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La gauche est morte ? Vive la France Insoumise ?

par ALAIN DUPARQUET

Publie le jeudi 22 juin 2017 par ALAIN DUPARQUET - Open-Publishing
2 commentaires

Nous sortons d’un long cycle politique marqué par la domination hégémonique du parti socialiste. En simplifiant les composantes de la gauche, on peut dire qu’il y a une gauche réformiste et une gauche révolutionnaire. La stratégie d’union de la gauche, que le PCF porte encore, a échoué.

Elle part du présupposé qu’il est impossible pour le courant révolutionnaire d’accéder au pouvoir. C’est d’ailleurs d’autant plus vrai que le déclin du PCF a rendu totalement inconcevable une victoire communiste à l’élection présidentielle.On élit la social démocratie, car elle seule peut passer au second tour. On cherche à passer le compromis politique le plus haut possible et on espère que l’action syndicale et pupolaire fera le reste. Penser que le PS pouvait-être le cheval de troie pour entrer au pouvoir et ensuite et que le « changement » s’impose par la suite petit à petit, pas à pas… Cette stratégie a échoué en 1981, puis en 1998 et encore plus en 2012. Fondamentalement, la cause de cet échec est d’abord dans l’échec de la social démocratie elle-même. Il n’y a pas de compromis entre les intérêts capitalistes et les intérêts du peuple. Le capital veut toute le politique libérale et rien que le politique libérale. C’est dit et sans appel, l’union de la gauche a abouti à la loi-travail. On ne doit pas permettre à cette gauche de survivre.

Assurément, ce qui a changé depuis les années 1970, c’est le carcan européen, singulièrement avec les traités de Maastricht, de Lisbonne et l’avènement de l’euro. C’est même sur ce terrain là que ce joue concrètement la traditionnelle distinction entre révolutionnaires et réformistes. Toute proposition de politique de gauche qui n’indique pas comment elle va s’attaquer à ce problème est vouée à l’échec. C’est le préalable indispensable à toute union. C’est le clivage majeur. On peut toujours réajuster en permanence le plan A et le plan B proposés dans l’avenir en commun, en fonction des évolutions de l’Europe elle-même et des traités commerciaux, mais on ne peut pas éluder ce combat là, et on ne peut pas gagner sans éducation populaire sur ce sujet. Il y aura rassemblement contre cette Europe là ou il n’y aura rien car dans ce carcan rien n’est possible.

D’autant plus, que si d’aventure, un pouvoir de gauche dominé par le PS ou son successeur, venait à voir le jour et continue d’appliquer les directives de Bruxelles, il ne causera que malheur et désillusion, faisant le lit du Front National.

Il vaut mieux que la gauche perde pour longtemps que de faire cela.

Mélenchon a eu raison de dire :"Je ne veux pas affaiblir le PS, je veux le remplacer. Nous allons tourner la page des gens qui nous ont trahi pendant cinq ans".

Notre peuple ne s’en sortira pas en retournant dans les vieilles ornières. Après l’échec de Macron, ce sera soit le FN qui incarne l’horreur, soit le programme l’Avenir en commun qui incarne l’espoir. La FI est le grain de sable qui mettra en échec les combines conduisant de nouveau à la social démocratie.

Dans toutes les élections intermédiaires, il faudra une stratégie claire qui évite toute compromission...quitte à perdre. Car quand on gagne avec des illusions, on les perd ensuite plus durement avec tout le reste.

Servir de nouveau de force d’appoint de la social –démocratie serait donc une très mauvaise solution. L’union n’est donc souhaitable que sur la base d’une politique de rupture claire. Les socialistes ont échoué, qu’ils fassent preuve d’humilité, qu’ils passent leur tour et acceptent de nous soutenir.

Le programme l’Avenir en commun, élaboré par le croisement d’experts, basé sur le programme l’humain d’abord et amendé par des milliers d’internautes doit être le ciment de la reconstruction de l’alternative au capitalisme. Contrairement au programme commun qui était un compromis entre partis, le programme l’avenir en commun doit mettre tout le monde d’accord, si je puis dire. Le PS et le PC et bien d’autres ont leur place pour le soutenir et aider les citoyens sans carte dans leurs efforts. Si ils veulent être utiles, ils doivent se mettre au service du mouvement populaire.

Certes, la France insoumise n’est pas parfaite, ni d’ailleurs aboutie mais elle est assurément le point de départ de quelque chose de neuf, le prolongement des luttes sociales contre les politiques européennes, comme est une des suites du formidable non de gauche du 29 mai 2005, la correction du brouillon qu’a constitué le Front de gauche et une réponse aux questionnements de Nuit Debout.

Que faire maintenant de la France Insoumise ? Comment avoir les avantages des partis traditionnels sans en avoir les inconvénients ? Comment faire agir les 500 000 soutiens tout en laissant à chacun son indépendance et sa liberté d’action ? Comment se structurer dans le local afin de conquérir de villes, des régions, des départements ?

Voici entre autres les questions qui sont maintenant ouvertes. La tache est immense.

https://blogs.mediapart.fr/alain-duparquet/blog/200617/la-gauche-est-morte-vive-la-france-insoumise-0

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Messages

  • En symbiose totale avec cette analyse ! La crise économique n’en est pas à son apogée, de nouvelles charrettes de condamnés à l’exclusion capitaliste suivront !
    Le Peuple fera l’expérience qu’en changeant les individus on ne change pas le fondamental d’un régime honni, voleur, menteur, qualificatifs non-exhaustifs ! Par son comportement d’élus exemplaires nos députés Insoumis pourront faire avancer notre soif de justice sociale, nos véritables valeurs humaines et généreuses ! Quant au PCF il va finir par reconnaître sa magistrale erreur à tenter de poursuivre son aveuglement de discipline Républicaine avec un PS moribond . De ce fait les sociaux-démocrates ne lui ont été d’aucun secours à multiplier ses élus ! C’est l’inverse qui s’est produit, c’est de ce côté qu’il faudra dorénavant que regarde le PCF pour avoir des élus qui ne seront plus jamais amenés avec eux à faire la politique de l’autruche ! La preuve vient d’être faite par les urnes que c’est tous ensemble Révolutionnaires et Progressistes que nous gagnerons ! Et plus jamais à la remorque de sociaux-démocrates prêts à trahir de nouveau nos idéaux de l’Humain d’abord ! Quant à l’argument de masse du PCF selon lequel nous serions condamnés à collaborer au maintien du capitalisme car il n’y pas encore de majorité pour changer ce régime, il ne tient pas ! Ainsi Jean Jaurès : comprendre le réel mais aller à l’idéal ! Si on l’abandonne on ne sert plus les intérêts des travailleurs qui ne vivent que de revenus de leur travail ! Pourquoi ? Parce que on a jamais vu des patrons ne servant pas ses intérêts égoïstes. On voit bien de plus en plus que plutôt à perdre du fric le patronat ferme ses portes pour eux s’en aller en réalisant de véritables faillites savantes qui les mettent à l’abri de l’Infortune ! Il n’en demeure pas moins qu’aujourd’hui Le Groupe Révolutionnaire et Progressiste à l’Assemblée Nationale c’est lui la véritable OPPOSITION dans le pays à l’arbitraire capitaliste !

    • "Quant au PCF il va finir par reconnaître sa magistrale erreur à tenter de poursuivre son aveuglement de discipline Républicaine avec un PS moribond "

      Ça va être long et douloureux, surtout pour les militants de base.
      Car là où je suis, c’est plutôt le sectarisme, l’invective, la jalousie et parfois la haine qui dominent vis à vis de LFI.
      LFI a qui je reproche pas mal de choses et avec laquelle j’ai des désaccords mais je lui reconnais au moins le fait d’avoir lancer un nouveau dynamisme dans le prolétariat et de maintenir en vie l’espoir d’un mouvement social fort et durable. Ce que le PCF n’a pas fait et ne veut pas voir, enfermé qu’il est dans sa politique de sauvegarde du soldat PS pour, pense-t-il, encore maintenir des postes d’élus.