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Malik Oussekine, 30 ans après

par Nadir Dendoune

Publie le mercredi 7 décembre 2016 par Nadir Dendoune - Open-Publishing
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Bouquets de fleurs et lettres déposés le 4 décembre 1987, devant l’entrée de l’immeuble du 20 rue Monsieur-le-Prince où Malik Oussekine est mort, tué par la police, un an auparavant, en marge d’une manifestation contre la loi Devaquet sur la réforme du système d’enseignement supérieur. Michel GANGNE / AFP

C’était il y a 30 ans déjà, mais pour beaucoup, c’est comme si c’était hier. Dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986, en marge d’une manifestation contre la loi Devaquet sur la réforme des universités, Malik Oussekine, jeune étudiant français de 22 ans, est matraqué à mort par deux "voltigeurs", dans le hall d’un immeuble parisien, au 20, rue Monsieur-le-Prince, où il s’était refugié. Ces policiers sont chargés de "nettoyer" les rues après les manifestations. 

Seul témoin du drame, Paul Bayzelon, fonctionnaire au ministère des Finances, habitant l’immeuble du 20 rue Monsieur-le-Prince raconte : "Je rentrais chez moi. Au moment de refermer la porte après avoir composé le code, je vois le visage affolé d’un jeune homme. Je le fais passer et je veux refermer la porte". Puis Paul Bayzelon ajoute : "Deux policiers s’engouffrent dans le hall, se précipitent sur le type réfugié au fond et le frappent avec une violence incroyable. Il est tombé, ils ont continué à frapper à coups de matraque et de pieds dans le ventre et dans le dos. La victime se contentait de crier : "je n’ai rien fait, je n’ai rien fait’ ".

Paul Bayzelon a essayé de venir en aide au jeune Malik mais il recevra, lui, aussi des coups de matraque. Les voltigeurs cesseront de le cogner quand ils verront sa carte de fonctionnaire. Ils quitteront l’immeuble quelques minutes plus tard, laissant Malik Oussekine mort. Les "voltigeurs" furent dissous à la suite du drame.

Le lendemain du drame, Alain Devaquet, ministre délégué à l’Enseignement supérieur présente sa démission. Plusieurs centaines de milliers d’étudiants défilent en silence à travers toute la France, portant des pancartes "Ils ont tué Malik". Le 8 décembre 1986, le Premier ministre Jacques Chirac annonce le retrait du texte. 

Les deux meurtriers, le brigadier Jean Schmitt, 53 ans à l’époque des faits, et le gardien Christophe Garcia, 26 ans, seront jugés trois ans plus tard en 1989, devant la cour d’assises de Paris pour "coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner".

Condamnés en janvier 1990 à 5 ans et 2 ans de prison avec sursis, ils n’ont jamais fait un jour de prison...

Nadir Dendoune

 

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Messages

  • HONTE à cette justice du moyen âge ressorties des catacombes seigneuriales selon le fabuliste La Fontaine : Selon que vous serez faible ou puissant les jugements de cour vous ferons , blanc ou noir ! Ils n’ont pas honte ces décideurs coupables à prétendre agir au nom de la Démocratie ! Souvenons-nous de cette déclaration historique : Liberté ! Que de crimes on commet en ton nom !