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Zad ; ultimatum du 14 Mai : trop tôt pour le temps des cerises

par viaJYP

Publie le vendredi 11 mai 2018 par viaJYP - Open-Publishing

Pour prendre la température : 3 sources :

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https://reporterre.net/Entre-les-defenseurs-de-la-Zad-et-l-Etat-des-negociations-sous-la-menace

Entre les défenseurs de la Zad et l’État, des négociations sous la menace

9 mai 2018 / par Marie Astier (Reporterre)

Lundi 7 mai, les défenseurs de la Zad avaient rendez-vous avec la préfète de Loire-Atlantique Nicole Klein. Le dialogue a repris, estiment-ils, mais la menace d’une nouvelle opération d’expulsion mardi 15 mai est pesante.

« On nous a soufflé un peu de chaud, un peu de froid », a résumé Dominique Fresneau, à la sortie de la préfecture. Lundi 7 mai, la délégation des ex-opposants à l’aéroport, désormais défenseurs des projets nés sur la Zad, avait rendez-vous avec la préfète de Loire-Atlantique, Nicole Klein. « On a fait le point avant l’ultimatum du 14 mai », poursuit M. Fresneau, porte-parole de l’Acipa (Association des riverains opposés à l’aéroport).

Le Premier ministre a en effet prévenu que les expulsions reprendraient à cette date, pour ceux qui n’ont pas présenté de dossier de projet agricole. « On veut continuer le dialogue, mais on a demandé comment on pouvait construire ensemble, avec cette épée de Damoclès sur la tête des habitants », poursuit le représentant associatif.

Les projets agricoles seront examinés par le comité de pilotage sur le foncier de la Zad le 14 mai. A noter que la réunion sera présidée par le ministre de l’Agriculture Stéphane Travert. Restent en suspens les questions des projets non-agricoles (artisanat, culture) et des habitats. C’est sur ces sujets que la délégation a tenté d’obtenir des précisions.

Autour de la table se trouvaient donc les membres de la délégation - représentants des habitants de la Zad, de l’Acipa, des agriculteurs qui sont restés malgré le projet d’aéroport et des agriculteurs solidaires du mouvement (Copain 44) – face à l’équipe de la préfecture, notamment la préfète et le directeur de la Direction des territoires et de la mer (DDTM), qui est en charge d’instruire les dossiers déposés par les zadistes.

« On considère que les projets non-agricoles font partie intégrante du projet de territoire de la Zad », insiste Camille, habitant de la zone, qui rappelle qu’« il n’y a aucune garantie que les lieux de vie associés aux projets agricoles seront préservés. » La délégation souhaiterait donc obtenir des conventions d’occupation précaires (valables un an), non seulement pour les projets agricoles, mais aussi pour les projets non-agricoles et les habitats des personnes qui les portent. Cela permettrait de stabiliser la situation dans l’attente de démêler l’imbroglio juridique de la propriété des terres, et donnerait le temps aux projets de se formaliser, se déclarer, se « légaliser », en quelque sorte.

Lundi, un tout petit pas a été fait dans cette direction, estime Marcel Thébault, agriculteur « historique » de Notre-Dame-des-Landes. « C’est la première fois qu’on nous dit qu’il serait possible de demander une convention de location pour une maison dans la Zad. Cela donnerait un statut à des gens », espère-t-il. « J’ai le sentiment qu’on est dans un début de négociation, qu’il y a une chance que les gens autour de la table commencent à se comprendre », ajoute-t-il prudemment. Il souligne également « l’énergie mise par la DDTM dans l’examen des dossiers agricoles. Cela s’est passé de façon cordiale. Mais la DDTM n’a pas l’initiative politique… » Ni même la préfète d’ailleurs. « A chaque étape, Paris garde la main », observe encore l’agriculteur.

C’est d’ailleurs sans doute Paris qui décidera de l’ampleur de l’opération policière qui devrait reprendre le 15 mai au matin. Qui est menacé d’expulsion ? « À partir du moment où les gens se déclarent, même si ce n’est pas un projet agricole, ils ne devraient pas être expulsés », croit avoir compris Dominique Fresneau. « La préfète nous a fait savoir qu’à chaque fois qu’elle était venue sur le terrain, elle avait été confrontée à des gens qui ne voulaient pas se déclarer et que ceux-là seraient donc expulsés. Cela ne nous rassure pas sur les critères de sélection ! Et puis, il y a des gens qui aimeraient rester vivre ici, mais qui n’ont pas de projet précis. Il faut du temps pour monter un projet », reprend-t-il.

Les défenseurs de la Zad reconnaissent être dans le flou. L’opération du mois d’avril, qui devait procéder à des « expulsions ciblées », selon les mots de la préfète, a en fait été de grande ampleur. Tous les scénarios semblent à nouveau ouverts.
Afin de sortir de l’incertitude, la délégation a donc demandé un calendrier de réunions, notamment sur les sujets de l’habitat et des projets non-agricoles. « À chaque fois ils nous baladent avec des dates butoir. On veut voir à plus long terme que la menace suivante », explique Camille. « On n’a pas de date pour une prochaine réunion, pas de calendrier, c’est un peu décevant », indique Dominique Fresneau.

En attendant, la présence des forces de l’ordre reste très importante sur la zone. Sur les 2.500 gendarmes présents au début de l’opération, seuls 900 se seraient retirés. Les contrôles et les barrages restent quotidiens. « C’est problématique car on est en période d’intense activité agricole, on a besoin des routes. La dernière fois, le camion du laitier a été arrêté pendant une heure à un barrage des forces de l’ordre, le temps que ces messieurs fassent leur changement d’équipe », raconte Marcel Thébault.

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http://www.librinfo74.fr/2018/05/le-convoi-pour-la-zad-de-notre-dame-des-landes-part-ce-vendredi-matin-11-mai-de-meythet/

Le convoi pour la ZAD de Notre Dame des Landes part ce vendredi matin 11 mai de Meythet

vendredi 11 mai 2018
Par j.c

Mercredi 9 mai, trois militants tenaient un stand près de Bonlieu pour collecter du matériel au profit de la Zad de Notre Dame des Landes.

Réchaud, matériel de peinture, ustensiles outillage, ont été apportés pendant les 4 heures de permanence.
Une petit visite courtoise de deux policiers ont bénéficié d’une explication argumentée de Nicolas Peillet sur les raisons de cette collecte et le caractère solidaire de la démarche.

C’est ce vendredi qu’un véhicule partira à 8h30 de Meythet chargé du précieux matériel, avec une halte à Doussard pour récupérer du matériel agricole.

Nicolas Peillet qui a séjourné deux fois dans la Zad dans les périodes "chaudes", nous livre son témoignage :
Tout ce que j’ai vécu sur la zad n’a fait que confirmer ce que je pensais auparavant. Mais le fait de l’expérimenter dans sa chair, d’être sur place, de voir, d’entendre, de sentir, de souffrir, ça change tout.
Voici des extraits d’échanges que j’ai eus dans les jours qui ont suivi mon premier séjour sur zone :

Vendredi 13 avril , minuit :


"Salut tout le monde,
On prend le chemin du retour - on vient de partir - après deux jours sur place.
Ça a été bien bien chaud, voir même hallucinant par moments. Ambiance guerilla. Les gendarmes sont tarés et font usage de la force de façon totalement disproportionnée. Ils sont 2500, ils ont deux blindés, un hélico des drones et ne lésinent pas sur la lacrymo, les grenades paralysantes et celles de désencerclement. Par moment c’est vraiment très violent. Les blessés se comptent par dizaines.
Moi j’en ai réchappé de justesse ce matin.
J’ai entendu parler d’une trêve de 10 jours qui aurait débuté cet aprèm. On verra. En tout cas, c’est pas fini..."

lundi 16 avril :


"Je suis rentré samedi matin après avoir passé deux jours sur place. Je ne peux pas exprimer beaucoup plus que mes impressions car j’ai encore besoin d’assimiler cette expérience. C’était très, très violent, et en même temps très, très nourrissant : D’un côté, 2500 gendarmes mobiles arnachés comme des légionnaires romains du XXIème siècle, soutenus par deux blindés, un hélico et des drones, qui utilisaient sans compter grenades de désencerclement (incroyablement dangereuses), paralysantes et lacrymo. De l’autre, quelques centaines de zadistes résidents et d’autres comme moi arrivés en renfort (il paraît qu’on était 500 sur zones lorsque j’y étais mais la zad est très étendue et personne ne réalise vraiment de comptage). Parmi les résidents, il y a les "énervés" qui n’hésitent pas à lancer des offensives à coups de cocktails molotov, et les "modérés" qui malgré tout ne renient pas les premiers sans lesquels ils n’auraient jamais pu en arriver là.
J’ai vécu deux offensives. Une le premier jour (jeudi soir au Lama fâché), du fait des "énervés", que je n’ai pas comprise tout de suite et qui m’a choqué. L’autre le lendemain (de 5-6h du matin à l’heure du déjeuner du côté de la wardine et de l’ambazada), du fait des gendarmes qui ont tenté d’arrêter du monde et de déblayer quelques passages stratégiques en n’omettant pas d’arroser copieusement tout le monde de lacrymo au passage. Nous avons fait face avec des méthodes agressives et pacifiques, et ce fut pour moi un grand moment. J’ai senti une véritable union au sein des zadistes, rendue possible par la présence d’un ennemi commun : l’Etat. Tout ça m’a fait furieusement penser à la commune de Paris, sans les canons et les fusils, toutefois. Mais bon. C’est loin d’être terminé, et je ne sais jusqu’où l’escalade de la violence pourra nous mener. Toujours est-il que ce genre d’expérience te fait vite comprendre le concept de violence légitime et celui de violence d’Etat."

Vendredi 20 avril :


"- C’était "bien" NDDL ?
- C’était...choquant, flippant, vivifiant, humide, bien physique, dangereux, totalement hors cadre et incroyablement nourrissant. D’ailleurs, j’y retourne samedi.
- Ok... ça sonne comme l’idée que je m’en fais !
- Franchement, je pense que tu surkifferais d’aller passer quelques jours là-bas. Pas forcément pour aller au front, mais pour aider "à l’arrière", être témoin de ce qui s’y passe, et le vivre !
- J’imagine... J’ai hâte d’entendre ce que tu pourras en dire !
- Même en lisant les excellents articles de Reporterre sur le sujet, même en écoutant les zadistes dans les interviews, on se rend pas vraiment compte. Faut le vivre H24 pour commencer à en goûter la moelle. C’est un truc de dingue. L’expression la plus proche - bien qu’imparfaite - de cette résistance que j’appelle de mes voeux.
- 2 des enfants de ma copine F y vivent depuis des années... et à voir déjà comment elle vit et les a éduqués je ne suis pas étonnée de ce que tu dis ! Apparemment pas mal de monde l’appelle de ses voeux, de plus en plus... vivement !
- En attendant, faut passer par la case violence, et c’est chaud les marrons.
- C’est sûr... tu as été blessé ?
- Nan. La nature en pâtit énormément (animaux morts, champs meurtris, terres stérilisées par les gaz, chemins encombrés de barrages de toutes sortes,...). Par moments, j’avais l’impression d’être dans un fucking film de guerre.


J’ai vécu deux offensives. La première en tant qu’observateur, la seconde en tant qu’acteur non violent. Mais j’étais face à face avec les robocops, et c’était moins une par moment. J’ai aussi dû slalomer entre les grenades, j’ai inhalé des masses de gaz lacrymo, j’ai marché au moins 20 bornes en 2 jours... La routine sur place, pour celles et ceux qui vont au front.
En tout cas, à propos de la non violence : Au début, lors de la première offensive, j’ai été choqué par la violence des affrontements, en particulier de la part des énervés de chez nous. Je comprenais pas parce que j’avais encore rien vécu (et c’était mon baptême du feu). Mais en discutant, en allant interroger, chercher des infos, j’ai commencé à saisir. Et le lendemain, franchement, j’ai recommencé à sentir l’injustice, la révolte, la colère qui montaient en moi lorsque je lisais les infos devant mon ordi avant de partir. Le goût de la violence a commencé à monter. Lorsque je me suis retrouvé sur le terrain lors de la seconde offensive, j’ai ressenti la peur. Plus que la veille. Mais j’ai aussi ressenti la violence, et je l’ai souhaitée. Il m’a fallu faire des efforts pour rester non violent. Mais c’est ce qui m’a permis de monter au contact et de m’affranchir de ma peur. C’est assez paradoxal. Rester non violent m’a permis d’être courageux. Fou, non ?
En tout cas, c’est comme ça que je l’analyse aujourd’hui, une semaine après. Alors que je n’ai pas encore tout assimilé et que j’y retourne dans 2 jours.
- Putain !
- Ouais. Putain.
- Tu as dû en apprendre sur toi même plus que jamais !?!!
- Ouais. Work in process.
- Putain !
- Mais c’est aussi grâce au contexte, aux gens autour, à l’ambiance, à cette énergie qui vibrait en chacun de nous. Seul, je ne sais pas comment j’aurais réagi. En tout cas, plus le second départ approche et plus je me sens serein (bien que j’aie presque 16 de tension). Je sens que j’ai encore plein de choses à apprendre là-bas.
 
Voici maintenant un courrier que j’ai aussi écrit le 20avril au cours d’un échange sur les formes de lutte :

D’abord, afin d’éviter tout malentendu, voici ma définition de la violence : C’est une atteinte à l’intégrité physique et/ou psychologique d’individus humains et non humains. Bien sûr, toute définition est soumise à interprétation, et on peut toujours considérer qu’une action, quelle qu’elle soit, est violente par les conséquences indirectes qu’elle peut avoir sur tel ou tel individu ou groupe d’individus. Ainsi, on peut considérer que le sabotage d’outils de production industriels nuit aux gens dont l’emploi dépend de ces outils. Mais on peut aussi pointer du doigt les ravages causé sur l’environnement par l’industrie visée. Et on se rend compte qu’il existe une échelle des violences : Une menace pour l’emploi ne peut être comparée avec une menace pour la vie. Et ne va pas me dire que l’emploi d’un humain vaut plus que la vie d’un individu non humain...
Ceci étant précisé, je te propose de prendre un max de recul afin d’épouser une vision d’ensemble. Si tu t’intéresses à l’état du monde, tu as remarqué que notre modèle de civilisation - basé sur une croissance infinie, elle-même s’appuyant sur l’exploitation irraisonnée et immorale de l’environnement - est à bout de souffle, faut de carburant. L’humanité a pillé tant et si bien les ressources naturelles dont elle dépend, s’est tellement multipliée, a tellement imprimé dans l’esprit de chacun cette culture de la croissance, de la compétition, de l’individualisme, du libéralisme économique, que la planète entière est aujourd’hui saccagée. Les plaies béantes et bien visibles par lesquelles la vie s’échappe à un rythme inédit dans l’histoire de l’humanité sont les témoins de notre folie. Peu importent les intentions des uns et des autres. Les héros d’hier sont les psychopathes d’aujourd’hui ; l’étiquette qu’on colle aux gens et aux choses ne change rien à la réalité.

Tout ça pour dire qu’avec le dérèglement climatique, la surexploitation des ressources, le déclin accéléré de la biodiversité et la pollution généralisée de l’air, de l’eau et de la terre, on fait face aujourd’hui à un risque majeur d’extinction de la vie sur Terre telle qu’on la connaît et dont on dépend. On est en train de se suicider en massacrant la vie autour. Toute la communauté scientifique mondiale s’accorde à dire que la situation est catastrophique, sans précédent, et que l’enjeu est ni plus ni moins que la survie de l’humanité (pour ne parler que de nous)...à court ou moyen terme ! Chaque année, on se rend compte que la réalité dépasse le pire des scénarios envisagés l’année précédente. Et pendant ce temps, la quasi totalité d’entre nous laisse faire les pouvoirs politique et économique, enfermés dans les dogmes hallucinants du mythe de la croissance et du techno-scientisme. Quand j’ai réalisé que les transhumanistes, ces fous furieux déconnectés de la vie qui croient que la technologie est la réponse à tous nos maux, ont inflitré les plus hautes instances du pouvoir en occident depuis le siècle dernier, j’ai compris que tous les beaux discours pacifistes, tolérants, ouverts et optimistes dans lesquels baignent bon nombre de militants français ne pourraient suffire à changer les choses. Imagine toi un instant au XVème siècle, athée face à un tribunal de l’Inquisition, tentant de raisonner ton juge en lui envoyant des "ondes positives" et en lui exprimant ton amour et ta compassion. Quand bien même ton discours ressemblerait à celui du Christ, tu finirais sur un bûcher, victime d’un extrêmisme aveugle et ultra violent, coupé de l’essence même de la vie. On en est là aujourd’hui. Mais comme les bûchers sont encore dressés hors de la vue du plus grand nombre, on a du mal à réaliser l’ampleur de la catastrophe. Quand il nous arrive d’être témoins de violences faites à la vie, on est choqués et indignés, et on réagit plus ou moins tièdement parce que notre vie ne semble pas être en danger immédiat (la compassion et l’empathie ne sont pas aussi stimulantes que l’instinct de survie). Mais on n’arrive toujours pas à assimiler que la vaste majorité de ces exactions sont industrialisées, commises loin de nos yeux et loin de nos coeurs à un rythme incroyablement soutenu, et que notre mode de vie les favorise au quotidien.

L’urgence de la situation et les enjeux vitaux font que nous devons réagir par tous les moyens, le plus vite possible. Les postures de principe basées sur la non-violence et une certaine idée de la démocratie ne doivent pas être des freins à l’action, comme c’est trop souvent le cas aujourd’hui. Nous faisons face à une caste de tarés au pouvoir qui est sourde à notre parole. Et quand bien même la majeure partie de la population soutiendrait ces fous-furieux, il appartiendrait aux réalistes de faire ce qu’il faut pour limiter le désastre. L’effondrement de l’environnement et par conséquent de notre civilisation est en cours et c’est dès à présent qu’il faut agir, sur plusieurs fronts à la fois, et de façon coordonnée dans la mesure du possible : Sur le front de l’information et de l’éducation, sur celui du développement et de l’expérimentation d’alternatives et enfin sur celui de la résistance active, de la désobéissance civile et du sabotage du sytème. On ne peut pas faire l’économie de la force ni de certaines formes de violences légitimes car on n’a pas le temps de faire autrement, et parce qu’en face ils sont sourds, aveugles et manipulateurs. C’est une guerre qu’une partie de l’humanité a déclenchée contre la vie sur Terre.

Moi j’ai choisi le camp de la vie, et je veux croire que je serai capable d’en assumer les conséquences sans me voiler la face avec des postures hypocrites ou irréalistes, et sans me tirer une balle dans le pied en refusant d’utiliser les outils qui sont à ma disposition pour atteindre notre objectif : Empêcher les nuisances du système tant que faire se peut, amortir les effets de l’effondrement dans l’espoir que ça suffise à maintenir des conditions de vie sur Terre pour qu’on puisse continuer l’aventure humaine, et préparer l’après.

Ceci dit, je ne prône pas la violence. Je dis juste que c’est un outil dont on ne peut pas toujours faire l’économie. Nous devons tolérer son usage s’il n’y a pas d’alternative aussi efficace. Cela ne signifie pas pour autant que tout le monde doit s’y plier. Je répugne pour ma part à me tourner vers elle, d’autant plus que j’en ai peur et que je ne suis pas sûr d’être capable de la maîtriser. Ce qui se passe en ce moment sur la zad est une formidable illustration de ce que j’essaie de te dire : Les modérés non violents et les énervés aux cocktails molotov bossent ensemble en regardant dans la même direction, sans se gêner et en ayant conscience que seuls, ils ne pourraient parvenir à rien. Il faut le vivre pour le comprendre. Pour ma part, j’ai été choqué lorsque j’ai assisté à ma première offensive sur la zone, la semaine dernière. Mais après avoir échangé avec plein de gens et vécu une autre offensive lors de laquelle je suis allé au contact en mode non-violent pendant que d’autres usaient de violence sur un autre front à quelques dizaines de mètres, j’ai compris qu’on aurait tout à gagner à favoriser cette complémentarité de tactique.

De retour d’un second séjour sur la zad, du dimanche 22 au vendredi 27 avril.

Ambiance plus détendue, maillage plus large des GM (gendarmes mobiles) à l’extérieur de la zad, plus facile d’accès du coup. Rien à voir avec ma visite des 12 et 13 avril, durant la première semaine de l’opération gouvernementale. La moyenne d’âge a sacrément baissé, il me semble qu’il y a moins de monde sur zone, même s’il y a encore pas mal de mouvements.
Cela dit, malgré les annonces de trêves/cessez-le-feu de nos élites élues, les GM n’ont cessé de provoquer, attaquer, détruire, gazer, expulser. Tous les jours. Toujours secondés par leur hélico, leurs drones, leurs blindés et leurs foutus gaz lacrymo et incapacitants, leurs grenades de désencerclement au TNT et leurs flashballs.
Durant les premiers jours de l’opération, les GM ont rasé et évacué une bonne partie de l’est de la zad, fixant le front aux alentours du carrefour de la Saulce. Depuis, la grée, la wardine, l’ambazada, la chèvrerie et les fosses noires sont quasi quotidiennement témoins d’affrontements, de jour comme de nuit.

Les antiautoritaires sont sur la brèche, quoi qu’il arrive. Ils sont les seuls à tenir en première ligne sur la durée. Alors que les GM détruisent les barricades le jour, ils les reconstruisent la nuit en faisant face aux attaques d’unités spéciales du PSIG, creusent des pièges, dessinent des chicanes et se préparent à l’affrontement suivant. De l’avis général, sans ces activistes très engagés prêts à utiliser la violence pour faire rempart à la violence, la zad aurait été évacuée depuis bien longtemps. Qu’on se sente à l’aise ou non avec ça, on ne peut pas les ignorer ; ils pèsent trop lourd dans le rapport de force.

Mais le gouvernement joue la division en accentuant la pression sur le front tout en pointant du doigt l’usage de la violence chez les zadistes dans une propagande éhontée. Dans le même temps, il accule les porteurs de projets à faire compromis sur compromis et les amener là où il veut : dans le cadre bien normé de "l’état de droit", où seule prévaut la loi votée par et pour l’oligarchie. Et ça marche. Quelques leaders de la partie modérée du mouvement zadiste font sécession avec celles et ceux sans qui ils n’auraient jamais pu arriver si loin, reprenant la rhétorique du pouvoir en place qui condamne les violences des antiautoritaires.


J’ai un peu bougé sur zone durant ce second séjour, et j’ai rencontré des personnes de différentes sensibilités qui semblent de plus en plus focaliser sur ce qui les divise. J’espère que cela n’est pas représentatif, mais l’ambiance a changé ; je n’ai pas senti l’unité qui m’avait tant plu la première fois.

Aujourd’hui, sur la zad, on a un conflit à deux dimensions : Une dimension où priment les projets individuels plus ou moins officialisés, et une dimension symbolique et collective. Alors que la première glisse de plus en plus vers une posture de simple adaptation à un système qu’elle dénonçait il y a encore quelques jours, la seconde reste vive, radicale et révolutionnaire dans l’âme, et refuse de faire des concessions qui s’apparentent pour elle à des sacrifices. Cette seconde dimension, qui doit absolument primer si l’on ne veut pas que le soufflé retombe et que la lutte soit récupérée, pourrait peut-être cristalliser un mouvement de résistance global, indispensable à un véritable et profond changement de système (petit rappel : https://reporterre.net/La-Zad-et-la-guerre-civile-mondiale).

Face à un tel constat, je suis sidéré par l’absence sur zone de mouvements et d’ONG comme Alternatiba, ANV COP21, les Amis de la Terre, Greenpeace ou 350. S’il leur arrive de soutenir timidement les zadistes et de s’indigner de loin de la violence d’état qui fait rage depuis bientôt trois semaines, on ne les voit pas sur le terrain ! Ils ne viennent pas, n’organisent rien, ne montent pas au front, n’utilisent pas leurs tactiques non violentes pour soutenir physiquement les zadistes. J’ai rencontré sur la zad quelques militants qui comme moi se sentaient proches de ces organisations ; tous partagent ce sentiment d’abandon. Elles ont pourtant les moyens nécessaires pour mener des campagnes de réinformation (pour jeter des ponts entre les luttes sociale et environnementale et relayer la communication de la zad, par exemple) et pour mobiliser du monde sur zone en utilisant des tactiques non-violentes. Elles ont de quoi faire la différence, mais au lieu de ça elles continuent leur petit bonhomme de chemin, empêtrées dans leur manque de cohérence et leurs postures de principe.

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https://nantes.indymedia.org/events/41234

[ZAD] Lâche l’Appel, prend la pioche (12 & 13 mai)

le vendredi 4 mai 2018 à 16:39

Publié par le groupe : zad NDDL

Cet évènement fait partie d’une série d’évènements, pour voir la série, cliquez sur cliquez ici.
Mot-clefs : Répression Resistances contrôle social aéroport notre-dame-des-landes / précarité actions directes squat logement anti-repression exclusion chômage

Lieux : de nddl ZAD
le samedi 12 mai 2018 à 14:00
Sur la zad de NDDL...

Compagnon.ne.s, copa.in.e.s, compas, complices, camarades, c’est le moment de faire face aux forces armées de l’état capitaliste, aux tenant.e.s de la régularisation et aux gouvernances auto-proclamées de l’intérieur. Partout nous subissons leur domination et leur dédain. Partout nous luttons pour qu’ielles ne dirigent pas nos vies.

Le 14 mai 2018 a été fixé par l’état comme date limite pour les occupant.e.s « illégaux.ales » ne souhaitant pas se régulariser pour quitter les lieux… Cela pose la question de ce qu’est une occupant.e « illégal.le » ? Et quels sont ces « lieux » ? Et vers où ces personnes sont censées aller ? La « zone » deviendrait elle un territoire d’accès contrôlé ? Qui y aura accès ? Qui donnera les autorisations ? Sur quelles bases ? Dans quelles limites géographiques ? Que cela implique t’il comme mesures de contrôle social ? Qu’adviendra t’il des personnes jugées « illégales » ?

Une partie du mouvement contre l’aéroport et pour son monde a imposé sa vision au reste des occupant.e.s : si on est gentil.le, si on signe, si on barricade pas les boulevards de flics, si on acquiesce aux ordres de la police zadionale et de ses zadiocrates, l’état nous laissera tranquille…

Après avoir vendu à prix libre la route des chicanes (RD281) et imposer par la force la destruction de Lama Fâché, le dépôt de fiches (non communiquées auparavant à l’ensemble du mouvement ni à l’ensemble des occupant.e.s) a été fait malgré les désaccords profonds sur cette stratégie grâce à une campagne de lobbying dans l’urgence (avec en arrière plan les risques réels de sanctions physiques en mode « coffre et coups de pression »).
Depuis des années déjà, les coups de forces et les prises de pouvoir gangrènent la vie sur la Zad. Longtemps, les anti-autoritaires ont rongé leur frein pour ne pas compromettre la lutte contre l’aéroport. Aujourd’hui, le temps n’est plus à la compromission avec les franges « capitalist-friendly » ou hiérarchiques. L’aéroport est mort, vive les luttes !

Depuis la Zad, nous nous organisons pour lutter contre toutes les dominations et contre toutes les hiérarchies. Parce que nous ne tolérons pas que la Zad soit appropriée par des groupes qui imposent leurs vues à tou.te.s, s’approprient les moyens de production et cadenassent les organes de décisions politiques. Parce que la Zad est à tou.te.s, qu’elle se maintien grâce aux solidarité de tou.te.s, nous refusons sa gentrification.

Nous invitons tou.te.s les anti-autoritaires, les rebelles, les insurgé.e.s, les autonomes, les non-enfiché.e.s, les minorisé.e.s, les marginal.e.s, les cas sociaux, les loosers, les galèrien.ne.s, les schlags à se retrouver sur la Zad de Notre Dame des Landes les 12 et 13 mai 2018 (si tu veux venir avant, welcome) pour organiser de façon horizontale les ripostes les plus imprévisibles aux attaques autoritaires, étatiques et capitalistes.

La peur n’évite pas le danger.

Nous sommes résolu.e.s à ne pas céder sous les menaces d’où qu’elles viennent. Évidemment tout est autogéré et nos résistances seront ce que nous en feront.
Venez avec vos idées, vos analyses, vos points de vue, vos divergences, vos ateliers, votre matos, vos cagoules…
Soyons incontrôlables

PS : Les comportements sexistes, validistes, homophobes, et généralement tous les comportements « relous » et oppressifs n’ont rien à faire de ce coté de la barricade ; ils sont les instruments de nos oppressions !

Portfolio