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Les camps de la honte
par Déserteuse
Publie le mardi 7 février 2017 par Déserteuse - Open-Publishing10 commentaires
Je les ai aperçues dans l’ombre de ma ruelle mal éclairée- j’avais ouvert pour faire rentrer le chat.
Après les avoir fait rentrer, leur avoir offert une boisson chaude et de quoi calmer leur faim, je les ai écoutées. Un peu compliqué car elles parlaient mal le Français, mais dans ce genre de rencontre, regards et gestes servent très bien d’interprète.
L’une avait été liseuse, l’autre veilleuse. La liseuse ne pouvait plus lire, la veilleuse n’arrivait plus à veiller. Pas assez de lecture tue, disait l’une. Trop de veille nuit gravement à la santé, disait l’autre.
Rejetées puis chassées de leur pays en guerre, elles erraient par ici, après avoir franchi la rivière de nuit. Elles pensaient trouver refuge de l’autre côté du pont, chez La Recluse, une femme vivant cloîtrée dans sa maison après un malheur. Elles étaient déterminées à faire une étape chez cette femme que les habitants des quais laissaient en paix, chacun lui déposant à tour de rôle la nourriture nécessaire à sa survie.
Les deux femmes m’ont demandé où elles pouvaient la trouver.
Je n’ai pas osé leur dire que cela se passait à l’époque lointaine de la Batellerie.
Je les ai installées avec des couvertures et des coussins au garage, pour que le jour des passants mal intentionnés ne les voient pas. Mes fenêtres donnent sur la rue, et des lois scélérates dans mon pays refusent les Sans- Sommeil, préférant les parquer dans les camps de la honte.
Messages
1. Les camps de la honte, 7 février 2017, 08:32, par le Rouge-gorge
Beau texte sur le devoir d’assistance.
Chacun avait, à une époque où le vagabondage était prohibé, un couvert de plus et ce que les gens appelaient la part du pauvre, malgré l’interdiction.
Chacun savait que le malheur qui arrive aux autres pouvait nous advenir.
Aujourd’hui, si on ouvre pour faire rentrer le chat, on s’empresse de refermer, des fois que d’autres chats arrivent pour entrer.
Merci Chrys. Fraternellement.
Fabrice Selingant
1. Les camps de la honte, 7 février 2017, 09:02, par la déserteuse
Un grand merci pour ta généreuse lecture, Rouge-gorge .
Ce n’est qu’une petite part d’humanité, une contribution au refus de l’ostracisme, des ghettos et du racisme.
Pour vous servir, dans la foulée de ton poème "Méditerranée" et de celui des Triplettes de Bellaciao Léa-Océane-Lucie !
Chaleureusement,
Chrys
2. honte Merci et même plus, 7 février 2017, 11:03, par le Rouge-gorge
Merci et même plus.
Quant Triplettes Bellaciao-Océane-, elles forment concept schizophrène Rouge-, j’en honteux désolé, qui nous lie, doit la, car faire buzz, il moult à message, sinon ne intéresse, ne lit, surtout s’agit poésie.
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Fraternellement.
le Rouge-gorge
3. honte Merci et même plus, 7 février 2017, 11:07, par le Rouge-gorge
Tu sais où trouver les lacunes.
Brin de folie aveu sincère.
Cordial et fraternel. Toujours.
le Rouge-gorge
4. honte Merci et même plus, 7 février 2017, 11:21, par essim
Bien sûr que j’ai lu.
On est ensemble.
5. honte Merci et même plus, 7 février 2017, 11:25, par le Rouge-gorge
as-tu vu aussi l’iceberg étoilé pour Relève ?
6. honte Merci et même plus, 7 février 2017, 11:27, par essim
deux fois une :)
7. honte Merci et même plus, 7 février 2017, 15:15, par la déserteuse
3 fois une, en ces temps de chants de leurre on ne s’étonne de rien ...
8. Merci pour cette réponse, 7 février 2017, 17:08, par le Rouge-gorge
Mais le leurre a l’amitié pour limites.
D’autant que d’autres risquent d’utiliser le même code en utilisant la connexion du travail.
Je ne connais pas les pseudonymes qu’elles utiliseront, elles seront bien réelles.
J’attendais impatiemment ta réponse, Chrys, afin d’être rassuré.
Fraternellement.
Fabrice
9. Merci pour cette réponse, 8 février 2017, 05:24, par la déserteuse
Je te rassure, camarade, en t’assurant de mon estime : l’heure o combien grave ne cèdera en rien à l’inimitié.
Signé : Sans travail, Sans code, Sans sommeil et Sans malice ;)