’inscrit surtout dans le qualitatif. Il est donc possible de décroître quantitativement, tout en développant qualitativement, l’éducation, la culture, les services, la santé…

Besoins essentiels, self reliance, et identité culturelle sont les fondements d’un développement autonome

La stratégie des besoins essentiels est un des fondements de la décroissance, dans la mesure ou cette dernière cherche à créer une société ou les besoins essentiels seront satisfaits. Cependant, comme l’explique Castoriadis dans son livre les carrefours du labyrinthe (1996, IV : 137). cela suppose aussi que les individus apprennent à autolimiter leurs besoins afin de développer une « sobriété heureuse » tel que le formule Pierre Rabbi) dans à un monde ou les ressources matérielles et agricoles sont limitées. Les trois concepts de besoins essentiels, self reliance et d’identité culturelle, sont interdépendants et synergiques, dans le domaine du développement observe Roy Preiswerk6.

Un développement basé sur la « self reliance » signifie en quelque sorte un développement plus endogène ou autocentré. Il renforce l’identité culturelle en centrant les efforts de développement sur les ressources (au travers la participation des populations notamment) et les connaissances propres du pays. En prenant appui sur la base et non pas sur les élites (souvent formées à l’étranger dans les PED), le développement peut prendre en compte les attentes des populations et ainsi répondre à leurs besoins essentiels.

La réappropriation par une population de son identité culturelle favorise la self reliance, car elle permet de trouver confiance dans son propre potentiel. Elle peut permettre aussi une meilleure réponse aux besoins des populations, car elle peut orienter l’attention du gouvernement sur les préoccupations essentielles des populations. Chaque peuple en développant ses qualités spécifiques, peut faire émerger ou retrouver dans sa culture, son identité, son « génie » propre. La technologie appropriée peut être un moyen de découvrir des techniques spécifiques, ou d’adapter des technologies extérieures aux besoins du pays. L’’identité culturelle est notamment renforcée grâce à l’amélioration de l’éducation, l’usage de la langue maternelle dans les manuels scolaires et par les enseignants, l’appui sur les compétences humaines locales…Enfin la reconnaissance des traditions favorise l’unité du pays et c’est bénéfique pour la cohésion sociale.

En répondant aux besoins essentiels des populations, en stimulant par exemple la production des cultures vivrières, en permettant l’éducation de base, en répondant aux besoins locaux avant de suivre la demande internationale, le pays devient ainsi plus autonome et peut assurer sa croissance à long terme. La satisfaction des besoins essentiels remet les attentes des hommes et leur droits au centre du développement. L’identité culturelle est ainsi favorisée, car cela prend en considération les besoins essentiels des populations qui ne sont pas seulement matériels.

Nous venons de décrire brièvement le cercle vertueux formé par ces trois piliers du développement local et national. Mais poussé à l’excès le mécanisme peut devenir une spirale destructrice ou self reliance devient autarcie sclérosante, l’identité culturelle un nationalisme au passéisme exacerbé et la satisfaction des besoins essentiels devient à nouveau un moyen de conserver les privilèges des plus riches. La vigilance et le discernement restent néanmoins nécessaire, lorsque l’on s’appuie sur ces trois piliers du « développement ».

En réalité, ce modèle de développement dont s’inspire à présent la « décroissance sélective » dépend plus des obstacles à lever, pour le réaliser, que de solutions réellement nouvelles à découvrir. Roy Preiswerk précise que la définition de la stratégie dissociative (telle la self reliance) la plus appropriée à chaque cas particulier doit se faire selon les ressources disponibles, les conditions écologiques et la situation économique de la collectivité concernée. De plus ces suites d’hypothèses ne représentent qu’un archétype, puisque certains pays n’ayant pas suivis strictement ce modèle parviennent à ce développer correctement. « Les stratégies fondées sur la satisfaction des besoins essentiels existent en combinaison avec la self-reliance (Chine) aussi bien qu’indépendamment (Taiwan). Il y a des cas de dissociation sans satisfaction des besoins essentiels (Haïti) aussi bien que des cas d’association sans satisfaction des besoins essentiels (cas le plus fréquent) » (Preiswerk : 180 :153). En s’appuyant sur ce modèle de référence, chaque pays devrait trouver sa propre voie de développement, en choisissant de privilégier l’un des trois pôles, en fonction de sa situation propre.

En matière agricole, la culture technologique du capitalisme industriel, pousse vers une utopie prométhéenne de la technique, comme solution à tous les problèmes. Elle prend une orientation relativement contraire à l’optique de la technologie appropriée, car dans « sa vision du monde » (Weltanschauung en allemand),, tous doivent adopter les technologies de pointes de l’occident, représentant le fleuron du progrès pour l’humanité. Certains espèrent par exemple, que les ressources non renouvelables (pétrole, uranium, métaux…) pourront être recrées notamment grâce aux nanotechnologies, en reconfigurant les atomes un à un pour recréer par exemple les métaux qui auront été épuisés. Or, le pouvoir de la technique (du technicien et du technocrate) crée à la fois une dépendance de la population et un ascendant vis à vis du peuple, qui ne peut en maîtriser et en mesurer tous les impacts négatifs. D’ailleurs comme le souligne Jacques Ellul (1997)7 la technique domine elle-même ceux qui cherchent à l’utiliser comme solution unique pour résoudre les problèmes de l’humanité. L’approche techniciste tend à mettre en avant les valeurs utilitaristes d’efficacité et de progrès technique, au détriment des besoins de l’homme, de la culture et de sa relation à la nature. Bruno Latour souligne à ce propose que « les techniques appartiennent au règne des moyens et la morale au règne des fins, même si, comme Jacques Ellul en a témoigné il y a bien longtemps, certaines techniques finissent par envahir tout l’horizon des fins en se donnant à elles-mêmes leurs propres lois, en devenant « auto-nomes » et non plus seulement automatiques » (Latour, 2000 : 19)8.

En répondant aux besoins des populations, en stimulant par exemple la production des cultures vivrières, en permettant l’éducation de base, en répondant aux besoins locaux avant de suivre la demande internationale, le pays devient ainsi plus autonome et peut assurer sa croissance à long terme.

La participation communautaire est une des applications de ce modèle de « développement tripartite. » Mais, pousser trop loin ces trois principes du développement poussent vers certains excès. Trop de « self reliance » conduit à l’autarcie sclérosante, l’exacerbation de l’identité culturelle pousse vers un nationalisme destructeur et la satisfaction des besoins essentiels devient à nouveau un moyen de conserver les privilèges des plus riches, avec un système à deux vitesses. La vigilance et le discernement restent donc nécessaires, lorsque l’on s’appuie sur ces trois piliers du développement.

Le capitalisme libéral mondialisé est fondé en particulier sur l’avantage comparatif et la division internationale du travail, en particulier l’échange de produits primaires en provenance des pays en voie de développement contre des produits manufacturés exportés par les pays développés (Ricardo)9. Il s’appuie aussi sur la domination du centre sur la périphérie, l’inégalité des termes de l’échange (Emmanuel, 1969)10 renforcé par une ouverture « forcée » des marchés nationaux au nom du néolibéralisme, en particulier par l’OMC, appuyé par les institutions de Bretton-Woods. A l’inverse la décroissance autogestionnaire, cherche à développer l’autonomie locale et nationale, avant d’échanger et donc à exercer une « relocalisation sélective » de la production favorable à la fois à la baisse de la pollution liée aux transports, mais surtout une autonomie économique, alimentaire, technologique, conditions d’un développement souverain, donc autogéré.

La technologie appropriée en agriculture est un moyen de conjuguer l’autonomie et l’identité culturelle. C’est aussi l’opportunité de découvrir des techniques spécifiques à un pays ou d’adapter des technologies extérieures aux besoins du pays. Il s’agit par exemple de l’utilisation de la traction animale pour labourer son champ, plutôt que de l’utilisation d’un tracteur à la fois cher et qui ne peut être réparé par manque de pièces disponibles sur place et des connaissances nécessaires. En 1979, après le sommet de Alma Ata, sur les soins de santé primaires Julia A. Walsh et Kenneth S. Warren proposèrent en 1979 différentes solutions simples et appropriées à la situation des PED. Ils proposèrent par exemple de renouer avec l’allaitement au sein pendant un temps suffisant et de développer le traitement de la diarrhée des enfants par l’utilisation de sels de réhydration orale (Walsh, 1979 :967-974)11. En 1982, dans le même optique, l’UNICEF l’UNCEF ajouta certaines mesures, tel que la surveillance de la croissance des nourrissons (taille et poids) car cela permet de déceler les premiers signes de malnutrition. Pour permettre cela, il faut disposer d’instrument de surveillance. Les outils de mesures qui peuvent être utilisés sont une échelle standard ou une « balance à ressort » (UNICEF, 1986 :74) 12. Ces instruments très simples sont des exemples de la technologie appropriée. Ils permettent notamment de libérer de la charge de travail pour des cliniques surchargées, lorsqu’elles manquent de financement public.

L’hygiène des aliments, pourra être assurer par un stockage correct (selon les traditions, dans une coupe de bois, de métal fermé) afin d’éviter les vecteurs d’infections (rats, parasites…). De même la conservation grâce à des technologies appropriées, tel la fumigation, le salage, la fermentation ou même le séchage et la désinfection par le soleil peuvent être utilisés (UNICEF, 1986 : 80).13

La technologie appropriée désigne communément désormais un très large éventail de techniques utilisées selon les critères suivants :

– Etre localement adapté à l’environnement social, culturel et naturel.

– Utiliser rationnellement les ressources locales, matérielles aussi bien que culturelle (connaissance et savoir faire traditionnel).

– Etre renouvelable et participer à un développement soutenable (les décroissants diraient plutôt la croissance sélective).

– Disposer d’un bon rapport qualité prix : présenter « un faible coût d’investissement par poste de travail par unité produite » 14.

– Faire appel à la créativité, « au génie » spécifique, de la population.

– Améliorer les techniques d’équipement anciennes et intégrer les modernes (éventuellement des technologies de pointe telles les piles photovoltaïques), afin de ne pas en faire une « technologie du pauvre ».

– Etre mesurable et scientifiquement acceptable.

La production extensive et naturelle permet une forte productivité et l’accès à l’autonomie.

C’est ce que nous montre le film documentaire, « Herbe » sorti en 2008, réalisé par Matthieu Levain et Olivier Porte. Il se déroule dans la Bretagne paysanne. Alors que des fermes se sont engagées depuis plusieurs années dans une agriculture autonome, durable et performante, la majorité de la profession refusent cette approche. Ce film illustre très bien, deux orientations opposées de la production agricole. D’un côté la production extensive et naturelle et de l’autre, la production agro-industrielle qui est intensive, productiviste, chimique, modifié génétiquement et fortement irriguée. Cette dernière approche est le résultat de l’industrie agro-alimentaire et du complexe pétro-chimique de transnationales, telle Monsanto. Elle a pour objectif de vendre plus d’engrais et de pesticides qui proviennent en large partie de la production de pétrole. Cette orientation qui s’est fortement accélérée durant ce que l’on a appelé la révolution verte au cours de la période 1944-1970. Mais cette dernière devrait plutôt être qualifiée de révolution industrielle de l’agriculture, dans la mesure ou il se s’agit que de la couleur verte des plantes et non pas du vert de l’écologique. Cette approche est encore renforcée par le fait que les faits que les ingénieurs agronomes sont formés dans cette optique. D’ailleurs les lobbies de l’industrie font pressions de diverses manières afin que les ingénieurs, soient formés ainsi.

Or, ce mode de production fondé sur le pétrole et la mécanisation va devenir de plus en plus coûteux du fait de la raréfaction du pétrole. Il a déjà un coût très important en terme même simplement financier, car les agriculteurs de ce type doivent emprunter aux banques privées. Ces prêts vont leur permettre d’acheter de gros tracteurs, de grands systèmes de traites automatisées, de fabriquer de très grosses exploitations agricoles, capables d’accueillir un gros troupeau de vaches laitières et de les nourrir, mais aussi de stocker du mais et du soja qu’ils produisent eux-mêmes. Ce modèle de production industrialisé, permet de produire beaucoup, avec très peu de personnel. Cependant cela à plusieurs inconvénients. Le premier c’est qu’il a un coût financier très important, ce qui oblige les agriculteurs à travailler de très longues journées à un faible salaire, afin de rembourser leurs emprunts aux banques. C’est par contre un mode de production très rentable pour le capitalisme bancaire et pétrochimique.

A l’inverse les paysans qui ont choisis de nourrir leur troupeau avec de l’herbe en laissant paître leur troupeau dans les prairies, n’ont pas eu besoin de faire de prêts si importants. Le mode de production naturel et extensif peut-être qualifiée de post-moderne, dans la mesure ou elle cherche à conjuguer certains avantages de l’agriculture moderne (un petit tracteur) et de l’agriculture traditionnelle (laisser les vaches brouter l’herbe qui pousse grâce aux seules force de la nature : la terre, la pluie et le soleil). Ainsi, dans ce film on constate, que les salaires mensuels de ce type de paysans sont relativement proche de ceux de l’agriculture industrialisés, mais par contre leur salaire horaire est considérablement plus élevés, car ils ne travaillent environ 30 à 50% de temps en moins !

André Pochon, est un agriculteur breton qui fait la promotion d’une agriculture non productiviste. Il affirme qu’une « une prairie bien exploitée produit beaucoup d’énergie (jusqu’à 10000 à 12000 unités fourragères/ha), et pléthore de protéines (de 1800 à 2000 kg de matière azotée digestible). Qui donc prétend que le retour à la prairie est le retour à l’extensif ? Avec de l’herbe vous allez doubler votre production en travaillant beaucoup moins… Le suivi des 27 exploitations par l’Inra, et, d’une manière très pointue, des 17 fermes laitières reconverties, montre que ces dernières ont amélioré leur revenu ; le travail y est plus agréable, et la pollution azotée est diminuée de 2/3. Quant aux pesticides, il a été impossible d’en trouver trace à l’exutoire du mini bassin versant de Trémargat. Mais depuis cette étude qui s’étend de 1993 à 1998, le Cedapa a fait tache d’huile. En 2002 en Côtes d’Armor, ce sont plus de 400 éleveurs, dans le Grand-Ouest plus de 3000, qui se sont reconvertis. Pas un seul ne voudrait revenir à sa situation antérieure. A titre d’exemple, voici l’évolution du coût alimentaire d’un litre de lait de l’un d’entre eux, sur deux ans :

AVANT

APRÈS

Coût des concentrés

0,25 F

0,124 F

Coût des fourrages

0,22 F

0,102 F

Total

0,47 F

0,226 F

Economie par litre de lait

0,245 F (- 48%)

La production avec de l’herbe permet, donc de diminuer le coût de production de 48% ! (Pochon, 2003)15. De plus le temps de travail est lui aussi presque divisé par 30 à 50%. Cela offre donc rendement supérieur d’environ 70 à 100%. Dans certains cas, on estime qu’un agriculteur gagnerait 10 000 Euros de plus par an en nourrissant son troupeau de vache avec de l’herbe, plutôt qu’avec du soja et du mais16. Cette comparaison illustre à quel point la productivité de l’agriculture naturelle et extensive est la plus forte. C’est donc une véritable remise en cause du dogme industriel et techniciste.

Le mode de production industriel promu, notamment par la « révolution verte » se révèle aussi trop coûteux pour les paysans des PED. Un mode de production plus naturel, tel que l’utilisation de l’herbe et l’usage des technologies appropriées, comme la traction animale par exemple, semble plus soutenable. Pour la population paysanne, qui représente encore la majorité des actifs dans le monde, L’autre priorité consiste dans l’accès à la terre et donc au partage des terres. Or, la pression du capitalisme et de l’industrialisation pousse au contraire vers la concentration.

En Europe la progression de l’industrialisation dans les villes et le besoin de main d’œuvre ouvrière a conduit l’Etat à verser des subventions au départ pour les paysans. Ajouter à la mécanisation de la production agricole, cela a conduit à un fort exode rural. En France le secteur primaire représente une part très faible de la population active, par contre le nombre de chômeur, lui, augmente régulièrement depuis au moins un siècle. On peut donc constater que la prolétarisation, et la précarisation du monde rural ont été organisées au détriment de la classe paysanne, qui travaillaient de manière relativement autogestionnaire et qui représentait un pouvoir économique et politique fort en France, auparavant. Un document de prospective nommé World Urbanization Prospects publié par l’ONU en 2006, montre que la population rurale représentait encore plus de la moitié de l’humanité.

« L’agriculture, qui figure parmi les plus vieux métiers du monde, continue à être le premier employeur de la planète : 45% de la population active mondiale travaillaient encore dans l’agriculture. Selon la FAO, que l’on peut croire à ce sujet (plus que sur ses prospectives récentes concernant l’agriculture biologique) leur nombre est encore appelé à progresser dans les deux décennies qui viennent. Conservons toujours en mémoire que sur les 1350 millions d’agriculteurs de la planète, les 2/3 sont soit chinois, soit indiens » précise Landy (2006)17.

Dans les pays industrialisés, certaines communautés alternatives, tel « Lango Mai », font la promotion du retour à la terre, comme une solution simple, vers une plus grande autonomie professionnelle et économique, dans la ligne du socialisme autogestionnaire. Suivre cet exemple, dans certaines villes des PED, où il existe un haut niveau de chômage, offriraient aussi, aux plus pauvres et aux plus précaires des travailleurs, une plus une plus grande autonomie professionnelle et alimentaire et pour leur pays.

Mode d’échange (lien socio- économique)

Recherche de l’intérêt individuel par le profit économique ou symbolique (prestige)

Echange monétaire international

Ouverture des marchés à la loi du plus fort

Don et contre don matériel, symbolique et social

Troc

Monétaire (globale) et monnaie locale (SEL)

Economie de proximité (pour privilégier aussi la relation sociale)

Protectionnisme

Méthode de culture

Productiviste

Intensive

Chimique, génétique, enrichissant l’industrie agro-alimentaire

Extensive

Fondée sur l’harmonie avec les esprits des plantes, de la pluie…

Cueillette, chasse (Nomadisme), culture sur brûlis

Biologique

Culture de proximité

Rotation des cultures

COMMENT CONSOMMER EQUITABLE ET ECOLOGIQUE ?

Tandis que le secteur du commerce équitable se développe doucement, l’intérêt des consommateurs pour l’écologie, lui s’accélère rapidement. Au point que nombre d’entre eux, considèrent parfois, que l’écologie (favorisée par la consommation de proximité) et le commerce équitable s’opposent, notamment à cause du dégagement de CO2, lié au transport, un des facteurs importants du réchauffement climatique et de l’empreinte écologique. Or, il existe néanmoins des approches ou ces deux courants peuvent coexister, tels que le commerce équitable Sud-Sud ou la relocalisation sélective.

L’écologie est-elle compatible avec le commerce équitable Sud-Nord ? Selon la Commission mondiale sur l’environnement et le développement (1988), l’amélioration des conditions de travail renforce les chances de préservation de l’environnement et donc de s’orienter vers une production soutenable. Car, plus un pays dispose de richesses financières, plus il dispose potentiellement de la capacité à assumer le coût de la protection de son environnement. Cependant, le commerce équitable s’avère limité par le principe écologique, qui suppose de diminuer les distances de transport qui accroissent les émissions de carbone. C’est-à-dire que ne doit être importé que ce qui ne peut être produit sur place, afin de limiter la pollution liée aux transports et l’autonomie alimentaire. Par exemple, en Suisse, le « label bio » Bourgeon interdit les transports par avion et les matières premières importées, ne doivent pas dépasser 90%, tandis que pour le « label Bio suisse » de Bourgeon, la limite autorisée descend à seulement 10%. En 2010, il existait environ 800 exploitations de production ou de commercialisation qui bénéficient de ce label. En effet, plus la production se rapproche du consommateur, moins cela engendre de pollution, c’est le processus inverse du commerce équitable.

L’objection de croissance socialiste autogestionnaire, implique notamment de cesser le productivisme effréné de la société de consommation, de développer l’économie de proximité en la relocalisant, de diminuer la pollution liée aux transports, de consommer des fruits locaux, donc de saison, d’éviter la concurrence avec les petits producteurs locaux au Nord… Certains écologistes considèrent donc qu’il faudrait supprimer le commerce éthique et équitable, car il nuit à une production véritablement « écologique et durable ». D’autres, moins radicaux, envisagent plutôt une « décroissance sélective », tels Nicolas Hulot, ou une « relocalisation sélective » de l’économie, tel Thomas Coutrot, le coprésident d’Attac. Cela consisterait à relocaliser la majorité de la production de chaque nation, tout en conservant une part mineure des importations en provenance de pays étrangers et lointains. Car, si vous résidez à Lille, importer des marchandises indispensables, issues de la Belgique, peut s’inscrire dans la démarche de relocalisation sélective, d’un point de vue écologique. Par contre au plan de l’autonomie économique, les critères deviennent alors encore un peu plus restrictifs. Dans le cas d’une décroissance et d’une relocalisation sélective, certains secteurs peuvent continuer à croître, comme la production alimentaire, tant que les besoins essentiels au Sud ne seront pas satisfaits, tandis que d’autres comme les transports, devraient décroître dès à présent, au Nord comme au Sud. Les échanges internationaux ne seraient pas non plus interrompus complètement, mais limités aux secteurs indispensables.

Ainsi, la solidarité internationale ne serait pas interrompue, mais mieux pensée, afin de permettre un développement favorisant l’autonomie économique et politique, avec la préservation des ressources non renouvelables et plus généralement l’écologie. On le voit chacun des choix d’actions de solidarité internationale, suppose une réflexion profonde qui doit prendre en compte chacun des éléments du « système monde » dans une perspective systémique.

Un développement agricole autonome suppose une relocalisation sélective et une baisse des transports. Dans les années 70, les pays non alignés revendiquaient un développement autocentré, notamment par la voix de l’économiste Samir Amin (1972). Un projet de développement pérenne devrait s’appuyer sur la satisfaction des besoins essentiels, l’autonomie et le respect de l’identité culturelle observe Roy Preiswerk18. Comme l’ensemble des actions de développement, une action peut aboutir à l’effet inverse, lorsqu’elle entraîne une perte de l’identité culturelle, une perte de l’autonomie économique et politique, une diminution de l’agriculture vivrière (Galtung, 1975). Cette dernière signifie que l’agriculture doit permettre aux populations de se nourrir par elle-même et non orienter la production locale vers l’exportation de céréales, tels le thé, le café, qui ne relèvent pas d’une consommation locale essentielle… Or, le commerce équitable tend vers cela. Ces principes et ceux de la « production soutenable écologiquement » entrent en conflit avec ceux de la mondialisation libérale. Mais le sont-ils aussi avec les principes du commerce équitable fondés notamment sur le développement de la solidarité mondiale et de partage des richesses ? En effet, un développement autonomie, suppose une relocalisation globale ou sélective (c’est à dire partiel), de même que le droit à un certain protectionnisme. L’autonomie économique s’avère d’ailleurs la condition préalable à l’ouverture économique, sinon l’économie nationale risque d’être dominée les entreprises transnationales étrangères. Certaines ONG, tels les membres de MINGA (une fédération d’acteurs du commerce équitable cherchant à intégrer les principes de la décroissance) cherchent en plus, à ce que les produits du Sud, qu’elles vendent dans les pays industrialisés, ne concernent pas une part trop importante de la production de la coopérative, pour lui permettre de conserver suffisamment d’indépendance.

Tandis que la mondialisation libérale renforce, la dépendance vis-à-vis de l’extérieur, les transports et la pollution, à l’inverse, dans les cultures traditionnelles, les moyens de se déplacer étaient plus lents, souvent pédestres, fondés sur la traction animale ou l’usage de la voile. Ils respectaient l’environnement et leur vitesse était plus humaine, plus proche du rythme des pas du marcheur, qui d’une certaine façon est l’étalon premier de l’individu décroissant. Ce dernier cherche donc une décroissance des transports afin de réduire l’empreinte écologique individuelle, nationale et mondiale, notamment par une relocalisation de la production. La décroissance des transports suppose aussi de savoir retrouver le goût des vacances de proximité, du plaisir de simple promenade dans les campagnes environnantes, plutôt que l’exotisme systématique du bout du monde. Concilier commerce équitable et décroissance, suppose donc de limiter la consommation de produits « indispensables » et d’user de modes de transport non polluant. De plus dans 40 à 80 ans les réserves de pétroles devraient être épuisées, il ne restera alors plus que la voile, telle que la marine marchande en a fait usage, pendant des siècles, ou la découverte d’énergies non polluantes et renouvelables. Mais actuellement ces dernières restent du domaine de la spéculation.

Le secteur du commerce équitable alimentaire : Nord-Sud, Sud‑Sud ou Nord‑Nord ?

Traditionnellement, on considère que commerce équitable concerne les relations Nord-Sud, cependant Minga estime que les relations Sud-Sud et même Nord-Nord doivent aussi être développée. Par exemple, le siège d’Oxfam aux Philippines vend de manière croissante des produits à des magasins Oxfam de Bangkok. Minga, de même que la Confédération paysanne, pensent que le concept de commerce équitable doit aussi recouvrir les relations de solidarité commerciale Nord/Nord. L’économie de proximité (Amap), l’économie solidaire, par exemple pourrait s’inscrire dans ce cadre.

Cependant, l’association Max Havelaar, considère que la situation sociale des pays en développement est telle, qu’on doit les distinguer par en créant plutôt un label « commerce solidaire » pour le commerce Nord/Nord et un « label commerce équitable » pour le Sud/Nord. En effet, les niveaux de salaires et de revenus des plus pauvres sont misérables (de 30 à 60 $/mois), il existe du travail des enfants, du travail forcé, des durées de travail de 15h/jour, etc. Alors qu’en France, salaire minimum légal, s’élève à 1055 euros nets et les plus pauvres ne meurent pas de faim.

Les ONG qui entendent concilier commerce équitable, écologie et autonomie économique cherchent à importer des produits du Sud, se limitant par exemple à l’artisanat local (objets d’art, vêtements…), afin de ne pas diminuer leurs cultures vivrières, ou de ne pas concurrencer les petits producteurs au Nord, qui vendent du miel près de chez eux par exemple. Elles n’importent que des aliments, comme le chocolat, ou le café, ne pouvant être cultivés dans les pays industrialisés. Cependant, même ce type d’aliment peut limiter l’agriculture vivrière, dans la mesure où les populations locales ne peuvent pas se nourrir principalement de café par exemple. Dans certaines régions d’Amérique du Sud, comme en Bolivie, le développement du quinoa équitable, se développe tellement, qu’il déséquilibre et désorganise, la production des autres céréales et donc perturbe l’autonomie alimentaire locale. D’autres produits ne peuvent pas être produits aux Nord, par exemple les tapis indiens labellisés par Step-Suisse, et plus généralement l’artisanat s’inscrivant dans une culture spécifique.

Quel que soit le choix qui sera fait, on observe d’ores et déjà, une concurrence entre certains produits labellisés bios et commerce équitable et les produits bio français, par exemple des producteurs de miel local, se trouve parfois en concurrence avec un producteur de miel équitable provenant du Sud.

Cependant, étant donné que le commerce équitable ne représente qu’une part infime du commerce mondial (0,02%), ce type de dérive, n’a quasiment aucune incidence au plan macroéconomique, et l’impact négatif lorsqu’il survient se limite actuellement à des secteurs commerciaux très circonscrits. Néanmoins, il faut le prendre en compte dans la réflexion pour un modèle de production alternatif et du point de vue de l’éducation populaire, de la prise de conscience citoyenne, qui est actuellement un des intérêts principaux du commerce équitable.

Ainsi, à long terme, on peut imaginer que la majorité du commerce équitable serait Sud-Sud et Nord-Nord (commerce solidaire), tandis qu’une faible part des flux commerciaux classiques et équitables porteraient sur les relations entre le Sud et le Nord.

Écologie et solidarité internationale en matière alimentaire sont indissociables. En effet, la priorité des populations les plus pauvres consiste à satisfaire leurs besoins essentiels et ensuite seulement à s’intéresser aux questions écologiques. Car, on meure plus rapidement du manque de nourriture, lorsque l’on ne vit qu’à avec 1$/jour, que de la pollution. Concilier écologie et développement autonome, suppose donc de permettre économiquement et culturellement, aux plus démunis, de prendre en compte, dès le départ, les besoins essentiels et l’écologie. Sinon, cette dernière restera lettre morte. Or, le nombre des populations pauvres dans le monde reste majoritaire, par rapport à celui des populations riches, vivant notamment dans les pays industrialisés.

En tout cas, pour ceux qui refusent d’appliquer une politique écologique malthusienne, consistant à laisser mourir de faim, les populations les plus pauvres. Car ce type de politique malthusienne néolibérale, s’oppose à une redistribuant des richesses mondiales, mais s’autorise à exploiter les ressources des pays en développement.

Liepietz souligne aussi, qu’il « y a toujours une articulation de deux stratégies, en ce sens que même dans un développement très autocentré, il faut une source de financement qui permet l’achat de produits de la ’’grande économie’’ mondialisée (des ordinateurs, des téléviseurs…). Cette source, c’est la redistribution nationale (administration, dépenses sociales) ou les exportations locales. Un projet de développement de pays intègrera par exemple le tourisme à la ferme, ou la production bio et fermière de qualité »19.

La volonté de relocaliser l’alimentation, s’inscrit dans l’histoire des politiques du développement local. Rappelons cependant, qu’il ne faut pas confondre le développement local qui relève du qualitatif, avec la croissance locale, qui est quantitative. Alain Liepietz nous rappelle que « c’est est un long chemin qui débute à la fin des années 70, une période où la perception du monde est basée sur le constat de la dépendance des pays de l’ancienne aire coloniale. A cette époque, le modèle dominant est celui d’un centre (les pays développés du Nord) entravant le développement à la périphérie (les pays du Sud). Au plan doctrinal et des pratiques, la réponse de la gauche marxisante, c’est le protectionnisme, la substitution de la production locale aux importations et la théorie des pôles de développement. Au contraire, on s’aperçoit que l’autonomie de petites et moyennes entreprises locales est de nature à engendrer à terme de nouvelles dynamiques locales de développement (…). Au début des années 80, les économistes emploient alors les mots de développement ’’endogène’’ ou ’’local’’ et parlent d’ ’’industrialisation diffuse’’20 ».

« Au cours des années 1980, le local, assimilé au départ au rural, est pensé comme un lieu alternatif à la crise. Peu à peu, le discours sur le local s’est étendu à tous les types d’espaces, les quartiers urbains et surtout les bassins d’emploi »21. « L’Etat Nation a perdu la plus grande partie de son pouvoir de coordination de l’activité économique elle-même de plus en plus soumise au marché mondial. Ceci suppose de privilégier les espaces de reconquête de plus d’autonomie et de liberté. C’est à dire créer de nouvelles formes de vie sociale et de consommation avec une relation au travail et un partage du travail différent. Une stratégie nouvelle de dialectique est à inventer entre les sociétés autonome et hétéronome (c’est-à-dire dépendante de l’extérieure) »22.

L’affirmation du développement local ascendant

Les États Généraux de Mâcon en juin 1982 marquent sans doute la naissance officielle du développement local. De ces débats, avec Michel Rocard, alors ministre du plan et de l’aménagement du territoire, se dégage une conception partagée du développement local :

le pays est un territoire pertinent pour redécouvrir une identité collec­tive et des solidarités efficaces ;

le développement autocentré, ascendant et global peut être la voie permettant au plus grand nombre de vivre et de travailler au pays ;

les structures de développement local présentent une grande hétérogénéité, reflétant la diversité des situations et des approches ;

le pays ainsi conçu est un espace de démocratie et il a, en tant que tel, droit à être reconnu comme espace de développement 21 » 23.

Ce qui fait dire à Paul Ariès en 2005, « cette relocalisation passera probablement par la montée en puissance de la notion de « pays » entendus comme des unités humaines, sociales et économiquement relativement proches, homogènes et solidaires (…). Nous ne devons pas seulement préserver la variété des semences paysannes mais aussi celle des diverses façons d’être au monde »24.

 L’hétéronomie est un obstacle au développement local alimentaire

Les dérives d’un pseudo-développement local existent. Au-delà du discours, on observe qu’il s’agit parfois « d’un système désignant au mieux un « localisme hétéro-dirigé », au pire le cache sexe d’un processus de désertification et de dégradation des territoires, car l’on peut dire que nous sommes face à des territoires sans pouvoir à la merci de pouvoirs sans territoire » affirme Latouche25. « Le concept d’autonomie est cher à beaucoup. Il regroupe un ensemble d’institutions, d’aspirations profondes telles que la prise en charge de son devenir, la diminution de ses dépendances avec les mécanismes économiques que nous ne maîtrisons plus directement, pas plus que nos représentants ou délégués directs, la créativité personnelle par opposition à l’Etat »26.

L’autonomie est le contraire de l’hétéronomie. Ce dernier signifie être dépendant d’une entité ou de normes extérieures à soi même (un groupe ou un individu ou autres), être centré sur l’extérieur plutôt qu’être centré sur soi. Toute, société a besoin pour sa stabilité de poser un lieu extérieur à elle-même qui lui assurera un but existentiel, un sens à sa vie. Du bouc émissaire ‘’des tribus primitives’’ au ‘’sacré’’ de la société traditionnelle, le sacré extérieur est intériorisé, c’est l’Etat, mais aussi la science, la technique, explique Jacques Ellul à la suite de Girard27.

Selon Yvan Illich, l’humanité a très longtemps utilisé essentiellement la voie du « mode de production autonome ». Mais, pour des raisons d’efficacité, la seconde voie – le ‘’mode de production hétéronome’’ – est devenue prépondérante depuis quelques siècles, et omniprésente depuis quelques décennies »28. « Il est remarquable de constater que les deux grandes idéologies de nos sociétés modernes, le libéralisme et le marxisme qui ont toutes les deux voulu le dépérissement de l’Etat au profit des citoyens, sont arrivées au contraire de leur objectif : le renforcement de l’Etat et de la société hétéronome »29, c’est à dire une société dépendante des nations extérieures à elle, pour son équilibre économique au moins.

Le développement alimentaire local suppose le développement d’une démocratie et d’un pouvoir local. La production locale se fonde également sur l’autonomie politique et économique, c’est-à-dire l’autoproduction. Chacun de ces choix doit être posé et débattu démocratiquement, sinon il s’agit d’une forme d’écofascisme en ce qui concerne les éléments de relocalisation à visée écologique. La relocalisation, peut contribuer à revivifier la démocratie locale. C’est aux citoyens de prendre le pouvoir politique pour débattre et organiser cette production qui répondrait à leurs besoins (…). C’est-à-dire donner un sens par eux-mêmes, à leur propre production, à leur travail, à leur décision politique. Savoir ce qui les pousse à produire un type de légume, plutôt qu’un autre, une loi, plutôt qu’une autre ».

La démocratie locale « ne saurait être promue par des instances technocratiques, nécessite de nouvelles formes de démocratie, qui favorisent l’autogouvernement des communautés établies. La possibilité de réhabiliter et de ré-habiter les lieux ne se réalisera que lorsque les individus qui vivent dans ces lieux pourront à nouveau en prendre soin quotidiennement, secondés par une nouvelle sagesse environnementale, technique et gouvernementale » explique Magnaghi30.

Raimon Panikkar31 souligne le besoin des individus de se sentir au centre du monde, pour pouvoir se développer. C’est finalement à la fois une faiblesse et une force. Il importe donc de renverser la vapeur. Et, partant, avant tout, de relocaliser le politique, par exemple d’inventer ou de réinventer une démocratie de proximité. « La démocratie écologique se réalisera dans le « localisme » » estime aussi Latouche, mais n’est ce pas plutôt dans une juste articulation, un équilibre dialectique, entre la politique locale et globale, notamment en ce qui concerne les questions d’empreinte carbone et écologique ?

Une démocratie locale, suppose aussi des villes à taille relativement réduite entre 30 000 habitants selon Fotopoulos et 60 000 selon le « réseau des villes lentes ».

La géographie et le territoire, comme outil d’analyse et de production du développement local en matière alimentaire.. « Les pratiques du développement local supposent l’identification a un espace et l’appropriation de celui‑ci » souligne Vachon32. « L’un des traits caractéristiques de ce mou­vement porte sur la recherche d’un pouvoir à la fois plus proche et moins vertical. Cette proximité est présentée, comme un moyen de favoriser l’émer­gence de nouveaux instruments » d’action autonome. « Ce n’est qu’en accédant à une certaine autonomie qu’une collectivité sera en mesure d’établir ses conditions d’existence et le niveau de qualité de vie qu’elle souhaite atteindre… Ainsi cessera la soumission à une logique de croissance et de développement venant uniquement de l’extérieur » poursuit Vachon33.

Paul Houée définit ainsi le développement local en matière agricole et plus généralement, comme « étant fait de relations dialec­tiques entre :

une dynamique ascendante exprimant les besoins, les demandes, les initiatives des groupes locaux, enracinée dans un territoire, une histoire, des valeurs partagées (…) ;

une démarche descendante émanant de l’État et des pouvoirs insti­tués, faite d’orientations, de procédures, d’incitations administratives et financières, de transfert de savoirs et de moyens (…). Initiatives ascendantes et mesures descendantes doivent sans cesse se croiser (…) Il faut retenir que le développement local est avant tout une démarche à la fois stratégique et pédagogique :

globale et transversale, prenant en compte dans leurs interactions les différents aspects de la vie collective, à côté des logiques secto­rielles, thématiques habituellement pratiquées ;

territoriale, fondée sur des ancrages locaux vivants aux délimita­tions variables selon les problèmes à traiter et les actions à conduire, à la fois assez vastes et cohérentes pour peser sur les évolutions et les décisions les concernant, assez rapprochés pour faire jouer les ressorts des appartenances et des solidarités vécues ;

partenariale, en associant des acteurs, des réseaux aux positions et aux fonctions différentes mais complémentaires, en conjuguant les orientations et les équilibres définis par les instances supérieures, les aspirations et les demandes des groupes locaux »34. Mais en plus des questions géographiques et économiques il y a aussi la dimension psychique. 

Le besoin de consommation comme compensation d’une insécurité et de carences psychiques

Le sociologue Veblen Thorstein (1970)35 qualifie de « consommation ostentatoire », l’acte de consommer pour paraître, pour se sentir exister par le regard qu’on imagine envieux et admiratif des autres. En effet, Le besoin de consommer pour paraître vise souvent à compenser nos carences identitaires. Plus les individus se sentent mal aimés, mal reconnus, plus ils ressentent un vide existentiel, un manque de sens profond, plus ils cherchent des béquilles pour répondre à leurs carences affectives et identitaires.

Le besoin de possession et d’accumulation est quasiment illimité chez certains milliardaires, qui accumulent plus qu’ils ne pourront jamais consommer ou dépenser. Car, le ressort profond de leurs besoins est fondé sur un besoin de puissance. Cela devient un indicateur de réussite, plus ils possèdent, plus ils se sentent puissants et plus leur classement dans le palmarès des personnalités les plus riches du monde progresse ! Ce besoin de puissance est lui-même le signe d’un complexe d’infériorité explique Adler (1918)36, d’une peur d’assumer sa part de fragilité.

Mais pour les moins riches, le besoin de possession repose d’abord sur la peur du manque. Le fait de posséder des richesses, des biens à profusion, rassure les personnes qui se sentent éternellement en danger de tomber un jour dans la précarité économique, alors même qu’elles détiennent déjà une propriété, une automobile, un métier ou plus généralement lorsqu’elles disposent déjà d’une situation professionnelle assurée. Leur analyse n’est pas fondée sur les faits, mais sur une angoisse d’insécurité inconsciente, la crainte de sombrer un jour dans la précarité. Pour s’en prémunir elles ne cessent d’accumuler, même quand leurs besoins minimums sont satisfaits, cependant c’est peine perdue, puisque leur problème n’est pas matériel, mais psychique.

Pour s’en détacher, les membres du mouvement pour « la simplicité volontaire » (burch, 2003) apprennent à vivre heureux avec de faibles moyens, grâce à des joies et des activités simples. Ceci, afin de se détacher de leur besoin de possessions matérielles et d’autrui, de consommation de marchandises, de leurs addictions aux sucreries, à la sexualité…Cela n’empêche pas une partie d’entre eux de militer en même temps, contre l’exploitation et la domination du capitalisme, mais ils ne se limitent pas à la dénonciation, et tentent de mettre en pratique concrètement une société alternative au capitalisme, fondée notamment sur l’accumulation illimitée de la propriété privée.

Cependant, ce mouvement de la « simplicité volontaire » ne touche qu’une petite partie de la population mondiale solvable. La majorité des autres individus des pays riches sont la cible des professionnels du marketing capitaliste qui s’appuie sur ces failles, qu’ils ont étudiées de très près. Dans le cadre de la « société de consommation », ils cherchent ainsi à accroître les profits des entreprises en poussant la population à la consommation, en particulier par la publicité. Le besoin psychosociologique de possession, et de consommation est ainsi renforcé par le marketing capitaliste. . De plus, depuis l’antiquité au moins, les pouvoirs en place ont bien compris l’utilité de répondre à ce besoin, à travers « le pain et des jeux » comme le pratiquaient les romains. Un peuple qui ne crie pas trop famine, qui a le ventre plein, et qui s’amuse, devient alors plus facile à diriger à son insu.

Un peuple qui ne crie pas trop famine, qui a le ventre plein, et qui s’amuse, devient alors plus facile à diriger à son insu.

Les peuples premiers, tels les Indiens Kogis, considèrent que se nourrir représente aussi un lien, avec les esprits de la nature qui sont remerciés pour avoir créé la nourriture. La nourriture devient donc un cadeau de la nature, un lien avec elle et non pas le produit de l’industrie mécanique, au service des hommes.

Conclusion

Une politique de relocalisation permet de retrouver une autonomie alimentaire, développer de diminuer l’empreinte carbone, et l’empreinte écologique et les pollutions diverses.

La relocalisation, favorise aussi l’autonomie économique et politique, d’une localité, d’une région ou d’un pays. Un développement économique local social et écologique, doit prendre en compte l’identité culturelle, l’autonomie et les besoins essentiels selon Preiswerk. Un développement (qualitatif) et une croissance (quantitative) sont nécessaires dans les pays et auprès des populations, pour lesquelles la satisfaction des besoins essentiels n’a pas été atteinte et dont l’empreinte écologique par habitant se situe sous le seuil maximal de l’empreinte écologique par habitant (1,8ha/hab en 2005).

Cependant, l’autonomie économique, ne signifie pas pour autant égoïsme nationaliste. Une part des richesses, de la production et des services peut continuer à être échangée, entre pays, dans un but de solidarité (sans ingérence) et produire les biens essentiels qui ne peuvent être créés sur place. La redistribution des richesses au niveau local, régional, national et international va de pair avec la relocalisation et un certain protectionnisme. En revanche, ce dernier et la redistribution ne doivent pas être détournés et les prêts ne doivent pas devenir des dettes permettant d’assurer une domination politico-économique comme c’est le cas du FMI envers les pays les plus pauvres, et maintenant certaines nations européennes.

Sans l’autonomie économique, l’autonomie politique est quasiment impossible. Cette dernière permet à la population et à ses représentants élus de décider par eux mêmes de leurs orientations sociétales, sans être dépendants du pouvoir d’autres acteurs économiques (les banques et leurs créances) ou publics (les organisations internationales, tel l’OMC, le FMI, ou des états puissants comme ceux du G8). L’autonomie politique est fondée sur la subsidiarité, le fait de ne décider à un niveau supérieur que ce qui ne peut être décidé au niveau inférieur.

1 Auteur du livre, Les mouvements sociaux face au commerce éthique, Hermès, 2007.

2 LATOUCHE Serge, le Pari de la décroissance, Fayard, 2006, p. 198.

3 RICARDO David, Principes de l’économie politique et de l’impôt, chapitre VII, 1817.

4 Emmanuel Arrighi, L’échange inégal. Essai sur les antagonismes dans les rapports économiques internationaux (Maspero, 1969)

5 LIEPIETZ Alain, « Du développement local au développement durable  : Limites d’une pratique, perspectives de deux idéologies », Territoires n°431, octobre 2002.

6 PREISWERK Roy, in IUED : Il faut manger pour vivre…Controverses sur les besoins fondamentaux et le développement, PUF, 1980, p 132.

7 ELLUL Jacques (1997), 2004, Le système technicien, Ed. Le Cherche-Midi.

8 LATOUR Bruno, « La fin des moyens », Réseaux. Communication – Technologie – Société, année 2000, volume 18, numéro 100, p. 39.

9 RICARDO David, Principes de l’économie politique et de l’impôt, 1817

10 Emmanuel Arrighi, L’échange inegal. Essai sur les antagonismes dans les rapports économiques internationaux (Maspero, 1969)

11 J. A. Walsh, K. S. Warren, » Selective primary health care : An interim strategy for disease control in developing countries. New England Journal of Medicine, 301, 1979, p 967-974.

12 UNICEF, Aga Khan Foundation & O.M.S. : Primary Health Care Technologies at the family and Community Levels, Report of a work shop sponsored by , 1986, p74.

13 UNICEF&OMS, Primary Health Care Technologies, 1986,.

14 BRELET Claudine, Op. Cit., p191,1995.

15 POCHON André, L’almanach des vingt ans de l’agriculture durable, Edité par la Mission Agrobiosciences, 2003. Edité par la Mission Agrobiosciences, 2003.

16 JARDINONS LA PLANETE, 2009, Vivre d’herbe et d’eau fraîche : un exemple concret de décroissance, http://jardinons.wordpress.com/2008/11/23/decroissance-herbagere-en-pays-de-caux/

17 LANDY F. 2006, Un milliard à nourrir : grain, territoire et politiques en Inde, Belin.

18 PREISWERK Roy, in IUED : Il faut manger pour vivre…Controverses sur les besoins fondamentaux et le développement, PUF, 1980, p 132.

19 LIEPIETZ Alain, « Du développement local au développement durable, Op. cit. 2002.

20 LIEPIETZ Alain, « Du développement local au développement durable  : Limites d’une pratique, perspectives de deux idéologies », Territoires n°431, octobre 2002.

21 Yves JEAN, Du développement local au développement durable : la nécessaire mutation culturelle de l’état et des élus, p. 22-31, in « Emigrés – immigrés dans le développement local », sous la direction de Mohamed CHAREF et Patrick GONIN. – Agadir : Editions Sud-Contact, 2005, 361 p.

22 François Plassard, Autonomie au quotidien, Réponses à la crise ? Pratiques Sociales, Paris, 1984.

23 ACTES DES ÉTATS GENERAUX DES PAYS, supplément à Correspondance Municipale, n°231.

in COULMIN (P.), La dynamique du développement local, Syros, 1986.

24 Paul ARIES, Décroissance ou barbarie, Golias, Villeurbanne, 2005, p. 111.

25 LATOUCHE Serge, Le pari de la décroissance. 2006, Fayard, p. 201

26 François PLASSARD, Autonomie au quotidien, Réponses à la crise ? Pratiques Sociales, Paris, 1984

27 ELLUL Jacques, L’empire du non-sens. L’art et la société technicienne, Paris, Presses Universitaires de France, collection La politique éclatée, 1980, in Plassard 1984.

28 CLERC Denis, « Ivan Illich et la critique radicale de la société industrielle », Alternatives économiques, mai 2001, in Plassard 1984.

29 François PLASSARD, Autonomie au quotidien, Réponses à la crise ? Pratiques Sociales, Paris, 1984

30 Alberto MAGNAGHI, Le Projet local, Mardaga, Sprimont, 2003 p. 38, in Latouche 2006.

31 Raimon PANIKKAR, « Alternative à la culture moderne », Interculture (Montréal), n, 77, octobre‑décembre 1982, p. 15, in Latouche, 2006.

32 Vachon B., Le développement local, Théorie et pratique, Québec, G. Morin Editeur, 1993, p. 93.

33 Vachon, Op.Cit., 1993, pp. 96‑97.

34 HOUEE Paul, Le développement local au défi de la mondialisation, L’Harmattan, 2001, p. 108-109

35 THORSTEIN Veblen, 1970 (1899), Théorie de la classe des loisirs, Paris, Gallimard.

36 ADLER Alfred, (2006) Théorie et pratique de la psychologie individuelle (1918), L’harmattan.

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