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Il en va de l’orage poème de Fabrice Selingant

par le Rouge-gorge

Publie le mercredi 29 mars 2017 par le Rouge-gorge - Open-Publishing
6 commentaires

Il en va de l’orage

Il en va de l’orage

Il en va de la foudre et du chaos

Consciences réagissez il n’est peut-être déjà plus temps

Consciences réagissez car c’est votre pouvoir

Il en va du désastre

Agir ne sera pas une poussée de fièvre

Agir ne pourra être un simple mouvement

Les mages vous diront la sourde fatalité

Ils vous veulent résignés et consciences dociles

Les sorciers nieront toute autre alternative

Ils prêcheront la grande putréfaction

« Tout est pourri, il n’y a rien à faire, ne faites pas confiance,

soyez donc individualistes, ne prenez pas de risque à aider l’inconnu,

tout sera toujours ainsi. »

Ainsi ils parleront, ainsi dans leurs incantations

Ces sorciers du néant feront sourdre la haine

Il en va de la haine et de l’anéantissement

Consciences il vous faut vous unir et trouver vos alliés

Il vous faut accomplir plus qu’un pas oui bien plus qu’une marche

Le temps presse je ne sais s’il n’est déjà trop tard

Et je vous dis d’agir car vous n’avez le droit

De tout laisser tomber de sombrer fatigués

Ce qui s’est terni à vos yeux fourvoyés

Peut retrouver l’éclat si vous le polissez

L’héroïsme de conscience est amertume douce

Il vous faut être petit et convaincre des millions

Conscient que de l’élan viendra l’âpreté et la force de ferveur

Celle du feu et celle de la vie

Altruistes le jour et les peurs solitaires

Les sorciers feront tout pour vous prouver leurs dires

La gangrène annoncée vous en montreront leurs phalanges

Oublieront de vous dire leurs plus sombres calculs

Nieront que de leurs mains ce désordre est la cause

Ils vous veulent sourds aveugles et muets

Hallucinés envoûtés tout juste hypnotisés

Par l’annonce quotidienne du crépuscule immense dont ils tirent profit

Pour la nuit à venir les néons de lumière noire ne manqueront pas

D’aveugler plus encore d’incandescences sans chaleur

Car bien sûr ils voudront faire passer le jour pour un délire posthume

Le jour est éternel puisque la Terre tourne

Ne croyez pas benoîts ces dealers de feux follets

Vous volant la flamme votre embrasement votre souffle

Ils noieront tout sous le flot du mensonge

Éteignant l’étincelle qui pourrait enflammer

Traiteront de démence la plus simple envie

Comme vous je ne suis pas des leurs

Ne voyez pas en moi un autre thaumaturge

Dans mon bâton il n’y a que la magie de m’aider en chemin

Ce n’est ni celui d’un diseur ni celui d’un meneur

Vous n’êtes pas troupeau jamais n’ayez envie d’un berger

Je ne sais que vous dire que déjà vous savez

Que l’alternative c’est vous

Que par vous elle peut être

De vos verbes naîtront les nouvelles idées

De vos idéaux naîtront soudain les nouveaux verbes

Prenez garde seulement à chasser de chez vous

Tous ceux qui nieront la générosité

Tous ceux qui n’opposeront qu’une raison égoïste

Il n’y a pas d’avenir à jouer à leurs fêtes

Les sorciers en sont maîtres et n’ont pas de pitié

Ceux qui les aident un jour lendemain sont foulés

Consciences c’est à vous de frotter et faire luire

A vous de battre la pierre de briquer le soleil

De fourbir vos langues et de polir vos verbes.

Fabrice Selingant

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Messages

  • En lisant ce vibrant et poétique appel, j’imagine Hugo à la tribune des députés, appelant les consciences à refuser la peine de mort.
    Debout, citoyens, non à la résignation, à la déclinologie, à la tutelle !
    Je fais passer ;)

  • Petites variations sur l’espoir

    gros sur le cœur
    rouge de vivre un jour au jour le jour
    entre frères et sœurs de couleur
    dans le monde de nos souhaits de vivre ensemble
    réduits à peau de chagrin
    murs de haines érigés, sens du partage confisqué

    revenus la nuit à la vague insomnie
    espoir de tous les jours
    continue d’y croire, un petit peu
    quand plus rien ne pousse à croire
    quand tout te pousse à croire en presque plus rien

    mince espoir à la file
    des lueurs en traîne une file de fraternité
    partie faire un tour
    au retour espoir minuscule
    comme un petit grain de sable à côté de la plaque
    jeté dans la grand roue
    celle de l’infortune des meneurs du monde va-t-en-guerre
    un vœu pour les aimés en pensée
    petite musique se joue en silence
    autour de nous du monde rapporte
    le vent d’ailleurs transporte
    dans un filet de voix
    écho à tous nos appels coupés en route
    comme un goutte-à-goutte aux plantes
    les pieds nus au sol brûlant
    coule le ruisseau de vie
    étrange espérance persiste à la lutte
    une rumeur remue au milieu de la fureur
    écoute écoute écoute

    • Merci Essim et bravo pour ce poème chevillé à l’espoir, loin du sombre horizon d’indifférence et de préjugés.

      Il faut voir aussi le film de l’excellent Kaurismaki, L’autre côté de l’espoir, tout plein de solidarité, de partage, de besoin de fraternité, de vies mondialisées.

    • C’est bien intéressant un poème chevillé à l’altruisme, on y lit une créativité avec de nombreuses belles images, des formulations audacieuses et enthousiasmantes.

      L’engagement n’est en rien un frein, ce peut même être un point d’appui vers un élan créatif. Les auteurs sont lus lorsqu’ils écrivent diversement. Les mous le restent quel que soit le genre choisi.

      Cela nous éloigne d’une poésie égocentrique, maladive qui même si elle éructe, crie, se lamente, apporte bien peu d’intérêt mis à part pour son auteur.

      Essim, j’apprécie :

      petite musique se joue en silence
      autour de nous du monde rapporte
      le vent d’ailleurs transporte
      dans un filet de voix

      Fraternellement.

      Fabrice le Rouge-gorge